Discours d'Etzer Vilaire à la mémoire des héros de l'Indépendance, de Charlemagne Péralte... 

Sunday, August 20, 2023

Célébration du jubilé des médecins diplomés de la Faculté de médecine de Port-au-Prince

Rosalvo Bobo

Pendant 3 jours de suite, du 19 au 21 août, la promotion Rosalvo Bobo 1973 a célebré le jubilé de l'obtention du diplôme médical de la Fac de médecine de l’Université d'État d'Haïti. Les diverses phases de cette célébration ont eu lieu à Fort Lauderdale en Floride à l'Hôtel Marriott de l'aéroport.

Des diplômés de cette promotion sont venus de divers points géographiques des États-Unis pour cette fin. Et un Zoom meeting a eu lieu pour établir une liaison avec des médecins de la classe jubilaire qui n'ont pas pu faire le déplacement.

Le clou de la célébration à été la soirée de gala ayant eu lieu le samedi 19 août au cours de laquelle les médecins jubilaires et l'assistance ont assisté à des présentations et shows musicaux entrecoupés d’un mémorial rendant hommage aux disparus et suivi de deux allocutions portant l'emphase sur la signification de la célébration.  Ces discours de circonstance ont été prononcés par Dr. Joseph Lochard et  Dr.Carl Gilbert

Une messe d'action de grâce a eu lieu à l’église catholique  (St Barthélemee de Miramar) en faveur des médecins de la classe 1973 tandis qu'un Zoom meeting réunissait des Docs. de la classe 1973 pour clôturer la fête. 

Des maillots-souvenir ainsi que des articles marquant le cinquantenaire de cette étape dans la vie professionnelle des médecins ont été distribués.  

Hervé Gilbert, pour Haïti Connexion Culture et RFC

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Discours de circonstance par Dr Carl Gilbert. (Version anglaise)

Dr. Carl Gilbert





Mes chers Consœurs et Confrères de la classe Rosalvo Bobo,

Aujourd'hui, nous nous réunissons ici pour célébrer une étape importante de notre vie : le jubilé de l’obtention de notre diplôme de médecin de la Faculté de médecine de l'Université de l’État d'Haïti. C'est un honneur et un plaisir d'être devant vous, chers collègues, alors que nous réfléchissons à l'incroyable voyage que nous avons entrepris ensemble il y a cinquante ans.

Je pense que si le comité organisateur de cette célébration avait été au courant de l’une de mes conneries d’autrefois, il aurait beaucoup hésité à m’accorder cet honneur de vous adresser ce soir : 

Je m’explique et je confesse :

De gauche à droite: Drs Renaud Blemur, Bernard
Beauboeuf, Jacques Dole, Oswald André, Carl Gilbert

J’étais en 5ème ou bien 4ème secondaire du collège St louis de Jérémie. Père Percy, un puriste de la langue française, revoyait avec nous les deux formes active et passive d’une phrase française. Il nous explique que dans la forme active le sujet de la phrase fait l’action et dans la forme passive le sujet subit l’action. Puis, il désigna un condisciple d'illustrer devant toute la classe ses explications avec un exemple d’une phrase avec la forme active. Timidement, le camarade se lève et dit : le chat a dévoré la souris. Bravo ! Tout le monde était d’accord que ce fût un bel exemple de phrase active dans laquelle le sujet fait l’action et est responsable de l‘action.

De plus, c'est une vérité de la Palice que les chats aiment pourchasser les souris pour les croquer.  

Première rangée de gauche à droite:
Drs: Yanick Charles-Pierre, Rolande 
Pierre-Louis. 2ème rangée g/droite: Drs
Carl Gilbert, Yves Jean-Bart, Daniel
François, Rodrigue Dossous, Louis
Joseph Auguste, Jacques Hyacinthe,
Joseph Lochard, Jacques Dole. 3è rangée:
Drs Serge Veillard, Ludner Confident, Frantz
Hyacinthe, Oswald André, Bernard
Beauboeuf, Renaud Blémur. 
       

Satisfait, Père Percy, qui d’une façon ou d’une autre savait plus de moi et que moi je savais davantage que je ne le montrais, se tourna vers ma direction et me demanda de donner à toute la classe un exemple d’une phrase avec une forme passive, quand le sujet subit l’action exprimée par le verbe. Et moi, pince sans rire, je dis : Moi, Carl Gilbert, j'ai été mangé par la souris. Ebahi, le bon père Percy, sourit, secoua la tête et ne put rien dire alors que toute la classe riait aux éclats. Il voulait une forme passive, je lui en donnai une. Même l’Académie française serait d’accord avec moi. Le comité organisateur peut se détendre, Je ne vais point essayer de retourner “en enfance” comme on dit a propos de gens séniles avec leurs conneries. 

Sur cette note …disons qu’alors que nous nous souvenons des premiers jours de vie estudiantine, nous étions remplis d'enthousiasme juvénile et d'une passion inébranlable pour faire une différence dans le monde en général et celui de la médecine en particulier. Nous sommes entrés dans les couloirs ou corridors de notre institution avec des rêves dans nos cœurs et une soif de connaissance. Nous ne savions pas alors, les défis et les triomphes qui nous attendaient. Des photos de nous autour des tables de dissection peuvent en témoigner. Nous étions lors des jeunots bourrés d’espoir… et de vie active, si bien que nous croyons que nous étions capables de devenir des footballeurs-médecins. Il y a encore des photos pour en témoigner. 

Dr. Carl Gilbert et sa femme Ghislaine 
Nos années d'études en médecine ont été un creuset d'apprentissage, de croissance et de découverte de soi. Nous avons enduré d'innombrables heures d'études, des nuits blanches et des examens exténuants. Nous nous sommes soutenus à travers les hauts et les bas, formant des liens durables qui ont résisté à l'épreuve du temps. Ensemble, nous avons ri, pleuré et célébré les petites victoires qui nous ont rapprochés de notre objectif commun de devenir des guérisseurs. 

Puis, le parcours qui a suivi l'obtention du diplôme n'a pas été sans heurts. Nous avons fait face aux réalités du système de santé, avons été témoins de douleurs et de souffrances et avons pris des décisions difficiles qui ont façonné la vie d'innombrables personnes. De la Fac nous avons pris des chemins différents. Qui en médecine, qui en chirurgie, qui en obstétriques, qui a Chancerelles, qui,  dans les villes des provinces haïtiennes. Qui hélas en diaspora. 

Mais à travers tout cela, nous sommes restés inébranlables dans notre engagement envers nos patients, tirant notre force du fait que nous faisions une profonde différence dans leur vie. 

De la gauche vers la droite: Drs
Raynauld Blémur, Ludner Confident, 
Serge Veillard, Frantz Hyacinthe, 
groupe moteur de la célébration
Aujourd'hui, alors que nous sommes réunis ici, nous pouvons regarder en arrière avec fierté nos réalisations collectives. Nous avons sauvé des vies, apporté du réconfort aux personnes souffrantes et fait progresser –tant en Haiti ou ailleurs à travers le monde –la science médicale grâce à nos recherches et innovations et notre talent. Notre dévouement inlassable et notre compassion inébranlable ont touché d'innombrables cœurs et inspiré les futures générations de professionnels de la santé, à l’instar de notre patron Rosalvo Bobo qui lui voulait aller plus loin : il caressait lui le rêve de devenir président d’Haiti.

Mais alors que nous célébrons nos réalisations passées, durant le temps qui nous reste à vivre sur cette terre, n'oublions pas les défis  qui attendent nos jeunes collègues de la génération montante; Le monde de la médecine est en constante évolution et ils devront s'adapter à la transformation du paysage. Et ceci, avec notre assistance, comme l'avait fait , nous le citons encore, un Rosalvo qui s'était battu littéralement pour mettre , hélàs, notre chère Haïti sur le chemin du progrès.

Les Drs Confident (père et fils)
divertissant l'assistance durant
l'intermède.                             

Nous devons les encourager, ces jeunes, à continuer à repousser les limites du savoir, adopter les nouvelles technologies et défendre le bien-être de nos patients. Nos expériences et notre sagesse sont des ressources inestimables qui peuvent les guider sur la voie à suivre. 

Je ne saurais terminer cette allocution sans adresser des remerciements spéciaux à nos professeurs qui avaient fait de leur mieux pour nous inculquer le savoir, nos chers parents, les papas et mamans d’Haiti, tout autant que nos épouses ou époux, qui eux tous, aussi, ont sacrifié leurs moments personnels voire intimes pour que nous ayons pu effectuer ce travail d’homme ou de femme en blanc avec noblesse et assiduité. 

Drs Oswald André et Yanick Charles-Pierre

Pour terminer, levons nos verres afin d’honorer le jubilé de notre graduation à l'école de médecine de l‘université d’Etat d’Haiti. 

Puisse cette étape franchie il y a 50 ans nous rappeler le pouvoir durable de notre objectif commun et l'impact que nous avons eus sur la vie des autres. Alors que nous poursuivons nos voyages respectifs, puissions-nous puiser de la force dans les souvenirs que nous avons créés ensemble et continuer à laisser un héritage durable de compassion, d'intégrité et d'excellence, digne de l’illustre Rosalvo Bobo qui eut à dire à l’occasion du centenaire de l’indépendance d’Haiti et je cite : voyons mes amis, un peu de calme et de conscience ! 

Félicitations, mes chers collègues, pour cinquante années remarquables. 

Au monde qui nous regarde, maintenant, Voici la classe 1967-1973 —y compris, en esprit, les manquants à l'appel et nos chers disparus. Nous voici les individus incroyables que nous sommes devenus tous ensemble, malgré quelquefois vents et marée…autant que des larmes amères.

Carl Gilbert,MD, FACS, Adjunct

Clinical Professor of Surgery at NYIT


Les gradués de la promotion Rosalvo Bobo 1973


Le discours de circontance du Dr. Carl Gilbert

Note:Rosalvo Bobo (1873-1929) est une personnalité politique haïtienne et un chef révolutionnaire d'Haïti. Le docteur Rosalvo Bobo, médecin de formation, joua un rôle de premier plan dans les affaires haïtiennes, jusqu'à l'occupation américaine de 1915. Au moment du débarquement des marines en 1915 , il était le chef reconnu de la révolution qui venait de renverser le gouvernement du président Sam. Il était le favori ...

 

1 comment:



  1. Très beau discours du Dr Carl Gilbert!!! C'est le jérémien qui parle !

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