Discours d'Etzer Vilaire à la mémoire des héros de l'Indépendance, de Charlemagne Péralte... 

Wednesday, May 7, 2025

Haïti : paradis des corrompus, enfer des justes

Réflexion d’un compatriote sur Haïti à partir d’un discours d’Ibrahim Traoré

Par Lemarec Destin 

Ibrahim Traoré

Pour faire suite à ce que je venais d'écrire sur Whatsapp, voici le type de dirigeant dont notre pays a besoin. Écoutez le discours du président Ibrahim Traoré et les programmes qu'il a mis en route sous sa gouverne au Burkina Faso, en peu de temps par les propres moyens du petit pays. 

Chez nous en Haïti, il faudra penser d'abord au relèvement socioéconomique de la population, sans démagogie et les discours fallacieux de toujours, avec des gens "capables et compétents " en créant des moyens pour y parvenir avec l'argent du pays collecté à travers ses différents organismes d'État, tels que: DGI, APN, les douanes frontalières, l'argent collecté dans les marchés régionaux et locaux, les taxes collectées du secteur commercial, les taxes provenant de nos propres activités commerciales, etc... Non pas comme cela se fait en Haïti depuis longtemps, depuis trop longtemps même et encore aujourd'hui. 

Et la remarque la plus drôle que vous découvrirez dans ma réflexion c'est qu'il s'en trouve parmi nos compatriotes ceux qui vont déchirer leur chemise afin de garder intacte la façon dont le pays est dirigé depuis plusieurs décennies. Parce que le statu quo qui se trouve actuellement dans sa phase de putrescence fait davantage leur propre affaire, favorise les gains faciles, au détriment d'un aller mieux qui serait le moindrement profitable à la majorité qui souffre en silence. Bien souvent, ces fossoyeurs de pays répètent avec une certaine arrogance : << leù'm tal lekòl, se pat't anba ban-an non mwen te ye >>. Comme si aller à l'école c'était pour apprendre comment on vole l'argent de l'État, comment on innove la corruption, comment on entretient le népotisme, comment on apprend à ne pas respecter les lois, etc... 

Je sais que ce point de vue ne passera pas partout même en diaspora, il n'est pas recevable dans certains milieux, il ne fera pas l'unanimité chez la plupart de nos compatriotes qui pourtant sont les premiers à chanter: << HAÏTI chérie, pi bon peyi pase wou nan pwen >>. Ils disent comme tout le monde qu'ils veulent du changement. De quel changement parlent-ils au juste? La situation, telle qu'elle est les favorise. Une situation qui permet à un fonctionnaire d'avoir 5, 6 ou même 7 chèques reçus de différents ministères chaque mois pour du travail-bidon. Dis-moi cher frère comment est-ce possible de travailler à 7 postes différents? À l'école où tu as été, cher camarade, tu n'avais jamais entendu que par ta probité, ta rectitude et par ton travail réel tu pouvais également rendre Haïti prospère, développée et respectée? 


Par ailleurs, certains citoyens sont littéralement médusés la semaine dernière en prenant connaissance par le truchement des médias sociaux les émoluments faramineux, les avantages monétaires supplémentaires et les frais exorbitants alloués à nos neuf membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Que d'horreurs dans un pays déjà exsangue et dont les ressortissants ne connaissent que des calamités de toutes sortes tant en Haïti qu'à l'étranger! 

Haïti, pourra-t-elle changer avec de telles conceptions de gouvernance, jumelées avec un système d'organisation sociale malade, sclérosée ? Paraphrasant un journaliste québécois, je dirai que la société haïtienne souffre d'un dangereux durcissement de ses artères sociales. Cette façon élégante de dire les choses sied bien à ce qui se voit et se vit dans mon pays d'origine si l'on veut parler net. Et c'est là que se situe l'une des jugulaires de ses maux, semblable à une maladie insidieuse dont les effets destructeurs sont généralement silencieux mais que la maladie progresse et fait des ravages dans l'organisme, en attendant qu'elle se manifeste au grand jour un beau jour. Dans la vie de tous les jours, ce système social ou bien son effet a le pouvoir de colorer, d'orienter, de discriminer, d'orienter, de déterminer et est souvent présent certainement dans la distribution des emplois ou dans la signature de contrats à des firmes privées.

Dans l'éventualité d'une cure en profondeur de cette maladie qui agit comme un cancer dans la société haïtienne, il faudra consentir à lâcher graduellement <<certains petits privilèges >> quasi-insignifiants afin de pouvoir recueillir de plus grands dividendes de vie, de bien-être, collectifs cette fois-ci. 

Par une certaine déformation héritée du milieu ambiant, on se réfère toujours à tort aux seules classes supérieures lorsqu'on parle de privilèges. Non, pris dans son acception générique la notion de privilège dont nous parlons ici dans le cas d'Haïti s'irradie à travers tout le corps social touchant, à des degrés divers il est vrai, toutes les couches sociales. Quand nous parlons de privilèges ici, il n'est pas demandé dans cette réflexion de pratiquer la vertu un peu à la Saint-Augustin, mais bien de lâcher prise quelque peu sur le non-essentiel afin de pouvoir gagner davantage sur d'autres aspects de la vie sociale. Sinon, << nous continuerons à créer nos propres monstres>>. Nous ne pouvons pas à l'heure actuelle faire semblant de ne pas voir, de ne pas comprendre ce qui se passe là-bas. Nous ne pouvons pas tourner le regard. 

À vouloir s'entêter à garder vissé le couvercle de la marmite qui bout sur le feu, l'explosion de celle-ci finalement causera d'inimaginables dégâts matériels et même humains, blessures ou brûlures au 3e degré, des traumatismes et séquelles physiques et psychologiques importants à tous et à toutes vivant dans l'aire de l'explosion qui peut avoir un rayon d'action très étendu. Ainsi en tant que société, si nous persistons dans notre << aveuglement volontaire >>, à ignorer les clignotants assez visibles de la situation, si collectivement nous refusons de souscrire à cette exigence fondamentale qui est un <<MUST>>, afin de sauver le pays nous ne pouvons humainement prévoir l'issue de ce drame qui s'annonce avec persistance. Nous continuerons à nous enfoncer davantage dans l'abîme où nous sommes actuellement plongés, si le modèle de gouvernance adopté depuis longtemps ne subit pas un changement de paradigme, un véritable <<remake>>. << Il n'y a de pire eau que l'eau qui dort >>, écrivait T. S. Ashton. Ce système a fait son temps. 

Et pourtant, nous avons un si beau pays qui n'est pas encore cultivé, irrigué et développé à sa pleine capacité, ne cessent de nous le confirmer des études très sérieuses, réalisées par des spécialistes réputés et éprouvés au sein d'organismes de renom tels que : l'OCDE, la Banque mondiale, la Banque Interaméricaine de Développement (la BID), entre autres. En dépit de la calamité causée par la soldatesque sauvage et criminelle des gangs, le pays dispose néanmoins d'une autre grande richesse: sa jeunesse nombreuse, éveillée, dont la moyenne d'âge est seulement de 22 ans, sans compter plusieurs vivant en diaspora désirant, lorsque la paix sera revenue et qu'un plan sérieux de redressement s'enclenchera véritablement, venir offrir leurs services à cette mise en route de la machine qui tarde à démarrer. Et pourquoi pas, avec leurs connaissances techniques, commerciales, d'entrepreneurship, avec leur argent et de l'expérience acquise à l'extérieur, leurs contacts, venir y créer leur propre entreprise? 

En dépit de ces calamités de toutes sortes que connaît la mère patrie piétinée, humiliée, à genoux, tout n'est pas perdu. Il y a quand même des Haïtiennes et des Haïtiens qui ne veulent pas perdre ce pays qu'ils adorent tant et qui les habite de façon presque maladive.

Que vive Haïti ! 

Lemarec Destin

Ce 7 mai 2025

 

 

2 comments:

  1. Cet article interpelle et nous bouscule dans notre résignation, lassitude et probable passivité face à l'abime dans lequel s'enlise notre pays. On ne cesse de se dire outré de cet état de faits mais l'abime devient de plus en plus profond et nous ankylose autant ici en diaspora que chez nous au pays.
    Cependant, que faire?
    Comment sortir de ce gouffre infernal?
    Espérons que ce portrait édifiant à saveur patriotique habilement peint par Mr Destin et de vigie citoyenne soit un catalyseur de changements et nous incite aux changements. Et, cela pour que chacun apporte sa brique en commançant par arrêter de syphoner le bien public. Il est temps qu'on comprenne que chacun a une brique à apporter à lavonstructikn de cettebâtisse et qu'il faut cesser de regarderson seul nombril mais

    ReplyDelete
    Replies
    1. Edith Comeau georgesMay 8, 2025 at 9:05 AM

      (Suite du commentaire inachevé précédent) Il est bien temps qu'on comprenne que chaque citoyen se doit de poser sa brique pour contribuer à la construction de la grande bâtisse. Et, qu'aussi, nous sommes l'Ètat et formons ce pays. Et, qu'au nom de notre responsabilité individuelle et citoyenne, nous avons une appartenance sociétale collective et des obligations qui s'y rattachent.
      Merci Mr Destin de contribuer au débat et de nous conscientiser au réveil citoyen. Puisse votre message nous galvaniser et resoner ici et, ailleurs.

      Edith C.G.

      Delete