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Saturday, May 9, 2020

Covid-19 : «L’université en Haïti doit se réinventer », exhorte le professeur Samuel Pierre

Invité à prendre part à une discussion organisée par la Conférence des recteurs, des présidents et dirigeants d’institutions d’enseignement supérieur haïtiennes (Corpuha) autour du thème « L’université haïtienne au temps du Covid-19 : défis, opportunités et perspectives pour la reprise et la reconstruction dans le contexte post-pandémie », le professeur Samuel Pierre, qui dirige le Groupe de réflexion et d’action pour une nouvelle Haïti (Grahn-Monde), croit que le contexte de crise provoquée par le coronavirus montre la nécessité pour l’université en Haïti de se réinventer.  


Le professeur Samuel Pierre
Photo ( Le Nouvelliste )
Le professeur Samuel Pierre a évoqué le contexte très particulier qu’impose cette pandémie affectant la planète entière et constituant une source de préoccupations pour Haïti, comme pour l’ensemble du monde. Pour le spécialiste en réseaux de communication câblés et sans fil, de l’informatique mobile et du téléapprentissage, cette situation nous amène à voir que l’université en Haïti doit se réinventer dans la mesure où nous avons une université qui fonctionne avec des méthodes traditionnelles qui ne tiennent plus la route.
Selon le chercheur haïtien qui dirige le Groupe de recherche en réseautique et informatique mobile (GRIM), ainsi que le Laboratoire de recherche en réseautique et informatique mobile (LARIM) à l’École polytechnique de Montréal (Canada), le modèle traditionnel centré fondamentalement sur l’enseignement de type instruction avec des élèves et étudiants dispensé dans une salle de classe et un professeur en avant et détenteur d’un savoir qu’il diffuse est dépassé. Un tel modèle, selon lui, ne correspond pas à la situation d’aujourd’hui. Il faut faire autre chose, a-t-il soutenu.
Le professeur Pierre estime que la place de l’université doit être au cœur du débat dans la société. « Nous avons des institutions universitaires en Haïti qui sont cantonnées dans l’enseignement traditionnel et qui n’interviennent pas dans le débat public. Les lieux de prise de parole n’incluent pas l’université. Quand cette dernière intervient, c’est pour faire des revendications (quoiqu’elles soient légitimes). Mais ce n’est jamais pour défendre l’intérêt général au sein du milieu universitaire. Les lieux de pouvoir qui sont investis, ce sont des lieux de pouvoir qui ne sont pas exclusivement réservés aux universités… », a observé le professeur, évoquant plutôt la prédominance des débats politiques.
Pour le chercheur haïtien, il manque une parole de science, de fait, de vérité, d’objectivité. Les gens interviennent avec leur parti pris allant, tout à fait, à l’encontre de l’esprit scientifique où l’on essaie de poser les problèmes ou de les résoudre avec une certaine objectivité. Selon le professeur, l’université devrait être ce lieu où l’on articule le débat s'appuyant sur des faits, sur la science pour éclairer la société. L’approche  universitaire, qui a sa place dans les débats, doit être préservée notamment dans l’espace universitaire. 
Si certains estiment que la crise du coronavirus peut être une occasion pour le pays de repartir sur de nouvelles bases, le professeur Samuel Pierre, lui, se veut prudent. Pour lui, le pays avait raté l’occasion en or qui lui était présentée après le séisme  du 12 janvier 2010 pour faire un saut dans la modernité. Mais le comportement des compatriotes haïtiens laisse encore des goûts amers, car ils n’ont pas vraiment profité des moyens qui étaient  placés à leur disposition pour faire avancer le pays. « On ne tire pas les leçons des malheurs qui nous arrivent. Très souvent, on tourne la page sans jamais tirer de leçon, et on continue la vie comme s’il ne s’était rien passé », regrette le professeur Pierre, qui est aussi l’un des responsables de l’Institut des sciences, de technologie et des études avancées d’Haïti (ISTEAH), une institution universitaire qui offre, pour le moment, des programmes de formation en maîtrise et  en doctorat, et qui donne sa formation essentiellement à distance.


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