Une nouvelle page de l'histoire d'Israël s'est tournée dimanche avec la fin de 12 ans de règne ininterrompu du premier ministre Benyamin Nétanyahou, écarté par un vote de confiance du Parlement à une coalition hétéroclite menée par son ancien allié Naftali Bennett.
Ce changement à la tête du gouvernement est entré en
vigueur dès la fin du vote historique : 60 députés ont voté pour la
nouvelle coalition, qui va de la droite à la gauche, en passant par l'appui
d'un parti arabe, et 59, principalement du parti Likoud de
M. Nétanyahou, de l'extrême droite et des partis ultra-orthodoxes, s'y
sont opposés.
Et dès l'annonce du résultat, des Israéliens ont
célébré dans les rues de Tel-Aviv et Jérusalem, théâtres de manifestations
anti-Nétanyahou pendant un an.
Le gouvernement travaillera pour l'ensemble de
la population israélienne, y compris la minorité arabe, mais aussi les juifs
ultra-orthodoxes qui n'ont aucun élu dans cette coalition, a déclaré au
Parlement M. Bennett, chahuté par ses adversaires politiques dont
plusieurs ont été expulsés de l'assemblée plénière.
Je comprends que ce ne soit pas un jour facile pour beaucoup aujourd'hui, mais ce n'est pas un jour de deuil, c'est un jour de changement, de changement de régime dans une démocratie.
“Je promets que ce gouvernement travaillera pour
l'ensemble du pays, personne ne doit en avoir peur,” a encore assuré
M. Bennett.
Aux dernières législatives de mars, le Likoud a terminé
en position de tête, mais M. Nétanyahou n'a toutefois pas réussi à rallier
une majorité de 61 députés nécessaire pour former un gouvernement.
Félicitations américaines et canadiennes
Le président américain Joe Biden a félicité dimanche le
nouveau premier ministre.
“Au nom du peuple américain, je félicite le premier
ministre Naftali Bennett, le premier ministre par alternance et ministre des
Affaires étrangères Yair Lapid et tous les membres du nouveau gouvernement
israélien”, a dit M. Biden dans un communiqué, en disant avoir hâte
de travailler avec M. Bennett pour renforcer tous les aspects de
la longue et étroite relation entre nos deux pays.
De son côté, lui aussi par voie de communiqué, le
premier ministre canadien, Justin Trudeau, a rappelé que le Canada et
Israël “sont des amis proches qui partagent des valeurs démocratiques,
un long historique de coopération, et des liens très étroits”.
Le chef libéral dit avoir hâte de travailler avec le
nouveau gouvernement, notamment dans la foulée de la pandémie de COVID-19.
Succès de la coalition anti-Nétanyahou
Devant l'impasse, le président Reuven Rivlin a demandé
au chef alors de l'opposition Yaïr Lapid, de tenter sa chance.
Et ce dernier a réussi in extremis début juin
à réunir une majorité en formant une coalition ralliant deux partis de gauche,
deux de centre, trois de droite et – fait rarissime – la formation
arabe Raam de Mansour Abbas. Le soutien de Mansour Abbas et de Naftali Bennett
a été essentiel pour atteindre le seuil de la majorité.
Et pour s'assurer du soutien de M. Bennett, Yaïr
Lapid lui a proposé d'être le premier premier ministre, pour deux ans, avant
d'enfiler lui-même en août 2023 le costume de chef de gouvernement. Si,
bien sûr, cette coalition hétéroclite fragile parvient à rester au pouvoir
jusque-là.
Rétrogradé au poste de chef de l'opposition, Benyamin
Nétanyahou a averti lui qu'il attaquerait le gouvernement dans l'espoir de revenir
au pouvoir rapidement, malgré ses 71 ans et son procès pour corruption,
malversation et abus de pouvoir dans une série d'affaires.
Si c'est notre destin d'être dans l'opposition, nous le ferons la tête haute, nous allons faire tomber ce mauvais gouvernement et nous serons de retour pour diriger le pays à notre manière [...] Nous serons de retour bientôt, a-t-il lancé au Parlement, en qualifiant de faible le nouveau gouvernement.
Devant le siège du Parlement à Jérusalem, des
manifestants arborant le drapeau national bleu et blanc serti de l'étoile de
David, ont apporté leur soutien à la nouvelle coalition. Sur la place Rabin à
Tel-Aviv, des Israéliens se préparaient à une nuit de fête.
“Nétanyahou va à la maison. Ce premier ministre est
resté là pendant trop longtemps. Il a essayé de changer le système en sa faveur
et d'échapper à certains crimes, alors aujourd'hui c'est la fête à Tel-Aviv”,
a dit un serveur dans un bar, Jorel Franganti, 24 ans.
L'Iran et la relance économique comme
priorités
En présentant au Parlement les grandes lignes de son
gouvernement, Naftali Bennett a affirmé que sa coalition ne laisserait
pas l'Iran se doter de l'arme nucléaire.
“Ce gouvernement commence son travail sous la plus
grave des menaces sécuritaires”, a-t-il dit à propos de l'Iran, assurant
que son pays se réserverait une liberté totale d'action contre son
ennemi juré.
Outre le dossier iranien, ce gouvernement, uni par sa
seule volonté de faire chuter M. Nétanyahou, devra trouver un terrain
d'entente sur la relance économique post-pandémie, et éviter des sujets
sensibles comme la question palestinienne.
Dès son entrée en fonction, la coalition sera
confrontée à des défis pressants comme la marche prévue mardi de l'extrême
droite israélienne à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël.
Le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans l'enclave
palestinienne de Gaza sous blocus israélien, a déjà menacé de représailles si
cette marche se tenait près de l'esplanade des Mosquées. Dimanche, il a indiqué
que le nouveau gouvernement ne change rien à ses relations avec
Israël.
En mai, le Hamas avait formulé une menace similaire
avant de lancer des roquettes sur Israël, ce qui avait mené à une guerre de
11 jours entre les deux protagonistes.
Source : AFP
No comments:
Post a Comment