Discours d'Etzer Vilaire à la mémoire des héros de l'Indépendance, de Charlemagne Péralte... 

Monday, August 27, 2018

Le maverick sénateur américain John McCain est mort

Sénateur John McCain
(1936-2018)

Il était soigné depuis juillet 2017  pour un glioblastome, une forme de cancer très agressive avec un très faible taux de survie.

Le sénateur de l’Arizona John McCain, pilote blessé et torturé pendant la guerre du Vietnam où il fut emprisonné pendant plus de cinq ans; candidat malheureux à la Maison Blanche et figure non-conformiste de la politique américaine, est mort le samedi 25 août à quelques jours de son 82e anniversaire, après treize mois de lutte contre un cancer du cerveau. Il avait 7 enfants.

Les réactions ont afflué  dans les minutes suivant l’annonce du décès pour saluer la mémoire de ce monument républicain, qui s’est fâché avec beaucoup de monde y compris au sein de sa famille politique, mais dont le dévouement patriotique était reconnu par tous.

"John et moi venions de générations différentes, avions des origines complètement différentes, et nous nous sommes affrontés au plus haut niveau de la politique", a déclaré l’ancien président démocrate Barack Obama, qui l’avait battu à l’élection présidentielle de 2008.

"Mais nous partagions, malgré nos différences, une fidélité à quelque chose de plus élevé, les idéaux pour lesquels des générations entières d’Américains et d’immigrés se sont battus et se sont sacrifiés".
 Le président Donald Trump, qui était en conflit avec le sénateur républicain, a tweeté un court message de condoléances, sans un mot sur la carrière et la vie de l’homme.

"Mes condoléances et mon respect le plus sincère pour la famille du sénateur John McCain. Nos cœurs et nos prières sont avec vous !", a écrit M. Trump.
 "Homme de profonde conviction"
A l’inverse, la plupart des élus et anciens élus américains ont publié un communiqué dans les minutes suivant l’annonce du décès, l’ancien président George W. Bush saluant par exemple un "homme de profonde conviction et un patriote au plus haut degré".

L’ancien président démocrate Bill Clinton a lui aussi salué la mémoire de John McCain, soulignant qu’"il avait souvent mis de côté l’appartenance partisane» pour servir la nation.
Et un autre démocrate, Al Gore, vice-président sous Bill Clinton, est allé dans le même sens. 

"J’ai toujours admiré et respecté John" parce qu’il œuvrait toujours à "trouver un terrain d’entente, aussi difficile que ce soit", a-t-il dit.

Pour le sénateur républicain Lindsey Graham, «l’Amérique et la Liberté ont perdu l’un de leurs plus grands champions».

Le héros de la guerre, John MacCain
a accompli de grands sacrifices à son
pays.                                                 
John McCain, fils et petit-fils d’amiraux, a d’abord été pilote de chasse, engagé dans la guerre du Vietnam où il fut blessé et emprisonné pendant plus de cinq ans.  Il fut torturé par ses geôliers, et deviendra au cours de sa carrière politique un farouche opposant à la torture, dénonçant la CIA pour ses pratiques d’interrogatoires «musclés» sous la présidence de George W. Bush.

Après son retour aux États-Unis à la fin de la guerre du Vietnam, il se fait élire à la Chambre des représentants, puis est élu sénateur en 1986, un siège qu’il a conservé depuis, sa dernière réélection, en novembre 2016, ayant été la plus difficile, une partie de l’électorat conservateur ne lui ayant pas pardonné d’avoir critiqué Donald Trump.

Franc parler
Il a longtemps cultivé l’image d’un républicain indépendant au franc parler, mais il échoue aux primaires républicaines en 2000 face à George W. Bush. En 2008, il emporte cette fois l’investiture de son parti, mais perd face à Barack Obama.

Il était ensuite resté au Sénat, sa deuxième maison depuis plus de trente ans. Il avait été un des partisans les plus farouches de la guerre d’Irak et continuait à promouvoir un rôle militaire américain fort à l’étranger, se marginalisant au fil des années dans un parti républicain désireux de se recentrer sur les priorités domestiques.

Dans les années 2010, il a assisté consterné à l’ascension de la mouvance du Tea Party au sein de son parti, qu’il n’a pu contenir. Il défendait inlassablement une hausse du budget militaire, et dirigeait jusqu’à sa mort la commission des Forces armées du Sénat. D’autres causes ont animé sa carrière, notamment la réforme du système d’immigration, ou encore celle du financement électoral.

Les anciens présidents Barack Obama et George W. Bush, un démocrate et un républicain, devraient prononcer des éloges funèbres, à sa demande, selon le New York Times. Plusieurs médias avaient rapporté il y a plusieurs mois que le sénateur avait expressément demandé à ce que Donald Trump ne participe pas.

Dans l'Arizona, son Etat d'adoption, des anonymes ont apporté dimanche des fleurs devant sa permanence parlementaire à Phoenix, ainsi que devant la maison funéraire où sa dépouille repose.

"Nous voulions rendre hommage à un grand patriote américain, un grand héros américain", dit l'un d'eux, Michael Wilson.

"Quelle épopée", avait écrit le sénateur dans des mémoires publiés en mai. "J'ai vécu de grandes passions, vu des merveilles, j'ai fait la guerre et contribué à la paix. Je me suis fait une petite place dans l'histoire de l'Amérique et l'histoire de mon époque", écrivait-il.

"Patriote", "héros", "combattant", "non conformiste": les hommages rendus par l'ensemble de la classe politique du pays avaient pour point commun la carrière de l'homme au service de la nation. John McCain était l'un des rares élus du Congrès célèbres hors des frontières des Etats-Unis. De l'Europe au Pakistan, nombre de dirigeants étrangers ont salué sa mémoire.


Depuis l'annonce du décès de John McCain, les internautes sur les réseaux sociaux partagent en nombre cette séquence d' octobre 2008, quand le sénateur était en campagne contre le futur président des États-Unis, Barack Obama.

Alors en meeting à Lakeville dans le Minesota, John McCain s'était livré à une séquence de questions-réponses avec ses soutiens. L'un d'entre eux, une femme, avait alors pris la parole et avait lancé : "Je ne peux pas faire confiance à Barack Obama (...) c'est un arabe ".
L'enterrement, dans l'intimité familiale, aura lieu dimanche au cimetière de l'Académie navale d'Annapolis, à une heure à l'est de Washington. C'est là qu'il suivit sa formation de pilote de la marine, et qu'il rencontra l'ami à côté duquel il sera enterré, l'ancien amiral Chuck Larson.

Sources combinées 


Thursday, August 23, 2018

L'ex-avocat de Trump, Michael Cohen, accepte de plaider coupable

Michael Cohen a plaidé coupable de huit chefs d’accusation mardi à New York
L'ex-avocat personnel de Donald Trump, Michael Cohen, a accepté de plaider coupable ce  mardi 21 août  à huit chefs d'accusation. Deux de ces chefs concernent le financement des campagnes électorales, relativement à des sommes versées à deux femmes  ayant une liaison amoureuse avec le président américain, en échange de leur silence.  Ces deux dernières chefs d’accusation representent une violation des lois sur le financement des campagnes électorales.

L'ex-avocat de 51 ans n'a pas précisé le nom des deux femmes, mais les montants - 130 000 $ et 150 000 $ - correspondent à ceux versés à l'actrice et réalisatrice porno Stormy Daniels, qui affirme avoir eu une liaison avec Donald Trump en 2006, et à Karen Mcdougal, une ex-playmate qui affirme également avoir eu une liaison avec le milliardaire en 2006-2007.

M. Cohen a affirmé avoir agi « à la demande du candidat » et « avec l'intention d'influencer l'élection » présidentielle de 2016.

Il a également plaidé coupable à un chef d'accusation de fraude bancaire et à cinq chefs d'accusation de fraude fiscale. .Les autres inculpations découleraient de prêts obtenus par Michael Cohen pour des sociétés de taxi new-yorkaises dont il est propriétaire, non directement liées à son métier d'avocat.

En vertu de l'accord qu'il a conclu avec les procureurs fédéraux, il pourrait être condamné à quatre ou cinq ans de prison le 12 décembre prochain.

Il est entré au tribunal de Manhattan peu après 16 h, vêtu d'un veston, d'une chemise blanche et d'une cravate dorée. Il était suivi de son avocat, Guy Petrillo.

M. Cohen a accepté de plaider coupable pour « que sa famille passe à autre chose », a affirmé Me Petrillo. Si les paiements versés pour influencer une élection sont un crime pour son client, « pourquoi ne le seraient-ils pas pour Donald Trump? », a-t-il demandé.

Paul Manafort (à droite), l'autre bras
droit de Trump reconnu coupable de
8 chefs d'accusation dans son procès.
De tels accords de culpabilité, avec ou sans collaboration avec les enquêteurs, sont courants aux États-Unis lorsque les procureurs disposent d'éléments de preuve suffisants pour espérer obtenir une condamnation en cas de procès. Ils permettent généralement à l'accusé d'être traité de façon plus clémente et d'obtenir une sentence parfois allégée.

Cet accord est un coup dur pour le président Donald Trump. M. Cohen a rendu durant 10 ans de loyaux services à l'ex-magnat de l'immobilier new-yorkais. Il était loyal au point d'avoir dit un jour qu'il serait prêt à « prendre une balle pour le président ».

Il survient le jour même où Paul Manafort, l'ex-président de campagne du président américain, a été reconnu coupable de huit chefs d'accusation dans son procès pour fraude financière.

Sources combinées



Sunday, August 19, 2018

Le Fond Monétaire International (FMI), un pompier-pyromane ? (Part 2)

Une lecture à froid des émeutes du 06 au 08 juillet 2018
            

Par :Michelet Michel                                                            

                                                            Bilans 

Michelet Michel
Après les «golden sixties » des années 1960, la majorité des pays du Sud ont connu pendant la décennie 70 des problèmes économiques importants : dégradation des termes de l’échange, endettement croissant, chocs pétroliers, crise économique, mauvaise gestion et bureaucratie, financement de projets démesurés (les fameux « éléphants blancs »), détournements de fonds, fonctionnaires « prédateurs », instabilité et incuries politiques, affaiblissement progressif du rôle de l’Etat. Quels bilans ? 

En quelques années pendant la décennie 80, la majorité des PVD a dû accepter un PAS, condition sine qua non pour obtenir des liquidités, accéder aux prêts à taux préférentiel de la Banque Mondiale et aux autres prêts sur les marchés internationaux et privés. Ces 30 dernières années, la quasi-totalité des PVD a connu au moins un et souvent plusieurs programmes d’ajustement structurel (PAS) consécutifs. Malgré tout, depuis le début des années 1990, les crises systémiques se sont multipliées et se sont diffusées internationalement : 
       en 1994, tension sur les marchés obligataires ; 
       en décembre 1994 et février 1995, crise mexicaine ; 
       en février 1995, défaillance de la Barings Bank ou Barings ; 
       à l’automne 1997, crise asiatique ; 
       pendant l’été 1998, difficultés financières russes à la suite de la Chute du Mur de Berlin ; 
       de novembre 1998 à janvier 1999, crise brésilienne ; 
       en 2001 et 2002, crise turque et argentine d’une ampleur dramatique…

Dans la plupart des cas l'on a assisté à une sortie de capitaux supérieure à l'entrée de capitaux frais. Ainsi, en 1997, le FMI a prêté 105 milliards de dollars en Asie, 31 milliards en Turquie en 1999, 21 milliards en Argentine en 2001… qui sont immédiatement ressortis du pays en direction de leurs riches créanciers.
Or, nous ne saurions trop le souligner, les PAS imposés par les organismes financiers internationaux (FMI, Banque Mondiale) aux pays du Sud ont pour objet leur intégration dans l’économie du marché mondialisé. 

Cependant, leur application provoque des effets sociaux considérables, fruits du démantèlement des structures économiques locales et de l’affaiblissement de l’Etat. Ces effets se traduisent par une réduction drastique des politiques sociales, sanitaires et éducatives. En l’espèce Haïti, l’unique PMA des Amériques, est un « écolier modèle. ». C’est dans ces conditions d’austérité infligées aux populations les plus fragiles que les révoltes "du pain" éclatent. Pour mémoire, nous croyons judicieux de braquer les projecteurs sur quelques évènements majeurs, des dates-clés qui jalonnent notre histoire récente, ici en Haïti, ou ailleurs en Amériques centrale (Mexique) et du Sud (Brésil), par exemple :
 
       mai 2018, Brésil, pays producteur de pétrole : crise des routiers face à la nouvelle politique de prix pratiquée par l’entreprise publique Petrobras. Dans ce pays émergent (7ème économie mondiale) au sein des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), la démocratie vacille.

       avril 2018, Nicaragua : le Gouvernement du président Daniel Ortega,- père de la révolution sandiniste qui avait pris les rênes du pays le 19 juillet 1979 suite au renversement du dictateur Anastasio Somosa),- présente, sur la recommandation du Fonds Monétaire International (FMI), un projet de réforme du système des retraites qui augmente les cotisations et abaisse en même temps les pensions. Le pays s’embrase ! À date, plus de 280 morts et 2000 blessés, sont comptabilisés...

       06 janvier 2017, Mexique (pourtant pays producteur de pétrole) : émeutes et pillages après une hausse soudaine du prix de l’essence. Les manifestations qui ont dégénéré en scènes de chaos, plongent le pays dans la crise ;

       3 avril 2008, Haïti : « émeutes de la faim » (nous gran gou) sous le gouvernement Préval/Alexis: le mouvement démarre dans la ville des Cayes, puis s’étend rapidement à tout le pays : manifestations violentes, barricades de pneus enflammés, casses, jets de pierre, destructions diverses… Au moins cinq (5) personnes y trouvèrent la mort. Plusieurs centaines de blessés sont enregistrés. Ces manifestations ont été interprétées comme le rejet brutal, inconditionnel et sans compromis possible, la remise en cause intégrale des mesures économiques dictées au Gouvernement haïtien par les Institutions Financières Internationales (IFI) dont le FMI, estimant que celles-ci sont la cause première à avoir provoquer une 3ème augmentation du prix de l’essence en trois (3) mois, et la hausse vertigineuse des prix des denrées/produits alimentaires de base (riz, maïs, pois, sucre).   

Questionnements
Les PAS et leurs conditionnalités ont rencontré/rencontrent de vives critiques. Est-ce que par leurs conséquences sociales et culturelles, les PAS ne représentent pas une menace directe pour la cohésion des sociétés du Sud ? Est-ce que comme l’écrit Eduardo Galeano (in Les veines ouvertes de l’Amérique Latine, Plon, 1981), le « bombardement du Fonds Monétaire International (FMI) » ne contribue pas à faciliter « le débarquement des conquistadores » car il n’attaque pas les vraies causes de l’offre insuffisante de l’appareil de production nationale ? Que le FMI lance ses charges de cavalerie contre les conséquences, écrasant encore plus la maigre capacité du marché interne de consommation dans ces pays d’affamés ? Les témoignages recueillis et différentes études semblent confirmer la réalité de cette menace.

À l’analyse il ressort que pour une grande part ce sont ces mêmes mesures qui, aujourd’hui, sont proposées au Gouvernement et aux populations haïtiennes au risque d’allumer des « feux de forêts » dévastateurs. Dès lors, une question essentielle se pose : le FMI est-il l’opérateur des capitaux en vue de les faire fructifier sur le dos des citoyens ? Alors ? Pompier-pyromane ?

L’avers, l’envers et le revers du consensus de Washington et alliés
Dans le nouveau contexte de globalisation financière, les Institutions Financières Internationales (IFI) sont devenues des instruments contribuant à imposer, souvent avec la complicité tacite ou résignée des États nationaux, des politiques du Consensus de Washington de maîtrise des dépenses publiques et de réduction du rôle de l’État, de privatisations et de libéralisation du commerce, de déréglementation des marchés. En liaison étroite avec les Clubs de Paris et de Londres qui sont des rouages importants de l’ordre financier international, elles se sont muées, au fil des décennies, en des instruments à travers lesquels le capitalisme transnational impose aux pays dépendants et endettés, des préceptes d’organisation que recouvre le terme « ajustement structurel. » Ces politiques sont au cœur des programmes d’ajustement structurel (PAS) du FMI (ATTAC, Que faire du FMI et de la Banque mondial ? Editions Milles et Une Nuit, 2006).

L'action du FMI est aussi fortement dépendante de la volonté politique des gouvernements des pays qui subissent une situation de crise, et ce, à toutes les étapes de son intervention. Le FMI ne peut agir que quand les gouvernements en font la demande. Or, ceux-ci ne font souvent appel à l’institution que lorsque la situation apparaît impossible à maîtriser sans un soutien financier important.  Si d’un point de vue scientifique il est difficile de se forger une opinion objective, il est en tout cas évident que si les PAS ne sont pas les seuls responsables de l’ensemble des problèmes politiques, sociaux et économiques que vivent actuellement la grande majorité des PVD, il n’en demeure pas moins qu’ils constituent l’élément de trop, l’intervention qui provoque l’éclatement de sociétés déjà fragilisées par toute une série d’autres contraintes.

Depuis le début des années quatre-vingt-dix, de nouvelles versions des programmes d’ajustement structurel des années quatre-vingt ont vu le jour. Aujourd’hui, l’appellation « ajustement structurel » a tendance à passer de mode.  De nouvelles terminologies sont apparues, comme les « Cadres Stratégiques de Lutte contre la Pauvreté » (CLSP). Mais, in fine, les conditionnalités imposées par le FMI et la Banque Mondiale sont toujours présentes et leurs effets sont renforcés par la mondialisation croissante. Or, la mondialisation, dans ses formes actuelles, exacerbe les conflits. Elle affaiblit la régulation publique et la capacité de correction des déséquilibres. Dans un monde globalement de plus en plus riche, la pauvreté augmente. Les inégalités prennent des proportions insoupçonnables. Les discriminations sont la règle. Dès lors, sur quels leviers s’appuyer pour imposer une économie au service des hommes et non du seul profit ? 

Comme le dit un « proverbe » de Wall-Street « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. » Les crises les plus fortes ne sont pas sans fond. Les PAS ont été remis en cause. La Banque mondiale essaye de les adapter. De nos jours, on voit se développer de plus en plus des réponses locales. Ce sont ces alternatives qui allient l’innovation sociale à la prise en compte des richesses culturelles spécifiques à nos sociétés actuellement en crise: banques pour les plus pauvres, nouveau rôle socio-économique de la femme, associations d’intérêt commun, coopératives d’épargne et de crédit (CEC), commerce équitable, économie « verte », etc. En cette espèce particulière, la lutte contre la pauvreté ne saurait remplacer le droit au développement. Il ne s’agit pas seulement de secourir les pauvres mais d’assurer l’accès pour tous aux services de base et à l’égalité des droits. Chez nous, en Haïti, la définition d’un nouveau modèle économique doit être à l’ordre du jour des politiques nationales. Il est souhaitable d’aller vers la création d’un FONDS NATIONAL D’INVESTISSEMENT (FNI) POUR LE DEVELOPPEMENT, chargé de financer les projets les plus urgents et d’approprier les nécessaires transferts de technologie.

Quelle conclusion ?
Dans le contexte socio-politique fragilisé et tourmenté issu des évènements qui se sont produits les 06, 07 et 08 juillet 2018, le Pouvoir exécutif ne doit ni ne peut pas attendre que sonnent les « trompettes sous les Murailles de Jéricho » pour agir, interagir et/ou réagir. La crise actuelle est profonde.  Multiforme. Plurielle. Polymorphique. Elle interpelle l’urgence de prendre certaines décisions stratégiques majeures par la mise en commun de toutes les compétences et de toutes les énergies, collectives et/ou individuelles, dans le but d’assurer la survie des populations et le sauvetage national dans un monde de plus en plus interdépendant et certainement beaucoup plus exigeant.

À bien les interpréter, les émeutes populaires récentes charrient un ras-le-bol massif. Un avertissement clair. Un signal. Ce doit être un déclic. L’occasion pour le Président Jovenel Moïse, ébranlé, « de réviser ses objectifs, de refaire ses devoirs » (Le Nouvelliste, No.40649, Samedi 28 et dimanche 29 juillet 2018). Déjà, le Parlement haïtien, crucifié par la vindicte publique, semble vouloir donner le ton avant d’être submergé. Par la voix de son Président, le « Grand corps » promet de chasser rapidement « les marchands du temple » par une réduction proportionnelle mais significative de certains privilèges économiques et financiers astronomiques, impensables et scandaleux, alors que les trois quarts de la population se noient dans un océan de pauvreté. Coupes budgétaires ? Mise en œuvre des mécanismes affectation/réaffectation des ressources inscrites dans la Loi des Finances (le Budget National)? Poker menteur ? Opération de charme ? Catharsis rituelle, expiatoire et propitiatoire? Paroles incantatoires pour exorciser les stigmates du « quand la nation demande des comptes ? » Quid du Palais national ? De la Primature ? Le Citoyen, vigilant, observe ! Prend note !
Au-delà des effets de mode, une véritable alternative politique est nécessaire pour réduire les inégalités des revenus et des richesses. Le développement durable n’est pas compatible avec le népotisme érigé en système de gouvernement,  les prébendes et la corruption avec comme soubassement la dictature du marché associée à la prédominance des intérêts privés et la domination égoïste des oligarchies. Un nouveau modèle de développement durable dans le long terme ne peut être économiquement efficace que s’il prend en compte les droits sociaux des populations (réduction des inégalités et de la pauvreté de masse, protection sociale, santé, éducation) et s’il respecte les normes écologiques contraignantes pour tous les peuples. Transcendant l’écueil du choix d’un nouveau Premier Ministre après la démission de Monsieur Jack Guy Lafontant, le samedi 14 juillet 2018, les problèmes auxquels le Président Jovenel Moïse fait face sont énormes et très compliqués. Pour les résoudre, il faut être prêt à prendre des mesures impopulaires. Elles ne seront pas toujours faciles, ni toujours agréables. Mais, elles existent. Peut-il réussir dans cette entreprise ? La réponse à cette question nous est fournie par Lee IACCOCA (IACOCCA, La success story d’un géant américain de l’industrrie automobile américaine, Robert Lafont S.A, Paris,1985) : « TOUTE ENTREPRISE EST GLORIEUSE, MÊME DANS L’ÉCHEC. »
Aujourd’hui, la mondialisation, ça ne marche pas. Ça ne marche pas pour les pauvres du monde. Ça ne marche pas pour l’environnement. Ça ne marche pas pour l’économie mondiale (Joseph E. Stigliz, Ibid).  Il faut des politiques de croissance durable, équitable et démocratique. Telle est la raison d’être du développement. Développer, ce n’est pas aider une poignée d’individus à s’enrichir. Développer, c’est transformer la société. Améliorer la vie des pauvres. Donner à chacun une chance de réussir, l’accès aux services de santé et d’éducation. Chez nous, en Haïti, ce développement-là n’aura pas lieu si seules quelques personnes dictent sa politique au pays. En conséquence de quoi, il devient urgent pour nos dirigeants de rejeter les vieilles recettes qui n’ont fait que LAMINER LES CLASSES MOYENNES, EXPLOITER LES PAUVRES, PAYER LES RICHES...



Michelet Michel, M. Sc. 
Gestionnaire Financier


 Date : 30 juillet 2018  


Thursday, August 16, 2018

Aretha Franklin, la reine de la soul, est morte

La chanteuse américaine, en lutte avec un cancer depuis de nombreuses années, vient de s'éteindre à Détroit à l'âge de 76 ans. Magistrale et iconique, elle reste une diva des sonorités gospel, dont l'engagement a marqué la culture américaine.

La reine de la soul vient de quitter la scène. Depuis 2010, Aretha Franklin se battait contre un cancer. Lundi 13 août 2018, un journaliste américain révélait sur son site que la chanteuse était au plus mal, à Détroit entourée de ses proches, qui appelaient ses fans à lui adresser leurs prières. Elle est décédée jeudi, a annoncé sa famille dans un texte transmis à la presse par son agente historique Gwendolyn Quinn. «Dans l'un des moments les plus sombres de nos vies, nous ne sommes pas en mesure de trouver les mots appropriés pour exprimer la peine qui déchire nos cœurs. Nous avons perdu la matriarche et le roc de notre famille. L'amour qu'elle avait pour ses enfants, ses petits-enfants, ses nièces, ses neveux et ses cousins était illimité», explique les proches de la chanteuse.

L'héritage d'Aretha Franklin est considérable. La chanteuse américaine, qui vient de s'éteindre, est tout simplement l'artiste féminine qui a hissé le plus de morceaux au classement Billboards pour la période 1955-2012. Pas moins de 88 de ses tubes ont figuré dans le top 100 pour ces années. Artiste généreuse, acclamée par le public, elle laisse une collection de hits qui ont traversé les générations, toujours avec le même succès. Beaucoup de ses chansons marquent aussi des étapes cruciales dans la carrière de la star, avec des titres charnières dans son évolution musicale. Nous vous proposons une incursion - forcément lacunaire - parmi les hits de l'impétueuse icône de la soul.


La diva était aussi une militante pour l'égalité dans les années 1960... 
La diva était aussi une militante pour l'égalité dans les années 1960... 
Il y a l'interprète exceptionnelle, la pianiste émérite et la compositrice inspirée. Le grand public le sait moins mais Aretha Franklin, fut aussi une militante des droits civiques pour la communauté noire dans les années 1960 quand l'Amérique était encore rongée par la Ségrégation. Voici cinq informations que vous ne connaissez peut-être pas sur la reine de la soul. 


Personnalité entière et passionnée, à l'image de sa vie, Aretha Franklin laisse un nombre impressionant de chansons derrière elle. De quoi vous redonner envie de les réécouter?

Disparition d'Aretha Franklin :
 redécouvrez les morceaux qui ont fait sa légende 

Au lendemain de son départ de Columbia Records et de sa signature chez Atlantic Records, encadrée par Jerry Wexler à la production, les circonstances sont parfaites pour que la star s'épanouisse. Ce premier enregistrement chez Atlantic marque le démarrage en trombe de sa carrière et donne naissance à la reine de la soul.

Never Loved a Man (The Way I Love You) (1967)

Aretha s'attaque encore une fois à une chanson bien connue, de Dionne Warwick cette fois-ci. Encore une fois, elle se l'approprie de la plus magistrale des manières. Sa voix se mélangeant au chœur donne un résultat mélangeant pop et gospel irrésistible.

Aretha Franklin - I say a little prayer


Ce morceau à retardement, dont l'explosion touche même les plus sensibles en plein cœur, est plus qu'une déclaration d'amour. C'est un cri de l'âme. En 2015, Aretha l'interprète au gala annuel «Kennedy Center Honors» à Washington. Devant un public transcendé, elle arrache une larme au président Barack Obama.


You Make Me Feel Like a Natural Woman


Ain't No Way offre une plongée intimiste dans l'univers d'Aretha Franklin. La chanson est écrite par sa sœur Carolyn. Le style de la chanteuse n'est pas celui qu'on lui connaît. Plus posée, sa voix y est des plus touchantes, le chœur renforcant les propos de l'artiste.

Aretha Franklin - Ain't No Way  (1968)

Sources combinées: Le Figaro, The World News, 20 Minutes

Wednesday, August 15, 2018

Lettre ouverte à la société Haïtienne


TRIBUNE DE LIBRE OPINION
Il n'est pas rare d'écouter des compatriotes écoeurés de la dérive du pays, mais cette charge est la plus amère, la plus vitriolée que j'aie jamais lue. C'est une voix qui s'élève à sa manière contre la disparité dans notre société, une société divisée en pauvres et en riches et où les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Une société où l'État loin d'améliorer les conditions des pauvres s'arrange au contraire à les rendre plus pauvres, en favorisant la corruption, le népotisme et le  clientélisme. Aujourd'hui on assiste à un écoeurement généralisé, tant de l'intérieur que de la diaspora et notre objectif est le changement radical du système qui a maintenu longtemps Haïti dans la pauvreté et le déshonneur et qui veut encore la maintenir. JM

Lettre ouverte à la société Haïtienne
J'ai honte et je suis écœuré d'appartenir à votre société. Ma colère est telle qu'elle a parfois raison de moi—ce qui fait le bonheur des petites gens qui abondent dans votre milieu. La voix humaine a été réduite au silence si tôt dans leur vie qu'ils ne sont normaux que par rapport à une société et une mentalité profondément anormales. 

Je suis venue remplie d'enthousiasme, de rêves, d'illusions. Malgré les tragiques circonstances, revoir ma terre natale, mes amis, recevoir des visites, être invité après 35 ans d'absence, me donnait du courage et du bonheur. 
Vous m'avez traité avec la plus grande indifférence. Je ne reconnais plus ces gens avec qui j'ai grandit et ceux que j'ai rencontré... je ne les comprends pas. 
Je ne vous comprendrai jamais. 
Vous êtes de grands malades et ce  pays est à votre image.  

Au bout de ces 2 longues années il ne me reste plus qu'un vague souvenir de la personne que j'étais lors de mon arrivée. Absolument RIEN ne peut préparer un être humain à tant de laideur. 

Haïti a tué mon frère. Si je ne mets pas mes jambes à mon coup je tomberai malade comme lui et je vais crever comme lui dans cet enfer que vous avez créé. 

Haïti est un endroit où on vient mourir. 
J'ai compris que tout autant que je n'aurai pas quitté cet environnement malsain—l'indignation gouvernera mon état d'âme. Il m'arrivera d'être en rage parce c'est normal lorsqu'on est en présence de tant de laideur. Comment ne pas devenir fou? 

Comme disait Jacques Brel, "Je n'aime pas l'humilité qui consiste à refuser de voir des choses laides, en se disant "moi, je les vois et ça me touche pas", et accepter que les autres subissent les conséquences de ces choses-là. Si on est relativement généreux quelque part, à tort ou à raison, on passe obligatoirement par des moments de colère, ça me paraît inévitable. Et quand on n'est pas en colère, c'est qu'on est tout seul." 

J'ai fait le choix de ne pas vous fréquenter, de ne pas participer à la vie mondaine de ce pays minable parce que c'est le choix digne—Parce que "Rien n'est plus méprisable que le respect fondé sur la crainte" et je ne vous respecte pas. 

Je vous analyse depuis 2016. Je me demande s'il vous arrive de vous questionner afin de grandir, afin d'évoluer. "Aucun homme ne peut mourir en paix s’il n’a pas remis au moins une fois en question sa vie et celle des autres et s’il n’a pas fait ce qu’il faut pour que la condition humaine dans son ensemble soit pacifiée autant qu’il est possible."

Vous avez des inquiétudes. Certes. Mais elles ne concernent que ce qui affecte votre train de vie et celui de vos proches. Triste symptôme d'une maladie dont vous souffrez, que j'ai souvent évoqué: le syndrome de Marie Antoinette. Votre déconnexion de la réalité vécue par le peuple vous rend incapables d'assurer l'évolution de votre société dans le bon sens et le respect des valeurs humaines. 

Vous aurez beau créer des refuges à la montagne, à la plage, à l'étranger, vous n'arriverez jamais à fuir la réalité. Celle d'être irrémédiablement pauvres. Celle d'être citoyens d'un pays corrompu sans égouts, sans eau, sans route, sans électricité, sans rien. Un enfer! 

La conscience collective existe-elle chez vous? Je ne vous crois pas capables d'aimer. S'aimer, aimer la famille et les proches n'est point aimer. 

Elie Weisel disait: "Le contraire de l'amour n'est pas la haine. C'est l'indifférence". Vous confirmez ce triste constat de façon spectaculaire. 
Derrière votre gentillesse, vos flatteries, votre piété, vos niaiseries—derrière ces comportements purement mécaniques se cache votre vrai visage. Le visage du colon moderne qui a substitué le colon français du XVIIIe siècle. Une société qui perfectionne la déshumanisation du peuple pour le rendre invisible—pour en faire des esclaves. 

En fait il n'y a pas que les millions de pauvres que vous déshumanisez. Vous maîtrisez l'art de diminuer tous ceux qui ne rentrent pas dans votre jeu obscène, dans votre clan. Ceux qui ne vous rejoignent pas dans votre insouciance, dans votre débauche, dans cette arrogance de vous sentir maîtres et seigneurs d'Haiti. Des gens comme mon frère et moi par exemple. Vous ne supportez pas l'authenticité parce que quelque part, elle éveille votre conscience.

D'où vient cette indifférence viscérale envers ceux qui n'appartiennent pas à votre classe et envers ceux qui ne vous ressemblent pas?
Vous Oubliez qui a fait la révolution de 1804 grâce à laquelle vous n'êtes pas une colonie française?

Vous n'avez pas besoin d'avouer que pour vous, les pauvres sont des sous hommes. Votre façon de les traiter le prouve. Vous êtes pleinement conscients que leur salaire ne leur suffit même pas pour manger. Et ils ont des dépenses comme vous mais vous ne bougez pas de votre trône d'exploiteur. Vous êtes des monstres.
Il y a quelques mois vous étiez encore confortablement installés dans votre bulle. Le déni est une émotion puissante et mortelle. Moi, j'ai vu le monstre hideux qui grandissait, qui avançait vers vous depuis longtemps.
Des décennies d'irresponsabilité, d'inaction, de malhonnête intellectuelle ont portées leurs fruits empoisonnés. La réalité ignorée, dans toute sa laideur éventuellement vient confronter ceux qui ont osés rêver qu'elle disparaîtrait.

Parmi vous:
Il a très peu de gens que j'aime.
Il y a ceux que je tolère.
Il y a ceux que je méprise.
Il y a ceux que je dénigre. 

J'ose vous accuser Tous d'être responsables du sort cruel que subit le peuple. Que se soient par les activités criminelles des uns, la passivité des autres, vous avez causé indirectement la mort de ceux qui ont eu faim en les privant de nourriture; vous avez condamné des millions d'âmes à ne jamais connaître les droits humains basiques tel que l'éducation.
Combien de génies sont nés, ont vécus dans la misère sans jamais pouvoir atteindre leur potentiel? On ne le saura jamais. Mais on sait qu'Ils ont souffert de malnutrition depuis qu'ils étaient dans les entrailles de leur mères. Tout cela à cause du statut quo. Tout cela à cause de vous.

J'ai honte de cette classe dirigeante dangereusement passive face aux gangsters légaux qui pillent avec l'assistance des gouvernements qu'ils choisissent—cette classe dirigeante qui se complaît dans son infinie médiocrité. 
"Si la grandeur de l'homme est dans sa décision d'être plus fort que sa condition" quel serait le mot juste pour décrire ceux qui permettent que leur peuple vivent dans de telles conditions? Je parle de vous bien sûr.
Si la misère abjecte, l'insalubrité, l'irrespect d'autrui qui règnent en Haiti sont le reflet de la conscience collective d'une société, quel est donc votre degré d'évolution?
Si je n'ai pas la réponse à ces questions, j'ai en tout cas la certitude que l'heure de faire face à votre karma est éminent. Je m'en réjouis et je remercie la vie de m'avoir permis de jouer un rôle dans ce moment historique.

A cette société, à cette Elite répugnante, à ce vampire insatiable qui se nourrit du sang de son peuple, j'offre la dernière des injures: mon mépris.

Marie Assali
Le 10 août 2018.

Le Fond Monétaire International (FMI), un pompier-pyromane ? (Part 1)

Une lecture à froid des émeutes du 06 au 08 juillet 2018
      
      
            Par :Michelet Michel








Introduction : éléments de cadrage
Cet « papier » est produit trois semaines après les émeutes populaires des 06, 07 et 08 juillet 2018 provoquées par la tentative du Gouvernement d’augmenter les prix de l’essence à la pompe, sous la pression du Fonds Monétaire International (FMI).  Cet article n’est pas un « SCOOP ! »    Nous avons plutôt choisi de nous donner un recul suffisant par rapport à l’évènementiel de façon à pouvoir apprécier la situation avec sérénité. Le titre, a priori incendiaire, annonce de préférence une réflexion. Il n'a pas pour objectif de critiquer à l’aveuglette les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) du FMI dans le but d'en évaluer l'efficacité, ni de procéder à une analyse approfondie du « POUR » et du « CONTRE » de la mondialisation et des logiques économiques qui leur sont communes, ni enfin, de présenter une revue exhaustive de leurs caractéristiques spécifiques. 

Nous essaierons plutôt, dans cette observation, d’essayer d’identifier et de mieux comprendre les déterminants de certaines de leurs conséquences sociales, économiques, politiques dans une société dont la population est constituée pour les trois quarts de citoyens vivant en dessous du seuil de pauvreté.

À l’origine des Institutions de Bretton Woods : FMI et Banque mondiale 

Juillet 1944 ! La Seconde Guerre Mondiale n’est pas terminée. La Conférence de Bretton WOODS réunit aux États-Unis les représentants des États et gouvernements alliés contre les puissances de l’Axe (Allemagne, Italie, Japon). Les principaux protagonistes en furent John Maynard Keynes pour le Royaume Uni, et Harry White pour les États-Unis d’Amérique. Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, aujourd’hui largement discrédités, en sont issus.

Ces deux institutions dites de « Bretton woods » ont été créées dans une économie d'après-guerre pour compenser les déficits momentanés des balances de paiements des pays membres à l'exception du bloc de l'Est. Elles avaient initialement pour fonctions statutaires de stabiliser les taux de change pour éviter le retour des désordres monétaires des années 1930 et de financer la reconstruction à la suite de la guerre. 

Les problèmes des pays en développement sont difficiles. Le FMI est souvent sollicité dans les pires situations quand il y a crise. Dans de telles circonstances, l’institution propose aux pays endettés ayant des difficultés financières et donc à qui plus personne ne veut prêter sans garantie,- (la République d’Haïti qualifiée de « pays failli » illustre parfaitement ce cas d’espèce), - de fournir sa propre caution qui lui donnera accès aux capitaux internationaux. Toutefois, il y a une condition : l’imposition à ces pays, d’un « Plan d'Ajustement Structurel » ou PAS, dont le but est de dégager des ressources financières pour le remboursement des prêts.

La « médecine amère » du FMI 
Les PAS ont été élaborés par la Banque Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI) au début des années 1980 avec un double objectif : (i) le premier, aider les Pays en Voie de Développement (PVD) à retrouver une situation économique plus saine ; (ii) le second,- souvent moins exprimé mais qui était sans doute le plus urgent,- visait à assurer la survie du système bancaire international mis en péril par des placements inconsidérés. 

Quand les crises frappent, le FMI prescrit des solutions « standard » mais archaïques et inadaptées, sans tenir compte des effets qu’elles auraient sur les habitants des pays auxquels il est fait injonction de les appliquer. En la matière, il n’y a qu’une ordonnance et une seule, qualifiée de « médecine amère. » Les principales mesures (appliquées de façon mécanique, la seule adaptation étant le nom du pays qui change dans les accords) sont les suivantes :
       abandon des subventions aux produits et services de première nécessité : pain, riz, maïs, lait, sucre, combustible;
       austérité budgétaire et réduction des dépenses, en général baisse drastique des budgets sociaux “non productifs” (santé, éducation, par exemple) ;
       dévaluation de la monnaie locale ; taux d’intérêt élevés pour attirer les capitaux étrangers ;
       production agricole toute entière tournée vers l’exportation (café, coton, cacao, arachide, thé, etc.) pour faire rentrer des devises, donc réduction des cultures vivrières et déforestation pour gagner de nouvelles surfaces ;
       ouverture totale des marchés par la suppression des barrières douanières ; libéralisation de l’économie, notamment abandon du contrôle des mouvements de capitaux et suppression du contrôle des changes;
       fiscalité (franchises en tous genres) aggravant encore les inégalités avec le principe d’une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et surtout la préservation des revenus du capital ;
       privatisations massives des entreprises publiques, etc..
             
Mais, tous ces remèdes ont échoué aussi souvent (ou même plus souvent) qu’ils n’ont réussi. Les PAS -, mesures censées aider un pays à s’ajuster face à des crises et à des déséquilibres chroniques,- ont provoqué dans de nombreux cas des famines et des émeutes. Même quand leurs effets n’ont pas été aussi terribles, même quand elles ont réussi à susciter une maigre croissance pour un temps, une part démesurée des bénéfices est souvent allée aux milieux les plus riches de ces pays en développement, tandis qu’au bas de l’échelle la pauvreté s’est parfois aggravée.
  
D’un point de vue économique notamment, le bien-fondé de la stratégie des PAS doit être décortiqué. Questionné. Contesté. Mis en accusation. Le Prix Nobel d’économie Joseph E. Stiglitz, ancien conseiller de Bill Clinton, ancien vice-président de la Banque Mondiale, est l’un des contempteurs intransigeants des PAS.

Son livre-réquisitoire qui a fait grand bruit (La Grande désillusion, FAYARD, 2002) développe une critique dévastatrice du FMI dont il a démissionné en 1999.  Avec une éloquence passionnée, il élève la voix, gronde, vitupère, tempête, dénonce et accuse « l’autisme idéologique et politique qui sévit parmi les responsables du FMI, mus par un fanatisme du marché combiné à une paranoïa de l’inflation. » 

De l’autre côté de la barrière dialectique en revanche, certains hommes et acteurs politiques « proFMIstes »,- et surtout des économistes et des responsables de la Banque Mondiale,- opposent mordicus l’argumentation contraire : selon eux, seule la stricte application des PAS permettra aux pays du Sud de retrouver une santé économique et d’assurer un développement durable et le mieux-être de leur population. Qu’en penser ? Selon Bernard Maris (Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles, Éditions Albin Michel, 1999) toutes les études réalisées sur les effets de la réduction des dépenses gouvernementales et la suppression des subventions sur le bien-être concernent trois secteurs essentiels : l'électricité, l'énergie et les transports, les services sociaux et produits essentiels.  La gravité des problèmes ci-dessus évoqués est susceptible d'augmenter du fait de leur coexistence avec d'autres problèmes sociaux tels que l'augmentation du degré de pauvreté dans la société, l'impact récurrent des PAS sur les couches pauvres dans le pays, et les disparités évidentes dans les indicateurs de qualité de la vie. 


Michelet Michel, M. Sc. 
Gestionnaire Financier


 Date : 30 juillet 2018