HAITI CONNEXION CULTURE
HCC- Une trilogie de lettres destinée à élever la réflexion de nos lecteurs à son plus haut niveau. Au fil des rubriques de HCC, nous faisons de notre mieux pour gâter nos lecteurs avec des textes fouillés, bien équilibrés et soigneusement illustrés. HCC - Une érudition immense dans les domaines : « de la politique, de l'histoire, des religions, de la culture et des arts en général. »
Discours d'Etzer Vilaire à la mémoire des héros de l'Indépendance, de Charlemagne Péralte...
Friday, May 31, 2024
Saturday, April 20, 2024
Des humiliations à se flamber la cervelle
Par Max Dorismond
Lorsque
l’international parle de nous les Haitiens, voilà l’objet de ses chuchotements autour d’un
whisky
Fort
de la réflexion à laquelle nous astreint notre lecture collective, l’écran de
nos pensées nous renvoie bien souvent un spectre lumineux, teinté de rage, de
haine, jusqu’à blesser notre orgueil au point de songer au pire pour tous ceux
qui sont aux commandes de notre patrie de naissance.
En
ressassant simplement l’histoire contemporaine de notre île, sans traverser la
frontière du passé à l’envers du décor, certains chapitres distordus viennent
nous chercher au plus profond de nous-mêmes.
J’ai
souvenance encore de cette gifle sonore de Jovenel Moïse flanquée au visage du Venezuela
en votant contre lui à l’OEA1,
le 10 janvier 2019, pour faire plaisir aux Yankees. Ce fut une baffe à écho qui
déstabilise le commun des Haïtiens. La honte avait recouvert la nation entière
d’un linceul de déshonneur, à un point que le peuple, meurtri dans son amour
propre, ne daignait élever la voix. Pas un mot, pas une manifestation ne venaient
troubler l’onde de ce silence sépulcral dans lequel avait pataugé le pays, qui
rougissait devant ce voisin charitable qui lui avait tendu la main dans les
moments les plus sombres de son vécu.
Et
qu’arriva-t-il à ce serviteur zélé? Il fut écrabouillé de 12 balles dans l’intimité
de sa chambre à coucher, qui était pourtant truffée de caméras. Le patron qui
sait tout, qui connaît tout, qui contrôle tout, qui appréhende tout, n’a pas
daigné lever le petit doigt pour protéger sa marionnette!
Nos
frères, pour un oui, pour un non, crachent au visage de leur interlocuteur la
fierté d’être des Nègres d’Haïti, ces Nègres irradiants qui n’avaient nullement
quémandé leur indépendance, ces météores lumineux qui avaient fait trembler l’Europe
esclavagiste, ressemblent à des minus dans l’adversité.
Et pourtant, l’histoire n’a
jamais osé les démentir. C’est une réalité qui dérange encore aujourd’hui, si
bien qu’un écrivain français irrité, un certain C. Textier, eut à souligner, en
1891, que « L’Haïtien n’est pas seulement vaniteux
à l’excès, il est orgueilleux au-delà de toute mesure. Dans la discussion la
plus futile, il fait preuve d’une jactance et d’une emphase ridicules...
2 ».
On peut aisément deviner la gêne
de ces camarades quand ils constatent les courbettes robotiques de leur premier
magistrat devant les dirigeants de ce monde. Leur fierté symbolique en a pris
pour son rhume, face à ce genre d’image qui laisse des traces dans l’imaginaire
collectif. Rongeant leur frein de l’intérieur, ils assouvissent leur rage en le
traitant de tous les noms. Tous les adjectifs dégradants y ont prêté leurs béquilles
à cette litanie de pseudonymes.
Pour l’excuser ou le dédouaner
de cette odieuse manie, certains déclarent qu’il souffre de lombalgie, une
douleur chronique du dos. Plusieurs autres soutiennent qu’il est un invertébré
naturel, habitué à ramper.
Cette tendance, qui flirte avec
la prédisposition d’une obéissance hors limite d’un idiot utile, fut-elle
payante? Voyons voir!
Confiant dans la fidélité sans
bornes de ses employeurs, notre premier citoyen s’est envolé pour le Kenya, en
Afrique, avec l’assurance que tout était dans le sac. Mais, hélas, ce fut
l’ultime courbette dans ce voyage de non-retour.
Le terme « humiliation »
est trop terne pour décrire la situation loufoque dans laquelle se trouvaient
tous les compatriotes, sans distinction. Faute de pleurer, on rigolait comme
des niaiseux, mais ce fut une joie sans enthousiasme, un refrain froid sans
étincelle, une clameur au rictus endurci, puisque nous étions certains de nous
amuser à nos dépens.
Notre chef, devenu apatride, n’avait pour
palais que les aéroports des Antilles. Sans pays, plusieurs caricaturistes se
sont payé sa tête. Et là encore, en notre for intérieur, on s’auto-mutile. Les humiliés,
c’est bien nous, c’est Haïti! Le monde entier, étonné et surpris, se meurt de
rire.
Pour faire court, nous avons
simplement mis en évidence ces deux cas, mais il en existe des centaines à
remplir une encyclopédie où les agents scélérats ont été roulés dans le sable
mouillé, là où ils avaient érigé leur château de cartes.
À bien réfléchir, nous pouvons stipuler
que ces pseudo-patrons, en notre absence, nous définissent, dans la subtilité
des chuchotements, comme une clique de singes ou de macaques échappés d’Afrique.
À preuve, Donald Trump, le baveux, n’avait pas hésité un seul instant à traiter
publiquement notre pays de trou de merde (Shit-hole).
Et il n’est pas premier à nous
ridiculiser devant l’histoire. Citons le chef des troupes de l’occupation
(1915-1934), le colonel Littletan T.W. Walker, USMC4, qui nous taxait de « monkeys »,
singes, ou du major USMC, Smedley D. Butler, le 14 juillet 1916, qui décrivait dans
une lettre à son père, le député Thomas Butler, l’assassinat de Me François
Gauvin en ces termes : « je venais d’écraser un misérable ravet
(cockcroach)5 ».
Notre mésentente proverbiale leur
en apporte la confirmation et nous coûte ces épithètes déshonorantes. Depuis
1804, c’est le bordel assuré, dans des
dérapages victimaires et dans des déchirages de chemises, où défilent des egos
surdimensionnés autour d’un pouvoir tentaculaire pour une nation qui saigne de
ses propres blessures.
Les évènements de ces derniers
jours nous le valident pleinement. Les États-Unis, contrairement à leur
habitude, ne veulent plus envoyer de soldats pour nous aider à nous débarrasser
des gangs que leurs armes ont rendus presque invincibles. Ils ont demandé au
Canada qui avait d’abord accepté, puis refusé. En fin de compte, les deux
proposent la venue à notre rescousse de gens qui nous ressemblent : c’est la
police kenyane, d’Afrique, un corps en proie à de semblables agitations irrésolues
sur son territoire.
À l’orée de cette troublante imposition,
nous n’avons qu’à imaginer leur conversation méprisante à notre égard, en devinant
l’ambiance autour d’un bon verre où l’alphabet de la faune africaine fut énuméré
avec frénésie et arrogance.
Et finalement, ne voulant plus
jouer au Bwana tropical de la néo-colonisation, ils décidèrent de confier le
futur d’Haïti à des petits « zilés3 »
de la Caraïbe, à de célèbres hésitants, bénéficiaires de leur indépendance,
grâce à la générosité calculée de leurs propriétaires. Ce sont de joyeux lurons
des pays nains, dont la totalité de leurs superficies cumulées n’égale pas la
moitié d’Haïti. Ce sont des « Chiken George6 » qui nous méprisent à l’aune de leur nez,
nous reprochant d’avoir dérangé la quiétude de leurs maîtres.
Nous considérant toujours comme
des bêtes sauvages, ces pseudo-maîtres ont ignoré royalement notre constitution
pour inviter cette faune d’anciens serfs à nous proposer une solution de sortie
de crise avec la création d’un Conseil Présidentiel à 9 têtes pour animer
le cirque; un monstre machiavélique, boursouflé d’intérêts, qui ouvre la porte
à toutes sortes d’interprétations destinées à troubler la paix d’Haïti pour les
vingt-cinq prochaines années.
Réveillons-nous, bande de saligauds,
le temps est venu d’envoyer chier le blanc tant adoré!
Max Dorismond
-NOTE-
1 - Enfin, le 10 janvier 2019, le représentant de l’OEA de Jovenel Moïse a voté contre le Venezuela, choquant les Haïtiens à travers Haïti et sa diaspora. Src. : « Le Journal les Aternatives » du 27-08-2020. Titre : « Haïti : la voyoucratie avec Washington et le Canada contre le Venezuela ».
2 - C.
Textier en 1891 dans son ouvrage sur Haïti: "Au Pays des Généraux."
3 – Zilé : terme créole désignant les petites îles dans la mer des
Caraïbes.
4 – USMC : United States Marine Corps (Le corps des marines des
États-Unis).
5 – Dr Georges Michel : « Les erreurs des USA en Haïti » Le
Nouvelliste du 10 mars 2004
6 – Chiken George ou (George Poule en français): Nom d’un
esclave de maison dans la célèbre série « Racine « de Alex Haley.
Métis et cocher de son état, Chiken Georges se prend à rêver à titre
d’héritier du colon qui s’est empressé de le décourager dans ses illusions.
Wednesday, April 17, 2024
Un parfum de Jérémie dans les tribunaux du Massachusetts aux USA
Par Max Dosrimond
![]() |
Les Juges Mr and Mrs Tynes
et la Gouverneure de MA. |
Ne cherchez pas la fragrance d’un jasmin quelconque
dans les tribunaux de la région suscitée, ce n’est qu’une allégorie pour
décrire la belle histoire que je tiens à vous conter aujourd’hui.
Parfois, on se fend en quatre
pour découvrir l’attention des pays riches pour notre patelin qu’on nous a
appris à sous-estimer. En nous perdant en conjectures, on finit par se lasser
et on passe à autre chose, sans avoir touché à l’objectif souhaité.
Or,
les intéressés, de leur côté, ne chôment point. Ils ont la certitude de frapper
le jackpot chez nous, simplement en ressources humaines, sans compter les
autres possibilités secrètes ou méconnues. Cette mine intarissable, qui alimente
leur convoitise teintée d’hypocrisie, demeure le pivot de leur programme d’immigration.
À preuve, le plan Biden qui draine la jeunesse d’Haïti en pleine crise
sociétale ne laisse personne indifférent. C’est à perdre son latin.
Une
jeune famille jérémienne, qui avait déposé ses rêves au Canada, contrariée par
les soubresauts du destin, se brisa. La maman, Carmelle Bonhomètre et sa fille
de 9 ans, Marjorie, empruntèrent les chemins des Adirondack pour se
retrouver aux États-Unis; une traversée inquiétante, plombée de craintes et
d’interrogations. Importunées par les quiproquos de l’existence, elles ont pris
le taureau par les cornes, malgré les imprévus quotidiens, pour triompher
contre vents et marées sur cette terre de tous les défis.
La
mère décida de retourner aux études pour déconstruire la routine de la petite
vie de ses débuts dans l’inconnu, en vue d’offrir à sa princesse le meilleur de
l’Amérique. Et cette dernière, aiguillonnée par cette décision lumineuse, par
cet exemple sorti de l’ordinaire, jura de s’appliquer avec brio de son côté,
avec le souci d’écrire l’histoire. Malgré les embûches, une langue différente et
un pays étranger, écoutant la voix de la raison, elles ont tenu la barre et ont
vogué sur toutes les mers agitées pour mener leur bateau à bon port.
Courage,
dis-nous ton nom! Quelle leçon pour le nouvel immigrant du futur, quel espoir à
caresser dans ce pays de toutes les possibilités? Quel exemple de privation et
d’abnégation que ces deux personnes exceptionnelles ont-elles offert à la
postérité! Imaginons un instant la situation : mère et fille, seules à
l’envers de la chance. Elles ont fait mentir les statistiques de l’échec en
gagnant haut la main sur tous les tableaux.
La
maman, antérieurement diplômée en Administration des Affaires à l’Université du
Québec à Montréal (UQAM), en profita pour décrocher un nouveau grade en Leadership
Development à l’Université du Massachusetts. Ce qui l’emmena à travailler
de concert avec sa fille pour aider les victimes de violences domestiques
(hommes et femmes).
Marjorie, de son côté, après ses
études classiques au Boston Latin, a obtenu son diplôme en droit de
l’Université Suffolk, toujours à Boston. Graduée et fière d’avoir coiffé le
succès, elle a exercé son métier d’avocate pendant plus de 10 ans dans le
comté de Norfolk, où elle avait choisi d’ouvrir son propre cabinet.
Remarquée
par ses pairs, pour son application et sa propension pour la profession, Me Marjorie
P. fut nommée Juge au Tribunal de première instance du Massachusetts en février
2024. Disons que c’était un titre prédestiné, car elle avait auparavant convolé
en justes noces avec le Juge Jonathan Tynes. En conséquence, la chance a frappé
deux fois et le bonheur s’est multiplié avec l’arrivée de deux beaux enfants.
Entre
nous, face à une telle réussite, en considération des embûches du début, quel enseignement
pouvons-nous en tirer? Un échec, aussi
dur soit-il, ne doit jamais nous désarçonner. Au contraire, il doit jouer un
rôle de catalyseur. Qu’il soit une charnière, une courroie de transmission à être
considérée comme le point d’un nouveau départ. C’est une leçon de vie, de détermination
et de persévérance que Carmen et Me Marjorie P. Tynes nous ont léguée.
Résilience, nous t’invoquons! Tu
es l’une des cartes maîtresses des femmes d’Haïti. Félicitations à vous deux!
Vous êtes les architectes de votre succès, de votre destin unique.
Max
Dorismond
Wednesday, March 27, 2024
Thursday, February 15, 2024
Y a-t-il une épée de Damoclès suspendue sur la tête de Guy Philippe?
![]() |
L'épée retenue par deux crins de cheval selon la mythologie grecque |
Par Max Dorismond
Ce n’est même pas une question à se poser. Quand la classe des oligarques est sur le point de perdre ses privilèges illicites, si elle ne se démène pas en faisant flèche de tout bois pour sa sauvegarde, elle est condamnée à disparaître. C’est dans la nature des choses. Jovenel n’avait pas compris cette dynamique !
Revoyons la situation. Dans le coulage de Wikileaks, avec les courriels de Hilary Clinton, nous nous sommes fait une idée du choix de Martelly à titre de président. Cependant, l’inquiétude d’une responsable, Laura Graham, alors chef des opérations à la Fondation Clinton, y était résumée succinctement en guise d’avertissement : « Ils l’ont élu, écrit-elle, et ils doivent [sic] faire pression sur lui. Il doit rester sous contrôle ». Graham faisait référence au comportement on ne peut plus fantasque, et potentiellement dangereux, de Michel Martelly.
En effet, depuis lors, le merdier n’avait plus de limites et l’île était méconnaissable. Certaines interrogations étaient venues chambouler mon esprit. Toutefois, Miki a livré la marchandise et les Clinton étaient heureux. On comprend mieux après coup le code « rester sous contrôle ».
Dans le secret des dieux, Mme Graham savait de quoi elle parlait. Si Martelly, le clown chantant, avait inquiété, que dire du trublion et imprévisible Guy Philippe, le petit César qui fut stoppé à la porte du palais, en 2004. Vexé d’avoir été dupé comme une mule, n’ayant pas assouvi son désir souverain, le chevalier promet de tout révéler dans un hypothétique livre à venir. Prédiction que le système ne portera jamais en bandoulière !
Or, les Américains ont encore, en mémoire, l’histoire du fougueux premier ministre du Congo nouvellement indépendant, Patrice Lumumba, en 1960. Face à sa volonté d’aller trop vite en affaires, en faisant des menaces à peine voilées de s’aligner sur la Russie en pleine guerre froide, le président Eisenhower, le 18 août 1960, lanca au directeur de la CIA, Allen Dulles, « Get rid of him » (débarrassez-moi de lui). Dulles interprète la phrase comme une autorisation de tuer 1. Nous connaissons la suite, l’idole de Guy Philippe, le dirigeant de la République du Congo, fut hachée en mille petits steaks sanguinolents à être liquéfiés dans de l’acide, le soir du 17 janvier 1961.
Tout en faisant une halte critique sur ce que nous lisons et entendons, ce simple détour a été effectué pour attirer les regards sur la bataille qui se déroule présentement entre un Haïtien conscient de la dérive de son pays et les intérêts primaires de l’international, qui ne jure que par vider la place pour s’accaparer gratuitement de ses richesses minières : son cobalt, son iridium etc…, très utiles pour la nouvelle économie verte. Notre Guy est-il leur fils de pute ? Sans ambages, je peux pencher vers le négatif !
Des évènements sournois qui avaient eu lieu, de 2004 à nos jours, nous laissent perplexes, et nous sidèrent. Le système s’était servi du poulain et lui cherchait noise, après coup, pour des vétilles, pour lesquelles, d’habitude, il fermait les yeux pour plusieurs de ses excellents (sic) valets.
À son arrestation en 2017, on s’attendait à une bataille rangée. Mais le tacticien, devinant le piège qui se dessinait autour de lui, se révéla plus intelligent, en réclamant à ses gardes du corps de mettre bas les armes, car toute riposte serait un prétexte pour l’éliminer sur place. Il a capitulé et il fut transféré aux USA où il ne risqua aucun accident. Le système préfère le faire assassiner en Haïti. Ce serait mieux à l’ère des fenêtres ouvertes des réseaux sociaux.
En prison, là-bas, on lui procurait toutes sortes d’avantages et de confort. De retour en Haïti, après 6 années de taule, l’acclamation du peuple laisse pantois ses contradicteurs. À quel jeu joue le jeune ? Le système s’énerve devant la détermination du combattant qui s’insurge contre lui, contre son dessein, contre ses projets. Guy Philippe n’est pas contrôlable.
La nation doit être déstabilisée pour la vider de ses membres les plus susceptibles de placer des bâtons dans ses rouages, les professionnels, les intellectuels, les universitaires, etc. Le « Programme Biden » est en marche et remporte un succès phénoménal. Le réservoir de main-d’œuvre servile pour les boulots dégueulasses est à sa porte.
Pour intimer l’ordre à l’ancien sénateur de mettre un peu d’eau dans son vin, le délégué de Jérémie et ses assistants, qui lui étaient favorables, furent révoqués manu militari et remplacés par des fiers-à-bras du gouvernement qui ont pour mission de calmer les ardeurs du trublion. Dans la semaine de leur installation, cinq des bruyants manifestants ont été envoyés ad patres. Notre homme a bien compris le message et n’a fait aucune déclaration.
Le 7 février, il devait être à Port-au-Prince. Se sachant épié et attendu, il a joué de finesse et est rentré, sur un frêle esquif, incognito à la capitale, deux jours avant, à leur barbe et sans coup férir.
Son téléphone est sur écoute et est aussi géolocalisé. Il est suivi, pas à pas, par des sbires sous contrat, au point de cribler de balles une VUS de ses partisans, où cinq de ses gardes du corps ont été éliminés. En comptant les décédés, les assassins ont été surpris une nouvelle fois. Le sénateur s’est volatilisé. Jouant de finesse, il avait simplement confié son cellulaire aux occupants de la voiture de tête. Il était à cinq minutes d’eux en arrière et assistait en spectateur au film de sa propre mort ratée et à l’acharnement des assaillants sur ses pauvres éclaireurs.
Ce jeu du chat et de la souris ne présage rien de bon. Selon n’importe quel quidam, l’épée de Damoclès est suspendue dans l’air. Elle peut tomber à n’importe quel moment, car c’est écrit, le commandant, cet empêcheur de danser en rond, devrait être éliminé par ses semblables pour que le système triomphe dans son fantasme de déstabiliser totalement Haïti et la vider de sa population pour mieux exploiter les richesses de son sous-sol.
Toutefois, le petit peuple, dans son for intérieur, rêve de voir l’épée chuter dans la gueule des vendeurs de nations, qui font la courbette, à longueur de journée, devant les magouilleurs patentés du Core Group, confirmant ainsi leur aliénation sans réserve.
Max Dorismond
-NOTE -
1 – Src : « Il y a 60 ans, l’assassinat de Patrice Lumumba, un crime politique avec des responsabilités belges ». Par François Ryckmans - 15 janvier 2021 – Monde Afrique