L'assemblée des évêques d'Haïti Photo: une courtoisie du Nouvelliste |
À travers
les 10 diocèses du pays, l’Église catholique d’Haïti a célébré le jeudi 15
avril des messes pour exprimer sa solidarité avec les personnes victimes des
actes de kidnapping dans le pays. À la paroisse Saint-Pierre de Pétion-Ville,
la célébration eucharistique, concélébrée par l’assemblée des évêques, a été
l’occasion pour exiger la libération de toutes les personnes victimes d'actes
de kidnapping et protester contre l’insécurité.
Midi.
Le son des cloches de l’église Saint-Pierre retentit à Pétion-Ville comme dans
les 10 diocèses du pays. Le cri des fidèles qui s’est ensuivi témoigne de la
douleur d’un peuple qui n’en peut plus. Comme pour sonner le glas du
kidnapping, la Conférence des évêques catholiques a ordonné de faire parler les
cloches des églises telle une marque de communion, de pensées et de prières
pour les personnes victimes de kidnapping, de violence et de
l’insécurité...
Au
moment de rentrer dans une église déjà bondée, le poing levé, les fidèles
accueillent les évêques en scandant « nou bouke ». Des militants,
pancartes en main, ont couru dans les allées du temple. Mgr Kenel Alphonse a dû
intervenir en réclamant le silence pour débuter ce qui allait être un
psaume de libération pour Haïti et pour dénoncer les maux qui enfoncent
tout droit dans l’abîme notre cher pays.
Un segment en vidéo de la messe à l'église Saint-Pierre le 15 avril
«
Nou vin mande moun ki se sèvo kidnapin nan, moun ki sou teren yo k ap fe
anlèvman yo sispann mete dlo nan je pèp ayisyen an. Sispann pratik
kidnapin nan ! Nou pa ka negosye sou tèt moun tankou n ap machande
yon bèt », a dénoncé le prélat.
Selon l’archevêque métropolitain du Cap-Haïtien, le kidnapping plonge le pays dans les ténèbres. Il menace la vie du peuple haïtien. « Nous nous demandons à quand la fin de cette situation dans le pays. Qui dira halte-là ? Le pays deviendra-t-il incontrôlable?», s’est interrogé Mgr Launay Saturné, expliquant que les évêques catholiques constatent avec beaucoup d’indignation et de révolte ce qui se passe dans le pays depuis des jours. Les bandits ont plus de pouvoir que l’Etat et la Police nationale d’Haïti, tandis que les autorités publiques sont passives devant la souffrance, le désespoir du peuple haïtien.
Ambiance devant la cathédrale de Jérémie après la messe ...
Aux
hommes armés, il les exhorte à déposer les armes et à se convertir.
« Si quelqu'un verse le sang de l'homme, par l'homme son sang sera
versé ; car Dieu a créé l'homme à son image », a-t-il indiqué en
citant le verset 6 du livre de la Genèse. Sous une salve d’applaudissements, il
a déclaré : « Sispann bay moun zam ak minisyon pou fè san koule».
« Il faut que quelque chose change dans ce pays », a-t-il lancé,
reprenant ainsi la célèbre phrase du pape Jean-Paul II lors de sa visite
en Haïti le 9 mars 1983.
Dans
la foulée de la messe, la présence du Dr Réginald Boulos, chef du
Mouvement pour la transformation et la valorisation d'Haïti (MTV), de Me
André Michel entre autres a été remarquée. Notons que des militants ont
organisé un mouvement spontané. Des agents des forces de l’ordre ont lancé du
gaz lacrymogène à profusion pour disperser les manifestants. Un véhicule a
été incendié.
Ce
15 avril, l’Eglise catholique d’Haïti a recommandé la fermeture des écoles
catholiques, presbytérales, congréganistes, universités et de toutes les autres
institutions pour dénoncer le kidnapping, le dimanche 11 avril 2021,
d’une dizaine de personnes, dont 7 religieux, par des bandits armés du
gang 400 Mawozo. Les écoles n'ont pas fonctionné à Port-au-Prince, le
grand commerce non plus.
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