Par Eddy Cavé
Ottawa le 20 mars 2025
Dans la première partie de cet article, nous avons rappelé les circonstances dans lesquelles la photo ci-dessous a été prise, soit le 5 avril 1955 à l’occasion du Cinquantenaire du Lycée Nord Alexis de Jérémie. Dans la deuxième, nous avons présenté chacun des membres du corps professoral figurant, assis, dans la première rangée. Cette troisième tranche de l’article traite des huit autres professeurs figurant debout à la deuxième rangée.
Antoine Jean-Charles, debout, 1er à partir de la gauche
Antoine Jean-Charles |
En cette journée du 5 avril 1955,
Antoine Jean-Charles est un jeune professeur de sciences sociales qui doit
faire ses preuves dans le sillage d’Octave Petit et de Roger Jérôme. Je l’ai vu
ce jour-là harceler littéralement ce dernier lui rende un livre d’histoire dont
il a grand besoin pour mettre la dernière main à sa conférence du jour. Jérôme
refuse et il s’en faut de peu pour qu’ils en viennent aux poings. Sportif, bien
musclé, mais peu porté à la bagarre, Antoine préférera céder devant un
Ti-Jérôme obstiné et déterminé à défendre jusqu’au bout sa réputation de grand
professeur d’histoire.
Parallèlement
à sa carrière d’enseignant, Antoine a ouvert un cabinet d’avocat avec Alphonse
Bazile et s’engage avec ce partenaire dans l’action communautaire et la création
de coopératives dans la région. Aux élections de 1957, ils se retrouveront dans
des camps différents, et Antoine fera carrière dans la magistrature, occupant
les fonctions de Commissaire du gouvernement à Jérémie et de Doyen du tribunal
civil de Port-au-Prince.
Dans
le livre Haïti : The Duvaliers and their Legacy (pp. 114-115) Elizabeth Abbot a relaté la terrible épreuve
qu’Antoine a vécue en janvier 1964, quand il a été convoqué à Port-au-Prince pour
répondre de sa participation à la conspiration Lucien Daumec. Le bruit courut
qu’il avait été exécuté, mais les choses se passèrent autrement pour lui. Par
contre, le juge Berthier Nachet, originaire de Corail, qui avait été convoqué
et interrogé comme lui, mourut subitement peu de temps après son retour à
Jérémie.
Durant
l’interrogatoire mené d’une main de fer par Luc Désir, le chef de la police
secrète, le magistrat défendit sa cause avec courage et affirma qu’il ne répondrait à certaines
questions qu’en présence du Président. Cette demande acceptée, l’accusé rappela à Duvalier, toujours selon Abbott, qu’il avait contribué à sa victoire en 1957 et
qu’il n’avait rien reçu de lui en retour.
Abbot relate aussi que François Duvalier fit venir sa femme pour lui faire entendre la preuve de la trahison de Daumec, leur beau-frère. L’auteure ajoute que, non seulement l’accusé a été renvoyé hors de cause, mais que Duvalier lui recommanda de dire tous les jours, comme lui, le psaume 9. En glissant dans les poches du magistrat une enveloppe contenant 300 dollars, le dictateur lui suggéra de lui envoyer directement tous les mois un rapport sur Jérémie. N’ayant pas donné suite à cette demande formulée en termes voilés, le magistrat ne tardera pas à tomber en disgrâce. Comme le rappelle Elizabeth Abbot (p. 337), Antoine Jean-Charles venait d’être nommé doyen du tribunal civil de Port-au-Prince quand il présida en 1986 le tribunal qui a condamné le même Luc Désir à la peine capitale. Le futur ambassadeur d’Haïti à Ottawa, Emmanuel Ambroise, était l’un des rares parents des victimes de la dictature à se présenter au tribunal pour accuser de torture et de meurtre l’ancien chef de la police secrète. Ne serait-ce que pour cette raison, ces deux hommes ont droit à notre plus profond respect. Au terme de sa double carrière d’enseignant et de magistrat, Antoine Jean-Charles a pris le chemin de l’exil volontaire et s’est éteint aux États-Unis en 2022.
Gérard C. Noël, 2e à partir de la gauche
Gérard C. Noël |
Chaleureux,
empressé et charismatique, Gérard Noël est l’un des professeurs les plus
compétents et les plus aimés du Lycée. Flamboyant de nature, il est aussi le
moins modeste. Dans ses classes, « plume ne grouille » quand il laisse tomber
son veston et s’installe au tableau. À vrai dire, il n’a jamais été mon
professeur, mais j’ai assisté à quelques-uns de ses cours de latin en classe de seconde, durant la
courte période où le lycée était à La Source. J’étais alors retenu à Jérémie en
pleine semaine de classe à cause d’un nordé qui soufflait sans désemparer.
Impressionnant le bonhomme! Quel bagou! Et quelle facilité de concilier
l’autorité du professeur en chaire avec les rapports de frère aîné qu’il entretient
avec ses élèves…
De tous les professeurs que j’ai côtoyés, Gérard est, après Marcel Gilbert, celui qui a le plus influencé ma formation intellectuelle. Il m’a toujours entouré de conseils salutaires, orientant mes lectures, m’introduisant à Port-au-Prince dans le monde de ses confrères du journalisme, de la politique, etc. Un grand frère que j’admirais beaucoup, sans toutefois vouloir lui ressembler… Je n’en aurais pas été capable non plus. Pas assez doué et trop timide pour cela !
Pendant la visite électorale de Clément Jumelle à Jérémie en 1957, Gérard rencontre Brumaire Louis, le directeur d’un journal de Port-au-Prince qui ne tarde pas à l’engager comme rédacteur. De là, il devient éditorialiste, puis gérant-responsable de la publication. Sa carrière prend alors son envol et il mène jusqu’à sa mort une vie orageuse entrecoupée de courtes périodes d’accalmie.
De
passage à Port-au-Prince en 1976, je le retrouve au cabinet du même Newton
Charles, qui le traite comme un fils. Mais il souffre de bougeotte et il y a deux choses qui le passionnent
véritablement : la politique et la conspiration. C’est ainsi qu’il sera de
toutes les oppositions au régime Duvalier et qu’il connaitra toutes les joies
et tous les déboires de l’action politique : l’adulation des femmes, les
bastonnades, la résidence surveillée, l’emprisonnement arbitraire, etc.
À
la veille du départ de Jean-Claude Duvalier pour l’exil, Gérard était si
profondément plongé dans la conspiration qu’il sera le seul civil à participer
au plan de contingence conçu pour limiter les pertes de vies humaines
envisagées par l’état-major de l’Armée. C’est du moins ce qu’il m’a raconté en
présence de son proche ami, l’ancien
général William Régala. Par la suite, il accédera aux postes de ministre
du Travail et des Affaires sociales et de ministre de l’information sous le
Conseil militaire de gouvernement de Namphy, première version.
En
visite au pays pendant l’été 1986, j’ai passé, dans son immense bureau de
ministre, une journée entière à observer
le fonctionnement d’un de ces hauts lieux du pouvoir en Haïti et j’en suis
sorti abasourdi. Le Ministre n’a visiblement pas un emploi du temps écrit, foule aux pieds les techniques de gestion les
plus élémentaires, ne lance aucune initiative sérieuse, aucun projet non plus.
Il se contente de réagir aux chocs venant de toutes les directions. Le
téléphone sonne dans ce bureau comme dans une caserne de pompiers, déclenchant
un branle-bas chaque fois qu’un appel vient du Palais national…
J’avais
pour cet ami de toujours deux grandes questions qui sont restées sans réponse :
1) Pourquoi l’ancien éducateur qu’il était n’a pas choisi l’Éducation
nationale comme champ d’expérimentation d’une réforme salutaire pour le pays ?
2) Pourquoi l’avocat de carrière qu’il était n’a pas demandé le
portefeuille de la Justice où il aurait pu laisser un héritage durable ? Mon
hypothèse, c’est que ni l’éducation ni le droit ne l’intéressaient à cette
étape de sa carrière… L’euphorie du pouvoir et les polémiques avec l’opposition
absorbaient toutes ses énergies, Ses points de presse à l’époque de l’Opération
Rache Manyòk étaient de vrais modèles du genre…
Gérard
ne cessa jamais de me parler du discours du Cinquantenaire du Lycée où Mèt Newton au lever du rideau : « Ce soir,
je suis gris, je suis saoul, je suis content. » Des années durant, il répétera cette phrase
chaque fois que l’occasion s’y prêtera… Et il y en a eu beaucoup. J’ai consacré
à sa mémoire un chapitre complet du tome 2 de mon livre De mémoire de Jérémien
— En pensant aux amis disparus.
Par
un agréable concours de circonstances, Léo Joseph, cofondateur d’Haïti
Observateur, a retrouvé Gérard comme professeur de lettres à Nord Alexis après
avoir été son élève au Lycée Philippe Guerrier des Cayes. Son père, le pasteur
Joseph, avait été muté à Dame-Marie après
le cyclone Hazel en 1954 et il l’inscrivit au lycée de Jérémie. Cette rencontre
facilita grandement son adaptation dans sa nouvelle ville et il en garde encore
un très agréable souvenir.
Par son charisme extraordinaire et sa spontanéité hors du commun, Gérard a impressionné la plupart des gens qu’il a croisés dans sa triple vie d’enseignant, d’homme politique et de bambocheur.
Sportif, conciliant et passionné de
football, René ne semble pas avoir laissé beaucoup de souvenirs au Lycée. Il
est aujourd’hui le seul survivant du corps professoral de 1955. Tout ce dont je
me souviens de lui, c’est que nous pratiquions l’haltérophilie en groupe avec
Joe Bontemps fils, Antoine Jean-Charles et Serge Pierre. Il était petit de taille, mais c’était un bel
athlète et un bonhomme solide comme du roc. Je me souviens également avoir fait
un voyage aux Cayes avec le groupe pour assister à un match de championnat
interrégional de foot aux Cayes. René
avait une telle mémoire que, durant le voyage, il reconstitua pour nous avec
une incroyable précision la manière dont chacun des buts de la sélection
jérémienne avait été mené… Plus de 60 ans après, je m’en souviens encore.
Titularisé
comme professeur de mathématiques, il est resté un certain temps au Lycée, a
épousé une jeune fille de mon village de Nan Goudwon, Jacqueline Gaubert, et
s’est établi par la suite à Port-au-Prince. On le retrouve alors à la Cour
supérieure des comptes où il apporte à son travail quotidien la rigueur d’un
professeur de mathématiques. Comme il est très casanier, très discret et sort très peu, on sait peu de choses sur son
passage dans cette institution qui jouait, elle aussi, un rôle très effacé dans
le dispositif de contrôle financier de l’État.
D’autant plus que son frère Marcel, qui travaillait à l’ODVA, pour le
ministère de l’Agriculture, a disparu en
prison, vers 1970.
René est aujourd’hui le seul survivant du corps professoral de 1955. Le seul des quinze professeurs apparaissant sur cette précieuse photo à avoir survécu à l’épreuve des ans. J’ai eu l’immense plaisir de renouer avec lui dans le cadre de la préparation de cet article et je me réjouis à l’idée qu’il tient le coup
Champana Bernard, 4e à partir de la gauche
Champana est un professeur de sciences
arrivé au Lycée après avoir abandonné des études de médecine. Démarche apparemment
nonchalante, élégant et très calme, il ne fait pas de vagues et possède naturellement
sa matière. Très peu de Jérémiens se souviennent aujourd’hui de lui.
Après la campagne électorale de 1957, il obtient un poste aux Cayes dans les usines nationalisées de vétiver de l’ancien sénateur Louis Déjoie aux Cayes. Il y restera peu et entrera à l’Institut du Bien-être social à Port-au-Prince. De là, on perd sa trace et on n’entend plus parler de lui.
Alix Alcindor, 5e à partir de la gauche sur la photo de groupe
Alix Alcindor |
Issu d’une famille de 14 enfants,
Alix Alcindor était professeur suppléant quand je l’ai retrouvé au Lycée. Réservé
jusqu’à la timidité, pondéré, il ne faisait pas de vagues et se contentait de faire tranquillement son
boulot. Personnalité repliée sur elle-même, Alix a laissé peu de souvenirs chez
les anciens du Lycée. Tout ce dont on se souvient de lui, c’est qu’il ne
dérangeait personne, faisait son boulot et rentrait chez lui. D’une santé
fragile, il n’était nullement prédisposé à s’imposer par la force, les menaces
et ni dans les affrontements avec « les meneurs et les mauvaises
têtes ».
Médius Noël (Mèt Medo), 3e à partir de la droite
Qui n’a pas connu à Jérémie le grand Médius Noël, dont la maison et le cabinet formaient un des angles du Carrefour Jubilé ? Cet homme d’environ 6 pieds 2 était d’un calme imperturbable et il en imposait par sa sagesse et sa tolérance. À la différence des autres membres du corps enseignant, Mèt Medo avait fait ses études secondaires dans une des grandes écoles congréganistes de la Capitale, Saint-Martial ou Saint-Louis de Gonzague, où il avait appris l’anglais.
Selon la tradition établie, Maitre Médius initiait les nouveaux arrivants à l’anglais en classe de 6e et Amiclé Beaugé se chargeait de la suite à partir de la 5e. Outre ses attributions au Lycée, Médius Noël enseignait le droit constitutionnel à l’École libre de droit de la ville.
Au moment où François Duvalier renouvelle à sa façon le personnel du tribunal civil, Prudent Joseph remplace Roger Hilaire au poste de Doyen du tribunal civil, tandis que Médius Noël succède à Catinat Sansaricq comme Juge d’instruction. C’est également à cette époque qu’au terme d’un conflit larvé avec le capitaine Abel Jérôme, Gérard Noël sera nommé tour à tour Commissaire du Gouvernement, puis juge au tribunal civil. Il sera muté à l’Anse-à-veau peu de temps après et abandonnera son poste pour s’établir à Port-au-Prince sous la protection de quelques amis bien placés.
Pierre Jean-Denis, 2e à partir de la droite sur la photo de groupe
Pieere Jean-Denis |
J’ai davantage connu Pierre Jean-Denis dans des activités sociales et politiques qu’au lycée, de sorte que je suis incapable de témoigner de ses compétences ni de sa pédagogie. Je sais toutefois que, durant la période mouvementée des élections de 1957, plus précisément après l’incendie du Lycée, il fit la prison politique avec Antoine Jean-Charles, l’ancien député Oriol Eustache; avec mon père Annibal Cavé, mon cousin Pierre Mayas, mon parrain le Dr Apollo Garnier; avec mes proches ami Gérard Noël, Jean Alcide, etc. C’était durant la campagne électorale musclée de 1957 et tous ces chefs de file faisaient partie du front anti-Déjoie. Cet affrontement a coûté très cher à la fois à la ville, au pays et aux protagonistes des deux camps.
On trouvera dans le tome 2 de De mémoire de Jérémien (page 96) une photo où Gérard Noël, le Dr Apollo Garnier et Pierre Jean-Denis apparaissent, torse nu, dans la camionnette de l’Armée d’Haïti les conduisant au tribunal civil pour une accusation sans fondement. Cette scène théâtrale avait été montée par Gérard Noël et Apollon Garnier et elle créa un véritable émoi dans la ville. Elle contribua aussi à envenimer considérablement les tensions sociales dans cette ville qui se remettait à grand peine des déchirements de la campagne électorale de 1946 entre les candidats à la députation Hermann Jérôme et Raoul Duquella.
Pierre
Jean-Denis était un véritable gentleman.
Mince, grand, élancé, il avait un physique attrayant et surtout l’assurance
des hommes de bien qui savent de quoi ils parlent. Il avait la particularité de
manifester autant de respect pour ses élèves que de considération pour ses
collègues. Il a ainsi laissé d’excellents souvenirs chez toutes celles et tous
ceux qui l’ont connu.
Gilbeau Robert, debout, 1er à
partir de la droite
Calme,
modéré, démarche de sénateur, Gilbeau Robert passe tous les matins sous mon
balcon en 1955 pour se rendre au Lycée où
il donne des cours de mathématiques. Dans la ville, peu de gens savent qu’il
est le premier, sinon le seul, diplômé de la nouvelle École normale supérieure
du pays. Les autres profs ont fait de bonnes études secondaires complètes ou
suivi le programme d’un an des Cours normaux supérieurs, mais Gilbeau est le
premier et le seul vrai normalien.
Par
ailleurs, ce colosse de plus de 6 pieds en impose autant pas sa taille que par
la maîtrise de sa discipline. Et quand arrivera le temps d’initier les jeunes
aux mathématiques modernes, Mèt Gilbo
s’acquittera de ses nouvelles obligations avec brio.
Le droit
étant à l’époque un complément d’études presque obligatoire pour les notables en
réserve de la République, ce jeune mathématicien se remet aux études, décroche
sa licence en droit et s’inscrit au Barreau. Comme son collègue Antoine
Jean-Charles, qui a épousé, lui aussi, une jeune Jocelyn, Gilbeau passe à la
magistrature au bout d’un certain temps. Il obtient ensuite une mutation à la
Capitale et accède au bout de quelques années au poste de Substitut du
Commissaire du gouvernement auprès du Tribunal de Cassation.
L’homme est paisible et conciliant, mais il ne se laisse pas marcher sur les pieds. C’est ainsi qu’il a survécu de justesse à un coup de feu tiré en sa direction lors d’un incident survenu, selon les témoins, au Cercle catholique de Jérémie. Dans ses nouvelles fonctions au plus haut tribunal du pays, sa vie est de nouveau menacée en 2011 à cause d’une position adoptée dans une poursuite intentée contre un entrepreneur bénéficiant de la protection du nouveau pouvoir en place. Refusant de céder au chantage et aux pressions des autorités de l’heure, il quitte définitivement le pays avec sa famille. Il s’est éteint à Orlando, en Floride en 2021.
**************
En guise de complément à ce coup d’œil rétrospectif sur le personnel enseignant du Lycée Nord Alexis, nous présentons à la page suivante l’un des rares souvenirs d’une des promotions à cheval sur les décennies 1950 et 1960. Le Lycée avait alors les trois sections A, B et C, et Clément Amiclé Beaugé enseignait l’anglais et l’espagnol dans la section C. Dans le souci manifeste de laisser un souvenir à la postérité, cette promotion fit venir un jour le photographe ami Luc Jeune qui s’acquitta avec amour de la mission confiée.
Une absence notable, me disait Barnave François,
premier à gauche sur la photo. Celle de
Jacky Charlier, le fils du couple de militants de gauche Ghislaine et Étienne
Charlier qui avaient envoyé leurs fils Jacky
et Maxon à Jérémie pour terminer leur
secondaire. Ces deux jeunes ont laissé des souvenirs impérissables dans la
mémoire de leurs camarables de promotion : Jacky, pour les discussions
animées qu’il avait avec Roger Jérôme sur des points d’histoire à propos
desquels le professeur Jérôme et son père historien avaient des opinions
diffèrentes; Maxon qui, le premier, embrigada les adolescents de la ville pour
effectuer avec eux des travaux communautaires. Cela lui valut bien des déboires
et il fut même torturé. Les deux
frères Charlier sont morts prématurément. Jacky s’est éteint le premier à New York,
après avoir œuvré dans les services sociaux et, dans le théatre, avec la troupe
Kouidor. Quant à Maxon, il est mort à Montréal dans des circonstances non
élucidées pendant qu’ il était hospitalisé dans un établissement de soins de
longuée durée.
LA CLASSE DE SECONDE C, EN 1960-1961
Conservée comme un symbole de l’harmonie qui régnait au nouveau Lycée, sous la direction de Clément Amiclé Beaugé, cette photo de la classe de seconde C de 1960-1961 m’a été donnée comme une relique le jour des funérailles de Solon Baltazar à Montréal, le 1er janvier 2016.
On y voit :
Debout,
de g. à dr. : Barnave François, Solon Baltazar, en arrière-plan un élève
non identifié, Pierre-Marie Duquella,
Jean Misère, le directeur et professeur d’espagnol Clément Beaugé, Élie Noël
et Louis-Pierre Joseph.
Accroupis :
Benjamin Marseille (Ti Benn), Pierre-Michel Charles, Laurent Eustache,
Serge François, Marlène Lucien, Pierre
Paisible et Maurice Chevalier.Au milieu de la photo, une seule jeune dame :
Marlène Lucien, aujourdf »u résidente d’Ottawa. Sa présence nous rappelle
que le lycée était mixte… et non sexiste.
Comme
les aînés des promotions précédentes, plusieurs des amis qu’on voit ici ont
déjà fait le grand saut. Il incombe donc à ceux qui sont encore verts la lourde
tâche d’entretenir la mémoire collective et de participer à la régénération
tant souhaitée de la nation commune.
Le marbre ci-contre, qui se trouve à l’entrée de l’auditorium, indique que le chantier a été ouvert le 26 novembre 1959.
— FIN DE LA TROISIÈME PARTIE—
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