En Haïti, la mobilisation citoyenne contre la corruption ne faiblit pas. |
Par Hervé Gilbert
Écoutez au loin le râlement de ces affamées. Baissez un peu la voix pour entendre ces cris désespérés de jeunes qui implorent un peu de pitié, une chance à la vie. Ils n’en peuvent plus de cette dérive aveugle qui les entraîne malgré eux au fond de l’abîme.
Écoutez vite ces refrains, simplement pour comprendre leur malheur. Aujourd’hui c’est un chant d’espoir. Plus tard, il risque de devenir un chant de guerre, un chant de ralliement, un chant mortuaire, si on n’en prend pas garde.
Pour bien pénétrer ou comprendre la raison de cette complainte, nous vous apportons la cause sur un plateau d’argent. L’énumération que vous allez lire est édifiante et sans appel.
Tout ce que vous avez entendu, toute cette souffrance de ce peuple bon enfant et sage, n’est que le résultat d’une corruption innommable, qui n’a d’égal que la razzia des conquistadors sur les premiers habitants des Amériques.
En voilà le bilan : ils ont vu passer sous leur nez, sans en humer l’odeur : les 10 milliards de dollars de la «CIRH» pour la reconstruction d’Haïti après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, plus de 4,2 milliards de Petro Caribe et près de 3 milliards de dollars du budget national. Sans oublier les millions de tonnes de riz, dons du Japon et de Taïwan, vendus à leurs acolytes de l’élite commerciale à 2,00$ le sac.
Nous ne pouvons omettre les centaines de millions de dollars blanchis par les ONG et autres Organisations internationales, en catimini, sur notre dos avec la complicité de l’État, au point que plusieurs instances étrangères déclarent sous cap, que Haïti lave plus blanc que blanc.
Le viaduc du Carrefour Aéroport de Delmas |
En 9 ans, nous avons vécu la descente vertigineuse d’Haïti aux enfers, avec des projets ou des constructions bidon, tels : un viaduc tape-à-l’œil, construit au coût de 21 millions de dollars. Avec la même somme, la Dominicanie voisine en a érigé 4 meilleurs. 21 autres millions dollars, ont été alloués pour construire l’aéroport des Cayes et celui de l’Île-à-Vaches. Après la valse de ces dollars, fatigués de dormir dans les valises, qui ont trouvé un repos bien mérité dans les paradis fiscaux, il ne reste que les deux premières pierres symboliques apposées sur ces terres rabougries, en guise de souvenirs aux habitants de ces régions, pour pleurer leurs déceptions.
Rappelons-nous aussi qu'une orgie de taxes de 1.50$ par transfert et de 5 centimes par appel téléphonique, ont été prélevées pendant 9 ans sur les revenus de la diaspora. Notons qu'en l'espace de 9 ans , la diaspora a envoyé 18 milliards de dollars en Haïti à raison de 2 milliards par année. Avec une moyenne de 100 dollars par envoi, nous pourrons présumer sans crainte de se tromper que Haïti aurait reçu 270 000 000.00$ dollars soit une montant approximatif de 30 millions par année.
On continue. Pour le Parlement, la maison du peuple, 10 millions furent décaissés pour sa reconstruction. Hélas, après 9 ans, seul un plancher nu sans toiture en témoigne d’un effort en trompe-l’œil pour la postérité.
Pour le drainage de la ville de Port-au-Prince qui demeure une priorité absolue, 450 millions de dollars ont été déboursés pour curer la capitale. Après 9 ans, un chat fait simplement « pipi », toutes les rues sont embourbées. Hommes, femmes et véhicules se déplacent dans la Capitale sur des miasmes nauséabonds à donner la nausée. Le Rex-Théâtre, le premier symbole culturel de la capitale avait bénéficié de 5 millions de dollars pour sa restauration. On dirait que de la végétation sauvage a été semée sur la place d’origine pour servir de pâturages aux animaux.
La litanie de l’horreur est déroutante jusqu'à la frustration. 150 millions de gourdes ont été allouées à deux compagnies de l’actuel président, « Agritrans » et « Betex », pour un projet d'exportation de « bananes » et l’amélioration de la route de Borgne. Que constate-t-on, après 9 ans: une route en terre boueuse, le cauchemar des utilisateurs... une bananeraie desséchée, squelettique... Ces bananes qui lui avaient pavé la route du pouvoir.
Les gangs armés règnent en maître et seigneur en Haïti |
Les acteurs ne sont pas innocents. L’ancien président qui était en faillite en 2010, suite à la saisie de ces 3 maisons en Floride, a retrouvé sa santé financière en triplant ses actifs partout, aux USA, en République dominicaine et en Haïti.
Son fils n’est pas en reste avec son Gym de luxe à Pétion-Ville et des appartements de haut de gamme dans la république voisine. Leur ancien premier ministre joue présentement dans la cour des grands avec ses millions empochés au vu et au su de tous.
Pour s’assurer de la valse sans contretemps de ces dollars verts
dans le milieu haïtien, 111 gangs ont été créés, armés jusqu’aux dents, pour impressionner
le peuple et annihiler toutes tendances aux dénonciations. Leurs protecteurs
sont les rois incontestés de la magouille. Nul ne peut les déplaire au risque
de se faire sauter la cervelle. Il faut se déguiser en cancres, en crétins et
détourner les yeux de la mathématique de la corruption si on veut vivre libre
et mourir en santé, en Haïti. Voilà! Après 9 ans, notre pays est passé d’une situation de
quasi-État à celle d’absence d’État.
Toutes mes felicitations
ReplyDeleteC'est vraiment triste nos dirigeans n'ont pas de cœur ils sont des veritables montres
Depuis 215 ans, une classe les empêche de manger et empêche le pays d’avancer. À t’on peur de dire cette vérité. Les memes raisons pour lesquelles on avait tué Dessalines.
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