Discours d'Etzer Vilaire à la mémoire des héros de l'Indépendance, de Charlemagne Péralte... 

Sunday, February 28, 2021

Le philosophe Marcel Gilbert explique les racines historiques du duvaliérisme et les origines de l’état kleptocratique

Interview de  Jean L Dominique - Marcel  Gilbert le 23 mars 1987
Jean L Dominique et Marcel Gilbert 

Dans le cadre du mois de février consacré à l’histoire des Noirs, Haïti Connexion Network se fait le devoir de vous présenter l’un des  siens (notre oncle Marcel Gilbert) dans une interview en 1987 avec le jourrnaliste de regrettée mémoire Jean L Dominque . Ceci pour rendre hommage à ces deux militants qui ont forgé quelque peu l’un des courants idéologiques de l’intelligentsia haïtienne. 

Dans cette interview, le philosophe et penseur Marcel Gilbert explique les racines historiques du duvaliérisme et les origines de l’état kleptocratique en Haïti  – un état qui vend et exploite le travail de ses citoyens, allant jusqu’à vendre les corps et le sang de son peuple. En se basant sur des analyses de Michel-Rolph Trouillot, entre autres intellectuels, il parle des classes sociales et du pouvoir en Haïti, de la compétition électorale entre Daniel Fignolé et Louis Déjoie en 1956-1957 qui a amené François Duvalier au pouvoir, ainsi que de la « question de couleur » et de l’idéologie noiriste. Gilbert demande à ce que la question de la paysannerie haïtienne soit intégrée dans le pouvoir politique et l’analyse des classes en Haïti. Selon lui, la démocratisation du pays dépend de la création d’un projet politique qui comprend la majorité du peuple, en particulier les paysans, et qui encouragerait des alliances entre les paysans, le secteur bourgeois agro-industriel et la classe moyenne. Cet entretien a été puisé dans les archives de Haïti Connexion Network. Bonne écoute!

https://soundcloud.com/herve-gilbert-846481612/interview-marcel-gilbert-jean-dominque


Herve Gilbert

Thursday, February 25, 2021

scoutisme, Baden Powell

Par Mérès Weche

Contrairement aux années précédentes, j’ai laissé s’écouler cette  journée mémorable, sans lui donner un quelconque écho pour voir si la grande presse haïtienne avait souvenance de la naissance du fondateur du scoutisme, Lord Robert Baden Powell, né le 22 février 1857, il y a 164 ans. Ainsi donc, je me suis rendu à l’évidence que l’idéal scout est définitivement mort en Haïti. Les trois principes directeurs qui sous-tendent la Promesse scoute, que sont FRANCHISE, DÉVOUEMENT, PURETÉ, sont devenus de vains mots.

En effet, il n’est un secret pour personne que l’échelle des valeurs est renversée dans ce pays, entièrement soumis à la sous-culture importée, depuis au moins trois décennies. L’haïtianité comme essence sociale, comme mode d’être et d’exister, caractérisée jadis par des idiosyncrasies essentiellement morales, est entachée de pratiques sordides, nées de mœurs dissolues venues d’ailleurs. Cette haïtianité propre n’était pourtant pas opaque, c’est-à-dire réfractaire à la sociabilité étrangère de bon aloi, puisque le scoutisme et le guidisme y prenaient corps avec tout ce qu’ils charrient de réelles valeurs. Cette haïtianité n’était donc pas soumise comme aujourd’hui aux déviances sans bornes qui la caractérisent et qui détruisent l’image réelle du pays. 

À tous les niveaux de la vie sociale haïtienne, c’est la débâcle, car les notions de civisme et de citoyenneté ne constituent plus des règles de conduite sociale, au point que le quotient d’intelligence est devenu tributaire de l’enrichissement illicite et du déni de la morale fondamentale. Le culte de la franchise, du dévouement et de la pureté, professé par le scoutisme, ne conditionne plus la vie sociale haïtienne, et il y va du déclin institutionnel au pays dans son ensemble. Pour paraphraser Anthénor Firmin, le dévouement comme effort s’effectue dans le mal qui tue irrémédiablement. Quant à la pureté, comme idéal scout, elle est à jamais compromise, perdue dans des actes répréhensibles qui la dénaturent.

La promesse scoute, qui a pour fondement ces trois principes directeurs que sont FRANCHISE, DÉVOUEMENT, PURETÉ, a longtemps formaté les caractères au sein des sociétés humaines, en dépit de toutes les disparités sociales et internationales que l’on sait. Une noble institution comme le scoutisme, au masculin, comme au féminin, devrait reprendre sa place dans le système éducatif en Haïti.

Wednesday, February 24, 2021

Comment Osaka a changé les codes du tennis


Naomi Osaka séduit tant par son jeu que par ses origines et le relief d’une personnalité haute en couleur.

A la fin des années 2010, le circuit a perdu coup sur coup Justine Henin, Mary Pierce, Amélie Mauresmo, Lindsay Davenport, Elena Dementieva, Anastasia Myskina et Kim Clijsters. En quelques années, les fers de lance du circuit ont laissé Serena Williams et Maria Sharapova orphelines. Les Safina, Ivanovic et autres Jankovic ont été bombardées sur le devant de la scène. Elles n’étaient pas prêtes. Le circuit non plus.

La WTA a alors dû se terrer dans l’ombre du Big Three qui a fait la pluie et le beau temps. Surtout le beau temps.

Les pontes de la WTA ont vivoté grâce à la championne américaine Serena Williams qui décidait en janvier 2017 d’écouter son rêve de maternité. Le K.-O. était total. Plus personne ne se risquait à établir une hiérarchie claire dans le top 10 même si des Halep, Wozniacki, Svitolina, Kerber ont tenté de maintenir le navire à flot.

Il manquait une patronne. Une guide. Une leader qui prenne toute la lumière pour éclairer le tennis féminin dans les médias. Naomi Osaka est de cet acabit.


Tuesday, February 23, 2021

Haiti: la fabrique des "shitholes"

Happée par la spirale de l’indigence, Haïti vient d’accélérer sa chute dans le gouffre de cette indicible médiocrité politique qui s’est déconfinée depuis le tremblement de terre 2010. 35 ans après l’éclaircie du 7 février 1986, c’est un sombre crépuscule qui a ressurgi à l’horizon.

Jeudi 18 février 2021 

Par Erno Renoncourt
Putride, enfumée, la nuit se couche sur Haïti sans que le soleil de la justice ait pu briller. On dirait que le tremblement de terre de janvier 2010 a fait remonter des entrailles de la terre toutes les ordures qui y étaient enfouies. Dans un lieu ayant connu quelque 5 siècles de barbarie en servant comme territoire d’expérimentation des atrocités des puissances occidentales, il ne peut émaner de ces ordures que des effluves répugnants et écœurants. C’est donc logique que les vautours prennent possession de ce lieu déshumanisé. Là où passe l’occident, il ne reste que tribulations et désolation.

Et comme il devait en advenir, le 7 février 2021, d’un tour de main, dictatorialement orienté et diplomatiquement soutenu, l’indigence, prédite depuis longtemps, a foudroyé Haïti. Un seul homme, à lui tout seul, concentre désormais entre ses mains tous les pouvoirs : exécutif, législatif, judiciaire et criminel. En conséquence, les transplants artificiels de la démocratie, dont on nous a vanté les vertus par des projets de restauration de l’État de droit, financés à coup de milliards de dollars, volent en mille fragments pulvérisés. Du seul fait de sa totale servilité aux réseaux financiers mafieux nationaux et internationaux, le « nègre banane », de son nom de code, est investi, de manière absolue, des pleins pouvoirs pour assurer la refondation des institutions totalitaires. Les greffons démocratiques n’ont pas fait long feu.

Ainsi l’ont décidé les diplomates occidentaux, ces éternels fossoyeurs de la dignité des peuples qui ne pensent pas qu’un peuple noir, pauvre et descendant d’esclaves africains puisse être véritablement titulaire de droits humains et disposer d’institutions démocratiques de qualité. Conséquemment, plus besoin de faux semblants, de système judiciaire indépendant, d’organes administratifs transparents, d’institutions de bonne gouvernance. Fini le temps des transplants institutionnels. C’est le temps déconfiné des passe-droits ! Sentant son heure venue, la dictature laisse tomber ses masques. Victoire pour l’indigence !

Et enfin prend forme le rêve du PHTK de garder le pouvoir pour les 50 prochaines années. Plus de doute, la destination finale est enfin connue : retour à la case dictatoriale ! Une percutante reculade dont l’onde de choc violente foudroie comme une hécatombe la communauté ‘‘droit de l’hommiste’’ et les réseaux culturels haïtiens. Une communauté de pleureuses qui, à force de vivre aux dépends de la communauté internationale, n’a plus aucune marge d’autonomie et de dignité pour organiser une riposte intelligente contre cette indigence déconfinée. De fait, la victoire de l’indigence en Haïti n’est que le résultat des failles culturelles et des médiocrités collectives qui ont érodé les fondations de la démocratie. Si la dictature a ressurgi, c’est parce qu’elle a su se frayer un chemin dans le vide laissé par ces failles qui relient les deux piliers de l’édifice national. Au sommet, il y a l’insignifiance et l’indignité des groupes dominants ; et à la base, il y a l’impuissance et la débrouillardise adaptative des masses.

De l’indignité à l’impuissance

En effet, désarmés et pris au piège de leur insignifiance et de leur indignité, les réseaux haïtiens de la culture et de l’intelligence disent leur incompréhension. C’est avec incrédulité que le brillant écrivain Lyonel Trouillot demande : « Comment la représentante du secrétaire général des Nations unies a-t-elle pu avaliser la folie dictatoriale de Jovenel Moïse ? Comment les ambassades et les institutions internationales ont-elles pu accorder leur soutien à cette folie meurtrière[1] ? ».

Violemment secouées par l’onde de choc de la résurgence de la dictature, les élites culturelles haïtiennes, en particulier celles qui se veulent théoriquement progressistes et virtuellement de gauche, se réveillent de leur tranquille inertie. Comme d’étonnants voyageurs, ayant perdus le nord démocratique, ces élites se découvrent orientées dans le sens de l’effondrement. Apeurées, elles lancent des SOS qui résonnent comme des cris d’agonie et des chants de détresse vers un monde[2], pourtant, sinon, méprisant, du moins, indifférent envers la cause haïtienne.

Et comme toujours, c’est la base qui encaisse le plus violemment le choc. Impuissante face à un destin continûment défaillant, toute une population, majoritairement noire et pauvre, se retrouve désespérée, désengagée et spectatrice de son effondrement. Pour cause, on ne lui a pas appris à exiger mieux. On a même encouragé sa débrouillardise adaptative comme une résilience alors qu’elle tue son intelligence collective. Et au final, aveuglée par l’enfumage de ceux qui sont au-dessus d’elle dans la hiérarchie sociale, empêtrée dans une chute vertigineuse, la population haïtienne bascule insouciante vers sa déshumanisation. Puisque l’obscurité aveuglante empêche ceux qui tiennent les projecteurs de repérer les nœuds des fils qui forment le boulet plombant l’évolution de la population, une grande partie de celle-ci se résigne à danser sur le thème de son agonie plutôt que de comprendre ce qu’il lui arrive. Mpa konn kilè la fin du mond, kitem pran plezi mwen[3].
De la culture en folie à la folie dictatoriale
Comment pourrait-il en être autrement ? On a tant vanté la patience du peuple haïtien qu’on a inventé pour lui la résilience comme intelligence adaptative. Ainsi, la talentueuse écrivaine Yanick Lahens pense que l’adaptation du peuple haïtien à ses malheurs est due à son « infinie patience[4] ». Énoncé avec un tel lyrisme, difficile de ne pas voir dans ce postulat une vertu à magnifier. Une célébration d’autant plus irresponsable et dangereuse qu’elle se greffe sur une immense faille culturelle profondément ancrée dans la mémoire collective et portée comme un hymne à la survie, même au péril de la dignité : Pito nou lèd nou la[5]. Et c’est cette indolente tranquillité dans la laideur que les stratèges de la défaillance ont transformé en porte dérobée pour entretenir l’errance du collectif haïtien. C’est donc, sous le poids de sa propre errance et de son auto-aveuglément qu’Haïti maintient sa trajectoire de défaillance.

D’une pierre, les malins ont fait deux coups : Enfumer la conscience des élites locales par les subventions, les gratifications et la corruption et pervertir le leadership national. En livrant le pays à une économie criminalisée, en amadouant les élites culturelles avec des prix littéraires, en transformant les élites socioprofessionnelles en portefaix des agences internationales et laquais des ONG, les stratèges du chaos ont réduit les capacités cognitives du peuple haïtien en augmentant son inertie. Il en résulte cette impuissance qui a permis à la médiocrité politique de triompher.

N’est-ce pas l’inertie qui explique la chute des corps ? N’est-ce pas la lenteur (lourdeur) de la pensée qui empêche à l’esprit d’être suffisamment vif et tranchant pour déjouer les pièges de la gravité ? N’est-ce pas la tranquillité de la conscience qui fossilise les supports mémoriels (capacité de s’indigner) de l’intelligence collective et empêche à un peuple de libérer la charge « enthalpique » (énergie interne) de sa dignité ?
Pour alerter sur ces faiblesses culturelles, certains ont tenté depuis des années de mettre l’errance haïtienne en équation. Des centaines de réflexions et d’analyses ont été produites et partagées pour faire ressortir les variables qu’il fallait surveiller et sur lesquelles il fallait agir pour inverser la trajectoire de la défaillance. Mais, on a préféré étouffer les mots de cette insolence qui rappelaient la pesanteur des maux de l’indigence. Ici, les gens de culture sont des gens de voyage. Ils n’ont de disponibilité que pour voguer dans les contrées peuplées d’errances et de légendes d’ailleurs pour mieux dire « les contes de la folie ordinaire ». Ils ne vivent que d’évasion, d’abstraction, d’aliénation et de subventions. Leur monde ne connait pas les revendications pour la justice, les coups de gueule contre les médiatisations irresponsables des projets douteux d’innovation technologique, les colères contre les arnaques des projets foireux en éducation.

Quand les colères de la rue montent en contre bas pour dénoncer les tourments d’un quotidien miséreux, il y a toujours la chorale, constituée des intellectuels faussaires, des éditorialistes subventionnés, des voix centenaires, des génies littéraires, qui répond en contre haut, dans les salons culturels, avec leurs mots heureux, mais combien creux : PAP Jazz, Festival des fleurs, Carnaval, TechSummit, Livres en folie, Rara en folie, Tafia en folie, Rabòday en folie.

Ici, les gens cultivés n’ont pas de déboires. Ce sont des gens de bien, heureux ils vivent toutes les saisons en transit. Entre ambivalence et jouissance, ils n’ont pas le temps pour les engagements sociétaux, politiques et éthiques. Ils sont trop couverts de subventions étrangères pour s’intéresser pleinement aux institutions haïtiennes. Massifs et ‘‘pansifs’’ par le soutien de leurs réseaux d’accointances, ils ne peuvent plus penser dans la dignité ni même militer pour une effective efficacité. D’ailleurs chacun trouvant son intérêt dans ce système inégalitaire, il n’y a pas lieu de le remettre en question. Et tant qu’à faire, mieux vaut disséminer l’aliénation pour mieux augmenter l’impuissance. Une aliénation qui a pleinement transpiré dans les aberrations des diners en blanc où le beau monde d’Haiti sortait ses habits blancs de laine ou de soie pour se restaurer en plein air, au coude à coude avec les ordures.

N’en déplaise à monsieur Trouillot, il est temps de faire le bilan de ce que ces activités culturelles ont apporté à l’apprentissage démocratique haïtien. En quoi ont-elles rendu plus exigeant le peuple haïtien dans la défense de ses droits et de sa dignité ?  En quoi la culture, si expressivement épanouie, pendant ces 34 dernières années, a-t-elle renforcé les institutions démocratiques haïtiennes ?  Avons-nous appris à travailler avec plus de rigueur et de méthode ? Avons-nous fait une plus grande place pour la vérité, le courage et l’intégrité ? Avons-nous veillé sur les intérêts nationaux en sachant résister aux financements internationaux qui ont permis à certains de réussir si bien leur progression sociale ?

N’est-il pas malencontreux de ne pas pouvoir trouver, pendant cette même période, où toute la culture a été en folie, une seule faculté de droit, un seul organisme de droits humains, une seule association socioprofessionnelle, une seule association culturelle, un seul parti politique qui s’est mis debout pour exiger un audit indépendant sur les projets d’assistance internationale ? notamment ceux du renforcement de l’État de droit qui ont si bien fait errer la stratégie nationale de gouvernance. Pourtant des citoyens compétents et intègres ont cherché à mobiliser une partie de la société sur les dysfonctionnements judiciaires haitiens. Hélas, leurs alertes ont été ignorées, puisque leur démarche n’a pas été subventionnée et dictée par le blanc.

Qu’il est douloureux de voir monsieur Trouillot s’embourber dans une lecture romanesque de la démocratie haïtienne en demandant comment les étrangers ont-ils pu avaliser une telle folie dictatoriale ? Une question d’une puérilité déconcertante. Puisqu’en 2015 déjà, un article paru sous le titre Haïti a besoin de nouvelles élites laissait voir l’issue fatale que monsieur Trouillot dénonce aujourd’hui. L’auteur de l’article écrivait « qu’en imposant à Haïti Michel J. Martelly en 2010, les tuteurs et les élites économiques d’Haïti ont envoyé un message facilement décodable à Haïti : si les conditions économiques le permettent et le rendent nécessaires, ils seront prêts à rétablir l‘esclavage pour maintenir […] leurs intérêts[6] ». 

Hélas, cette alerte n’avait pas été prise au sérieux. Pour cause, en Haïti c’est la parole du blanc ou celle qu’elle subventionne, pour ses succès, qui est médiatisée et qui est relayée. En effet, tandis que monsieur Trouillot déversait, dans les colonnes du Nouvelliste, son lyrisme touchant, certes à fleur d’indignation contre les velléités dictatoriales du PHTK, le même journal, dans lequel il est un des rédacteurs, ne ratait pas une occasion pour célébrer l’idolâtrie que voue la jeunesse haïtienne à Martelly[7], louer les talents managériaux de Jovenel[8]. Et pis encore, le journal a eu le culot de célébrer en 2015 le succès de 29 ans de démocratie par la seule tenue des élections[9]. Si l’ONU ordonne aujourd’hui qu’il faut aller aux élections sous le contrôle des gangs, avec un conseil électoral de vendus et de malfrats, avec une justice corrompue et sous tutelle, c’est parce que les grands médias haitiens ont réduit l’exercice de la démocratie à son minimum indigent : changer le personnel politique sans rien changer.

C’est bien un patron de presse qui avait écrit sur Twitter que si les médias haitiens ne sont pas aussi critiques envers le PHTK en 2018 qu’ils l’étaient avec Lavalas en 2004, c’est parce que le contexte n’est pas le même et que chaque média se réserve l’opportunité de critiquer ou pas un gouvernement. Entre les lignes, vous aurez compris le message : la presse haïtienne ne défend réellement aucune valeur démocratique. C’est seulement dans les contextes politiques effervescents et de déstabilisation créés par le blanc que les médias puisent la tonalité critique de leur stratégie éditoriale. Une critique qui, du reste, n’est jamais gratuite puisqu’elle s’inscrit comme opportunité d’affaires. Voilà qui nous pousse à la question qui fâche : comment les gens de gauche et les progressistes qui ont occupé, de 1987 à 2020, presque toutes les avenues de la culture, de l’éducation, des organismes de droits humains, des médias, des associations de médias, ont-ils pu laisser ressurgir la dictature sous sa forme la plus médiocre ?

Ensemencer la dignité pour reconquérir la souveraineté
Sans avoir la prétention de détenir toutes les réponses à cette question, je peux néanmoins proposer des pistes en lien avec la culture. De toute évidence, l’effectivité des valeurs démocratiques dans un pays ne dépend pas de la bonne volonté de l’assistance et de la diplomatie étrangères. Un pays ne peut atteindre son rayonnement démocratique que si ses réseaux éducatifs et ses foyers culturels, dans leur rayonnement, font une large place à la promotion de ces valeurs. Or, le rayonnement culturel haïtien a été obscurci par une lourde indigence pendant ces 34 dernières années. Sous le leadership des gens de gauche et des progressistes, dans les universités, dans les réseaux culturels, dans les organismes de droits humains, dans les médias, dans les projets de développement, il n’y a pas eu de grande disponibilité pour l’intelligence, le courage, l’intégrité et la vérité. Tout a été dévoyé par un clientélisme malsain, lequel a favorisé copinage, coquinage, accointances, allégeances, redevances, opportunisme et marronage. Autant de ferments culturels corrosifs incompatibles avec la démocratie. Autant de vecteurs d’indigence qui ont nourri la corruption et servi de passerelles pour refonder cet Etat de passe-droit aujourd’hui triomphant.

Tous ceux et toutes celles qui ont essayé de faire vivre la dissidence de la pensée critique ont été désignés comme des hérétiques à abattre. On les a traités de conflictuels, on a vu en eux des gens qui voulaient paraitre, on a pris ombrage de leurs efforts de production, on les a traités d’aigris parce qu’ils ont dénoncé les succès précaires qui menacent la cohésion nationale, on a accueilli leurs analyses avec mépris et indifférence, leurs réflexions ont été désignées comme  « intellectualistes » parce qu’intégrant l’intelligence et l’humanisme comme supports d’une PoÉthique capable de remettre sur pied la dignité par la provocation.

Voilà le contexte culturel qu’Haïti doit, avec courage, diagnostiquer, restructurer, pour faire germer l’écologie des valeurs démocratiques sans avoir à suppléer la communauté internationale. Voilà qui nous permet de dire à Monsieur Frederic Thomas qu’il y a d’autres moyens de faire partir Jovenel Moise que par la pression de la communauté internationale : Si Haïti, dans cette majorité écrasante, qui semble rejeter la dictature, se met debout pour résister, désobéir, s’insoumettre et enflammer de colères intelligentes les foyers obscurs qui soutiennent l’indigence, ce n’est pas seulement Jovenel Moise qui partira. Car, pour peu que cette flamme allumée continue d’irradier l’horizon du shithole, ce sera l’aube d’une saison de dignité ensemencée pour reconquérir la souveraineté nationale. Et c’est sans doute ce que craignent et veulent empêcher ceux qui veulent que ce soit le blanc qui intervienne pour faire partir Jovenel Moise et imposer du même coup un autre nègre de service plus sympathique sur les mêmes structures indigentes.

N’en déplaisent aux talents haïtiens qui vivent dans les paradis occidentaux et se contentent d’utiliser leur aura d’immortel pour vendre l’exil comme unique utopie du succès dans un shithole, Haïti n’est pas un pays sans chapeau. Ce n’est qu’un pays où les têtes qui portent les chapeaux n’ont ni la verticalité pour se tenir debout ni la dignité pour bien les porter.
Erno Renoncourt

17/02/201

Saturday, February 20, 2021

Naomi Osaka: puissance et précision contre Serena Williams

Serena Williams et Naomi Osaka en demi-finale à l'Open
d'Australie le 18 février 2021 à Melbourne, en Australie. 
 
                                   

Par Hugues Saint-Fort

Avant cette rencontre, les enjeux pouvaient apparaitre plus cruciaux pour Serena Williams que pour Naomi Osaka. La première était en fin de carrière et pendant deux décennies avait accumulé victoire après victoire, elle courait après un record à faire pâlir n’importe quel joueur de tennis : un vingt-quatrième titre de Grand Chelem pour égaler le record apparemment imbattable de Margaret Court, et peut-être le désir de prendre une revanche sur l’étoile montante du tennis mondial qui l’avait terrassée en finale de l’US Open à New York en 2018. Naomi Osaka partage avec Williams le sens de la compétition mais pouvait tout de même ressentir moins de pression, dans la mesure où elle avait toute sa carrière devant elle.

Cette demi-finale du premier Grand Chelem de la saison représentait leur quatrième rencontre et Osaka, dès le début du match, manifesta une claire nervosité. Son premier service ne passait pas, elle commettait plusieurs erreurs et perdit même son service. En face, Williams n’était pas mieux lotie. Elle aussi multipliait les erreurs. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, ces deux superbes joueuses commettaient plus d’erreurs non provoquées que des coups gagnants. A 0-2 et 30-40, Osaka se ressaisit, remporta son jeu, prit le service de Williams et égalisa à 2 partout. Serena Williams ne devait plus se relever et perdit la première manche par 3-6.

Serena félicite Naomi pour sa victoire
en demi-finale à l'Open d'Australie.  
Ayant gagné la première manche, Naomi Osaka commença alors à dérouler son tennis le plus puissant mais aussi le plus précis. Williams était constamment débordée, spécialement sur son coup droit et perdit son service 3-4. Sur un dernier sursaut de volonté, elle reprit son service et égalisa à 4 partout. On pensa alors que le match était relancé et que Williams allait remporter la seconde manche pour nous faire vivre alors une rencontre palpitante, comme ces deux joueuses savent si bien le faire. Mais la Nippo-Haïtienne ne laissa aucune chance à l’Américaine. Naomi Osaka reprit tout de suite le service de Serena Williams sans lui laisser aucun point. Elle servit alors à 5-4 pour le gain du match, aligna deux « aces » et valida son ticket pour une deuxième finale aux Internationaux d’Australie. Son adversaire sera une autre Américaine, Jennifer Brady qui s’est débarrassée de Karolina Muchova dans l’autre demi-finale.

Si Osaka répète contre Brady le match qu’elle a joué contre Williams en demi-finale, nul doute qu’elle remportera alors son quatrième titre de Grand Chelem. Il lui faudra tout même se méfier de cette Américaine tenace et qui renvoie toutes les balles. Cependant, Naomi Osaka est une guerrière qui a amélioré son service et son coup droit en y ajoutant beaucoup plus de précision.

Hugues Saint-Fort

New York, février 2021        

Friday, February 19, 2021

Madeleine Féquière – Une étoile très recherchée

Par Max Dorismond 

Ces fleurs, semées aux pieds de ceux qui ont réussi en diaspora, doivent être considérées par nos jeunes comme une valorisation permanente de l’école, un refus global de l’échec et de l’abandon, un maillon essentiel à leur avancement. Car le décrochage scolaire est un passeport direct vers la précarité. Il chagrine les parents qui ont voyagé par monts et par vaux pour leur offrir ce qu’il y a de meilleur sur terre : la connaissance. MxD

MF - 2 lettres qui valent leur pesant d'or

Ce titre n’est pas une métaphore, c’est la pure réalité. Ce n’est pas l’étoile de Bethléem, mais c’est notre p’tite étoile à nous. Tous les « Chasseurs de têtes1 internationaux » caressent ce nom dans leur agenda. C’est de l’or en barre. En effet, sans surprise, les directions des grandes entreprises se l’arrachent. Dans le cadre du « Mois de l’Histoire des Noirs », voilà un « succes story », un exemple de réussite, à proposer à nos jeunes. 

Imaginez simplement 600 millions de dollars, un six et huit zéros à placer entre les mains d’une svelte dame, mince, élégante, sans briser la baraque. Souriante, simple2 et calme, la ravissante Madeleine Féquière peut facilement passer inaperçue. Discrète comme pas une et toujours en contrôle, sûre d’elle-même, vous n’auriez jamais imaginé qu’elle porte sur ses frêles épaules, cette masse de fric en tant que « Chef du Crédit d’Entreprise chez Domtar », une entité multinationale. Elle assure la surveillance et le soutien du risque d’un portefeuille de 600M$ à l’échelle mondiale », supervisant 7 équipes de 50 personnes.

En effet, c’est son contrat actuel. Elle en a vu d’autres. Antérieurement, elle a été cadre des sociétés suivantes : Abitibi/Bowater, Microsoft/Softimage, Téléglobe, Foxboro et Archer Daniels Midland. J’aurais aimé vous parler d’elle en long et en large, mais il y en aurait trop à conter. Sa feuille de route est trop riche. Je dois me résoudre à vous résumer son parcours. 

Elle a relevé de multiples défis. Elle est très en demande. On se l’arrache sur tous les plateaux. Conférencière chevronnée et respectée dans son champ d’expertise, toutes les organisations de gestion de risque veulent entendre ce qu’elle a à dire au sujet des investissements internationaux. On la retrouve devant les cadres de la « International Credit Trade Finance » (ICTF), qui se délectent religieusement de ses conseils. Il en est de même pour ceux de la « Finance Credit International Business (FCIB), de la « National Association Credit Manager » (NACM), de la Credit Institute of Canada (CIC) et surtout de « l’Association des Directeurs de Crédit, Québec » (l’ADC). 

Mais diantre ! d’où vient-elle? Suivez mon regard, en pensant surtout aux discours de l’unique président le plus crétin, aux cheveux en lance-flamme, qui avait pris d’assaut la Maison Blanche, suite à un malencontreux accident de l’histoire. 

En suivant le CV de Mme Féquière, la première chose qui nous saute aux yeux, c’est sa polyvalence sur tous les marchés financiers du monde. A voir son nom figurer partout, on devine aisément qu’elle est polyglotte, pour occuper tous ces postes de direction ou prononcer conférence après conférence. 

À la première lecture de ce brillant parchemin, nous pouvons ajouter que Madeleine n’a nullement traîné la patte à l’étranger. En laissant Haïti après le collégial, elle a su meubler son cursus universitaire, avec maints diplômes à la clé. En voulez-vous, en voilà! On y retrouve un en Finance de « HEC - Université de Montréal »; un « Baccalauréat en traduction spécialisée de l’Université Concordia »; un « MBA court de « McGill Executive Institute ». Il y a celui du « Directors Education Program de Rotman School of Management » de l’université de Toronto, puis une « Licence de L’Institut des Administrations de Sociétés » (I.C.D.D.; I.A.S.A). C’était une sorte de sacerdoce. Il est clair qu’elle adorait les études pointues. 

Dans le dossier si dense de Madeleine, ma curiosité fut attisée par une pensée de paresseux, à savoir où ce p’tit bout de femme a-t-elle pu puiser son énergie pour embrasser cette carrière si riche en évènements heureux : multiples diplômes, maintes conférences financières, divers conseils d’Administrations, gestion de plusieurs entreprises qu’elle a guidées avec succès? Voilà simplement deux exemples, parmi une vingtaine, pour votre édification : « Aucune perte enregistrée sur des actifs de 15M$ de dollars pendant la crise financière en Argentine, au Venezuela et en République Dominicaine (2002-2004); faire preuve d’ingéniosité dans la faillite de K-Mart – Économie : 5M$ (2003). 

Dans ce résumé, je ne peux passer sous silence tous les conseils d’administration des grandes entreprises qui ont retenu ses services et  qui ont bénéficié de la présence de notre prolifique Madeleine. De 2007 à 2020, j’en ai dénombré près de 25. En 2021, outre son leadership et ses fonctions professionnelles, elle a trouvé le temps et l’énergie pour s’investir dans des causes humanitaires et culturelles. Elle siège présentement à titre de membre indépendant aux « Conseils d’administration de l’Université de Montréal », « d’Investissement Québec » et du « Centre Canadien pour la Mission de l’Entreprise ». 

Combien de PDG ont sablé le champagne après avoir réussi à obtenir le « oui » de notre congénère ? C’est une image rassurante pour les investisseurs au niveau international. Une marque indicielle à inscrire sur le CA de toutes entreprises d’envergure qui se destinent à jouer dans la cour des grands. 

Malgré son emploi du temps surchargé, Madeleine a eu l’heureuse idée d’offrir ses conseils aux plus mal pris de son pays natal, en s’impliquant dans des initiatives de développement communautaire, telles que FONKOZE  et  KANPE. Cette dernière est une fondation qui accompagne les familles haïtiennes les plus vulnérables vers l’autonomie financière, dont elle a participé au lancement avec sa bonne amie, l’ex-ministre Dominique Anglade, actuellement cheffe de l’opposition officielle au Parlement de Québec et Régine Chassagne, d’origine haïtienne, chanteuse et multi-instrumentiste du célèbre groupe musical Arcade Fire, au Canada. 

Voilà! Nous avons toutes les raisons d’être fiers. Dans la ligue majeure de la finance, notre géniale compatriote représente un nom magique, une image de marque dans un cadre de bronze. Son étoile est encore vive. À notre progéniture de chausser ses bottes ! 

Contrairement à l’image négative que pourrait susciter l’évocation de notre pays, Haïti, en raison de nos turpitudes, les gestionnaires des grandes entreprises de l’Amérique, du sud au nord, savent bien que nos congénères ont du génie, et ce dans tous les domaines, même s’ils viennent d’un pays très pauvre. 

Par conséquent, n’hésitez point à présenter votre CV avec assurance et fierté. Madeleine Féquière a laissé, sur son chemin, des paillettes d’or. Il revient aux suivants d’en conserver leur éclat.

Félicitations, chère Madeleine !

Max Dorismond

Max Dorismond


 


NOTE

1 – « Chasseur de têtes ». C’est un recruteur à la recherche des meilleurs employés pour les entreprises. Plus sa prise est excellente, plus son pourcentage de rémunération est élevé. Toujours à l’affût, il est à la recherche de la perle rare. Tu as fait ta preuve dans ton entreprise, attends-toi à plusieurs coups de fil qui t’invitent à changer de boîtes. Les offres vont pleuvoir et les chiffres en $, sur la table, vont te donner le vertige.

2 – La simplicité est le marqueur identitaire de la famille Féquière que je connais fort bien. Le frère, de Madeleine, l’ingénieur Yves Féquière, condisciple et ami de mon frère Lionel, ses soeurs, Marie (Jean Vil) et Venise (Comeau), que je rencontre à l’occasion dans les évènements mondains…


Saturday, February 13, 2021

Avec la corruption débridée, Haïti ne s’en sortira pas

En Haïti, la mobilisation citoyenne contre la corruption ne faiblit pas.

 

Par Hervé Gilbert 

Écoutez au loin le râlement de ces affamées. Baissez un peu la voix pour entendre ces cris désespérés de jeunes qui implorent un peu de pitié, une chance à la vie. Ils n’en peuvent plus de cette dérive aveugle qui les entraîne malgré eux au fond de l’abîme. 

Écoutez vite ces refrains, simplement pour comprendre leur malheur. Aujourd’hui c’est un chant d’espoir. Plus tard, il risque de devenir un chant de guerre, un chant de ralliement, un chant mortuaire, si on n’en prend pas garde. 

Pour bien pénétrer ou comprendre la raison de cette complainte, nous vous apportons la cause sur un plateau d’argent. L’énumération que vous allez lire est édifiante et sans appel. 

Tout ce que vous avez entendu, toute cette souffrance de ce peuple bon enfant et sage, n’est que le résultat d’une corruption innommable, qui n’a d’égal que la razzia des conquistadors sur les premiers habitants des Amériques. 

En voilà le bilan : ils ont vu passer sous leur nez, sans en humer l’odeur : les 10 milliards de dollars de la «CIRH» pour la reconstruction d’Haïti  après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, plus de 4,2 milliards de Petro Caribe et près de 3 milliards de dollars du budget national. Sans oublier les millions de tonnes de riz, dons du Japon et de Taïwan, vendus à leurs acolytes de l’élite commerciale à 2,00$ le sac. 

Nous ne pouvons omettre les centaines de millions de dollars blanchis par les ONG et autres Organisations internationales, en catimini, sur notre dos avec la complicité de l’État, au point que plusieurs instances étrangères déclarent sous cap, que Haïti lave plus blanc que blanc. 

Le viaduc du Carrefour Aéroport de Delmas

En 9 ans, nous avons vécu la descente vertigineuse d’Haïti aux enfers, avec des projets ou des constructions bidon, tels : un viaduc tape-à-l’œil, construit au coût de 21 millions de dollars. Avec la même somme, la Dominicanie voisine en a érigé 4 meilleurs. 21 autres millions dollars, ont été alloués pour construire l’aéroport des Cayes et celui de l’Île-à-Vaches. Après la valse de ces dollars, fatigués de dormir dans les valises, qui ont trouvé un repos bien mérité dans les paradis fiscaux, il ne reste que les deux premières pierres symboliques apposées sur ces terres rabougries, en guise de souvenirs aux habitants de ces régions, pour pleurer leurs déceptions.

Rappelons-nous aussi qu'une orgie de taxes de 1.50$ par  transfert  et de 5 centimes par appel téléphonique, ont été prélevées pendant 9 ans sur les revenus de la diaspora. Notons  qu'en l'espace de 9 ans , la diaspora a envoyé 18 milliards de dollars en Haïti à raison de 2 milliards  par année. Avec  une moyenne de 100 dollars par envoi, nous pourrons  présumer sans crainte de se tromper  que Haïti aurait reçu 270 000 000.00$ dollars soit une montant approximatif de 30 millions par année.

On continue. Pour le Parlement, la maison du peuple, 10 millions furent décaissés pour sa reconstruction. Hélas, après 9 ans, seul un plancher nu sans toiture en témoigne d’un effort en trompe-l’œil pour la postérité. 

Pour le drainage de la ville de Port-au-Prince qui demeure une priorité absolue, 450 millions de dollars ont été déboursés pour curer la capitale. Après 9 ans, un chat fait simplement « pipi », toutes les rues sont embourbées. Hommes, femmes et véhicules se déplacent dans la Capitale sur des miasmes nauséabonds à donner la nausée. Le Rex-Théâtre, le premier symbole culturel de la capitale avait bénéficié de 5 millions de dollars pour sa restauration. On dirait que de la végétation sauvage a été semée sur la place d’origine pour servir de pâturages aux animaux. 

La litanie de l’horreur est déroutante jusqu'à la frustration. 150 millions de gourdes ont été allouées à deux compagnies de l’actuel président, « Agritrans » et « Betex », pour un projet d'exportation de « bananes » et  l’amélioration de la route de Borgne. Que constate-t-on, après 9 ans: une route en terre boueuse, le cauchemar des utilisateurs...  une bananeraie desséchée, squelettique... Ces bananes qui lui avaient pavé la route du pouvoir. 

Les gangs armés règnent en maître et seigneur en Haïti

Les acteurs ne sont pas innocents. L’ancien président qui était en faillite en 2010, suite à la saisie de ces 3 maisons en Floride, a retrouvé sa santé financière en triplant ses actifs partout, aux USA, en République dominicaine et en Haïti. 

Son fils n’est pas en reste avec son Gym de luxe à Pétion-Ville et des appartements de haut de gamme dans la république voisine. Leur ancien premier ministre joue présentement dans la cour des grands avec ses millions empochés au vu et au su de tous. 

Pour s’assurer de la valse sans contretemps de ces dollars verts dans le milieu haïtien, 111 gangs ont été créés, armés jusqu’aux dents, pour impressionner le peuple et annihiler toutes tendances aux dénonciations. Leurs protecteurs sont les rois incontestés de la magouille. Nul ne peut les déplaire au risque de se faire sauter la cervelle. Il faut se déguiser en cancres, en crétins et détourner les yeux de la mathématique de la corruption si on veut vivre libre et mourir en santé, en Haïti. Voilà! Après 9 ans, notre pays est passé d’une situation de quasi-État à celle d’absence d’État.

 Hervé Gilbert.

Michelot Oxil met l’OEA et l’Ambassade américaine sur le banc des accusés

Organisation  des États Américains et Ambassade américaine à Port-au-Prince, n’êtes vous pas des criminels? 

Jeudi 11 février 2021 

Mes jours sont peut-être comptés, mais je prends le risque de me battre avec ma plume. Je ne sais pas combien de jours il me reste à vivre. Je ne sais pas non plus comment demain sera fait. Tuez-moi si vous voulez. Pourchassez-moi là où je suis. Je m’en fiche. Vous n’aurez pas mon silence. 

Je sais que je prends le risque de me faire assassiner ou de me porter un jour disparu par la mafia internationale. Sachez que je ne commets aucun crime. Je veux tout simplement dire la vérité. Je parle au nom des déshérités, des exploités et des sans-voix.

Chaque année, le service de l’immigration américaine rapatrie des centaines d’haïtiens à Port-au-Prince. Les garde-côtes interceptent des milliers de boat-people et des centaines de naufragés. Haïti est depuis 1986 la poubelle de l’Amérique. Elle est sous vos yeux, malgré la richesse inestimable de son sous-sol, le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidentale. 

Pourtant, c’est vous qui faites et défaites au sein des gouvernements contre une population appauvrie. Comment vous sentez-vous en voyant tous ces bidonvilles puants et infrahumains?

Avez-vous la conscience tranquille en rapatriant des enfants de deux mois, nés sur votre territoire, qui vont se faire tuer sur des balles des gangs fédérés d’un pouvoir que vous soutenez?

Avez-vous l’esprit tranquille en voyant presque six millions d’haïtiens ( des femmes et des enfants en grande majorité) qui risquent la famine alors que des dirigeants que vous nous avez imposés de force pillent les caisses du pays pour acheter des villas chez vous et ouvrir de grandes entreprises?

Avez-vous le coeur léger en regardant, comme tout le monde, des membres de la société civile qui tombent chaque jour sous les balles dans la capitale haïtienne? Avez-vous, ne serait-ce,  l’empathie pour des malheureux qui se font enlever contre rançon qu’ils n’ont jamais possédée?

Je sais que les diplomates défendent les intérêts de leur pays. Si les lamentations que je viens de citer représentent entre autres « l’intérêt des États-Unis », je m’en excuse. Tout Haïti déclare que vous êtes des criminels. 

Si tel n’est pas le cas, pourquoi la souffrance de tous ces humains n’interpelle pas votre humanité? Ceux que vous interceptez ou ramassez morts dans la mer, que vous rapatriez, que vous voyez croupir dans les bidonvilles, mourir sous les balles des alliés du pouvoir que vous chouchoutez ou qui se trouvent en insécurité alimentaire, ne sont-ils pas des hommes et des femmes comme vous? Ils sont tout simplement différents, mais ils sont des « autres » enfants, femmes, hommes comme vous. 

Comment réclameriez-vous être garants et promoteurs de la démocratie alors que vous encouragez la dictature en Haïti ? Comment prétendriez-vous combattre la pauvreté alors que vous la générez chez nous en acceptant que nos gouvernants corrompus viennent bâtir des paradis chez vous avec l’argent de nos taxes? Comment combattriez-vous la corruption chez vous alors que vous acceptez des investissements de nos dirigeants et de leurs proches sans même leur demander la provenance des sommes stratosphériques?

J’aurais pu profiter pour vous demander où sont passés les onze milliards du CIRH. Auriez-vous l’honnêteté de nous dire la vérité et de nous les restituer ? Le grand qui arrache l’unique morceau de pain dans la bouche de l’affamé, est criminel. Le grand qui écrase le petit est encore plus que criminel.

Mon corps aux chiens affamés Mes écrits aux déshéritésMon esprit aux dieux crucifiésMa conscience à la postérité.

Michélot OXIL
Exilé et affamé de l’Amérique

Thursday, February 11, 2021

Assaut du Capitole: un exposé choc de l’accusation au procès de Trump

Des policiers hurlant de douleur, des élus terrifiés, des assaillants menaçants : les procureurs démocrates ont diffusé mercredi des images parfois à la limite du soutenable pour souligner la violence inouïe de l’assaut sur le Capitole, qui vaut à Donald Trump d’être jugé au Sénat pour « incitation à l’insurrection ».

Mêlant des extraits de caméra de surveillance, parfois inédits, aux vidéos mises en ligne par les émeutiers, ils ont rappelé aux cent sénateurs, à la fois juges, jurés et témoins de ce procès historique, qu’ils avaient eux-mêmes échappé de peu « au pire ».

Les élus démocrates de la Chambre des représentants, chargés de porter l’accusation contre l’ancien président, ont aussi replacé l’assaut dans le contexte de la croisade post-électorale de Donald Trump qui a toujours refusé de concéder sa défaite face à Joe Biden.

« Le président Trump n’a pas été le témoin innocent d’un accident », comme ses avocats le suggèrent, mais il « a abandonné son rôle de commandant-en-chef pour devenir l’incitateur-en-chef d’une dangereuse insurrection », a lancé Jamie Raskin, qui supervise cette équipe.

Le coup de force sanglant de ses partisans, au moment où le Congrès certifiait la victoire de son rival, n’est pas survenu « dans le vide » : « la hargne de la foule a été attisée pendant des mois par Donald Trump », a renchéri Joaquin Castro.

Installé en Floride, l’ancien magnat de l’immobilier a refusé de témoigner. Mais sa voix n’a cessé de retentir dans l’hémicycle de la chambre haute du Congrès, où ses accusateurs ont projeté de nombreux extraits de ses discours enflammés, reproduit ses tweets incendiaires, cité ses propos les plus polémiques.

« Le grand mensonge »

Même s’ils ont peu de chances de convaincre deux tiers des sénateurs de le déclarer coupable — le seuil fixé par la Constitution —, les démocrates entendent marquer l’opinion lors de ces audiences retransmises en direct dans tous les États-Unis.

« Le grand mensonge » : c’est ainsi qu’ils ont décrit la longue campagne de désinformation sur l’élection présidentielle entretenue par le 45e président américain qui a répété pendant des semaines, sans preuve, qu’il avait été victime de fraudes électorales massives.

Après l’échec de ses plaintes en justice et de ses multiples pressions sur les agents électoraux des États-clés, « le président Trump s’est retrouvé à court d’options non violentes pour se maintenir au pouvoir », a estimé l’élu Ted Lieu.

Il s’est alors tourné vers « des groupes qu’il a cultivés pendant des mois », comme le groupuscule d’extrême droite Proud Boys, dont plusieurs membres se trouvaient parmi les assaillants du Capitole, a ajouté sa consœur Stacey Plaskett, en rappelant que le président les avait appelés, en octobre, à « se tenir prêts ».  

Et le 6 janvier, il a appelé ses partisans à manifester à Washington. « Battez-vous comme des diables », a-t-il lancé à la foule, juste avant l’intrusion dans le temple de la démocratie américaine.

« Cible dans le dos »

Affirmer que l’ex-président pourrait être responsable des violences d’un « petit groupe de criminels » qui l’ont « absolument mal compris » est « tout simplement absurde », avaient insisté ses avocats par écrit lundi. En soulignant qu’il les avait « exhortés à rester pacifiques ».  

« On a vérifié les 11 000 mots de son discours, le président n’a utilisé le terme “pacifique” qu’une seule fois, contre plus de 20 “se battre” », a rétorqué mercredi l’élue Madeleine Dean.

Pire, selon Mme Plaskett, il a désigné à la vindicte son propre vice-président Mike Pence, qui avait refusé de stopper la certification du résultat des élections, ou la cheffe des démocrates à la Chambre, Nancy Pelosi.

Il « a mis une cible sur leur dos et la foule a fait intrusion dans le Capitole pour les chasser », a-t-elle lancé, en montrant des images d’une potence érigée face au bâtiment, de manifestants appelant à « pendre » Mike Pence, d’autres appelant, menaçant, « Naaancy, Naaancy… » dans les couloirs du Congrès.  

Horizon judiciaire chargé

Leur exposé des faits a été salué par le sénateur républicain John Thune. « Ils ont fait un bon travail pour souligner les liens… pour remonter le temps », a-t-il déclaré à des journalistes lors d’une interruption de séance.

« Tout l’été, les gens ont fait ce genre de choses », a toutefois minimisé son confrère Roy Blunt, en référence aux grandes manifestations antiracistes qui, parfois, ont été émaillées de violences.  

Donald Trump reste très populaire dans une partie de l’électorat et exerce encore une forte influence sur le parti républicain.  

Si une poignée de sénateurs du « Grand Old Party » se sont dits prêts à le condamner, et que certains lui ont imputé une responsabilité dans l’attaque, il semble peu probable que 17 joignent leur voix aux démocrates pour le déclarer coupable, et in fine le rendre inéligible.

L’audience a été ajournée en début de soirée. L’accusation reprendra son exposé jeudi, avant le tour de la défense qui disposera également d’un maximum de deux jours.

Même si Donald Trump est acquitté, comme il y a un an lors de son premier procès en destitution, son horizon judiciaire restera chargé : en plus des investigations sur ses affaires menées à New York, une procureure de Géorgie a annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête sur les pressions qu’il a exercées sur des responsables électoraux de cet État-clé.

PAR ELODIE CUZIN ET CHARLOTTE PLANTIVE
AGENCE FRANCE-PRESSE



Wednesday, February 10, 2021

Après le 7 février, vaut mieux en pleurer que d’en rire

Le ridicule, ça fait grandir les cons. À preuve, nous avons trois présidents

 Par Max Dorismond           

Qui a gagné, qui a perdu? Ce célèbre refrain de notre barde national, Guy Durosier, vous révèle-t-il quelques souvenirs dans la vie d’un couple séparé en phase de réconciliation. Justement, qui a gagné, qui a perdu aujourd’hui ? Mon frère, mon cousin, mon voisin ! Mais voyons, il me ressemble. Donc, c’est axiomatique : c’est encore moi, c’est encore nous, c’est encore Haïti. Cette terre de rêve qui hante notre sommeil a reculé d’un quart de siècle. 

Ici, comme je l’avais écrit antérieurement, il n’est plus question de président, de X ou Y. Faut transcender la politique partisane, refroidir nos envies pour nous dépasser et aller plus loin encore, plus loin que l’histoire, pour redessiner la Nation espérée, en toute priorité. Il nous reste seulement cinq minutes avant la frontière du désespoir. Cinq minutes pour éviter la folie collective. Commençons par la refondation du pays en remaniant la « Loi Mère », objet de toutes les dérives. D’ailleurs, rien ne nous empêche de rebattre les cartes et repartir à neuf. 

Nous avons le devoir de regarder, d’analyser, de soupeser toutes les propositions de sortie de crise déposées sur la table pour défier le diable. Ce ne sont nullement des fous qui les ont pondues, mais bien des consanguins, doués de jugement. Des humains, qui rêvent de rédemption, de paix, de progrès, pour un pays souffreteux, qui ne vit que d’espoir et d’assistances. 

Nous sommes tous d’une Nation, qui devient la risée du monde, un symbole d’exemple universel à éviter, imposé sciemment par l’exploiteur à la conscience de tous les déshérités de la terre, en guise d’insigne, à titre d’avertissements, pour bloquer, miner, annihiler leurs rêves de délivrance. On les culpabilise avec l’image d’une Haïti dépendante, squelettique, rabougrie, sous-développée, idiote et niaiseuse. Une Nation qui s’entredévore. Quelle honte! Quelle déchéance, pour un peuple qui a chamboulé le sinistre objectif du capitalisme naissant. 

À titre de métaphore, utilisons, pour converser entre nous, la voix de Guy Durosier, dans sa célèbre interprétation de  « Je reviens te chercher ». C’est exactement ça la réalité : « Qui a gagné, qui a perdu/ On ne sait rien, on ne sait plus / On se retrouve les mains nues/ Mais après la guerre…/ Il nous reste à faire la paix... »

Quoi de plus éloquent que la paix des braves! Tout est sur la table. Ne soyez pas vindicatifs. Le courroux est ingrat et ne tue que son maître. Plusieurs ont fanfaronné pour faire peur à l’autre. Que de bruits, que de vociférations! Et après, c’est le silence mortifère d’une nation en déroute. La queue entre les jambes, on retourne dans son coin, les couilles molles, pour ronger son frein. 

Bousculons la routine, dialoguons, trouvons la clé de notre irrévérence. Ne cherchons nul coupable, sinon on finirait avec le pays en prison. Enlevons le zipper devant le voile qui nous obscurcit la conscience. Prenons place à la table. Soupesons chaque détail en frères de sang, et non en compétiteurs. 

Aliénés mentalement sous les coups de boutoir des ennemis de la nation depuis 215 ans1, victimes du syndrome colonial, nous ne nous rendons pas compte de notre glissade vers la déchéance. Étant aveugles par destination, nous nous sommes trompés d’adversaires en nous en prenant à nous-mêmes. 

Allons, réveillons-nous, sa2pristi ! Il est encore temps. Assoyons-nous et détaillons ou analysons les raisons, les causes de nos déchirements, pour y installer des garde-fous, aux fins d’éviter de tels débordements, de tels esclandres, de tels énervements, à doubler le profit de ceux qui ont investi dans notre immaturité. 

Bousillons leur programme. Nous ne sommes point des incompétents. Des preuves sonores habillent encore l’histoire. C’est un sophisme. Ils prêchent le faux pour obtenir le vrai. Ne leur offrons plus ces délices. Laissons-les rêver en couleur. Ressaisissons-nous. Donnons une dernière chance à la chance. Il reste une lueur d’espoir : c’est nous ! 

Réservons-nous ce droit et ce devoir de retoucher la Constitution, une fois pour toutes, en utilisant les conseils les plus pertinents, glanés à droite et à gauche, par écrit, à l’oral. C’est un besoin viscéral. Nos frères, éparpillés partout autour du globe, en ont vu du pays et sont prêts à partager leurs voix et leur mémoire. Nos paysans ou campagnards, qui ont vécu loin de nos tumultes citadins, ne sont pas sans ressources, et peuvent apporter leur grain de sel dans la recette nationale. Tous ou presque tous, doivent contribuer de leurs expériences et réflexions sur 215 années d’échecs pour relancer la machine. 

Point n’est besoin de détailler ici le programme à venir. Les propositions fleurissent là, sous « l’arbre à palabre ». Il nous suffit de cueillir les fruits pour préparer un cocktail de passion et de raison avant de déguster le plat de résistance de la Constitution, qui sera digéré sans crainte de constipation. Car, nous ne voulons plus revivre ces « déchouquages2 » décapants, ces pays-lock déroutants, cette dualité asphyxiante, ces chantages de parlementaires, ces dictatures infamantes, ces siphonnages du trésor public, cette corruption endémique, cette insécurité déstabilisante, ces déchirements fraternels perturbants, ces fuites de notre jeunesse vers des ailleurs hypothétiques. 

Attelons-nous vite à la tâche ! Pour maintenir la flamme, gardons simplement à l’esprit que les grandes décisions naissent souvent dans le fracas des dissensions ! 

Max Dorismond  


NOTE

1 – 215 ans : Date calculée à partir de la mort du libérateur, J-Jacques Dessalines en oct. 1806.

2 – Déchouquage : terme créole emprunter des bucherons. Il vient du mot « dessoucher », c’est-à-dire, enlever la partie basique de l’arbre qui reste dans la terre. Dans notre créole, c’est une allégorie, une expression métaphorique violente, utilisée pour déstabiliser un adversaire, surtout en politique

Friday, February 5, 2021

Une proposition intelligente pour refonder la nation


S.O.S – Haïti - Un pays à la dérive depuis 215 ans, à rebâtir

Par Max Dorismond

Un pays aux abois où les voleurs, les kidnappeurs, les corrompus règnent en maîtres. Une jeunesse affolée devant le vide sidéral d’un avenir sombre qui définit son horizon. Une diaspora responsable, laissée derrière la barricade de la mesquinerie, par des « intelligents avertis » . Voici le cadre qui supporte le tableau de la banalisation du mal absolu qui gangrène cette nation que plusieurs artistes ont maintes fois dessinée à l’eau forte.

Ne voulant pas prôner une guerre fratricide entre frères de sang pour faire le jeu des prédateurs pour une place autour de la jarre à dollars, plusieurs se sont dépassés pour trouver une solution aux fins de calmer le jeu qui semble être déjà fait, tant les intérêts divergent.

Pendant qu’on fourbit les armes et qu’on piaffe dans le décor à l’écho des tambours de guerre, alors que certains sages appellent au calme et que le peuple aux abois interpelle Legba et Gran’Saint-Anne1 dans ses supplications, pour une certaine rédemption, aux fins de sauver ce qui peut l’être, je suis tombé sur cette proposition de la dernière chance du Dr. Jean Fils-Aimé , pasteur évangélique de son état, dans une bande audio en ligne, avec l’animateur de Vision-2000, Valéry Numa. (Cliquer sur le lien en bleu pour l’entendre).

C’est un document d’une clarté invitante et d’une intelligence à toute épreuve, qu’Haïti aurait tout intérêt à honorer si elle veut corriger les tares des instincts primaires et rectifier les erreurs ancestrales inscrites dans l’ADN de la Nation depuis 1806, lors de l’assassinat de l’Empereur J-J. Dessalines par les pires voyous, les pires scélérats sans scrupules, que le monde ait connus.

De crise en crise, le pays a toujours vogué entre les flots du diable et de ses diablotins. Pourquoi ne pas profiter, une fois pour toutes, pour redresser le mât de la caravelle avec le plan de ce visionnaire, qui ne rêve que de servir et non de diriger le pays un jour ?

Ce n’est pas une question de Jovenel Moïse, de X ou de Y. Nous ne sommes plus là. Le pays gît au fond de l’abîme. Si vraiment, chaque soir, au retour à la maison, nous remercions Dieu pour chaque journée récupérée dans notre vie, comme une petite victoire personnelle, c’est la preuve que tous, nous avons baissé les bras, nous avons abandonné notre vie, dans le tremblement, dans l’agenouillement et dans le désespoir, entre les mains des bandits légaux qui rient aux éclats de notre lâcheté. 

Nous avons écumé toutes les mers du monde pour fuir les malfrats de chez-nous. Nous avons épousseté les rues de tous les pays sur la terre, pour aller mourir, comme Georges Floyd, sous les genoux d’un écervelé. Cette fuite en avant, nous est-elle bénéfique ? Pourquoi ne pas prendre notre courage à deux mains et créer un État de droit, à protéger, qu’il pleuve ou qu’il tonne, par les fibres de nos poitrines et mourir dans la dignité ? 

Les bandits, les pleutres, ne résistent jamais devant la détermination. Demandez-le aux soldats de Napoléon Bonaparte. Beaucoup de désenchantés de l’exil, qui s’étaient bercés d’illusion hier, se mordent le pouce aujourd’hui. « There’s no place like home », comme le dit le poète. Lakay se lakay. Quoi qu’on en dise ! Quoi qu’on en pense !

Pensez une seconde à nos ancêtres qui s’étaient mis debout devant l’adversité. Pensez à maître Monferrier Dorval qui, tout frais, hier encore, a préféré se faire brûler la cervelle au lieu d’abdiquer. Il est des situations invivables, parfois, où la Nation entière devrait se sacrifier pour permettre à nos descendants ou nos survivants de jouir du droit à la vie comme tout être humain, digne de cette appellation. 

Dans la proposition de Fils-Aimé, c’est une voix qui nous invite à la rédemption, à la reconstruction totale d’une nouvelle nation. Elle nous propose de trouver des Haïtiens crédibles, de l’intérieur comme de la diaspora. Et pourtant, au pays, nous en avons des dizaines qui rasent les murs. Même si 60% de nos parlementaires seraient des repris de justice, des hommes de sac et de corde, les 40% restants, peuvent être utiles à quelque chose. Dussent-ils se sacrifier, ils seront nos héros, malgré eux. Ils seront les médiateurs de l’impossible. 

Selon la proposition du pasteur qui recèle un programme de reconstitution à élaborer sur trois longues années, nous avons le devoir de reconfigurer et de réparer tout ce qui a été détruit depuis 215 ans, sur le plan moral, éthique, social et financier.

L’analyste est allé très loin dans sa réflexion. C’est une bande audio à écouter et à analyser. Mais, il en existe d’autres. Le temps est venu de brasser la cage pour en extirper le meilleur du meilleur. Le nivellement par le bas n’a rien apporté en termes de positivité. Il est grand temps de changer de stratégie. Cette dernière ne nous a apporté qu’une caravane d’Alibabas à donner le tournis. Nous avons tout essayé pour nous extirper du trou; et nous avons récolté que le chaos. 

Ces propositions clairvoyantes de la dernière chance, nous interpellent pour refaire le chemin à l’envers de l’inconscience. Nous sommes donc condamnés à réparer les outrages du temps, sinon, vaut mieux attacher un zipper à l’entrée du voile opaque qui recouvre ce théâtre d’insultes, d’envies et d’exclusions, car l’absurdité aura une ahurissante longévité pour défier l’intelligence et la détermination.

Max Dorismond





NOTE (1) : Croisement des divinités dans le syncrétisme religieux haïtien.

Wednesday, February 3, 2021

LE SYMBOLISME DU MOIS DE FÉVRIER


Le 1er février est le 32e jour de l’année. Cela veut dire qu’il reste 333 jours pour la fin de 2021. Le meilleur art de vivre consiste à s’y accommoder calmement, les vivre pleinement, un à la fois, et surtout se les soumettre individuellement, contre vents et marées.

En termes de symboles, le mois de février, le plus court et le second de l’année, doit son nom et sa position dans le calendrier actuel au roi Numa de la Rome antique, qui le consacra à Neptune, dieu des eaux, particulièrement de la mer, parce que à cette époque-là les pluies étaient très abondantes. Plus tard, dans le calendrier républicain, février allait correspondre à pluviôse, mois des pluies. Jusqu’à aujourd’hui, c’est le mois le plus froid dans les pays nordiques, et davantage pluvieux dans les zones tropicales. En termes de figures iconographiques, on représente ce mois sous la forme d’une femme vêtue de bleu, la tunique relevée par une ceinture, tenant en main un canard et versant en abondance de l’eau dans une urne.
Il y eut dans l’antiquité romaine des fêtes publiques appelées ``Februales``, marquées par des chandelles, dont naissent les commémorations de la Chandeleur, le 2 février, dans les pratiques religieuses catholiques. Ce qui reste aujourd’hui de ces mythes et symboles, c’est la célébration de la Saint-Valentin, la fête des amoureux, le 14 de ce mois.

Étant le mois des eaux, février symbolise celui des poissons dans les signes du zodiaque, et de nombreuses célébrités du monde ont vu le jour le 1er de ce mois, tels que Boris Eltsine, homme politique; Claude François et Mike Brant, deux grandes voix du monde de la chanson; Paul Fort et Michel Le Bris, auteurs célèbres, pour ne citer que ceux-là. En remontant plus loin dans l’histoire, et cela jusqu’au XIVe siècle de notre ère, il nous vient à l’esprit le nom du roi de France, Charles IV, né le 1er février 1294 et mort en 1328, à l’âge de 34 ans.

Sur le plan sociopolitique en Haïti, depuis la chute du régime trentenaire des Duvalier, le 7 février 1986, cette date symbolise les libertés citoyennes à tous les niveaux de la vie nationale. En dépit de nombreuses entraves à la justice sociale, au cours de ces trente dernières années, cette date-phare, jointe à la Constitution républicaine de 1987, édicte les règles de la démocratie représentative au timon des affaires de l’État. Cette année, particulièrement, la date du 7 février marque un tournant décisif dans l’apprentissage de la démocratie en Haïti, car elle prend à la fois le sens de ce ``fléau`` de la balance des pouvoirs publics, à titre d’instrument de mesure des potentialités politiques nationales, et de ces enjeux macabres qui n’ont de cesse que de plonger le pays davantage dans le chaos.

En termes d’imageries du mois de février, nous rappelant des moments forts de l’histoire du monde, de la plus lointaine antiquité à nos jours, il nous semble revenir chez nous à l’âge de la barbarie. Point d’icônes pour illustrer nos propos, si ce n’est exclusivement dans l’intemporel qu’il faut aller les chercher. Si elles sont légion dans les arts et la littérature, elles sont très rares en politique.

Cependant, nous nous inclinons devant la dépouille de Serge Gilles qui vient de faire la révérence le 1er février 2021. Il aura vu 2020 s’achever en vain, dans cette quête interminable d’un pays perdu à retrouver. Dans nos organes de presse, ce sont malheureusement des pourfendeurs de la République qui lui reconnaissent des valeurs aujourd’hui, à l’heure de sa mort. Ironie de notre histoire…

Par Mérès Weche

De gauche a droite, et de haut en bas
Boris Eltsine
Mike Brant
Claude François
Michel Le Bris
Charles IV, roi de France
Serge Gilles