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Thursday, October 17, 2024

Quand La République Dominicaine Piétine La Dignité des Haïtiens

 

Après leur capture, les Haïtiens sont sytématiquement dépouillés
de leurs biens par les militaires dominicains,  y compris de leurs
  téléphones, les privant ainsi de tout moyen de communication.       


Par Herve Gilbert

La déportation arbitraire des Haïtiens résidant en République dominicaine, menée sous l'autorité du président Luis Abinader, constitue une atteinte grave à la dignité humaine. Bien que ces deux nations partagent la même île, elles restent profondément divisées par des politiques marquées par la xénophobie et la fragilité des relations entre deux peuples dont les destins sont pourtant étroitement liés.

Chaque jour, des Haïtiens – hommes, femmes et enfants – sont arrêtés dans les rues ou arrachés à leurs foyers, privés de leurs droits et traités avec mépris, comme des criminels sur une terre qui, pour beaucoup, est devenue leur foyer. Une fois détenus, ils sont systématiquement dépouillés de leurs biens par les militaires dominicains, y compris de leurs téléphones, les privant ainsi de tout moyen de communication.

Ce n’est pas simplement une question de migration ou d’illégalité ; c’est une question d’humanité. Les vagues de déportations, qui s’intensifient sous la présidence d’Abinader, sont menées sans discernement, sans respect des processus légaux. Ces hommes et femmes, souvent installés en République dominicaine depuis des décennies, contribuent à l’économie, construisent des familles, mais sont néanmoins considérés comme des intrus à chasser. Les arrestations massives, les séparations de familles, les refoulements expéditifs, tout cela se fait dans une indifférence alarmante des droits fondamentaux.

Pire encore, l’appel du président dominicain à la révocation de la ministre des Affaires étrangères, Mme Dominique Dupuy, pour son engagement à défendre les droits des Haïtiens, relève d’un affront impardonnable à la souveraineté d’Haïti. Comment peut-on, en 2024, exiger la destitution d’un ministre pour avoir simplement défendu la dignité de ses compatriotes face aux abus subis sur une terre étrangère ? C’est là un exemple flagrant d’ingérence, une tentative d’étouffer la voix de ceux qui osent résister aux injustices.

En parallèle, les tensions au sein du gouvernement haïtien se ravivent, avec certains membres du conseil présidentiel demandant le renvoi de Dominique Dupuy. Ils estiment que sa position à l’égard de la République dominicaine concernant les expulsions massives d'Haïtiens est trop sévère et, mardi, ils ont exhorté le Premier ministre Garry Conille à la limoger, déclarant qu'ils n'avaient plus confiance en elle. Cette démarche a conduit à l’adoption d’une résolution pour sa démission.

Toutefois, il est légitime de se demander : qu’en est-il des trois membres du conseil accusés de corruption ? Malgré le scandale, ces suspects n’ont pas démissionné et continuent de siéger en toute impunité. Cet acharnement contre Madame Dupuy pourrait bien servir de diversion, permettant à d’autres "alibabas" de poursuivre leurs méfaits avant d’être démasqués. Peut-on vraiment faire confiance au CPT pour assurer une transition crédible ? En réalité, ces trois individus ne seraient que la partie visible de pratiques de corruption plus profondes, révélant l'emprise des oligarques sur l’État haïtien.



Mais l’Histoire est une maîtresse implacable, et Haïti, ce pays né de la première révolte d’esclaves réussie, ne peut rester silencieux face à cette nouvelle forme d’oppression. La réponse à ces actes de brutalité ne peut pas se limiter à des discours de condamnation ; elle doit être une prise de conscience collective, un réveil du peuple haïtien qui doit se lever, non seulement pour ses frères et sœurs en République dominicaine, mais aussi pour rappeler au monde la valeur de la liberté et de la dignité humaine.

La déportation de milliers d’Haïtiens est un rappel cruel de la fragilité des droits des plus vulnérables. Cependant, ces hommes et ces femmes ne sont pas seuls. Leur lutte est la nôtre. Leur souffrance doit devenir le moteur d'une révolte contre l'indifférence et la haine. Les Haïtiens en République dominicaine méritent justice, et Haïti, à travers des figures comme Dominique Dupuy, doit continuer à défendre ses enfants, où qu'ils soient, contre l'humiliation et la violence.

Herve Gilbert






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