Winnie Mandela lors d'une rencontre avec la presse le 28 juin 2013 |
L’égérie populaire controversée de la lutte anti-apartheid et la deuxième épouse de Nelson Mandela, le premier président noir d’Afrique du Sud, est morte à l’âge de 81 ans ce lundi 2 avril à l’hôpital Milpark de Johannesburg des suites « d’une longue maladie » , a annoncé son porte-parole. Elle s'appelait Nomzamo Zaniewe Winnifred Madikizela Mandela
« Elle est décédée des suites d’une longue maladie, pour
laquelle elle a été hospitalisée à plusieurs reprises depuis le début de
l’année. Elle est partie en paix en tout début d’après-midi lundi, entourée de
sa famille », a déclaré Victor Dlamini dans un communiqué
Winnie Madikizela Mandela, qui « était l’une des plus
grandes icônes de la lutte contre l’apartheid », a « sacrifié sa
vie pour la liberté de l’Afrique du Sud », a-t-il souligné.
L’archevêque anglican sud-africain et Prix Nobel de la paix
Desmond Tutu a salué la disparition d’« un symbole majeur » de
la lutte contre le régime de l’apartheid.
« Elle a refusé de céder
face à l’incarcération de son mari, le harcèlement perpétuel de sa famille par
les forces de sécurité, les détentions, les interdictions et son bannissement.
Son attitude de défi m’a profondément inspiré, ainsi que des générations de
militants. »
« Nous avons perdu une mère, une grand-mère, une amie, une
camarade, une meneuse et une icône », a, pour sa part, déclaré le
président sud-africain, Cyril Ramaphosa, dans une brève allocution télévisée.
Le Congrès national africain (ANC, au pouvoir) avait rendu hommage peu avant,
par la voix de l’un de ses responsables, Mbalula Fikile, à une femme
qui « symbolisait la force, la résistance et une âme éternelle de la
liberté » : « Elle s’est battue sans relâche pour que nous
ayons une société juste et égalitaire. Elle a consacré sa vie au service du
peuple africain. »
Figure controversée
Née le 26 septembre 1936
dans la province du Cap oriental (sud), dont est également originaire Nelson
Mandela, elle décroche un diplôme universitaire de travailleur social, une
exception pour une femme noire à l’époque.
Son mariage en juin 1958
avec Nelson Mandela – elle a alors 21 ans, et lui, divorcé et père de
famille, presque 40 – est vite contrarié par l’engagement politique de son
mari. Pendant son séjour en prison, elle devient l’une des figures de proue du
Congrès national africain, fer de lance de la lutte anti-apartheid.
Cependant, la radicalité de son engagement fait d’elle une figure
controversée. En 1976, elle appelle les lycéens de Soweto révoltés
à « se battre jusqu’au bout ». Dans un discours critiqué, elle
déclare que les Sud-Africains doivent se libérer avec des « boîtes
d’allumettes » alors que les traîtres présumés à la cause anti-apartheid
sont brûlés vifs, avec un pneu passé autour du cou. Des propos considérés comme
un véritable appel au meurtre.
Winnie s’entoure d’un groupe de jeunes hommes formant sa garde
rapprochée, le Mandela United Football Club (MUFC), aux méthodes particulièrement
brutales.
En 1991, elle est reconnue
coupable de complicité dans l’enlèvement d’un jeune militant, Stompie Seipei.
Elle est condamnée à six ans de prison, une peine ultérieurement commuée en
simple amende.
Divorce en 1996
« Elle était une formidable égérie de la lutte, une icône de la
libération », a dit d’elle Desmond Tutu, président de la Commission vérité
et réconciliation (TRC) et ami de Nelson Mandela. « Et puis, quelque
chose a terriblement mal tourné. »
Nommée vice-ministre de la
culture après les premières élections multiraciales de 1994, Winnie est
renvoyée pour insubordination par le gouvernement de son époux, un an plus
tard.
En 1998, la Commission vérité et réconciliation, chargée de
juger les crimes politiques de l’apartheid, déclare Winnie « coupable
politiquement et moralement des énormes violations des droits de
l’homme » commises par le MUFC. « Grotesque »,
réplique celle que l’on surnomme la « Mère de la nation », même si
des témoins l’accusent de torture.
Mise au ban de la direction de l’ANC, condamnée une nouvelle fois
en 2003 pour fraude, Winnie fait tout de même son retour en politique
quatre ans plus tard en intégrant le comité exécutif du parti, l’instance
dirigeante de l’ANC.
SUR LE MÊME SUJETTV – Les
vérités de Winnie Mandela
L’image du couple Mandela, marchant main dans la main à la
libération du héros anti-apartheid en 1990, a fait le tour du monde. Mais
les époux ne se sont jamais retrouvés. Ils ont fini par divorcer en 1996,
deux ans après l’accession à la fonction suprême de Nelson Mandela, le premier
président noir de l’Afrique du Sud.
Mort de Winnie Mandela: « nous avons perdu un pillier »
Les grandes dates de la vie de Winnie Mandela
26 septembre
1936 : naissance de Nomzamo Winifred Zanyiwe Madikizela, dite Winnie,
dans la province du Cap oriental (sud).
1955 : elle devient
la première assistante sociale noire du pays dans un hôpital de Soweto,
le township noir de Johannesburg.
1958 : Winnie épouse
Nelson Mandela.
1962 : elle reste
seule avec ses fillettes après l’arrestation de son mari. Malgré les
intimidations et des séjours en prison, elle devient l’une des figures du
Congrès national africain (ANC).
1969 - 1970 : elle est
arrêtée en tant qu’activiste anti-apartheid et détenue à l’isolement à
Pretoria.
1986 : dans son
discours le plus controversé, elle appelle à libérer le pays avec des
allumettes, référence au supplice du « collier » (pneu
enflammé autour du cou).
1990 : libération de
Nelson Mandela après vingt-sept ans de prison.
1991 : elle est
reconnue coupable de complicité dans l’enlèvement de quatre jeunes, dont un est
mort, par sa garde rapprochée, le Mandela United Football Club (MUFC).
1992 : accusée de
corruption et mauvaise gestion, elle est démise de ses fonctions dirigeantes à
l’ANC.
1994 : elle devient
vice-ministre de la culture dans le premier gouvernement post-apartheid.
Renvoyée l’année suivante pour insubordination, elle reste députée et
présidente de la Ligue des femmes.
1996 : après quatre
ans de séparation, elle divorce de Nelson Mandela.
1998 : la Commission
vérité et réconciliation (TRC) la déclare « coupable politiquement et
moralement des énormes violations des droits de l’homme » commises
par le MUFC.
2003 : elle est
condamnée pour fraude.
2 avril 2018 : elle meurt à 81 ans à
Johannesburg « des suites d’une longue maladie ».
Sources: AFP, Le Monde, France 24, Wikipedia
No comments:
Post a Comment