À un an de la
fin de son dernier mandat, le 44e président des États-Unis a repris dans
son septième et ultime discours sur l'état de l'Union, prononcé mardi, le thème
qui l'avait mené à la Maison-Blanche : le changement et l'espoir. Appelant
à la fin de la politique partisane, Barack Obama a livré une allocution au
ton optimiste, parfois moqueur, ponctuée de critiques à l'endroit de certains
candidats républicains à la présidence.
Contrairement à
l'habitude, le président n'a pas axé son discours sur ses priorités de la
prochaine année, mais « sur l'avenir » et les changements
« extraordinaires » qu'il réserve.
« Ce
changement peut élargir l'éventail des possibilités ou élargir le fossé des
inégalités. Que nous l'acceptions ou non, le rythme de ce changement n'ira
qu'en s'accélérant », a-t-il dit, offrant un contraste avec certains
républicains qui aspirent à lui succéder - Donald Trump en
tête, qui vante la gloire passée de l'Amérique.
Souvent
ovationné par les démocrates, le président Obama a rappelé que les
Américains, à d'autres moments de leur histoire, avaient pu gérer le
changement, notamment les vagues d'immigration successives, en surmontant
leurs craintes.
« L'avenir
que nous voulons - des possibilités économiques et la sécurité pour nos
familles, l'amélioration des conditions de vie et une planète où le
développement durable et la paix sont envisageables - tout cela est à
portée de main », mais seulement si le pays peut revenir à des débats
constructifs rationnels », a-t-il dit, appelant les élus des deux partis à
« réparer [la] politique » américaine.
Dans un geste inusité, le président Obama a d'ailleurs admis devant les élus des deux Chambres réunies du Congrès qu'il « regrettait » de ne pas avoir été capable de changer le ton de la politique à Washington, ajoutant qu'il tenterait de « faire mieux » d'ici son départ.
Le dernier discours de Barack Obama sur l’état de l’Union
« C'est
l'un des quelques regrets de ma présidence : que la rancœur et la méfiance
entre les partis se soient amplifiées au lieu de s'être atténuées. »— Le
président Barack Obama
Dans ce qui a
été sa critique la plus acerbe des prétendants républicains, Barack Obama
a mis en garde contre ceux qui font « des concitoyens qui ne nous
ressemblent pas, ne prient pas comme nous, ne votent pas comme nous le faisons
ou n'avons pas le même parcours des boucs émissaires ».
« L'Amérique
se doit d'être exemplaire et cela passe par le rejet de toute politique
fondée sur la stigmatisation de la race ou de la religion », une
critique visant visiblement Donald Trump, qui a tenu des propos controversés
sur les Mexicains et les musulmans.
Présentant la
protection des Américains et lutte antiterroriste comme « la priorité »,
il a mis en garde contre les « affirmations farfelues » qui
présentent la lutte contre le groupe armé État islamique (EI) comme
« la Troisième Guerre mondiale ». « Elles font le
jeu » des djihadistes, a-t-il affirmé.
« Il faut
les appeler par leurs noms : des assassins et des fanatiques qui
doivent être débusqués, traqués et éliminés », a-t-il insisté,
évoquant sa lutte contre l'EI, jugée trop timorée par ses adversaires.
« Si vous
doutez de la détermination de l'Amérique, demandez à Oussama ben Laden ce
qu'il en pense », a ajouté Barack Obama, sous lequel l'ancien chef
d'Al-Qaïda a été tué, dix ans après les attentats
du 11 septembre 2001.
Dénonçant la
rhétorique de certains de ses adversaires qui critiquent la supposée faiblesse
des États-Unis, il a répliqué qu'ils étaient « la nation la plus puissante
du monde ».
Des projets à
réaliser
Pour l'année
qu'il lui reste à la tête de la Maison-Blanche, il a répété son espoir de voir
aboutir certains de ses grands projets et livré un plaidoyer pour l'égalité
des chances.
Se posant en
défenseur des énergies propres et renouvelables, il s'est moqué des détracteurs
des changements climatiques.
« Quand, en
1957, les Soviétiques ont envoyé Spoutnik dans l'espace, nous n'avons pas nié
son existence. Nous avons bâti pratiquement du jour au lendemain un programme
spatial et, 12 ans plus tard, nous marchions sur la Lune »,
a-t-il ironisé.
Il a également
plaidé en faveur d'un contrôle accru des armes à feu, de la fermeture de la
prison de Guantanamo, « dispendieuse et inutile », ou encore la
levée de l'embargo contre Cuba et a appelé le Congrès à ratifier le Partenariat
transpacifique (PTP).
« Admettez
que la guerre froide est finie. Levez l'embargo! »— Barack Obama
Il a aussi
annoncé un « nouvel effort national » pour faire de l'Amérique
le pays qui éradique le cancer « une fois pour toutes », une
initiative qu'il a confiée au vice-président Joe Biden.
Le président
Obama a également vanté le bilan de ses deux mandats, insistant notamment sur
les progrès accomplis par le pays depuis la crise économique dont il a hérité
lors de son accession au pouvoir. Il a rappelé que 14 millions d'emplois
avaient été créés depuis son élection et que le taux de chômage avait été
divisé par deux.
Il a également
souligné que la réforme de la santé avait permis à 18 millions
d'Américains d'avoir un accès à une couverture médicale et a salué l'accord sur
le nucléaire iranien.
Une vue de la Chambre du Congrès américain lors de l'adresse du président Obama sur l'état de l'Union. |
Ce rendez-vous
était pour Barack Obama la dernière grande occasion de s'adresser aux
Américains avant que le pays ne bascule complètement dans la frénésie
électorale des primaires, le mois prochain.
Un seul des
trois candidats à l'investiture républicaine qui siègent au Congrès était
présent, le sénateur de la Floride Marco Rubio.
Un seul candidat
démocrate, le sénateur du Vermont, Bernie Sanders, lui aussi sur place, fait
partie des élus du Congrès.
Vingt-trois
personnes ont été invitées par la première dame, Michelle Obama, dont un
réfugié syrien, une des premières Américaines diplômées de l'école militaire
d'élite des Rangers et l'un des plaignants à l'origine de la légalisation du
mariage gai.
De leur côté,
les républicains ont notamment invité Kim Davis, la greffière du Kentucky qui a
refusé de délivrer des certificats de mariage à des couples homosexuels.
À l'issue du
discours, c'est la gouverneure de la Caroline du Sud, Nikki Haley, qui a
officiellement réagi au nom du camp républicain.
Le meneur de la
course républicaine, Donald Trump, n'a pas attendu la fin de l'allocution pour
la critiquer sur Twitter : « ennuyante, lente, léthargique
- difficile à regarder.
Barack Obama a
livré un autre de ses discours magistrales. Un dernier discours sur l'état de
l'Union rempli d'humanisme et d'espoirs tant pour les Etats-Unis que pour le
monde.
Il n'y a que ce Président exceptionnel, sans doute le plus grand de l'histoire
américaine moderne, qui peut prononcer, sans étonner personne, des mots comme
"vérité désarmée" et "amour inconditionnel".
Sources : Radio-Canada
avec Reuters, Agence France-Presse et Maison Blanche
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