Ottawa, le samedi 28 novembre 2020
Par
Eddy Cavé eddycave@gmail.com
Joseph Bontemps fils |
À l’entrée du salon funéraire Héritage, dans la banlieue Est d’Ottawa, les téléspectateurs sont accueillis par l’image de la salle où est exposée l’urne contenant les cendres. Le fond musical est un konpa léger et très moderne interprété par nul autre que Joe lui-même, accompagné des deux talentueux guitaristes jérémiens Mario et Parnell. Un vrai régal pour l’oreille, pendant que le cœur saigne à grosses gouttes ! On reconnaît tout de suite la voix un peu rauque de Joe, sa bonne humeur communicative, une certaine tristesse dans le message. Sans parler des talents de l’interprète-compositeur versatile qui a su s’adapter, tout en faisant un tri rigoureux, aux divers courants qui ont traversé notre musique de danse au cours des 60 dernières années : le compas direct de Nemours Jean-Baptiste, le style Twoubadou Anbatonèl, celui des sérénades sous les balcons et sous les fenêtres, le konpa manba et le récit en chanson mis à la mode par Coupe Cloué, que sais-je encore!
Il revint ensuite au révérend père Éveillard, le très attachant aumônier de la paroisse haïtienne d’Ottawa, d’accueillir la famille et les fidèles et de chanter les funérailles. La chorale se surpassa dans l’interprétation des cantiques choisis, déversant un baume bénéfique au cœur des fidèles présents et aux oreilles des nombreux téléspectateurs.
L’oraison funèbre de son fils Max-Harry a été sans aucun doute le moment fort de cette célébration : un vrai modèle du genre. Rédigé de main de maître et débité avec une sérénité surprenante de la part d’un fils du défunt, cet adieu à Joe est d’un calibre qui rappelle, toutes proportions gardées, les grands moments de l’éloquence de la chaire, en particulier les homélies du grand Bossuet. Son évocation de la relation avec son père, la sincérité du propos, l’allégorie de la rivière et l’affection qu’il exprime en disant adieu à son père sont de nature à inspirer toutes et tous ceux dont les parents d’un âge avancé sont appelés à quitter la scène dans un avenir prévisible.
Ses petites-filles Karina et Carissa Chancy, avec deux de leurs amies, lui ont rendu à leur façon un vibrant hommage en interprétant avec brio « Alléluia ». Elles étaient accompagnées au piano par leur père Jean Fritz Chancy, le beau-fils que Joe aimait comme un fils et qui le visitait chaque année à Jérémie. Je suis sûr que, de son lieu de vérité comme on dit chez nous, Joe a bien souri en entendant le son de leurs voix.
Le service s’est poursuivi ensuite avec les diverses étapes de l’office des morts. L’époque où Joe, sa sœur Anne-Marie, ses frères Aramys et Simphar grandissaient à Jérémie était celle du chant grégorien, aujourd’hui disparu, mais qui a encore des inconditionnels dans notre génération. Dans la nostalgie qu’ont déclenchée chez moi la disparition soudaine de Joe et ses funérailles, je ne puis m’empêcher de penser aux funérailles chantées en latin par la chorale des années 1950 à l’église Saint Louis de Jérémie. La réforme était nécessaire et elle a été bénéfique, mais cela n’empêche que la forte odeur de l’encens qui se répandait dans l’église pendant le Dies Irae et le Libera Me continuent d’assiéger la mémoire de ceux et celles dont parlait Max-Harry en évoquant la chanson d’Aznavour Je vous parle d’un temps.
Les vieux amis de Joe qui faisaient partie de la chorale des années 1950 l’ont précédé dans la marche vers l’Éternité, et je me plais à imaginer qu’ils étaient à l’entrée du ciel pour l’accueillir au son du luth et des trompettes. Louis Moreau, Léonce Viel, Joe René, Jean Joseph, Yves Lombard devaient être du nombre.
J’invite toutes celles et tous ceux qui regrettent de n’avoir pas pu suivre les funérailles en direct de le faire en cliquant sur Joseph Bontemps Ceremony
Haïti
Connexion Network et moi renouvelons nos
condoléances les plus sincères à tous les membres et proches de la famille que
cette disparition a plongés dans le deuil. Nous avons une pensée spéciale pour
Simphar et Anne-Marie, qui n’ont pas pu venir d’Haïti et du Mexique, ainsi que
pour Nitou et Frito avec qui il a passé les derniers jours de sa vie. Le
couple s’apprêtait à le combler
d’attentions comme il le fait chaque année, mais le destin en a décidé
autrement. Que la volonté du Seigneur soit faite et non la nôtre!
Eddy Cavé
Mes sincères condoléances à la famille Bontemps.
ReplyDeleteJe la prie de me compter parmi ses amis, ses proches et espère qu’elle trouvera dans mes pensées respectueuses un peu de réconfort.
Affectueusement Nadine O Rémy