Tous les cleptomanes n'ont qu'une unique destination: la prison |
Par Max Dorismond
Plus le peuple est docile et gentil,
plus audacieux se révèlent les coupeurs de poches. Par cleptomanes, je
n’entends pas seulement les hommes d’affaires, mais aussi les politiciens de
tout crin, les cadres de la fonction publique, les banquiers, gardiens du
butin, les brasseurs de tout acabit…
N’était cette populace bon enfant qui
pleure simplement sa misère sans opter pour la violence, ces corrompus
auraient-ils le mâle courage de mener le pays par le bout du nez ? Si c’était un peuple avec une culture de
kamikaze, comme les Palestiniens, ou comme les esclaves marrons de
Saint-Domingue, déterminés à mettre à genou le système capitaliste naissant
manigancé par les malades mentaux de l’Europe affamée du XVIe et
XVIIe siècle, ces profiteurs de tout poil auraient trouvé chaussure à leur
pied. Mais voilà, ils se trouvent en face de poètes, de rêveurs, d’artistes, de
troubadours, de chanteurs de ballades, d’un groupe social deshumanisé, qui
décrivent leur situation dans des refrains à fendre l’âme, tels « Gad on doulè », au lieu de remettre à ces pestiférés
la monnaie de leur pièce.
Est-ce qu’il sera toujours ainsi pour
l’éternité ? Mais non! La nature a horreur des entraves. L’indignité peut durer un temps, mais jamais
longtemps. Le puzzle de l’existence
doit retrouver exactement sa place dans le concert du bonheur, mais la
patience, en attendant, se fait litière de cette urgence.
Comment expliquer à quelqu’un de
normal qu’un pays fonctionne sans nulle direction. Un président s’est réveillé
de sa torpeur face à la misère criante des laissés pour compte, avec
l’intention de donner une toute petite chance à ces damnés du destin. Il a été
écrabouillé comme un œuf pour avoir osé dire non, et depuis lors, c’est la
glissade vers le néant.
Le Premier ministre fantomatique y
résultant, dans un hypocrite élan de magnanimité, en vue de soulager les
pauvres, a voulu fixer par exemple le prix du carburant à un niveau moins
gourmand. Les vrais maîtres du jeu ont préféré immédiatement ne pas commander
le précieux liquide en guise d’un pied de nez au PM. Il en est de même de
toutes les marchandises de première nécessité. Le pouvoir veut diminuer la
marge : c’est la disette instantanée. Haïti ne produit presque rien, donc,
on ne les importe plus. Misère de misère! Le Palais recule. Ariel qui ne rêve
point d’être jovenélisé s’est fait peindre dans un coin. Les oligarques
ricanent.
La diaspora est considérée par ces
requins à col blanc comme la véritable vache à lait à traire en silence. La
mafia des banques la décrit telle une pourvoyeuse, une imprimante à dollars qui
déverse sur l’île, chaque année, plus de 4 milliards d’argent neuf. Ainsi,
les bureaux de change, les banques, se font le plaisir de ne pas verser les
fonds en Américain ou en devises d’origine, mais dans la monnaie de singe
nationale, selon leur propre taux, pour engranger des profits inimaginables par
ce jeu de dupe.
La Banque Centrale se fait toute
petite en agitant timidement la circulaire 114-3 qui définit les normes
relatives aux opérations de transferts internationaux sans contrepartie, en
reportant son application au 3 octobre au lieu du 2 septembre prévu.
Selon la rue, la Banque des banques est partie intégrante de ce jeu de « pwen fè pa ».
Pour répéter le courageux économiste Eddy Labossière : « la BRH s’en lave les mains et ajuste le taux
du jour en rapport à celui des banques commerciales ». C’est
le monde à l’envers, au point que plusieurs s’interrogent, à savoir si « cette institution n’est pas une coquille vide. »
Profitant ainsi du pactole, certains
cadres de la BRH et leurs alliés se pourlèchent les doigts aux taux de la rue.
Car « le Change », c’est-à-dire la forte marge ou le spread sur
l’achat et la vente de devises, en
particulier le dollar US », leur apporte le Saint-Graal.
Finalement, des bénéficiaires floués
se réveillent. Des insatisfaits, ayant assez de ces renégats, ont incendié à
Delmas 33, le 31 août écoulé, une de ces boîtes à cleptomanes aux doigts
gras (un bureau de transfert). On déplore la brûlure grave de plusieurs
employés. On a enregistré un mort. Est-ce un premier avertissement ? Est-ce
le début
de la fin ? Est-ce le résultat de l’appel de Moïse Jean-Charles, le candidat de « Pitit
Dessalines ? Est-ce une réponse signée
face à
cette violence sournoise qui pétrifie de rancœurs certains clients mécontents ? Évitons la spéculation!
Le drame dans toutes ces
manifestations, où ces malfrats de l’oligarchie poussent ces pauvres hères dans
leur dernier retranchement, jusqu’à commettre l’irréparable, c’est à entendre
le chœur de leurs sbires des médias traiter ces victimes acculées de
terroristes. Mettez-les à la place de ces pères de famille qui voient leurs
loyers, reçus de la diaspora, rongés, grignotés par le taux de change exagéré
au point de devoir trouver un nouveau prêt pour équilibrer le compte et
satisfaire leur proprio, on verrait leur tête.
Les prédateurs cleptomanes n’écoutent
que leur panse à la recherche du profit à tout prix pour vivre au-dessus de
leurs moyens. En réalité, ils jouent avec la poignée de leur cercueil. Ces
interrogations n’ont jamais effleuré l’esprit de ces magouilleurs. Pour eux,
dans la vie, il y a deux groupes : les mangeurs et les avalés. Sans une
once de scrupules, ils se placent dans la première catégorie, et la vie est
très belle sous le ciel bleu de Toma.
Sera-t-il toujours ainsi pour
l’éternité ? Franchement, je ne donne pas cher de leur peau. Laissez-les se
bercer d’illusions.
Ils n’en
ont pas pour longtemps.
Max Dorismond
NOTE
À titre d’information, la BRH via la circulaire 114-3 fait obligations aux banques et bureaux de transfert de payer les transferts en gourdes, au taux calculé par la BRH. En aucun cas, le taux pratiqué pour payer les transferts ne peut être inférieur au taux de référence calculé par la BRH, a averti la Banque des banques.
Par ailleurs, notre survol de lecture nous permet de voir que les transferts de fonds peuvent également s’effectuer sur les comptes d’épargne libellés en dollars américains, d’après la circulaire. Cependant, la somme ne doit pas être égale ou supérieure à 1000 dollars. Le cas échéant, l’expéditeur du transfert doit procéder par un virement via la banque dont il est le client, met en garde la BRH.
Trés bien de dénoncer ces charognards.
ReplyDeleteAP
"LA PLUS GRANDE GLOIRE N’EST PAS DE NE JAMAIS TOMBER, MAIS DE SE RELEVER À CHAQUE CHUTE. » N Mandela
Monsieur Dorismond ! C'est Un texte éclaireur. Vous êtes toujours à l’avant garde pour tirer la sonnette d’alarme. Tant que les Haïtiens ne se débarassent pas de ses cleptomanes, de ses “politicailleurs” , ils resteront toujours dans la crasse. Nous avons à present sur le terrain des politicalleurs hébétés qui compliquent davantage la situation. Haïti a besoin d’une vraie revolution.
ReplyDeleteJ'espère que ce texte, rempli comme un œuf, sera lu et compris par nos cleptomanes, nos apatrides qui causent le malheur de notre chère Haïti.
ReplyDeleteQu'une réelle et lucide opposition reconnaisse enfin ses vrais ennemis et s'attaque non aux éternelles victimes mais aux responsables avérés de nos souffrances et de nos déchéances. Que la cible à toucher soit identifiée.
Max: continuons à guider
Maurice
J'espère que ce texte, rempli comme un œuf, sera lu et compris par nos cleptomanes, nos apatrides qui causent le malheur de notre chère Haïti.
ReplyDeleteQu'une réelle et lucide opposition reconnaisse enfin ses vrais ennemis et s'attaque non aux éternelles victimes mais aux responsables avérés de nos souffrances et de nos déchéances. Que la cible à toucher soit identifiée.
Max: continuons à guider
Maurice CELESTIN-NOEL LECHAPEAUTEUR
Hi Max,
ReplyDeleteAgain, let me thank you for informing us of the activities that keep Haiti in this negative slope. I want to believe this is not happening in a vacuum, something or nation is manipulating these puppets and why.
Stanley
En Haïti, on en voit de tout: des escrocs, des pickpockets, des fraudeurs, des kidnappeurs, des resquilleurs, des écorcheurs. Mais dans le cas des vols avec raffinement, avec technique, pensez à cette race de siphonneux qui se passe de présentation. .
DeleteMaxD.