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Thursday, February 1, 2024

Quand l’ignorance et l’avidité alimentent l’inconscience

Une église de Mexico où l'esplanade sert de dortoirs pour les migrants d'origine haïtienne en 2023


Par Max Dorismond 

À regarder le tableau de nos congénères en fuite, allongés sur le plancher des vaches à l’aéroport de Boston, ou sous des tentes en pleine rue de Mexico, dans le froid hivernal, on bouillonne de rage. On se voit déjà justiciers, secourant la veuve et l’orphelin, luttant à mains nues contre les cancrelats au timon des affaires, qui font trotter, pieds nus, leurs propres frères, sur les braises de l’enfer. 

Comment en sommes-nous arrivés à cette insoutenable déchéance?

De nos jours, le pouvoir en Haïti n’établit aucune frontière entre l’idiot et le cancre. N’importe qui peut se métamorphoser président, premier ministre, ministre, directeur, député, sénateur, ambassadeur, amenez-en! Pour y parvenir, un faux diplôme obtenu pour 200,00$ d’une université sans adresse : Maître Zabel1 est déjà au nirvana. Sans épaulettes, l’analphabète doit s’offrir du panache dans la distorsion du réel! 

Le clan parvient au timon des affaires. Les Bêchons Joyeux ont la part belle de disposer de la manne à titre de propriété privée, avec le droit d’user et d’abuser. La nation sera dépecée en chantant : «Le temps béni est arrivé. C’est à notre tour de nous parler d’amour». La jeunesse oisive et désœuvrée s’est laissée embobiner sans détour en créant des gangs. Elle a reçu en récompense des Kalachnikovs et d’autres armes létales, comme à l’époque de Papa Doc, pour perpétuer l’instabilité et garantir, dans la déchéance, la permanence de cette présidence accidentelle tombée du ciel. 

Dans la réalité, ces gangs ont royalement manœuvré, en expert, selon la commande des bénéficiaires. La gêne, la disgrâce, la faim, le kidnapping et la mort… tout le vocabulaire de la déshumanisation habille le décor, et la fuite vers une autre terre d’accueil s’impose pour le peuple qui doit sauver sa peau et celle de ses proches. 

L’International sourit en soupirant d’aise, car une main-d’œuvre, servile et corvéable à souhait, arrive tambour battant à sa frontière, pour s’occuper des tâches les plus ingrates que ses propres ressortissants ne daignent accepter. 

Un segment des migrants haïtiens au Mexique 

Ces migrants malgré eux, sont désirés secrètement quoi qu’en disent les statistiques alarmantes ou les politicards hypocrites paniqués face à leur nombre. Pour que le pays d’accueil maintienne le niveau de vie de ses concitoyens, ils seront très utiles en suppléance dans la cueillette des fruits, la récolte de la salade, dans le nettoyage des chiottes, etc, pour un salaire de misère. 

Les cancrelats au pouvoir se congratulent «d’avoir servi le blanc depuis plus de 25 ans» et la tradition continue. Un tweet viendra toujours désigner le suivant! Toutefois, à voir la liste des sanctionnés, nous avons la preuve que le colon ne récompense presque plus l’obéissance et la servilité. 

Cependant, quoiqu’il advienne, ces pauvres hères arrivent au pire moment, les mains nues et sans expérience transférable, au temps où l’Intelligence Artificielle (IA) frappe à nos portes avec insistance. Sur la liste, beaucoup de jobs valorisants sont déjà effectués ou accaparés par l’IA. Les vendeurs de chez Macdonald, par exemple, les caissières des grandes chaînes de magasins, n’existent plus ou sont sur leur dernier mille. Par ailleurs, la banque d’investissement Goldman Sach estime déjà à 300 millions le nombre d’emplois dans le monde que des systèmes d’Intelligence Artificielle seraient susceptibles de remplacer. Soit environ un quart de l’activité mondiale2. De quoi hériteront ces nouveaux venus, sinon les pires boulots? 

Des migrants haïtiens dorment à même le sol dans un aéroport aux USA

Forcés de s’expatrier, seront-ils les nouveaux juifs errants de la modernité? Sans jugement, messieurs les gouvernants, vous êtes aveuglés par les flammes rougeâtres du pouvoir absolu et des pièces sonnantes et trébuchantes. Vous avez perdu toute notion de charité, tout sens de l’honneur en forçant vos semblables à l’exil. 

Finalement, le pillage, sans sourciller, sans commune mesure, de votre propre pays, pour aller briser les plafonds de verre chez l’étranger, ne vous conférera aucune immunité. Selon un classement de Transparency International, de 2018, sur la perception de la corruption, «Haïti est imbattable3». Elle est la championne incontestée dans ce domaine. 

Par conséquent, lorsque le pays hôte regarde, ébahi, l’étalage des déchets de votre race, traînant sa natte sur ses boulevards, dans ses aéroports, dans ses trous à rats, il ne sera nullement surpris de votre providentielle richesse. À l’instar desPéteurs de tête, continuez de vous bercer d’illusions!

L’hôte ne verra en vous, ni plus ni moins, que des macaques confus qui se sont trompés de la couleur de leur ombre! On a tous le droit d’être cons, néanmoins, certains abusent sans vergogne de ce privilège. 

Max Dorismond


 


-NOTE- 

1 – Maître Zabel, alias Zabelbock, avocat débonnaire dans le théâtre de Maurice Sixto «Ti Saintanise»

2 – Src: BFMTech & Co.

3 – Journal La Presse de Montréal du 31 janvier 2024

7 comments:

  1. Bonjour Max. Après avoir lu votre article, j'en déduis, qu'on nait con soit par appartenance génétique ou on le devient à force de côtoyer des cons. Je suis en plein exercice de "dé conisation" car je viens d'Haïti, le pays des cons par excellence. Si un Haïtien est prêt à travailler dans les champs au Mexique ou au Canada, mon raisonnement est simple : il aurait pu le faire chez lui en restant sur sa terre natale et y vivre avec fierté. Qui profite de cette instabilité présentement? Ariel et ses compagnons engagés par quelques compromettants puissants pour anéantir Haïti. Triste, très triste.

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  2. “Ô rage! Ô désespoir!“. En vérité, je vous le dis, si l'Occident boude une révolution pacifique, elle risque d'être pire que 1803. Si nos "pays amis" ne comprennent pas que nous cherchons à éviter un bain de sang, alors nous comprendrons que c'est leur désir le plus profond, à des fins inavouées.
    Oui cher Max, avec la prise de conscience des pays de l'Amérique Centrale, principaux pourvoyeurs de main-d'oeuvres à bon marché pour leur agriculture, les pays du Nord ont urgemment besoin de nos bras, c'est à cette fin qu'ils ont recruté tant de "commandeurs" dans nos seins pour exécuter le sale boulot, dans ce jeu macabre du "voye woch, kache men". Et puis, il y a nos ressources. Donc vive les pleutres au pouvoir pour signer des contrats "légaux".
    La solution? Mais c'est nous, Max. Il faut sortir en masse dans les rues aussi longtemps qu'il le faudra pour crier ce qu'on ne veut plus, et surtout ce qu'on veut, pour forcer le changement.
    Ne sommes-nous pas écoeurés de voir nos compatriotes de La Saline vivoter dans les marécages puantes?
    Max, celles et ceux qui ont adhéré et qui assurent le leadership du mouvement révolutionnaire, doivent maintenant présenter un Manifeste au pays et au monde entier pour montrer clairement leur couleur, avant qu'on les taxe malicieusement de terroristes ou encore de gangs.

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  3. Mon cher Max,
    Il me faut te remercier de m'avoir élucidé sur un sujet aussi deshumanisant. Du temps de la colonie, les esclaves furent les bêtes de somme, le betail, les bestiaux du colon, qui travaillaient jusqu'à la mort, ou le suicide, éreintés du travail excessif. L'esclavage une fois aboli, a été remplacé par la servitude quand les grandes puissances coloniales sont devenues les grandes puissances impériales et ont créé le Tiers Monde pour instituer le nouvel ordre esclavagiste. La Civilisation n'est autre qu'une violente institution qui avec avidité et corruption continue à dénaturer et deshumaniser la race humaine. Le crime contre l'Humanité est quotidient!
    JB

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  4. Mais Max, il y a lontemps que nous sommes "des juifs errants de la modernité." Le passage de F. Duvalier n'a fait qu'accélérer ce processus. C'est à cette dictature que nous devons notre déchéance. Comment remonter cette côte toujours glissante ? Est là toute la question.
    J'ai beaucoup aimé ton texte.
    Amitiés,
    JRM

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  5. Poignant, ton article Max. Les juifs ont été chassés de leur pays et forcés à une errance de deux mille ans par une armée d'occupation, mais nous, nous le sommes par nos propres dirigeants à la solde de leurs ancien maîtres, et c'est ce qui fait très mal!
    Ta plume est toujours alerte. Je t'en félicite comme d'habitude.
    Bernard Thomas

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  6. Les enfants de Cain sont plus nombreux que les enfants d'Abel. Surtout en Haiti. La jalousie est la mere de toutes les vices, Rigaux contre Toussaint, Petion contre Dessalines et Christophe et ainsi de suite. Magloire contre Jumelle nous a donne Duvalier ce dernier a emplifie nos maux pour considerer les richesses de l'Etat, notre richesse comme les leurs. Cette culture s'elargit avec Martelly, elle a pris une vitesse exponential avec Jovenel Moise qui a accapare les terres de l'Etat comme les siens. Pour sortir de cet etaux nous devons batir un nouvel Etat en embrigadant les tous jeunes dans une sorte d'armee pour reformer leurs tetes en de bon citoyen qui ne detruit plus notre environnement parce ce que ils peuvent le faire sans sanction.

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  7. Bonjour Max,
    Ô rage ! Ô désespoir ! Cela fait longtemps Max que nous sommes des juifs errants éparpillés sur toute la planète ! Voyons cher ami ! D'ailleurs depuis quelques années, il y a un groupe d'haïtiens, des afros-descendants aux U.S.A. de la Jamaïque, de Ste Lucie qui ont un narratif et prônent des documents à l'appui, qu'ils sont les vrais juifs. Ils crient haut et fort que ceux qui sont en Israël sont des faux. Les vidéos avec des versets bibliques, à l'appui, pullulent sur le net. De plus, il y a plusieurs théories. La différence aujourd'hui, c'est qu'avec les réseaux sociaux, n'importe qui avec un téléphone cellulaire peut capter les images et en les partageant d'une façon virale, peut nous faire vivre live n'importe quelle scène de désolation, de violence, d'injustice ou autre. Voilà !
    On devrait pleurer en lisant ton article, mais avec tes touches d'humour, J'ai ri aux éclats à plusieurs reprises. Je ne savais pas que c'était un privilège d'être con ! Une université sans adresse !!!!
    Continue à nous entretenir, nous conscientiser et à dénoncer cette descente aux enfers dans un abîme sans fond. Bon courage !
    Gabrielle

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