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Tuesday, January 29, 2019

Venezuela : une présidence à deux têtes qui divise la communauté internationale

Juan Guaido salue ses partisans lors d'un rassemblement contre
 le gouvernement du président vénézuélien Nicolas Maduro, à 
Caracas, le 23 janvier 2019.                                                      
La crise politique vénézuélienne, où deux présidents se disputent désormais la légitimité du pouvoir, se propage au sein de la communauté internationale. Alors que la majorité des pays occidentaux, dont les États-Unis, le Canada et ceux de l'Union européenne (UE), ont rapidement reconnu le président autoproclamé Juan Guaido, d'autres pays, comme la Russie et la Chine, appuient le président en exercice Nicolas Maduro.

La crise a pris une tournure internationale mercredi lorsque le président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, Juan Guaido, s’est déclaré président par intérim du pays à la place du socialiste Nicolas Maduro devant des dizaines de milliers de ses partisans en liesse à Caracas.

Le politicien de 35 ans a ensuite disparu dans un lieu tenu secret, craignant une arrestation prochaine.

L'opposition considère que le mandat de Nicolas Maduro, qui dirige le pays depuis la mort d'Hugo Chavez, est illégitime, puisqu'il a été élu à la suite d'un scrutin boycotté par ses adversaires et jugé frauduleux par ces derniers.

C'est le seul moyen de sauver le pays de la dictature, a soutenu le leader de l'opposition Juan Guaido, défiant ainsi le président Maduro, dont la réélection est également contestée par la communauté internationale.

De son côté, le président Maduro a dénoncé mercredi un coup d’État de l’opposition et a appelé l'armée à maintenir « la discipline ». Il a aussi annoncé la rupture des relations diplomatiques avec les États-Unis et a ordonné à tous les diplomates américains de quitter le pays dans les 72 heures.

Accusant Washington d'inciter Juan Guaido à perpétrer ce putsch, il a précisé jeudi devant la Cour suprême que le Venezuela va fermer son ambassade et tous ses consulats aux États-Unis et rappeler tout le personnel diplomatique qui y était déployé.

Le vice-président américain Mike Pence a fait savoir plus tôt dans la journée que Washington n'a pas l'intention d'obtempérer à l'ordre d'expulsion des diplomates américains, puisqu'il ne reconnaît plus la légitimité de M. Maduro.

Dans une alerte de sécurité publiée en fin de journée sur un site du département d'État américain, les États-Unis ont cependant ordonné le départ du personnel « non essentiel » de leurs missions diplomatiques au Venezuela.

Les mises en garde de Pompeo

Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a mis en garde M. Maduro contre la tentation de recourir à la force pour réprimer l’opposition au cours d’une réunion extraordinaire de l’Organisation des États américains (OEA).

Il a prévenu le « régime illégitime » de Nicolas Maduro contre « toute décision d'utiliser la violence pour réprimer la transition démocratique pacifique », demandant aux forces de sécurité vénézuéliennes de « protéger » Juan Guaido.

« Le temps du débat est terminé. Le régime de l'ancien président Nicolas Maduro est illégitime. Son régime est en état de faillite morale, incompétent en matière économique et profondément corrompu et non démocratique. »

 Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo

M. Pompeo a également demandé à l’OEA de lui emboîter le pas en reconnaissant M. Guaido comme le président légitime du Venezuela.

De nombreux pays d’Amérique latine, dont les voisins du Venezuela, appuient eux aussi ouvertement le geste du président de l’Assemblée nationale Juan Guaido.

Le Brésil, la Colombie, l'Argentine, le Paraguay, le Pérou, le Chili, le Guatemala, le Costa Rica, le Honduras et le Panama réclament tous de nouvelles élections « dans les plus brefs délais, avec la participation de tous les acteurs politiques et avec les garanties et les normes internationales nécessaires à un processus démocratique ».

Ces 10 pays demandent également que soient garantis « le respect de la règle de droit, les droits fondamentaux de la population et la paix sociale ».

Tous ces pays sont membres, avec le Canada et le Mexique, du groupe de Lima, dont la prochaine rencontre aura lieu au Canada, a confirmé jeudi Affaires mondiales Canada.
Le Mexique, la Bolivie et Cuba ont exprimé leur soutien à Nicolas Maduro. Le ministre mexicain des Affaires étrangères a toutefois exhorté, ce matin, les deux parties à tenir des pourparlers afin d’éviter une escalade de la violence.

L'ambassade canadienne fermée
Le personnel diplomatique canadien demeure en place pour le moment à Caracas, mais l’ambassade est fermée pour la journée. Les conditions de sécurité sont continuellement réévaluées afin de décider d’une éventuelle réouverture.

Contrairement au personnel diplomatique américain, dont le président Maduro a réclamé le départ hier, les diplomates canadiens ont été épargnés par les mesures de représailles du gouvernement vénézuélien.

Des créanciers inquiets
Nicolas Maduro en costume cravate fait un signe de paix avec sa main droite. Il arbore un dossard aux couleurs du drapeau vénézuélien: le jaune, le bleu et le rouge.
Nicolas Maduro lors de la cérémonie d’investiture de son
deuxième mandat le 10 janvier dernier à Caracas.               
Moscou et Pékin – les deux premiers créanciers du Venezuela, ravagé par une crise économique qui a conduit le pays au seuil de la faillite – ont prévenu les pays occidentaux que le président Nicolas Maduro demeurait, à leurs yeux, le président légitime du pays.

La Russie dénonce « l'usurpation de pouvoir » de l’opposition et « l'ingérence étrangère » au Venezuela.

Le Kremlin prévient les États-Unis qu’une intervention militaire – que le président américain n’a pas exclue dans l’éventualité où le président Maduro écraserait la contestation par la force – serait « très dangereuse ».

C'est une voie directe vers l'arbitraire et le bain de sang.

 Le ministère russe des Affaires étrangères

« Nous appelons les hommes politiques vénézuéliens sains d'esprit, opposés au gouvernement légitime de Nicolas Maduro, à ne pas devenir les pions d'une partie d'échecs étrangère », poursuit le communiqué du ministère russe des Affaires étrangères.

De son côté, Pékin appuie implicitement le président Maduro en se déclarant hostile à toute ingérence étrangère dans les affaires du Venezuela. La Chine affirme également soutenir les efforts de Caracas pour préserver son indépendance et sa stabilité.

L’ONU appelle au dialogue
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, appelle les Vénézuéliens au « dialogue » afin d’éviter un « désastre », en marge du Forum économique mondial de Davos.
« Nous espérons que le dialogue sera possible pour éviter une escalade menant à un conflit qui serait un désastre pour la population du pays et pour la région », a dit M. Guterres au cours d'une entrevue diffusée via Facebook.

« Des gouvernements souverains ont la possibilité de décider ce qu'ils veulent sur la question de la légitimité entre les deux présidents vénézuéliens », a dit le chef de l'ONU.

La mission diplomatique des États-Unis à l'ONU a officiellement demandé au Conseil de sécurité de tenir une réunion d'urgence samedi afin de « discuter de la crise en cours au Venezuela »

Washington doit obtenir l'approbation de 9 des 15 membres du Conseil pour que cette rencontre se concrétise.

Le chef de l'armée derrière Maduro
Le ministre vénézuélien de la Défense Vladimir Padrino Lopez
 a réaffirmé la loyauté de l'armée envers le président Nicolas 
Maduro.                                                                                   
La déclaration télévisée du ministre Padrino Lopez, jeudi, constitue une démonstration de soutien militaire à Maduro face à la reconnaissance internationale obtenue par son opposant, Juan Guaido.

M. Padrino Lopez a déclaré que d’obscurs intérêts travaillent en marge de la constitution vénézuélienne, enhardissant ainsi la montée de l'opposition. Il ajoute que ses soldats seraient indignes de leur uniforme s'ils ne défendaient pas la Constitution. Un groupe de 27 militaires s'est brièvement soulevé lundi dans une caserne située au nord de Caracas, en lançant des appels à l'insurrection. Ils ont été arrêtés.

Présidence à deux têtes
L'autoproclamation de M. Guaido, élu président de l'Assemblée nationale vénézuélienne au début du mois de janvier, était écrite dans le ciel.

Au lendemain de l'assermentation de Nicolas Maduro pour un second mandat de six ans, il avait dit être prêt à remplacer M. Maduro à titre de président du pays, ouvrant la voie à une nouvelle confrontation entre le pouvoir et l'opposition. Il avait été brièvement détenudeux jours plus tard.

M. Guaido avait toutefois prévenu qu'il lui fallait obtenir l'appui du peuple vénézuélien, de l'armée et de la communauté internationale pour réussir.

Composée de fidèles du président Maduro, la Cour suprême du Venezuela a ordonné une enquête pénale contre les membres de l'Assemblée nationale, en les accusant d'usurper les prérogatives du président vénézuélien. Dominée par l’opposition, elle a été dépouillée de tous ses pouvoirs par une Assemblée constituante contrôlée par des partisans du président Maduro, élu à l’été 2017 au terme d’un vote discrédité.

Le Venezuela est aujourd'hui un pays exsangue que ses citoyens fuient par centaines de milliers, en raison de la situation politique, mais aussi des conditions économiques désastreuses, marquées par des pénuries de produits de base.

Cette spirale a été accélérée par l'effondrement des cours du pétrole, qui compte pour 95 % des revenus du pays.

Selon le Fonds monétaire international, le PIB du Venezuela a chuté de 18 % l'an dernier et l'inflation atteindra 10 000 000 % en 2019.

Sources combinées : avec les informations de  Radio Canada, Agence France-Presse, Reuters et Associated Press

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