Par Mérès Weche
Le ``kokoye``, c’est la plus grosse noix au monde. On l’appelle couramment ``noix de coco``, et le jus de coco, différent de l’eau de coco, est largement consommé dans le monde, en mode congelé.
Le cocotier: un palmier élégant réputé pour ses multiples usages est une plante tropicale. |
Connait-on chez nous les vertus de ``l’eau de coco``Ɂ En effet, selon des médecins et nutritionnistes, elle est riche en potassium et permet de lutter contre l’hypertension artérielle. Ils lui reconnaissent également des vertus curatives en matière de réduction du taux de cholestérol et de préservation de la santé cardiovasculaire. Pourtant chez nous, de telles valeurs n’empêchent que le ``kokoye`` ait parfois des qualificatifs peu flatteurs. Dans le domaine de l’esthétique, par exemple, il désigne les jambes peu ``alléchantes`` d’une femme, alors que son diminutif, le ``koko`` occupe une place de choix dans l’anatomie féminine, au point de faire tomber bien des hommes.
La noix de coco contient une eau sucrée et désaltérante, une source d'hydratation dans un environnement dépourvu d'eau douce. |
En dépit de toutes les joies qu'apporte le "kokoye" dans la vie haïtienne, il est si banalisé, après avoir consommé sa chair et son eau, au naturel et dans toutes les recettes, on ne paie pas cher de sa peau dans les tas de détritus à ciel ouvert un peu partout dans Port-au-Prince. Le célèbre conteur Maurice Sixto dans "Léa Kokoye" traduit avec éloquence tout le dédain que "kokoye" peut signifier dans la mentalité haïtienne. Les spécialistes du 'backchat" dans nos institutions publiques ont des critères pour se choisir une secrétaire; en plus d'une belle face et de belles fesses, il est indispensable qu'elle ait de belles jambes sans "kokoye". À quoi donc servent de tels membres, dits inférieurs par rapport aux bras, qui portent les doigts, indispensables au travail de la secrétaire.
Eh bien, dit un auteur `` Les jambes servent aux hommes à marcher, et aux femmes à faire leur chemin``. En Haïti, effectivement, pour qu’une jeune fille fasse ``son chemin`` dans l’administration publique, il ne faut pas qu’elle soit une ``Léa Kokoye``, telle que décrite par Maurice Sixto.
Pourtant, on aime tous le ``kokoye``, pour son eau et sa chair, mais il recèle tant d’images négatives dans notre inconscient collectif qu’il finit par symboliser dans nos mœurs Haïti même qu’on chérit et qu’on déteste tout à la fois.
Mérès Weche
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