J’avais totalement oublié cette chanson, cette complainte, si je devais l’appeler ainsi. Apparue en 2019, écrite par des jeunes qui en avaient assez de ce voyage sans destination que la nation leur offre, cette ritournelle qui interpellait le secours des aînés, semble ne trouver aucun écho dans le cœur des belligérants. Car, en 2021, en Haïti, il n’y a plus de mots dans le négativisme pour traduire le pire. Anmwey est devenu le symbole flagrant du dégoût de vivre.
Anmwey! |
Voilà ! Je ne peux l’écouter ni la réécouter, sans embuer mes paupières de quelques larmes furtives. C’est une chanson qui me captive. La sincérité des chanteurs dans l’interprétation du poème de leur vie, de leur vécu, de leur quotidien, me chiffonne. Résigné, je vous la soumets une nouvelle fois, presque sans espoir de rédemption, sans espoir de solution.
J’invite les insouciants à la gouverne de la nation, les prédateurs de la place, les candidats de tout poil, à en prendre lecture et à l’écouter. Peut-être, qui sait, une note compatissante pourrait occulter les modulations négatives de leur âme aux fins d’un changement de cap vers un futur miséricordieux. Sur aucun point du globe, l’homme ne naît diable. Il le devient par ambition, par couardise et folie. Certaines fois, il peut aussi se métamorphoser, en raison de la seconde chance, chez tout individu sensé, d’être meilleur. C’est dans la nature humaine. Espérons-le!
Une invitation à la
lecture de quelques strophes du poème
ANMWEY
Konbyen
souf ki pou koupe
Kombyen
fyèl ki pou pete
Konbyen je ki gen pou fèmen
Avan’n di ase
Konbyen
zantray ki pou tombe
Dim
konbyen moun pou kochon manje
Avan
poun aji kòm responsab
Mouche Leta dim si w pa koupab
Anmway
– Souf mwen ap koupe / Anmwey – Nou pa kapab ankò…
Gouvènman – Anmwey. Paleman – Anmwey. Sektè
prive – Anmweyyy…
Cliquez sur la vidéo ci-dessous
Bonne écoute! Attention : Cœur sensible, s’abstenir!
C’est un hymne à la résilience d’un peuple trop gentil qui fait preuve d’une résignation têtue. Une population bon enfant qui ne veut pas se laisser entraîner par les tambours de guerre, pour l’instant. Il préfère souffrir dans tout son être en chantant ses drames, laissant le champ libre aux éternels rapaces. En sera-t-il toujours ainsi demain? J’en doute!
Toutefois, je me permets d’ajouter un bémol, à
savoir qu’il existe un temps pour pleurer, une minute pour chanter et une
dernière seconde pour se révolter. En 1791, si Dessalines, Christophe et les
autres proscrits n'avaient pas bravé les prescriprions du colon pour passer de l'ombre à la lumière sans implorer le ciel, nous
serions aujourd’hui encore dans les fers. En attendant, cette lamentation
devrait être un hymne à la Nation pour le moment présent et jusqu’à la
rédemption espérée.
« Anmwey » dans le créole haïtien signifie « Au secours »
Max Dorismond |
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Très cher Max.
ReplyDeleteTu as su trouver, comme d’habitude, les mots juste pour parler de ce drame inénarrable de ce peuple qui est tien, qui est mien.
Nous avons, aujourd’hui, l’opportunité d’apporter une pierre, peut-être très petite, à l’édification d’un nouveau pays. Allons-nous, vas-tu la laisser passer?
Je te comprends mon Serge, mais je préfère rester dans mon coin pour faire ce travail de moine, qui je pense, pourrait à la longue désembuer certaines consciences et donner une chance à notre coin de terre.
DeleteLa lutte est dure, mais je te conjure à aller de l'avant avec le projet de SODEVGA qui doit servir de phare, de boussole à la diaspora jérémienne qui se souvient assez bien de la raison qui les avait poussés à fuir leur terre natale toute voile dehors.
En sachant d'où l'on vient, on est marqué au fer rouge pour savoir où aller et quand retourner. Par conséquent on est condamné à soulager les blessures de ceux qui n'avaient pas eu cette chance. Donc, je crois en ton rêve, je crois en ton projet. Qu'il serve de point de repaire, de point de chute pour les expatriés qui s'en souviennent et qui veulent apporter leur pierre à l'édification de l'édifice.
Bonne chance, mon vieux.
Mon cher Max,
ReplyDeleteÀ chaque fois que tu tiennes ta plume pour décrire notre pays natal, je ressens cette hargne morbide à travers les mots choisis.
Cette vision apocalyptique du pays sans le vouloir te suit comme ton ombre…
En même temps, contre vents et marée tu essaies d’osciller l’aiguille de ta plume vers une compréhension disons, à pas de tortue des décideurs…
Hélas! Tes mots ne font que revenir à la case départ pour produire rien que des MAUX.
Les perturbations internes ressenties ne te quitteront plus mon ami…Pour parodier Châteaubriant: “ Levez-vous vite orages désirés…"
Lys
Très bel article Max et si poignant comme les mots de cette musique "Amway" qui nous prennent tous aux tripes. Je parle de nous, du moins ce qui reste d'haitiens à qui il reste encore un certain sens d'appartenance et de nationalism. Merci.
ReplyDeleteM-A.T.
Très beau texte de Max Dorismond. Je me demande si on a perdu le sens de la raison et de révolte. On est passé d'un peuple qui savait dire non au comportement inhumain du colon à un peuple qui s'est résigné à tout accepter aujourd'hui. Quand sommes-nous arrivés là?..........
ReplyDeleteAnmwey!!!!!!!!
Mon cher Dorismond,
ReplyDeleteBien souvent quand je vous lis j'ai envie de vous écrire pour vous féliciter pour votre plume, pour vos idées, pour votre patriotisme évident.
Je viens de lire votre présentation de la vidéo AMWEY, et j'ai écouté la chanson.
Je ne vais pas me limiter à vous féliciter. je vous dis MERCI. Je n'ai rien à ajouter.
Henri Piquion
le 8 novembre 2021
Vous avez tout dit Mr. Dorismond. Mes compliments.
ReplyDeleteYou right,you Prophete,
ReplyDeleteThanks.