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Friday, March 19, 2021

Comment la fermeté de Biden avec Poutine jette un froid sur les relations USA/Russie

Vladimir Poutine  & Joe Biden
        

Après quatre ans avec un Donald Trump jovial, le changement de ton est radical pour Vladimir Poutine.

“Un tueur” qui paiera “le prix” de ses actes. Il n’aura fallu même pas deux mois à Joe Biden après son arrivée à la Maison Blanche pour déclencher la première crise diplomatique de son mandat.

En découvrant cette violente accusation envers Vladimir Poutine, infraction aux usages diplomatiques entre grandes puissances mondiales, Moscou a vu rouge ce mercredi 17 mars et immédiatement rappelé son ambassadeur aux États-Unis Anatoli Antonov.

Les propos de Joe Biden, dans une interview diffusée sur la chaîne ABC dans la matinée, ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de la relation entre États-Unis et Russie, rempli à ras bord depuis l’arrivée du nouveau président américain.

Sanctions, à contre-cœur

Avant que Joe Biden ne s’installe dans le Bureau ovale, Washington et Moscou ne vivaient certes pas une lune de miel, mais Donald Trump enchaînait les tergiversations, voire des moments de complicité avec Vladimir Poutine. 

Que ce soit par son ton extraordinairement conciliant lors du sommet d’Helsinki en juillet 2018 lorsqu’il a semblé accorder plus de valeur aux propos de l’ancien homme fort du KGB, qu’aux conclusions unanimes des agences de renseignement américaines sur l’ingérence russe dans la campagne présidentielle de 2016.

Ou encore au sommet du G20 à Osaka en 2019, quand il avait plaisanté avec Vladimir Poutine sur l’ingérence russe dans les élections et sur les fake news. Interpellé pour savoir s’il comptait demander à la Russie de ne pas se mêler de la prochaine présidentielle de 2020, il s’était tourné, amusé, vers son homologue russe tout sourire, faisant mine de le sermonner: “Pas d’ingérence dans les élections, président. Pas d’ingérence”.

Poutine, un tueur? À cette même question posée à Biden ce mercredi 17 mars 2021, Donald Trump avait répondu par une pirouette à un journaliste de la chaîne Fox News en 2017. “Il y a beaucoup de tueurs, beaucoup de tueurs. Pensez-vous que notre pays soit si innocent?”, avait-il lancé.

Une attitude qui n’a au final pas beaucoup avancé Poutine. Même si Trump s’est montré particulièrement jovial et l’a invité, avant de se rétracter devant le tollé, à la Maison Blanche, des sanctions contre la Russie ont en effet été votées et actées entre 2017 et 2020. Démocrates et républicains n’ayant pas apprécié le jeu de Trump, ils ont réussi à s’unir au Congrès pour réprimander Moscou tant bien que mal.

“Poutine en est arrivé à la conclusion qu’avoir de bonnes relations personnelles n’ajoute rien à la relation entre les pays. Qu’elles soient très bonnes ou très mauvaises. Poutine ne compte pas sur les relations personnelles avec les dirigeants américains, désormais il ne s’attarde que sur les intérêts communs entre les deux États”, estime le spécialiste politique russe Stanislav Belkovsky, auprès de la radio NPR.

Retournement de discours

Une façon de voir les choses qui ne pourra pas faire de mal à la relation avec Biden, glaciale depuis des années. Lorsqu’il était vice-président de Barack Obama déjà, le démocrate avait raconté avoir rencontré le président russe et lui avoir dit: “Je vous regarde dans les yeux, et je ne pense pas que vous ayez une âme”. Une sortie qui aurait fait sourire Poutine.

Dix ans plus tard, rien ne semble avoir changé. Dès la victoire de Joe Biden, le rapport de force s’est fait sentir: alors que Poutine avait félicité Trump pour son élection moins de 24h après l’arrivée des résultats en 2016, il lui aura fallu plus d’un mois pour décrocher son téléphone et admettre que le candidat démocrate avait remporté la présidentielle de 2020. 

Joe Biden n’a lui par contre pas attendu pour rendre très claire sa volonté de radicalement changer la tonalité des relations avec Vladimir Poutine (vidéo ci-dessous). S’il a revendiqué la prolongation de l’accord de désarmement américano-russe New Start, “le dernier traité entre les deux pays”, au nom de “la stabilité nucléaire”, il n’a pas mâché ses mots contre le Kremlin à peine deux semaines après son arrivée à la tête du pays.

Par Maxime Bourdeau /  Le HuffPost


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