Roseline P. Laroche |
Max Dorismond pour HCC
Pour répondre à l'exposé de Madame
Laroche…
par Charles Dupuy
Pour répondre à l'exposé que Madame
Laroche a fait paraître à l'occasion du cinquantième anniversaire de
l'exécution des dix-neuf officiers, un exposé dans lequel Madame
Laroche s'attaque sans détours à ma
crédibilité d'historien, je publie ici les précisions que j'ai fait
paraître dans le cinquième tome de mon livre, Le Coin de l'Histoire, (page 44) paru en 2013.
«Pour paraphraser Talleyrand, nous
dirons qu'en «histoire ce qui est cru est plus important que ce qui est vrai».
Rien ne peut mieux illustrer ce principe que le rôle que j'ai fait jouer à
Madame Laroche dans la triste affaire des dix-neuf officiers exécutés par
François Duvalier. Selon mon exposé des événements, Madame Laroche serait allée
trouver Duvalier au sujet d'une liste d'officiers sur laquelle figurait le nom
de son mari. Habilement questionnée par le président, celui-ci aurait découvert
l'auteur de l'indiscrétion, le capitaine Serge Hilaire, à qui il demandera le
lendemain de taper lui-même son nom sur la liste des condamnés, faisant de lui
le dix-neuvième officier à mourir. Ce que je rapporte est largement confirmé
par le général Prosper Avril qui, dans le troisième tome de son livre Vérités
et révélations, nous apprend que le capitaine Serge Hilaire, après avoir
reçu à son bureau du Grand Quartier général la liste des officiers à
transférer, «eut la malencontreuse idée d'appeler le colonel Dominique pour le
mettre au courant du fait et lui demander d'intervenir en faveur du lieutenant
Joseph Laroche, son cousin de la Vallée de Jacmel […] Le capitaine
Hilaire avertit aussi la famille Laroche qui, immédiatement, entreprit les
démarches en vue de “faire annuler“ ce transfert dont elle ne soupçonnait pas
la gravité».
J'ai eu la chance assez inouïe
de croiser sur mon chemin Madame Joseph Laroche. Madame Laroche, née Roseline
Philanthrope, m'a certifié que jamais elle n'est intervenue auprès de François
Duvalier pour lui parler ni de cette liste ni d'aucune autre. Si Duvalier a été
mis au courant de l'affaire et si le capitaine Hilaire a été condamné à mort,
je n'y suis absolument pour rien, m'a-t-elle affirmé. Jeune mariée de 24 ans, elle
avait suivi son mari à Hinche dans la plus complète insouciance. Le Lieutenant Laroche
bénéficiait de toute la confiance du président, le couple n'avait aucune raison
de s'inquiéter du lendemain et encore moins à craindre une improbable disgrâce.
Comme on le sait, le lieutenant Laroche fut arrêté, jugé et condamné mort
par une cour martiale aux casernes Dessalines. Le 8 juin 1967, avec dix-huit de
ses frères d'armes, il fut attaché à un poteau d'exécution au
Fort-Dimanche. Le lieutenant Joseph Laroche devait succomber à une défaillance
cardiaque, quelques instants avant la fusillade.»
À Madame Laroche qui m'a laissé la
plus agréable impression lors de notre brève rencontre, je renouvelle ici mes
plus respectueux hommages. Je ne lui garderai pas rancune malgré les mots
déplaisants qu'elle a eu à mon endroit. Je préfère les mettre au compte de son
immense douleur, une douleur que la dictature duvaliériste a planté dans nos
cœurs et que rien ne saurait apaiser.
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