Par Eddy Cavé,
Ottawa, ce samedi 20 mars 2021
Jean Patrick Cavé 1956-2021 |
C’est ainsi
que la très intime cérémonie des funérailles de Pachou a été suivie cet
après midi dans plus de 120 foyers répartis sur le Canada, les États-Unis et
Haïti. C’était quand même un baume sur une blessure encore béante, ce qui n’est
pas négligeable. Annoncée pour 14 heures, la cérémonie a commencé à 14 h 30, et
on a pu pendant la période d’attente s’imprégner de l’atmosphère de la salle
tenant lieu de chapelle ardente, prier de chez soi pour le repos de l’âme de
Pachou qui était un fervent chrétien. Les chants étaient propices au
recueillement et on les a écoutés avec
piété, tout en admirant la belle et grande photo dominant l’autel où était
placée l’urne contenant les cendres du frère, de l’oncle, du cousin et de l’ami
disparus. Au fil des ans, nous avions oublié qu’il a eu un certain temps une
belle moustache qui était son image de marque…
Éternel
premier de classe, Pachou était un ingénieur civil formé à la Faculté des
sciences appliquées de l’Université d’État d’Haïti et qui diversifia sa
formation professionnelle par des études en gestion au prestigieux Institut
National d'Administration, de Gestion et des Hautes Études Internationales
(INAGHEI). Après un début de carrière des plus prometteurs à la compagnie
haïtienne de téléphonie publique, Télécommunications S.A (Téléco), il fait un
brusque changement de cap et s’installe au Canada. Il s’inscrit alors à
l’Université du Québec à Montréal (UQUAM) où il décroche brillamment une
maîtrise en finance. Son objectif était d’enrichir sa formation et retourner au
pays pour mettre les connaissances acquises à l’étranger au 3 service de sa
patrie. Toutefois, les conditions dans lesquelles il voulait le faire ne se
sont jamais concrétisées.
Vanessa prononçant le premier éloge funèbre. |
Je croyais
connaître les diverses facettes de la personnalité de Pachou jusqu’au jour où
il m’invita au spectacle annuel de son école de danses sociales. Je suis passé
ce soir-là par toute la gamme des surprises, des émotions et autres réactions
qu’on peut ressentir en voyant un proche qu’on croyait bien connaître évoluer
sur une scène publique sans la moindre inhibition. Dans une discothèque ou une
boîte de nuit, j’aurais trouvé cela normal. Mais sur la scène de La Perle
retrouvée, c’était comme si je voyais son père Arthur Cavé fils ou le mien,
Babal, compter ses pas sur l’estrade du ciné Fox à Jérémie en dansant un cha
cha cha ou un konpa endiablé. Je n’en suis toujours pas revenu.
Harry Balmir et Pachou assistant ici à la fermeture du cercueil. |
Comment
pourrais-je oublier qu’au décès de ma mère Carmen Cavé en février 1991, Pachou
était avec Yanick Cavé De Vastey, Marie-Prague et Valcourt Joseph les membres
de la famille qui m’avaient remplacé. Des amis comme Harry Balmir, Gérard Noël,
Marcel Baptiste, Jean-Claude et Rick Garnier, Willy Verrier, tous disparus
aujourd’hui, et Fifie Balmir Sénéchal avaient également fait le déplacement.
Les obligations d’un emploi particulièrement exigeant à cette époque de l’année
m’avaient alors empêché de me rendre à Jérémie pour la circonstance. Tu étais
là heureusement, le seul de la branche Arthur Cavé, l’émigration ayant bouffé
tous les autres membres de la famille.
Pour revenir
à la célébration de la vie de Pachou, soulignons le choix très approprié des
psaumes, des cantiques et surtout de la très belle chanson de circonstance
retenue par Claudette : « Tu aurais pu vivre encore un peu ». À elle seule,
cette chanson de Ferrat résume toutes nos pensées, dit toute notre tristesse et
notre mélancolie. Le regret de savoir que demain, le dimanche 21 mars et dans
les autres jours et les autres années à venir, nous n’aurons pas Pachou au bout
de fil si nous composons le numéro de son portable. Qu’il ne sera pas là pour
remplir notre déclaration d’impôts ou nous conseiller sur les exemptions ou les
trop-perçus… Pour accompagner à l’hôpital un patient âgé ou tout simplement
pour faire des courses, le samedi venu…
Pachou, tu vas nous manquer! Je reprends à mon compte les mots de Ferrat, convaincu de ne pas pouvoir trouver mieux pour exprimer mon désarroi et celui de toutes celles et de tous ceux qui pleurent aujourd’hui ta disparition brutale :
Tu aurais pu vivre encore
un peu
Pour notre bonheur pour
notre lumière
Avec ton sourire avec tes
yeux clairs
Ton esprit ouvert ton air
généreux
T'aurais pu rêver encore
un peu
Sous mon châtaignier à
l'ombre légère
Laisser doucement le temps
se défaire
Et la nuit tomber sur la
vallée bleue
T'aurais pu rêver encore
un peu
Tu aurais pu jouer encore
un peu
Ne pas t'en aller sans
qu'on ait pu faire
A ces rigolos mordre la
poussière
Avec un enjeu du tonnerre
de Dieu
Tu aurais pu jouer encore
un peu
On aurait pu rire encore un peu
Avec les amis des soirées
entières
Sur notre terrasse aux
roses trémières
Parfumée d'amour d'histoires
et de jeux…
Tu aurais pu vivre encore un peu
Ne pas m'imposer d'écrire
ces vers
Toi qui savais bien mon
ami si cher
A quel point souvent je suis paresseux
Tu aurais pu vivre encore un peu.
Affectueuses pensées à : Claudette et Guy; Vanessa et Youri; Toto, Ennery et Rosite; Karyn, Joëlle, Rigal et Réginald; Marlène et Nilsa; Monique, Dominique, Philippe et Patrick; Mario, Francis et Louisena; Ti-Bob, Junior et Paulette; Elsa et Johanne; Reynold, Guerda, Adrien, Dupin, Myrtho et Brigitte; Roger et Brigitte; Marie-Hélène et Bernard; Marie-Michèle et Jacques, Anariol et Toupa; Simphar, Nitou et Georgy; Eddy, Ordéa et Mario; Monique et Marie-Géralde; Cécil, Mèt Sègo et Pèpè; Hervé, Carl et Max; Branly, Jeanin, Guy-Marie, Ricquet et Guiton; Myrna, Jean-Marie, Laurent et TiRoger; Nephtalie, Marc-Antoine et Roseline; Mauge, Édeline, Parnell et Estelle; Ti-Pa et Sonny, TiNoël, Edmond, Toto et Mireille. Bref, tous les membres de la tribu, sans en excepter un seul.
Un merci
spécial à Jacques Laurent, directeur du salon funéraire Manus Poirier, 1030,
Pie IX
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