Je sais que je prends le risque de me faire assassiner ou de me porter un jour disparu par la mafia internationale. Sachez que je ne commets aucun crime. Je veux tout simplement dire la vérité. Je parle au nom des déshérités, des exploités et des sans-voix.
Chaque année, le service de l’immigration américaine rapatrie des centaines d’haïtiens à Port-au-Prince. Les garde-côtes interceptent des milliers de boat-people et des centaines de naufragés. Haïti est depuis 1986 la poubelle de l’Amérique. Elle est sous vos yeux, malgré la richesse inestimable de son sous-sol, le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidentale.
Pourtant, c’est vous qui faites et défaites au sein des gouvernements contre une population appauvrie. Comment vous sentez-vous en voyant tous ces bidonvilles puants et infrahumains?
Avez-vous la conscience tranquille en rapatriant des enfants de deux mois, nés sur votre territoire, qui vont se faire tuer sur des balles des gangs fédérés d’un pouvoir que vous soutenez?
Avez-vous l’esprit tranquille en voyant presque six millions d’haïtiens ( des femmes et des enfants en grande majorité) qui risquent la famine alors que des dirigeants que vous nous avez imposés de force pillent les caisses du pays pour acheter des villas chez vous et ouvrir de grandes entreprises?
Avez-vous le coeur léger en regardant, comme tout le monde, des membres de la société civile qui tombent chaque jour sous les balles dans la capitale haïtienne? Avez-vous, ne serait-ce, l’empathie pour des malheureux qui se font enlever contre rançon qu’ils n’ont jamais possédée?
Je sais que les diplomates défendent les intérêts de leur pays. Si les lamentations que je viens de citer représentent entre autres « l’intérêt des États-Unis », je m’en excuse. Tout Haïti déclare que vous êtes des criminels.
Si tel n’est pas le cas, pourquoi la souffrance de tous ces humains n’interpelle pas votre humanité? Ceux que vous interceptez ou ramassez morts dans la mer, que vous rapatriez, que vous voyez croupir dans les bidonvilles, mourir sous les balles des alliés du pouvoir que vous chouchoutez ou qui se trouvent en insécurité alimentaire, ne sont-ils pas des hommes et des femmes comme vous? Ils sont tout simplement différents, mais ils sont des « autres » enfants, femmes, hommes comme vous.
Comment réclameriez-vous être garants et promoteurs de la démocratie alors que vous encouragez la dictature en Haïti ? Comment prétendriez-vous combattre la pauvreté alors que vous la générez chez nous en acceptant que nos gouvernants corrompus viennent bâtir des paradis chez vous avec l’argent de nos taxes? Comment combattriez-vous la corruption chez vous alors que vous acceptez des investissements de nos dirigeants et de leurs proches sans même leur demander la provenance des sommes stratosphériques?
J’aurais pu profiter pour vous demander où sont passés les onze milliards du CIRH. Auriez-vous l’honnêteté de nous dire la vérité et de nous les restituer ? Le grand qui arrache l’unique morceau de pain dans la bouche de l’affamé, est criminel. Le grand qui écrase le petit est encore plus que criminel.
Mon corps aux chiens affamés Mes écrits aux déshéritésMon esprit aux dieux crucifiésMa conscience à la postérité.
Michélot OXIL
Exilé et affamé de l’Amérique
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