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Saturday, July 17, 2021

Le brûlant dossier d’un Haïtiano-Américain derrière l'assassinat du président d’Haïti

Photo Washington Post

Une traduction de HCC d’un article de Washington Post

Le 12 mai 2021, dans une grande salle de réunion surplombant le palais de justice de Fort Lauderdale, en Floride, prend naissance, un rêve, une vision pour « sauver Haïti ». Au départ, une mise de fonds de 83 milliards de dollars serait nécessaire pour rebâtir à neuf la nation la plus pauvre de l'hémisphère occidental en la dotant de routes, de réseaux électriques, de ports maritimes et d'aéroports, etc. 

La nouvelle Haïti, a-t-on annoncé aux participants à la réunion du 12 mai, aurait comme président : Christian Emmanuel Sanon - un Américain d'origine haïtienne de 63 ans, qui se décrit comme un pasteur et un médecin. Il est actuellement détenu en Haïti dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat crapuleux du président haïtien, Jovenel Moïse. 

Christian Emmanuel Sanon

L’objectif visé par Sanon, lors de cette réunion, c’est de transformer "Haïti en une société libre et ouverte", a déclaré Parnell Duverger, 70 ans, un professeur à la retraite qui a assisté à la présentation de Fort Lauderdale et qui a rédigé le plan de réaménagement présenté par le futur président. 

Parmi les personnes qui entouraient Sanon, figurait Walter Veintemilla, un financier de Floride qui investit dans des projets d'infrastructure, et Antonio "Tony" Intriago, propriétaire d'une société de sécurité locale, également en Floride, selon Duverger et une autre personne au courant de la réunion. Cette rencontre était pratiquement un prétexte pour consolider un document, une proposition écrite, un type de contrat de partage ambitieux entre Sanon et les deux propriétaires d'entreprise le mois suivant. Ce document a été obtenu par le Washington Post. 

Une société appartenant à Veintemilla, Worldwide Investment Development Group, et CTU Security d'Intriago recruteraient et assembleraient une force de sécurité privée pour protéger Sanon jusqu'à ce qu'il devienne président d'Haïti, selon les détails d'un projet d'accord de consultation non signé obtenu par le Post. Sanon devait finalement les rembourser pour leurs services en utilisant les actifs du pays, selon le projet de contrat diffusé le 22 juin. Haïti était vendue d’avance (NDLR). 

Un document distinct obtenu par le Post montre les prêts proposés à Sanon, d'un montant total de plus de 860 000 dollars, pour l'achat de munitions, d'équipements, de moyens de transport et d'hébergement pour le personnel, et indique les dates des dépenses enregistrées en mai et juin. Les trois quarts des 860 000 dollars seraient couverts par Worldwide, selon la répartition, et le solde par la CTU.

Les révélations sur le grand plan de reconstruction d'Haïti soutenu par Sanon et d'autres personnes - ainsi que le projet de contrat et la liste des coûts obtenus par le Post - ajoutent une nouvelle dimension financière à l'enquête sur le meurtre du président qui a bouleversé le fragile État des Caraïbes, le laissant sans direction dans une querelle de leadership. Les autorités haïtiennes et colombiennes, ainsi que le FBI et Interpol, s'efforcent de démêler un groupe de suspects qui, selon eux, comprend un ancien informateur de la Drug Enforcement Administration, surnommé « Whiskey », un politicien de l'opposition, des mercenaires colombiens et des Haïtiano-Américains du sud de la Floride. 

Un avocat de Veintemilla, Robert N. Nicholson, a déclaré que, « Sanon avait approché son client pour le financement d'infrastructures et avait exprimé son intention de contribuer à un changement pacifique dans la direction d'Haïti afin d'améliorer les conditions de vie des Haïtiens ». En un mot, il pensait simplement à un coup d’État (NDLR). 

Toujours, selon le document, l'une des sociétés de Veintemilla, Worldwide Capital Lending Group, "a contribué à l'octroi d'un prêt à la CTU" pour soutenir les efforts de Sanon, notamment en assurant sa sécurité privée.

 La police haïtienne arrête le cerveau présumé de l'assassinat du président

La police haïtienne a arrêté le 11 juillet Christian Emmanuel Sanon, qu'elle soupçonne d'être le cerveau de l'assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet. (Reuters). Selon M. Nicholson : « À aucun moment au cours d'une réunion ou d'une conversation avec M. Sanon ou avec l'un de ses représentants, il n'a été question, ni discuté, ni suggéré, d'un complot d'assassinat contre le président Moise ou de l'intention d'utiliser la force pour provoquer un changement de leadership en Haïti. » 

Nicholson a également déclaré que le document obtenu par le Post montrant plus de 865 000 dollars de prêts à Sanon était une "demande de financement". "Je ne dis pas qu'aucun de ces montants n'a été payé. Mais il comprend des centaines de milliers de dollars qui n'ont pas été fournis", a-t-il déclaré. 

Le Post a pu corroborer certaines des transactions financières figurant dans la liste des coûts grâce à des entretiens avec des vendeurs, ainsi qu'aux détails fournis par les autorités chargées de l'application de la loi concernant les déplacements des anciens militaires colombiens qui auraient été recrutés pour le complot et qui sont maintenant, soit arrêtés, soit morts, soit en fuite. 

Intriago n'a pas répondu aux appels et aux messages laissés à son entreprise et à deux adresses résidentielles. Le Post n'a pas pu identifier un autre avocat de Sanon et les proches n'ont pas répondu aux messages vocaux et textuels. 

Rien dans le contrat obtenu par le Post, ou par les personnes interrogées pour ce rapport, n'indique que l'objectif était de tuer le président. La personne au courant de la réunion et du contrat, ainsi que Duverger ont déclaré que les participants à la réunion s'attendaient à ce que les protestations croissantes et la pression publique finissent par forcer le président haïtien à démissionner. 

Le président colombien Iván Duque a déclaré jeudi à une station de radio locale que la plupart des ressortissants colombiens impliqués dans l'opération avaient été informés qu'ils allaient servir de gardes du corps, mais qu'un petit groupe d'entre eux avait une connaissance détaillée du projet d'assassinat. Il a précisé que ces informations reposaient sur les témoignages d'hommes qui avaient été recrutés, mais n'étaient finalement pas partis, et ensuite de quelqu’un qui était parti en Haïti et était retourné en Colombie avant l'assassinat, ainsi que des membres de la famille des hommes impliqués. 

Source : Washington Post

Traduit par HCC.


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