Lettre
ouverte à Andrée Ferretti
Linguiste-terminologue
Robert Berrouët-Oriol |
J’ai lu avec tristesse votre brûlot
intitulé « Dany Laferrière : le modèle parfait de l'anti
Québécois » daté du 13 décembre 2013 et paru sur le site Independantes.org[1] .
Ce brûlot, qu’aurait
volontiers signé Adrien Arcand et
Joseph Ménard, Jean-Marie Le Pen, Éric Zemmour et tous ces croisés de la
« pureté de la race » ténors d’une montée en puissance de l’extrême
droite européenne et qui, timorés, ont récemment comparé Christiane Taubira,
ministre de la Justice de la France, à un singe friand de bananes, ne fait pas
honneur aux Québécois avec lesquels je vis en harmonie depuis mes années Cegep,
il y a de cela quarante hivers…
Votre brûlot, Madame, campé sur les précaires béquilles du
mépris et de la haine de l’Autre, est une violente et mortifère insulte
infligée à la fois aux Québécois dits de très ancienne souche, aux Haïtiens
ayant ici pris racine dans notre hospitalière « québécitude » comme aux Haïtiens vivant en
Haïti. Dans votre empressement à néantiser l’Autre, à dévaloriser en l’excluant
un écrivain, Dany Laferrière, accueilli et adopté par des dizaines de milliers
de lecteurs Québécois, toutes origines confondues, dans votre empressement à
outrager et à déshumaniser l’Autre, l’Haïtien, celui qui peine sur une île de
tragédies, vous vous êtes enfermée dans une « insanitude » nationaliste de repli schizophrénique sur soi et, en un compulsif et
pusillanime déni de réalité, Madame, vous taisez l’essentiel, ce qui ici au
Québec nous éclaire et nous unit.
Ce qui nous éclaire et qui nous
unit, c’est précisément ce sentiment d’un destin commun, d’un patrimoine
linguistique donné en partage par l’Histoire et porté par l’éthique de la
parole poétique, l’éthos de la
littérature comme lecture différenciée du monde. Gaston Miron l’avait très bien
compris lui qui, dès les années 1960, autour des poètes du groupe « Haïti
littéraire » (Phelps, Legagneur, Morisseau, Laforest, etc.), exilés par la
sanglante dictature de François Duvalier, accueillait au resto-bistro Le Perchoir d’Haïti, en compagnie de
Paul Chamberland et de l’avant-garde littéraire d’alors, un neuf regard sur la
modernisation du Québec --notre
Québec à nous tous-, celui que nous contribuons fièrement à bâtir
depuis cinquante ans, celui que nous entendons laisser à nos enfants pures
laines crépues.
Sachez le voir, Madame, nous ne
sommes ici ni des passants, ni des visiteurs, ni des profiteurs : aux côtés
des Québécois de toutes origines, et dans toutes les régions de la Belle
Province, nous avons su transformer la douleur de l’exil en un enracinement
constructif aux racines identitaires multiples mais convergentes. Nous avons
contribué à moderniser le Québec --notre
Québec à nous tous--, par nos compétences, nos savoir-faire, nos talents et les énergies créatrices de plusieurs
générations dans les hôpitaux, les écoles et commissions scolaires, dans
l’industrie du taxi, dans la finance et le commerce, dans l’enseignement et la
recherche universitaire, etc. À défaut de pouvoir lire le réel autour de vous,
lisez Madame, lisez le magnifique et fort instructif livre dirigé par le
polytechnicien d’origine haïtienne Samuel Pierre, « Ces
Québécois venus d'Haïti [1]»… Lors, vous conviendrez avec
moi, Madame, s’il vous arrive parfois d’être honnête au plan intellectuel,
qu’il est tout à fait cohérent, en phase avec ce réel, que pareille énergie
créatrice s’exprime également dans le champ littéraire et que des écrivains haïtiano-québécois
remportent des prix prestigieux et de hautes distinctions.
« Depuis son Haïti natale, entre la
Floride et la France, Dany Laferrière n’a toujours été que de passage au
Québec » dites-vous : mais
à vouloir exiler du Québec le nouvel Académicien
auquel vous déniez son appartenance à notre commune société, à vouloir
oblitérer l’apport des Haïtiens à la modernisation du Québec, votre parole
est-elle crédible, aujourd’hui, tandis qu’elle s’accouple à votre compulsif
souci de déshumaniser l’Autre, l’Haïtien, celui qui vit et peine sur
son île de tragédies ? Je vous cite dans le texte, dans la violence toute nue
de votre factum : « Autrement dit, il [Dany Laferrière] est d’un peuple
libre qui n’a aucune notion de la résignation, qui n’éprouve aucun sentiment
d’infériorité à vivre aux crochets de la charité universelle, sachant
d’instinct qu’il est une source de richesse pour les organisations qui
président à ses incessants besoins de renflouement. Mieux, d’un peuple qui se soucie comme de sa
première chemise du regard que pose le monde sur lui. » Qu’est-ce à dire ?
On aurait pu croire, par le nom
que vous portez, qu’Andrée Ferretti --philosophe et romancière connue mais n’ayant
reçu à ma connaissance aucune distinction littéraire, suivez mon regard--, est une rescapée des blouses
brunes de Mussolini originaire de la Sicile mais égarée au Québec de l’an 2013…
On aurait pu croire qu’Andrée
Ferretti ne fait que réactualiser les idées violemment anti-juives et fascistes
à l’œuvre chez le Céline écrivant ses « Bagatelles pour un massacre » et « L’école des cadavres »… Cela n’aurait que
partiellement expliqué l’acerbité borgne de votre propos, la haine et le mépris
que vous exprimez lorsque vous traitez les Haïtiens de mendiants qui vivent
« aux crochets de
la charité universelle ». Mais il ne faut pas
perdre de vue que vous, la French
Canadian devenue nationaliste-indépendantiste, qui portez un patronyme
italien, vous êtes pourtant née Bertrand dans une famille très modeste et
combien nécessiteuse du Québec des années 1930, le Québec rural du Parti national social-chrétien (PNSC,
groupuscule fasciste) d’Adrien Arcand et de Joseph Ménard où le pain de
l’instruction, sinon le pain tout court, se faisait parfois rare… La haine et le
mépris de l’Autre que vous exprimez dans votre pasquinade, on l’a compris, est
d’abord et avant tout la haine, le mépris et le rejet de vote milieu d’origine,
de tous les symboles de votre première vie et que vous rappellent de manière
lancinante les conditions de vie actuelles de la majorité du peuple haïtien. Haine
de l’Autre couplée à la haine hallucinée de soi, Hanna Arendt, philosophe
rescapée, elle, des camps nazis, nous l’a bien montré… En réalité Andrée Ferretti, confrontée à
vos peurs, au « rejet fasciné que suscite en nous l'étranger » (Julia Kristeva, « Étrangers à nous-mêmes », Fayard, 1989), vous êtes la rescapée d’un « nationalisme » frileux
et arriéré, un « nationalisme » agraire et passéiste prêché par le Ralliement
créditiste du Québec durant les années 1970 - 1980. Alors je vous le rappelle, l’Histoire a
montré que les nationalismes mono-identitaires et passéistes de tous bords, en
Europe, ont pris langue avec le nazisme, couvé et déclenché la Seconde Guerre
mondiale et activement participé au génocide des Juifs. L’Histoire a également
montré que le pseudo-nationalisme de François Duvalier, profondément démoniaque
sous couvert d’indigénisme, a conduit à la construction de la plus infernale
machine terroriste et de destruction massive qu’a connu Haïti, faisant de cette
île, livrée à la fureur kleptocrate d’un « fascisme tropical » (René
Depestre), une prison béante et sanguinolente avec son cortège de plus de
50 000 victimes. Haïti en porte encore aujourd’hui de douloureuses
stigmates, elle réclame justice et réparation dans l’actuel procès du nazillon
Jean-Claude Duvalier revenu au pays par la grâce concertée des pays
« amis » d’Haïti, dont le Canada…
Qu’à cela ne tienne : Andrée
Ferrarri, en traitant les Haïtiens de mendiants qui vivent « aux crochets
de la charité universelle »,
vous vous privez d’une instructive visite dans les campagnes haïtiennes où vous
auriez pu constater que les paysans (60% de la population) travaillent durement
et dans la dignité, loin de cette prétendue « charité universelle » dont ils ne connaissent guère l’onction
salvatrice, et encore moins les miracles et les mirages, voire les
« progrès ». Vous semblez vouloir confondre l’agenda des puissances
dites « amies » d’Haïti qui programment et assurent le
non-développement du pays de concert avec les pouvoirs d’État erratiques et
prédateurs de l’après 1986. Vous semblez prendre pour acquis que la corruption
généralisée dans les plus hautes sphères de l’État haïtien, la vassalisation et
le mercenariat du système judiciaire haïtien, les dérives totalitaires et la
posture de mendicité de l’actuel Exécutif néo-duvaliériste Martelly-Lamothe
sont une fatalité condamnant Haïti à vivre « aux crochets de la charité universelle »…
À l’inverse, ils sont très nombreux ceux qui assument qu’Haïti, première
république nègre dans le monde, qui a su se défaire des chaînes de l'esclavage
en mettant en déroute la plus puissante armée coloniale et esclavagiste du 19e
siècle, saura rééditer cette épopée en brisant les chaînes de la corruption, de
l'injustice, de l'impunité et de la pauvreté, savamment entretenues par la
communauté internationale « amie » réunie maintenant dans un « Core
group » dont le Canada est un membre très actif. Et
je précise que portant sans états d’âme vos œillères à l’aune du mépris et de
la condescendance, vous oblitérez, Madame, le long et patient combat de la
société civile haïtienne contre l’impunité et pour l’établissement d’un État de
droit, ainsi que le sacrifice de générations successives de jeunes qui n'ont
jamais baissé les bras. En réalité, vous vous trompez tout en nous trompant, à fois sur
la marchandise et sur son emballage. Haïti est un pays vivant qui, malgré les
vicissitudes qui suscitent votre feinte mais arrogante pitié que nous rejetons
fermement, éblouit par sa magie créatrice et la vigueur de ses tracées
littéraires. En ces lieux uniques, le
Québec et Haïti se ressemblent davantage que vous ne le pensez. Qu'un fils
natif d'Haïti et adoptif du Québec soit aujourd'hui auréolé d'une immortelle
couronne n'arrive pas par hasard. Alors, Madame, votre baladine poutine goûte le rance –pardon, goûte la
xénophobie à la sauce fasciste… Et Gaston Miron aurait certainement rétorqué
que mal inspirée, la philosophe Andrée Ferretti
ne représente guère le sentiment de la majorité des Québécois, toutes origines
confondues, ceux qui aujourd’hui habitent et construisent de conserve notre Québec à nous tous.
Je partage entièrement
l’indignation du poète Jean Royer qui, ce même 13 décembre 2013 sur Facebook, avec dignité et pour l’honneur de
tous les Québécois que révulsent vos propos xénophobes et profondément
insultants, vous répond sereinement. Avec hauteur, avec grandeur, il vous dit
ceci : « J'ai une grande peine de lire cette chronique d'Andrée Ferretti,
philosophe et militante. Ici, elle est une idéologue, une Québécoise
recroquevillée sur elle-même, sur nous-mêmes, complexée, comparant sa culture à
une autre culture (le contraire du concept « interculturel », refusant un
migrant comme son frère québécois. Voilà tous les symptômes du Québécois
incapable de se voir dans le monde, s'affirmant dans son propre vide identitaire. Je veux faire aussi remarquer que, si Dany
Laferrière a reçu le Grand Prix littéraire de la Ville de Montréal et le Prix
des Libraires, il n'a été reconnu par AUCUNE de nos institutions québécoises,
surtout pas notre Académie des lettres. Il n'est pourtant pas « anti-québécois »,
puisqu'il a adopté Montréal comme ville où vivre (ce qui n'est pas
contradictoire avec le fait de voyager à Haïti, Paris ou quelque ailleurs dans
sa vie littéraire). »
Au moment où le Québec cherche difficilement à recoudre son vivre
ensemble dans l’actuel débat, parfois erratique et réducteur, sur la « Charte des valeurs québécoises », le libelle d’Andrée Ferretti peut être vu, paradoxalement, comme
un défi à relever. Le défi de cultiver ce qui nous rassemble, celui de
combattre l’obscurantisme qui couve sous l’insolente et déshumanisante braise
de votre « nationalisme » arriéré, passéiste, et qui pratique
l’exclusion de l’Autre. En définitive, comme dans le poème de Gaston Miron,
seule la lumière nous est rassembleuse.
Montréal, le 14 décembre 2013
Bien à vous,
Robert Berrouët-Oriol
[1] « Ces Québécois venus d'Haïti – Contribution de la communauté haïtienne à l’édification du Québec moderne». Presses internationales Polytechnique, Montréal, 2007.
[NDLR : Originaire d’Haïti, Robert Berrouët Oriol,
linguiste-terminologue, poète et essayiste, est l’auteur de la première étude
théorique portant sur « Les écritures migrantes et métisses au Québec » (Ohio 1992).
Son livre « Poème du décours » (Éditions Triptyque, Montréal
2010), finaliste en 2010 du Prix
du Carbet et du Tout-Monde, a obtenu en
France le grand Prix de poésie du Livre insulaire Ouessant 2010. Coordonnateur
et coauteur du livre de référence « L’aménagement
linguistique en Haïti: enjeux,
défis et propositions » (Éditions du
Cidihca, Montréal, février 2011, Éditions de l’Université d’État d’Haïti,
Port-au-Prince, juin 2011), il a fait paraître fin 2013 aux Éditions Triptyque
de Montréal « Découdre le
désastre suivi de L’île anaphore ».]
Nouvel article :
« Note complémentaire du linguiste Robert Berrouët-Oriol au sujet de « l’affaire Andrée Ferretti »
Sur le site Parole en archipel : http://parolenarchipel.com/ 2013/12/17/note- complementaire-du-linguiste- robert-berrouet-oriol-au- sujet-de-laffaire-andree- ferretti/
A propos de Andrée Ferretti
Andrée Ferretti |
Femme politique et écrivaine québécoise, elle fut l'une des premières femmes à adhérer au mouvement indépendantiste québécois en 1958. Vice-présidente du Rassemblement pour l'indépendance nationale, elle représenta la tendance la plus résolue du parti. Pour Andrée Ferretti, « qui ne fait pas l'indépendance, la combat ». "À écrire comme on s'arme pour lutter contre la domination, écrire des textes politiques ou un roman, c'est pour moi les deux faces d'une seule et même médaille, c'est toujours une expression nécessaire de mon engagement dans la conquête d'une plus grande liberté."
Voir tous les articles de Andrée Ferretti
Réagissez à l'article en laissant vos commentaires en bas ...
Réagissez à l'article en laissant vos commentaires en bas ...
Ferreti avance qu'il existe d'autres génies canadiens qui méritent ce siège au sein de l'Académie... Et non Dany originaire d'un pays "qui n’éprouve aucun sentiment d’infériorité à vivre aux crochets de la charité universelle". Je parie que cette "écrivaine" du coin souffre d'une jalousie morbide et d'un complexe de supériorité qui la pousse à se mettre et dans la tête et dans son esprit étroit que: si c'est pas un blanc (ou une blanche) qui gagne quoi que ce soit, il faut rouspéter et crier "au voleur" !
ReplyDeleteCarl Gilbert
Commentaires de :
ReplyDeleteTo: HaitiConnexion ; Robert Berrouet-Oriol
LETTRE OUVERTE À LA ROMANCIÈRE CANADIENNE ANDRÉE FERRETTI QUI INSULTE DANY LAFERRIÈRE ET LE PEUPLE HAÏTIEN
Cher Mr. Berrouët-Oriol,
Armé d'un brio coutumier, vous avez certainement infligé, un traitement choc à Madame Ferreti, pour avoir osé cette diatribe intitulé « DANY LAFERRIÈRE : LE MODÈLE PARFAIT DE L’ANTI QUÉBÉCOIS », dans le but d’attaquer dans son fort intérieur notre auteur du terroir, Dany Laferrière. Nous espérons que cette geste, à laquelle nous concourrons pleinement, lui remettra les idées en place.
Vous avez admirablement cerné le brulot pour l’offrir à la fournaise ardente de l’opinion publique québécoise, haïtienne et française.
Nous recommandons à tous de lire ce dithyrambe à l’égard de la communauté haïtienne au Québec et de se familiariser avec le processus, la forme et le fond, un exemple de savoir faire d’un écrivant qui, de toutes évidences, sait bien manier sa plume.
Un texte prudemment balancé et monté en épingle.
Un grand merci à Mr. Berrouët-Oriol pour avoir relevé le gant et avoir pourfendu cet adversaire jaloux, grincheux et xénophobe.
Cordialement,
Jedi (miroir d’Haïti)
Commentaires de : GerardJRegulus@aol.com
ReplyDeleteSent: Saturday, December 14, 2013 3:09 PM
TO Haiti Connexion
Subject: [Grands D�bats] Re: [Grands Débats] SCOOP! « Dany Laferrière : le modèle parfait de l’anti Québécois » - Une romancière et philosophe canadienne profère de graves insultes contre le nouvel Académicien et romancier Dany Laferrière.
Messieurs.
On dit " Les chiens aboient et la caravane passe" Dans ce cas particulier, il s'agit d'une chienne.... probablement en chaleur ... qu'il fallait laisser aboyer et la traiter avec un supreme mépris... Il ne fallait même pas attirer l'attention sur sa diatribe car nous savons d'où elle vient et ce qui la fait aboyer...
Il fallait l'enterrer sous le poids de votre silence et de votre souverain mépris au lieu de lui faire une publicité qu'elle ne mérite pas et lui donner la satisfaction de se dire qu'elle a froissé votre sensibilité.
Il ne faut pas jetter des perles au pourceau..
Regulus
On Sunday, December 15, 2013 7:51 AM, Anne Rose Schoen wrote:
ReplyDeleteChers internautes,
Suite à certaines réactions violentes et très insultantes, j’ai lu et relu le texte en question de Madame Ferretti et je me permets de le remettre ci-dessous de nouveau en soulignons en jaune les compliments adressés au nouvel élu de l’Académie Française et à son pays de naissance, Haïti. A moins que je ne maitrise pas le français aussi bien que d’autres, je ne vois que des éloges présentés à ce fonceur (front de bœuf) qui est, d’après elle, Dany Laferrière.
Par contre, je vois que Madame Ferretti a lancé une pointe à la société québécoise à laquelle elle appartient. En effet, quand elle dit son admiration pour la force de Dany Laferrière qui « réside toute entière dans sa certitude que la reconnaissance de la valeur d'un être comme d'une œuvre tient essentiellement, en notre époque consumériste, au talent de la monter en épingle », elle ajoute « Compétence qui échappe aux Québécois, du plus grand au plus petit ».
Cependant, elle envoie des fleurs « à la puissance, la créativité et la beauté de la culture haïtienne ».
Bon dimanche
Anne-Rose Schoen
Dany Laferrière: le modèle parfait de l'anti Québécois *
Par Andrée Ferretti --- L'homme a confiance en lui et a l'audace de sa colossale ambition. Même s'il a vu le jour en Haïti, pays malheureux s'il en est, il sait depuis toujours qu'il n'est pas né pour un petit pain. Autrement dit, il est d'un peuple libre qui n'a aucune notion de la résignation, qui n'éprouve aucun sentiment d'infériorité à vivre aux crochets de la charité universelle, sachant d'instinct qu'il est une source de richesse pour les organisations qui président à ses incessants besoins de renflouement. Mieux, d'un peuple qui se soucie comme de sa première chemise du regard que pose le monde sur lui.
Dany Laferrière a conquis, conquis sans coup férir le siège numéro deux de l'Académie française, simplement parce qu'il a eu la témérité de présenter sa candidature au seul nom de lui-même. « Front de bœuf » ne fait pas partie des clichés de sa culture, ce qui ne l'empêche pas lui, de l'avoir.
Incontestablement excellent écrivain, il n'a pas pour autant le génie de nos Jacques Ferron, Victor-Lévy Beaulieu, Marie-Claire Blais, pour ne nommer que nos plus grands. Sa force admirable, et que j'admire au plus haut point, réside toute entière dans sa certitude que la reconnaissance de la valeur d'un être comme d'une œuvre tient essentiellement, en notre époque consumériste, au talent de la monter en épingle. Compétence qui échappe aux Québécois, du plus grand au plus petit.
Je déplore donc le pétage de bretelles de notre élite culturelle et politique qui revendique la « québécité » du nouvel académicien, énième manifestation de notre aplat-ventrisme, pendant que lui-même, avec raison, ne rendra grâce de son élection qu'à la puissance, la créativité et la beauté de la culture haïtienne.
Depuis son Haïti natale, entre la Floride et la France, Dany Laferrière n'a toujours été que de passage au Québec.
Saluons cet illustre visiteur, mais soyons fiers, en ne nous appropriant pas contre son gré la gloire de l'obtention d'un siège à l'Académie française.
Andrée Ferretti
Commentaires de : Alfred Reynolds
ReplyDeleteMme Schoen,
J'admire votre analyse de la lettre de la romancière Andrée Ferretti sur l'élection de Dany Laferrière à l'Académie Française sachant que vous êtes une femme très optimiste qui voit un verre à moitié pleine au lieu d'un verre à moitie vide. Donc, considérant votre style sur le web, vous avez un caractère quasi balancé et non-confrontationnel. Cependant, je dois vous dire que vous êtes passée à coté de votre analyse qui ne tient pas compte des commentaires négatives de la romancière qui essaie d'abaisser notre Dany Laferrière.
En effet, Mme Ferretti a utilisé ses gants avec une souplesse digne d'une bonne romancière afin de dénaturaliser Dany sans que les gens le remarquent. Je peux dire que Dany a travaille très fort parce que je l'ai vu souvent à l'oeuvre. Il est un gars que j'ai rencontré en maintes occasions faisant dignement ses recherches à la Bibliothèque Nationale du Québec lorsque je vivais à Montréal comme étudiant. En analysant Mme Ferretti, on peut dire premièrement, elle a dit que Dany "n'éprouve aucun sentiment d'infériorité à vivre aux crochets de la charité universelle, sachant qu'il est une source de richesse pour les organisations qui président à ses incessants besoins de renflouement." Cette phrase, elle-même, déduit la pensée de la romancière qu'en dépit que Dany ne sent pas inférieur aux autres, il s'accroche quand même à ceux-là qui lui donnent le pain. La question qu'on se pose qui sont ces gens ou ses organisations dont elle parle? En fait, pour mieux comprendre, il faut analyser le terme "renflouement." Selon le Petit Larousse, l'une de ses définitions est de "fournir à quelqu'un ou à une entreprise les fonds nécessaires pour rétablir sa situation." Certes, on sait bien que la vie au Québec n'est pas facile pour un écrivain ou pour n'importe quelle personne. Donc, la dame insinue que Dany dépendait de la charité d'autrui pour survivre. Deuxièmement, Mme Ferretti croit dans ces lignes suivantes que Dany est très "audacieux" (pense à la façon dont l'Haïtien utilise ce terme) lorsqu'il a "osé" utiliser ses oeuvres pour appliquer au poste à l'Académie Française: "Dany Laferrière a conquis, conquis sans coup férir le siège numéro deux de l'Académie Française, simplement parce qu'il a eu la témérité de présenter sa candidature au seul nom de lui-même." Ici, le mot "témérité" est synonyme du terme "audace" et Larousse le définit comme "une hardiesse inconsidérée qui consuit a commettre des actes aux consequences graves." Troisièmement, Mme Ferretti croit que malgré que Dany soit un bon écrivain, il n'a pas la capacité d'écriture comme les autres écrivains Québécois de renom: "Il n'a pas pour autant le génie de nos Jacques Ferron, Victor-Levy Beaulieu, Marie-Claire Blais, pour ne nommer que nos plus grands."
Suite .... continuez en haut
Suite commentaires de: Alfred Reynolds
ReplyDeleteQuatrièmement, Mme Ferretti déclare que la force intellectuelle de Dany se trouve seulement dans des oeuvres qui sont écrites que pour gagner de l'argent considérant l'esprit consumérisme des gens de notre époque. Elle pense aussi que les écrivains Québécois, de renom ou pas, ne sont pas très bons dans ce domaine. En passant, Larousse définit consumérisme comme étant "un mouvement visant à donner aux consommateurs un role actif au niveau économique et social." Sur ce, voici ce qu'a dit Mme Ferretti à ce sujet: "Sa force admirable, et que j'admire au plus haut point, réside toute entière dans sa certitude que la connaissance de la valeur d'un être comme d'une oeuvre tient essentiellement, en notre époque consumériste, au talent de la monter en épingle. Compétence qui échappe aux Québécois, du plus grand au plus petit." Cinquièmement, Mme Ferretti croit que les politiciens et les intellectuels Québécois ont tort de penser que Dany soit un Québécois de souche. Elle déclare que c'est dure de les voir revendiquer Dany comme les leur en s'agenouillant devant lui pendant que Dany lui-même déclarera ouvertement qu'il est Haïtien et que c'est grâce à la culture Haïtienne et non à celle du Québec qu'il a pu être élu à l'académie. Voyons les mots de Mme Ferretti: "Je déplore donc le pétage de brettelles de notre élite culturelle et politique qui revendique la "québécité" du nouvel académicien, énième manifestation de notre plat-ventrisme, pendant que lui-même, avec raison, ne rendra grâce de son élection qu'à la puissance, la créativité et la beauté de la culture haïtienne." Plus loin, elle croit que Dany n'est pas un Québécois de souche comme beaucoup le pensent puisque Dany n'a jamais eu un lien étroit avec le Québec. Elle pense que Dany n'est qu'un écrivain Haïtien qui visite le Québec de temps a autres surtout lorsqu'il laisse Haiti pour se rendre en Floride et en France. Pour elle, il faut que les Québécois voient Dany et le saluer comme étant un "illustre visiteur" du Québec non comme un Québécois. Voyons donc cette déclaration de Mme Ferretti: "Depuis son Haiti natale, entre la Floride et la France, Dany Laferrière n'a toujours été que de passage au Québec. Saluons cet illustre visiteur, mais soyons fiers, en ne nous appropriant pas contre son gré la gloire de l'obtention d'un siège à l'Académie Française" (fin de citation). Bon dimanche!
Alfred Reynolds
Commentaires de :pierre andre joseph
ReplyDeleteSent: Sunday, December 15, 2013 4:15 PM
Subject: [KozeMandeChez] Mon ami Hugues: NOTRE QUÉBEC À NOUS TOUS - Lettre ouverte à Andrée Ferretti
Cher ami,
Franchement je crois que j’ai réellement un problème de compréhension et je me demande si les québécois parlent à l’envers ou bien si cette dame est reconnue comme une raciste. Pourtant j’ai relu le texte et je vois que c’est un texte très flatteur mais le terme anti Québecois laisse une connotation négative, peut être c'est une approche maladroite pour donner plus d'impact au texte.
J’ai lu dans les propos de madame que le québécois modèle même bourré de talents n’a pas assez de cran comme Danny Laferrière, brillant écrivain venant d’un pays vivant sur les allocations de l’aide internationale. Pourtant c’est la réalité et la vérité. C'est la preuve que Danny est un anti Quebecois, ce qui veut dire qu'il est un fonceur.
Je dois vous dire qu'à mon avis peut-être Mr. Robert Berrouët-Oriol et certains de mes compatriotes font une interprétation différente de ce texte, mais je ne comprends pas pourquoi, car je ne vois pas le rapport entre la réponse de Mr Oriol et le texte d'Andrée Ferretti. Pourquoi tant d'injures!
C’est certain qu’il existe du racisme au Québec mais pas dans le texte de Mme Ferretti
Bonne fin de journée et au plaisir
P.A.
From: Hugo274@aol.com
ReplyDeleteDate: Sun, 15 Dec 2013 11:54:28 -0500
Subject: Re: NOTRE QUÉBEC À NOUS TOUS - Lettre ouverte à Andrée Ferretti
To:haiticonnexion@yahoogroups.com; koze-mande-chez@googlegroups.com; publication@touthaiti.com; forumculturel@googlegroups.com; haiti-nation@googlegroups.com
Cher Bob,
Je ne sais comment te féliciter et te remercier pour cette réponse étincelante et ô combien édifiante que tu viens d'adresser à Mme Andrée Ferretti.
L'extrême-droite et les ultranationalistes en ont pris pour leur grade dans cette nouvelle tentative de leur part de déshumaniser et de dévaloriser les Haïtiens. En rétablissant la vérité historique (contribution des Haïtiens à la construction d'un Québec moderne, partage d'un patrimoine linguistique commun, appartenance et enracinement de M. Laferrière au Québec...), tu as campé dans toute sa lumière toutes les affinités entre le Québec et Haïti.
Bon dimanche, cher ami,
Hugues
Commentaires de : Carl Henri Jedidiah
ReplyDeleteMme. Anne Rose Schoen.
Mr. Pierre Andre Joseph.
Chers amis,
Ce qu'il fallait déceler ce sont les sous-entendus, thèmes xénophobes éludés et parfois édulcorés pour les faire avaler. Mme. Ferreti parle tout haut, ce que bien d'autres disent tout bas.
La réponse de Mr. Berrouët-Oriol est appropriée. Il connait le terroir québécois. C'est une mise au point, tant espérée et tellement désirée.
Le Québec n'est pas une province raciste. Les Québécois sont plutôt sensibles lorsqu'ils perçoivent leur dépassement par les événements. Nous situons l'intervention de Mr. Berrouët-Oriol dans la perspective d'une administration éloquente des sensibilités québécoises et une mise en demeure pour dissuader une récidive. Il leur dit en fait, voilà nous ne sommes pas des gueux, nous avons contribué et nous contribuons encore à la promotion culturelle du Québec.
Mme. Ferreti a utilisé Dany Laferrière comme bouc émissaire pour viser les Québécois d'origine Haïtienne. Certains membres du Parti Québécois veulent faire passer toutes les ethnies différentes de la leur, par leurs fourches caudines pour empêcher que leur culture ne soit de nouveau balayée. Il faut voir comment certains québécois essaient d'entraver la communauté juive dans l'exercice ecclésiastique de leur religion!
Nous espérons que nous avons pu effleurer ces domaines grisâtres de la psychè des Québécois "pure laines". Notre aval n’est point émotif, il est plutôt préventif et explicatif. Une façon résolue de faire « tabula rasa ».
Bien à vous,
Jedi (miroir d'Haïti)
Commentaire de : Willy Pompilus
ReplyDeleteOn Sunday, December 15, 2013 5:30 PM, Willy Pompilus wrote:
Mme Schoen
Je suis un creolophone qui ne comprend peut etre pas trop bien la langue de Mme Ferretti.Mais ce que j'ai toujours apprecié dans vos interventions est la facilité avec laquelle vous selectionnez les notes (tres partielles ) pour construire vos arguments ;Ce qui les donne une apparence logique.
On ne peut pas capter la signification d'une idée ou d'une ligne pensée avec des bouts de phrase.Si je me souviens, dans la langue de Mme Ferretti et la votre , il existe deux formes d'analyse: une grammaticale et une autre logique.
Vous avez souligné en jaune les coupures qui justifient votre opinion comme quoi ,Mme Ferretti serait une autre victime de l'emotion a "l'Haitienne" c'est a dire de ceux qui reagissent avant de comprendre(je m'excuse si je me trompe).Heureusement Mr Raynolds a souligné pour vous les autres coupures( les complements des compliments qui completent les idées et les opinions).Ce que j'admire de Mme Ferretti est le talent d'insulter par adulation et d'aduler en insultant).
Ma question pour vous est celle ci:quels sont les criteres qui vous font croire que les bouts de phrase que vous n'avez pas souligné en jaune ne sont pas necessaires ou importants pour comprendre la totalité de ce que Mme veut dire en realité?
Vous voyez, San pi pwès pasé dlo! Et je crois que c'est inconscient( you know what I'm talking about).Je ne juge pas cette femme parce qu'elle n'a aucune idée d'Haiti.De la meme facon qu'il est impossible d'avoir une idée de ce morceau d'ile de loin , il est plus difficile de le capter seulement en faisant du tourisme.On voit la tragedie des "in" a partir de la defiance des "out".L'audace est une arme de resistance et son secret a toujours été la surprise. Yo sézi! Yo fenk koumansé wè.
Willy Pompilus
Commentaire de : Anne Rose Schoen
ReplyDeleteBonjour M. Reynolds,
Je vous remercie de votre réponse. Même en substituant Haïti par le nom de D. Laferriere, comme vous l’avez fait de manière systématique dans votre texte, je n’arrive pas à suivre votre raisonnement. Encore une fois, je suppose que j’ai une autre compréhension de la langue française.
Si nous ne voulons pas que d’autres personnes pensent d’Haïti ce que Madame Ferretti a décrit dans son texte, il faudrait avoir un peu plus de retenu sur les fora et partout ailleurs, car ses propose ne sont qu’un copy-paste de beaucoup de textes de beaucoup d’internautes haïtiens ou d’origine haïtienne durant les 3 dernières années. Comme l’indien le dit si bien : « si vous cherchez le tigre, vous trouverez le tigre… ». Pourquoi se plaindre quand d’autres personnes répètent ce que nous revendiquons au plus haut et sans arrêt ?
Madame Ferretti, par contre a envoyé, comme déjà mentionné, une pointe aux québécois… et elle déplore l’attitude du « m’as-tu-vu » d’une certaine société. Nos « gran moun » auraient dit qu’elle déplore le fait qu’ils « yap pede chante quand à moi ». Etant québécoise elle-même, je suppose qu’elle connait sa société et n’habitant pas le Canada, je m’abstiendrai d’en opiner.
En outre, elle pense qu’un autre aurait mérité cette place… et alors ??? C’est son plus grand droit. Pourquoi faire des élections, l’Académie n’aurait tout juste du choisir celui ou celle qui est le / la meilleure… N’entrons pas dans l’émotion et respectons l’opinion de l’autre… comme nous aurions aimé que nos opinion soient également respectées.
Cordialement
Anne-Rose Schoen
Commentaire de :Marc A. Occenad Sr.
ReplyDeleteLa prise de position de cette personne est totalement déplacée !
Il y a deux choses qui donne une idée de l'infini
1) C'est la bêtise du racisme imbécile.
2) C'est intolérance de la censure outrageante.
Puisque nous admirons Mandela, apprenons a ne pas haïr
l'opposition a nos idées, et restons élégants dans nos expressions !
Commentaire de : Ralph Blanchard
ReplyDeleteRobert, mon frere.... reste dans le calme et la profondeur de la jubilence. Dans les alineas d'acceptance et de reconnaissance de la pensée parfaite, il n'y a que l'humilité et la sagesse. Je comprends pourquoi tu réagis aussi vivement... L'Academie Francaise n'a point reconnu "cette francophone" en question, qui au lieu de faire preuve d'intelligence pour l'adhérence ou pour la reconnaissance du beau et du bien, vient de perdre toute sa legitimité, toutes ses valeurs, toute son intellectualisme aux yeux de ce grand monde d'érudits, dont tu fais parti! Laisse trainer le mal, dont la poussiére s'effrite a la rosée des matins de réveil de la pensée profonde, substancielle et sublime!RB