Jean L. Théagène |
Parce que
nous vivons des moments de douleur et de nostalgie en même temps de confiance
et d’espérance et qui font de chaque jour, de chaque nuit, un combat : aux
amis Bob Mondé, Yves Gouthier, et à la grande famille de Péguy-ville, Père Jastram,
Ti Eric, Ti René, Loiseau, Ti Kitt, Ti Pierre, Me Bo, Lélio, Claude,
Jude, Fanfan, Jacky, Jn Jacques, Ti Jean, Pachuco, Gérald, Guy, Loupé,
Dominique, Hervé, Jr Boulos, Pierrot, Chérubin, Azémar, Miriam, Mitty,
Cassandre, Chic Poulet, Slim, Michel, Roosevelt, ce texte est dédié.
Qu’ils sachent, que par-delà les kilomètres de mer qui nous séparent, je reste
ouvert à la vie avec un lien plus fort que la présence !
14 Juillet 1789 - Prise de la Bastille |
En faisant du 14 Juillet, date de la
prise de La Bastille, de l’éruption par le bas peuple d’une prison séculaire,
le jour le plus important de son calendrier, La France, a voulu, sans nul
doute, signifier au monde l’attachement irréversible de son destin à la cause
de la Liberté. Terre de Gaulois frondeurs et fonceurs qui n’hésitèrent pas
à bousculer les lignes romaines dans l’étau des guerres d’expansion, Patrie de
Vercingétorix, des Mérovingiens, des Carolingiens, de Ferdinand de Lesseps, de
Louis Pasteur, de Napoléon Bonaparte, La France ne serait pas La France si elle
n’avait ajouté à son palmarès ce nettoyage à grandes eaux des écuries
crasseuses de son histoire. En effet, en ce matin de 14 Juillet, Paris en
ébullition et en flamme ébranla l’édifice multiséculaire de l’absolutisme royal
en lui opposant la force montante des députés du tiers. Réunis d’abord en
Assemblée Nationale ensuite en Constituante, ces Parlementaires, fatigués des
excès de la noblesse et des fastes de la Couronne finirent par imposer leurs
vues aux responsables politiques de l’époque. Expression de la colère soulevée
par les frustrations de toutes sortes, la prise de la Bastille, forteresse
construite à Paris, porte Saint Antoine qui, de Citadelle militaire était
devenue prison d’État, marquait la rupture brutale avec les symboles de
l’arbitraire royal. Un mauvais sort était fait aux tabous. Désormais, et ceci
pour au moins cinq ans, la Révolution Française s’installait dans le règne de
la Terreur et se consolidait au fil d’un émondage par le haut qui n’épargna
aucune branche, fût-elle la mieux placée. Louis XVI et Maximilien de
Robespierre en savent long sur les aléas du pouvoir temporal.
Mais à côté des turpitudes historiques
qu’il charriait, du sang impur qu’il drainait dans la sordidité de ses
esclandres, le 14 Juillet était aussi porteur d’espoirs et dispensateur de
rêves de félicités. Et si les monarchies Européennes ont pris ombrage de la
révolution Française, c’est simplement parce qu’elles voulaient éteindre toute
velléité de sympathie de leurs populations endormies vis-à-vis de ce mouvement
dangereusement contagieux. Quoi qu’il en soit, l’Histoire aura retenu qu’à
partir des idées généreuses exaltées par la Révolution de 1789, le vent de la
décolonisation avait commencé à souffler pour cette puissance qui,
paradoxalement, s’attachait aux privilèges de son expansionnisme hégémonique.
Malheureusement, pour les adeptes de « deux poids, deux
mesures » si l’on peut jauger la matière, on n’arrive jamais à comprimer
la pensée ou à emprisonner les idées dans un bocal d’illusions. Les échos de 89
ont ainsi traversé les océans, vaincu les distances énormes, porté la race
exploitée en sous-humanité à décoder magistralement le Message du 14 Juillet.
Un exercice pratique de fondation
d’institutions politiques commença donc dès l’ouverture des hostilités. Les
États Généraux et l’Assemblée Constituante peuvent être considérés comme les
premiers moments de la Révolution. L’Assemblée Législative vit la confirmation
officieuse de la fin de la Royauté en France. La Convention nationale proclame
la République le 22 Septembre 1792 et vit l’exécution de Louis XVI aussi bien
que la décapitation de Robespierre. Le Directoire ressuscite le fantôme de
Bonaparte dont le début du Consulat marque la fin de la Révolution.
Entre temps, les idées faisaient leur
chemin. Emanées de la France, elles en traversèrent les frontières, écumèrent
les océans, essaimèrent sur les rivages de lointaines colonies. Avec les
résignés de l’esclavage, le choc fut si brutal et l’impact si profond que telle
la pierre philosophale, ils transformèrent les sous-hommes en hommes, les
hommes en guerriers, les guerriers en demi-dieux. La Révolution Française
devint donc une marchandise exportable et de fait, elle s’exporta à travers
l’Amérique, la Caraïbe, le Monde, secouant les torpeurs du fatalisme et
exorcisant les démons. du renoncement.
Si nous avons dû nous insurger contre
elle, lorsque des forces réactionnaires, prétendant agir en son nom, tentèrent
de nous replonger dans l’état d’ignominie duquel notre Révolution, fille de la
Révolution Française, nous avait à jamais arrachée, si notre traitement
sanglant de la population civile française répondit de façon sinistre à
l’innommable barbarie des soldats de Rochambeau, jamais Haïti n’a voulu rompre
de façon totale les liens qui l’unissaient à La France. L’acte même de notre
indépendance, malgré le rejet solennel de La France, qui s’y proclame, cet acte
capital n’implique-t-il pas, de par sa rédaction en français, la reconnaissance
tacite d’une filiation naturelle que les horreurs de la guerre ne pourront
point anéantir.
Si Haïti a dû par la suite accepter le
paiement d’une liberté acquise par le sang sous la forme d’une dette
d’indépendance qui a pesé de tout son poids sur l’avenir de la jeune nation, on
oublie que La France qui nous imposa ce terrible marché ployait elle-même sous
le joug de l’un des régimes dictatoriaux les plus impitoyables de son
histoire : le règne de Charles X. Entre temps, Victor Hugo rééditait son
Bug-Jar gal. Bientôt, Alphonse de Lamartine ressuscitait Toussaint Louverture
au théâtre de la cour de Louis-Philippe et le turbulent auteur de Rola
évoquait par son héros Byronien l’épopée des héros noirs de la
Liberté : « Nègres de St Domingue, après combien
d’années … »
De notre côté, la France
s’enorgueillissait du titre français d’un de nos héros de guerre et de
deux de nos plus célèbres écrivains. Autant dire qu’entre elle et
nous, les liens ne se sont, jamais vraiment, relâchés. Au demeurant, le 14
Juillet aura fait de La France éternelle et frondeuse le terreau idéal pour la
croissance et l’évolution des talents qui, en désespoir de cause, ne craignent
pas d’affronter les deux extrêmes pour doter le monde d’un nouvel équilibre à
la mesure des aspirations de tous : Pays développés, et en voie de
développement. En ce jour du 14 Juillet qui commémore à la fois la fête d’un
pays frère et la chute d’un bastion de l’oppression et de la tyrannie, nous
présentons aux Français dont le mondialisme éclairé participe du réveil
conjoncturel des patriotismes conscients de la nécessité d’adopter les nouveaux
concepts d’interdépendance, de non-ingérence, et surtout de solidarité
simplement humaine, nos vœux sincères de bonheur et de prospérité continus.
Jean L. Théagène jeanlt212@yahoo.com
Président de l'UNDH
(Union Nationale des Démocrates Haïtiens)
Tel: 786-234-5905
C’est le Dr. J.C. Dorsainvil qui faisait remarquer que l’idée d’Indépendance avait été imaginée et réalisée par les hommes les moins instruits de ce temps ; la civilisation française avait tellement fasciné les autres qu’ils lui sont restés aveuglement fidèles, et n’ont rien compris à la grande révolution haïtienne. Ajoutons que jusqu’à aujourd’hui cet état de choses continue après plus de deux siècles de vie nationale, les haïtiens les plus instruits étant généralement ceux qui ont le moins de foi dans l’avenir de leur patrie.
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