Emmanuel Macron s'exprime devant le Congrès américain |
Au dernier jour de son
voyage aux États-Unis, Emmanuel Macron s'est exprimé mercredi devant un Congrès
visiblement conquis. L'occasion d'aborder, sans Donald Trump, des sujets tels
que le climat, le commerce international ou l'Iran.
L'ESSENTIEL
Dix-neuf
standing-ovations. C'est peu dire qu'Emmanuel Macron a été chaudement reçu par les 535 membres du
Congrès américain, mercredi. En l'absence de son homologue américain,
séparation des pouvoirs oblige, le président français a exposé sa vision du
monde et de l'avenir dans un discours en anglais d'une cinquantaine de minutes,
durant lequel il a notamment pu aborder des sujets tels que l'Iran, le climat
ou le spectre d'une guerre commerciale avec les États-Unis. Comme la veille
lors de sa conférence de presse
commune avec son "ami" Donald Trump, Emmanuel Macron a
aussi souligné la coopération historique, et plus nécessaire que jamais selon
lui, entre les deux pays. Avec, à chaque fois, quelques formules prêtes à
l'emploi.
"L'Iran
n'aura jamais l'arme nucléaire"
Une bruyante standing ovation de la part des membres du Congrès lors de sa déclaration sur l'Iran. |
"Notre objectif est clair : l'Iran n'aura jamais l'arme nucléaire. Pas maintenant, pas dans cinq ans, pas dans dix ans. Jamais", a martelé le chef de l'État français, qui s'exprimait au Capitole 58 ans jour pour jour après le général de Gaulle. "Mais cette politique ne devrait jamais nous mener à la guerre au Moyen-Orient. Nous devons garantir la stabilité, respecter la souveraineté des États, y compris celle de l'Iran, qui est une grande civilisation. Ne produisons pas les erreurs du passé dans la région. Ne créons pas nous-mêmes de nouvelles guerres", a-t-il averti, alors que le président américain a déjà posé la date du 12 mai comme ultimatum à ses alliés européens pour qu'ils "remédient aux terribles lacunes" du texte de l'accord.
"Nous ne pouvons
pas nous en débarrasser, pour autant, il est juste de dire qu'il ne couvre pas
la totalité des préoccupations. Il ne faut pas l'abandonner si nous n'avons
rien de plus solide à proposer en remplacement. La France ne se retirera pas de
l'accord, car nous l'avons signé", a encore répété Emmanuel Macron.
"Un
jour, les États-Unis rejoindront l'accord de Paris"
Là encore, la dissension
est profonde entre les deux chefs d'État. Regrettant le retrait des États-Unis de l'accord de Paris sur le
réchauffement climatique,Emmanuel Macron s'est cependant dit certain que Washington finira par le ratifier."Il n'y a pas de planète B", a-t-il notamment affirmé en
répétant son désormais célèbre slogan "Make our
planet great again", détournement du slogan de campagne de Donald Trump.
"Certains considèrent
qu’il est plus important de protéger l’industrie que de relever le défi du
changement climatique. Il faut trouver une transition douce pour aller vers une
économie plus respectueuse de l’environnement", a-t-il encore prôné devant
les applaudissement nourris du Congrès, et plus particulièrement des élus
démocrates, debout à chaque allusion au climat.
« Il n’y a pas de planète B » : ce qu’il faut retenir du discours de Macron devant le Congrès américain |
'Une
guerre commerciale entre alliés n'est pas cohérente"
Décidément adepte des
effets de style, le locataire de l'Élysée s'est aussi lancé dans une longue anaphore
en "je crois" - "Je crois à ces droits, à ces valeurs, je crois
que nous pouvons lutter contre l’ignorance par l’éducation, (…) Je crois à
l’action concrète (…), Je crois à la libération de l'individu (…) Je crois à
l’utilité à et la force des marchés… Une façon d'avertir à nouveau les
États-Unis sur les risques de guerre commerciale si Donald Trump décide
effectivement d'imposer de Nouvelles taxes douanières sur l’acier er l’aluminium.
"Nous avons besoin
d'échanges commerciaux équitables et libres. Une guerre commerciale qui
opposerait des alliés ne serait pas cohérente (...) Cela ne mènera qu’à la
destruction des emplois, à l’augmentation des prix et c’est la classe moyenne
qui paiera au bout du compte... Nous réglerons nos différends par la
négociation à l’OMC (Organisation mondiale du commerce, ndlr) et par des
solutions coopératives. Nous avons nous-même écrit ces règles, nous pouvons les
compléter", a-t-il plaidé devant les 100 Sénateurs et les 435
Représentants réunis. Sur ce point, la France et l'Europe seront fixés le 1er
mai, date de l'exemption de ces taxes pour l'UE.
Et Emmanuel Macron de
multiplier, comme à la tribune des Nation-Unies en septembre dernier, les
appels à "un multilatéralisme fort" plutôt qu'à l'isolationnisme et
le protectionnisme.
"En 1778, Voltaire et Benjamin Franklin se
sont embrassés sur les joues. Cela vous rappellera peut-être quelque
chose…"
Alors même que les
discussions entre Emmanuel Macron et Donald Trump ont parfois été difficiles, à
l'image de ces points de désaccords évoqués plus haut, le président français
s'est aussi attaché à détendre l'atmosphère à plusieurs reprises. "En
1778, Voltaire et Benjamin Franklin se sont rencontrés à Paris", a-t-il
notamment lancé au début de son discours. "Ils se sont enlacés en se
prenant dans les bras et se sont embrassés sur les joues... Cela vous
rappellera peut-être quelque chose…", a-t-il glissé sourire aux lèvres, en
référence aux nombreux gestes amicaux - et physiques - échangés avec le
président américain, qui ont tant surprise outre=Atlantique , autant
qu'ils ont fait rire l'assemblée mercredi.
Puis Emmanuel Macron,
quelques dizaines de minutes plus tard, d'adresser un nouveau clin d'œil au
président américain : "Nous devrons lutter contre le virus des “fake
news”. Vous savez à qui je dois cette expression “fake news”, n’est-ce pas
?", a-t-il lâché devant un Congrès riard.
Revivez le discours (en anglais) de Macron devant le Congrès
américain
"Ce
sont nos valeurs que les terroristes détestent"
Accueilli par une
bruyante standing ovation de plus de trois minutes, certains élus criant même
"Vive la France !", Emmanuel Macron a par ailleurs longuement insisté
sur les liens tissés entre les deux pays au cours de l'Histoire, comme Jacques
Chirac et Nicolas Sarkozy l'avaient fait avant lui devant le Congrès.
Du marquis de La Fayette
au poète américain Alan Seeger, engagé au service de la France en 1914 et mort
en juillet 2016, en passant par Franklin Roosevelt, Simone de Beauvoir, Charles
Hemingway ou encore François-René de Chateaubriand, Emmanuel Macron n'a cessé
d'afficher les valeurs et l'Histoire communes entre la France et les États-Unis
qui ont connu "plusieurs tragédies ces dernières années". "Ce
sont nos valeurs que les terroristes détestent". "Le 11 septembre
2001, de nombreux Américains ont perdu la vie tragiquement. Depuis cinq ans,
notre pays a souffert d’attentats terroristes. Nous n’oublierons jamais ces
victimes innocentes. C’est un prix atroce à payer pour la liberté, pour la
démocratie. Et c’est pourquoi nous sommes ensemble en Syrie et au Sahel pour
lutter ensemble contre ces groupes terroristes, et pour détruire ces
terroristes. "
Et de conclure en
français, avant de filer pour débattre devant des étudiants : "Vive les
États-Unis d’Amérique, longue vie à l’amitié entre la France et les États-Unis,
vive la France, et vive notre amitié". De quoi s'offrir, sans surprise,
une dernière standing-ovation.
Sources : Europe 1, C-Span
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