La résidence familiale où s'est déroulée les funérailles du président Jovenel Moïse |
Ses
funérailles ont été chantées sur le site familial à Madeline, dans une atmosphère tendue
et marquée par une forte incertitude. Sa mort faisant résurgir des tensions
historiques au sein de la population septentrionale. Les habitants du nord rappellent que Jovenel Moïse est le cinquième
chef d’État originaire de leur région à avoir été tué dans l’ouest, où se
trouve la capitale, Port-au-Prince. Certains accusent les Haïtiens de l’Ouest d’avoir perpétré ces assassinats.
Assassiné à
l'âge de 53 ans, le chef de l'État a été enterré en toute intimité dans les
jardins de la résidence familiale, d'où il était natif.
Son cercueil,
recouvert du drapeau national et de l'écharpe présidentielle, était exposé sur
une esplanade, ornée de fleurs. La dépouille était gardée par des soldats des
Forces armées d'Haïti.
Martine Moïse lors de la cérémonie |
« Quel
crime as-tu commis pour mériter un tel châtiment ? », a-t-elle
encore demandé. « Il connaissait bien les vices de ce système pourri et
injuste », a affirmé l'épouse en deuil, coiffée d'un chapeau noir,
« ce système auquel peu avant lui ont voulu s'attaquer ».
« Il s'est retrouvé du jour au lendemain avec tout le système en bloc,
en face de lui », a-t-elle poursuivi, ajoutant toutefois ne vouloir
« ni vengeance, ni violence.
Le père
Robès Charles, le célébrant principal venant de Fort Lauderdale, Floride, s’est aussi interrogé sur l’état du
pays : « Y a-t-il encore des hommes et des femmes dans les pays
capables de défier la complicité des forces, et pourtant, qui ont conduit à la
ruine du pays. »
Un bataillon
a rendu les honneurs militaires au chef de l'État, avec notamment l'hymne
présidentiel, suivi de l'hymne national. La cérémonie religieuse était dirigée
par cinq prêtres.
Mme Moïse a rendu un hommage appuyé à son mari, à la fructueuse carrière d'entrepreneur avant son entrée en politique, et a déploré sa fin tragique, "sauvagement assassiné", "abandonné et trahi". "Vouloir libérer l’État des griffes d’oligarques corrompus, est-ce un si grand méfait ?", a demandé l'épouse en deuil, coiffée d'un chapeau noir.
À Port-au-Prince et dans les grandes villes d'Haïti, plusieurs cérémonies d'hommage distinctes ont aussi été organisées à la mémoire du président assassiné. L'une d'entre elles s'est déroulée en présence d'Ariel Henry, le nouveau Premier ministre qui a pris ses fonctions mardi, promettant de rétablir l'ordre afin d'organiser des élections exigées par la population et la communauté internationale.La cérémonie
a été ponctuée de cris de colère accusant la police de ne pas avoir protégé le
président. La police qui a utilisé des gaz lacrymogènes contre les manifestants
près du lieu des funérailles, où des pillages de magasins ont également été signalés.
La délégation américaine a quitté précipitamment les lieux, mais la cérémonie
s'est poursuivie malgré tout.
Plus de
quinze jours après cet acte odieux, l’enquête avance selon la police, mais les
commanditaires ne sont toujours pas
connus. Vingt-six personnes au total ont
été arrêtées et trois autres ont été tuées après la nuit tragique du 7 juillet.
Quarante-cinq interrogatoires et treize perquisitions ont été
menées au cours desquelles les autorités ont découvert une soixantaine d'armes
à feu, dont certaines appartenaient à la police national d’Haïti.
L’une des
pistes explorées pour remonter à l’origine de ce complot est de suivre les
mouvements de l’argent employé dans ce scénario. Une piste qui mène, selon la
police haïtienne, à un certain Walter Veintemilla et son entreprise
« Worldwide Capital Lending Group », basée en Floride. Les enquêteurs
tentent notamment de savoir si les forces de l’ordre haïtiennes avaient été
infiltrées et se posent toujours la question de savoir comment le commando a pu
si facilement accéder à la résidence privée de Jovenel Moïse.
Source combinées
Herve Gilbert |
Lire dans la même rubrique:Eloge funèbre de Martine Moïse aux funérailles de son époux ....
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