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Saturday, February 23, 2019

Et si Haïti avait inspiré pitié aux mercenaires!


Par Max Dorismond

Ces visages que cache la crise en Haïti...
Photo (Radio Canada)
 Ce n’est pas la première fois, que, ce peuple damné de la terre, ces Nègres d’Haïti, trouvent dans le cœur de certains hommes qui ont une âme, une sorte d’empathie pour s’associer à eux et partager leur cause, en faisant fi du contrat signé avec le prédateur. Souvenons-nous des Polonais et de quelques Italiens ou Allemands, débarqués avec Bonaparte pour mater la révolte des plus mal pris qu’eux.
           
L’histoire est remplie de ces exemples où le bourreau retrouve soudainement son humanité face à la pauvre et innocente victime, condamnée pour avoir osé dire: «Basta».
           
Ces gens vivent déjà en enfer, pourquoi les tuer 2
fois ?                                                                                     
Dans la conjoncture présente, on spécule, on gargarise sur le cas de ces bizarres de mercenaires, ces extraterrestres tombés du ciel. Même les contractants soutiennent que c’était eux la cible. On se perd en conjectures. Des insignifiants qui sont plus à blâmer qu’à féliciter n’hésitent pas à ajouter leurs noms dans la liste des gens à abattre. Tous essaient de se donner de l’importance, afin de se positionner sur l’échiquier, en cas de vacances présidentielles. Leur cible, n’est pas nécessairement le pouvoir, ni le bien-être de leurs frères, mais précisément la caisse mirobolante avec ses espèces sonnantes et trébuchantes.
           
Dans ma réflexion, je me mets dans la peau des mercenaires. Ils arrivent dans le pays et leurs premiers regards croisent les yeux d’éléments faméliques, prêts à vendre leur corps et ce pour quelques piécettes. Décharnés, désossés, la bouche muette, de jeunes enfants, des fillettes qui tendent la main, espérant obtenir de l’étranger nouvellement débarqué, une menue monnaie. Après quelques pas, autour d’eux, l’amoncellement de détritus dégageant une odeur pestilentielle et la cohorte de mouches, viennent troubler la vue et la respiration de ces visiteurs impromptus. Les  maisonnettes bancales, les tentes en toile qui protègent des familles contre le soleil et non la pluie, les enfants décharnés au ventre enflé et les cheveux roux dénotent une carence de vitamine. Une cargaison de porcs se délecte dans cette masse putride de déchets à la recherche de quelques malpropretés pour assouvir une intenable faim. C’est une vision de l’enfer sur terre.
           
Les clients font la queue devant un magasin de propane à
la faveur d'une accalmie.                                                           
À chaque pas dans la ville, la conscience des étrangers rentre en conflit avec leurs propres valeurs. Même si ce  sont des machines dressées pour tuer, même s’ils en ont l’habitude, ils viennent de découvrir, pour une fois, qu’ils sont aussi des êtres humains. Les slogans des jeunes manifestants, la plupart encore adolescents, qui crient leur famine, leur exploitation sans nom, la violence sauvage des prédateurs, le vol sans équivalence dans le monde de l’argent de Petro Caribe, ne font pas d’eux, des révolutionnaires, des socialistes, comme certains prétendent.
           
À la rencontre de ce peuple bon enfant qui manifeste en chantant leur cause, sans assassiner les riches exploiteurs qui les ont réduits à l’état de mendiants, de sous-hommes, de moins que rien, les mercenaires ont préféré jouer la comédie en se présentant à la banque Nationale un dimanche, pour éveiller les soupçons et se faire arrêter comme des bambins. Une façon de réclamer la cagnotte promise sans livrer la marchandise. Yo pa égaré!
           
La police nationale ne possède que des tire-pois. Elle n’a aucune gloriole à tirer de cet évènement.  À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Devant la quantité d’armes remises par ces contractants, les petits poliçons de chez-nous n’étaient pas en mesure d’y faire face. Devant la bande à Arnel, qui baladait avec leurs armes depuis la région de Grand-Ravine (Martissant), son fief,  jusqu’à Pétion-Ville, ces gendarmes n’avaient joué que le rôle de figurants, se cachant derrière les maisonnettes pour se soustraire de la vue du maître du sérail, en promenade. Quelle serait leur attitude devant l’arsenal de ces étrangers qui savaient d’avance qu’ils arrivaient en terrains conquis pour une balade tropicale sous les étoiles?

Heureusement, leur cœur de père a eu le dessus et a tranché à la vue d’une  jeunesse affamée, délaissée, abandonnée, qui manifeste pour réclamer un peu de compassion, parce qu’ils en ont marre de souffrir, de fuir pour se métamorphoser en esclaves au Chili ou aux États.

Donc, comme les Polonais, Ces mercenaires ont préféré déchirer le contrat et ne pas perpétrer ce crime qui les aurait marqués au fer rouge, la vie durant. Ils ont connu l’Irak, l’Afghanistan et autres, face à des combattants décidés qui ne font jamais de cadeau. Demandez aux Français, aux Russes et aux Américains. Ils vous donneront des nouvelles.

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Mais cette fois, ce sont de pauvres innocents, des enfants exploités qui ne réclament rien, qu’un peu de mieux être. Ils ne méritent pas la mort. Devant cette île surpeuplée avec ces rues toujours congestionnées, si ces jeunes devraient se comporter comme les kamikazes du Moyen-Orient, le carnage serait quotidien. Il n’y aurait pas assez de bras pour ramasser les cadavres.

Non! Ces pauvres ne méritent pas de telle condamnation. Ils ne méritent pas le titre de terroristes aveugles. Ils ne doivent pas mourir avec une balle à la tête. Ils méritent de vivre. On s’est trompé de condamnés.

Or, telle que j’envisage la fin de cette comédie, si les mercenaires étaient accusés aux États-Unis pour cette histoire, je doute qu’ils ne brandissent à titre de défense, cette notion de grandeur d’âme pour avoir trahi par humanité les commanditaires du crime avorté, ils gagneraient le procès haut la main. Et s’ils se mettent à table pour détailler les « causés », le monde entier pourrait entonner en chœur avec Trump, le refrain que nous connaissons tous : « Haïti est vraiment un pays de … »

Max Dorismond

2 comments:

  1. Citation de Blaise Pascal:" l'homme n'est ni ange ni bête et le MALHEUR veut que qui veut faire l'ange fait la bête "
    Dans ce texte Max Dorismond avait démontré avec brio justement le contraire. À savoir :"l'homme n'est ni bête ni ange et le BONHEUR veut que qui veut faire la bête fait l'ange
    Pierre Jacques Ferdinand

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  2. Réflexion très percutante monsieur Max. Chapeau !

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