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Monday, August 21, 2017

UN MOUVEMENT FÉMINISTE EN HAITI

Par Jacques Saint-Surin

Notre monde est patriarcal. C'est une évidence. Tout se concentre autour des hommes et se définit par leur bon vouloir et leur diktat.
Portrait d'une femme haïtienne

Ceci est un fait indéniable, partout dans le monde. Les grandes décisions de ce monde sont dictées par les hommes. Les lois des nations, ne sont-elles pas légiférées et adoptées par le suffrage de la gente masculine, majoritaire dans tous les parlements des pays de la planète ?
Alors il est, tout à fait normal, que les hommes prennent , toujours, des décisions qui les avantagent d'abord avant de penser à celles des femmes.
Les trois religions monothéistes --le Catholicisme, l'Islam et le Judaïsme imposent l’autorité et la supériorité de l'homme sur la femme qui est mise, constamment au second plan de l’échelle sociale.
La bible commande : "Femmes, soyez de même soumises à vos maris, afin que, si quelques-uns n'obéissent point à la parole, ils soient gagnés sans parole par la conduite de leurs femmes" (1 Pierre 3:1). Ou encore dans Éphésiens 5:22-24 : "22 Femmes, que chacune soit soumise à son mari, comme au Seigneur ; 23 car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l'Eglise qui est son corps, et dont il est le Sauveur. 24 Or, de même que l'Eglise est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l'être à leur mari en toutes choses".
Le Coran : « Les hommes ont autorité sur les femmes » [Sourate An-Nisa : 34]

« Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l’absence de leurs époux, avec la protection d’Allah » [sourate An-Nisa : 34]

« Si une femme prie ses cinq prières (quotidiennes) et préserve ses parties intimes chastes et obéit à son mari, elle entrera au paradis, par la porte qu'elle souhaite. » [Rapporté par Ibn Hibban dans son Sahih].
« Quand un homme appelle sa femme au lit et qu’elle ne lui vient pas et qu’il passe la nuit fâché contre elle, les anges la maudissent jusqu’au matin. » [Rapporté par Al-Bukhari et Muslim]

Femme mère
Le commandement juif en parle. Rambam (Hilchos Ishus 15:20): "Ainsi, nos Sages ont ordonné que la femme honore son mari à un degré extrême et que la peur de lui soit sur elle et qu'elle fasse toutes ses actions selon ce qu'il dit et qu'il devrait être Dans ses yeux comme un souverain ou un roi. Elle devrait orienter ses activités selon ce qu'il désire et rester loin de ce qu'il déteste. C'est la manière des filles d'Israël et des enfants d'Israël qui sont saints et purs dans leurs mariages. De cette façon, la communauté sera agréable et louable."
Qui ont  formulé ces exigences ? Les Arabes et les Juifs, selon leur us et coutumes. Et surtout ce qui avantage  leurs appareils génitaux. Le roi Salomon n'avait-il pas un harem de 365 épouses ? Ne couperait-il pas la tête d'une de ces femmes si elle oserait un flirt d’infidélité avec un autre homme. Un musulman peut avoir plusieurs épouses. Mais la femme musulmane subirait la Charia si elle était infidèle.
La Charia est une Loi canonique islamique régissant la vie religieuse, politique, sociale et individuelle, appliquée de manière stricte dans certains États musulmans. (Larousse).
 David et Bethsabée
Le roi David fut un joueur cruel. Pendant que les Saintes Écritures ordonne aux femmes, la fidélité, David s’était permis de convoiter la femme d'Urie, son soldat, contre qui il trama un complot pour le faire tuer sur le champ de bataille.
On peut lire dans 2 Samuel 11.1-12.25 ceci : "2 Un soir, David se leva de son lit. Comme il se promenait sur le toit du palais royal, il aperçut de là une femme qui se baignait et qui était très belle.

3 David fit demander qui était cette femme et on lui dit: «N'est-ce pas Bath-Shéba, fille d'Eliam et femme d'Urie le Hittite?»

4 David envoya alors des messagers la chercher. Elle vint vers lui et il coucha avec elle, alors qu'elle venait de se purifier après ses règles. Puis elle retourna chez elle."

Allons maintenant en Europe et ouvrons le livre de la grammaire française. N'est-il pas clairement exprimé que "le masculin remporte sur le féminin" ? Machisme et misogynie ! Qui a formulé ces règles chauvinistes, parmi tant d'autres, régissant la vie sociale des Européennes ? Les hommes, bien sur ! Les rois pouvaient, à leur guise, faire guillotiner leurs femmes et concubines pour cause d’infidélité. Les reines n'en pouvaient autant, à ce que je sache.
Pour les Hispaniques des Antilles et de l’Amérique Latine, le terme "macho" stipule bien la liberté des "hombres" de subjuguer les femmes, à leur gré.
Mes cousins de l'Afrique et des continents américains répriment, sévèrement, l'attitude indépendante des femmes affranchies. Car la soumission de la femme est un devoir et les contrevenantes en subissent de cruelles sévices. Le traitement abusif des femmes  est un fait courant de la vie quotidienne. Quoique les mesures drastiques contre la violence féminine soient légiférées et en vigueur, pour palier ce mal, ces cas d'abus abondent, chaque jour et de plus en plus, dans les tribunaux.

La paysanne haïtienne

Haiti n'en est pas exclu. Avant la Constitution de 1987, (peut-être avant), "la femme mariée fut considérée mineure". Elle devait même avoir la permission de son époux pour obtenir un passeport et un visa pour voyager. La plupart des femmes se soumettent à cette mentalité dégradante jusqu’à ce jour. Un fait criant,  la majorité de l’électorat féminin ont voté le candidat Michel Martelly à la présidence d'Haiti, en 2011, versus Mirlande Manigat. Et cela malgré le manque de respect du musicien pour la femme ; ce qui est  flagrant et une constance, avant, durant et après sa présidence. On est en droit de dire que ces votantes ont préféré l'ignominie et la bêtise du "bandi legal" (sic dixit) à la décence et l'intellectualisme d'un érudit.
Un mouvement féministe s'impose, en Haiti. Avec des exigences adaptées aux réalités et à la culture haïtiennes. Couramment, plusieurs personnalités de la Diaspora haïtienne et en Haiti travaillent assidûment et d'arrache-pied, pour démarrer ce mouvement féministe, dans le pays. Très prochainement ! Il y aura bien de détracteurs. Comme à l’accoutumée, l'ostracisme et l’insécurité des obscurantistes, des négligeables, des déplorables, des brutes et des durs à cuire seront à la table de l'opposition pour contrecarrer ce mouvement.
La feuille de route de cette organisation sera centrée sur trois actions spécifiques:
1- l'autonomisation des femmes qui impliquera une dynamique devant assurer leur indépendance financière. Ce faisant, les mères de familles seront économiquement habilitées à assurer l’écolage de leurs enfants, les jeunes filles, en particulier. Ainsi, on peut espérer un frein dans l'exploitation sexuelle de ces jeunes filles en difficultés économiques, obligées à se lier d'affaires de concubinage avec des "sugar daddies" qui paient leur écolage et autres nécessites de survivance.

2- Assurer une éducation solide et appropriée en créant, à travers le pays, des institutions scolaires bien équipées avec du matériel pédagogique adéquat et des professeurs chevronnés pour renforcer les capacites intellectuelles des jeunes femmes ;
3- Encourager les femmes à une plus grande participation dans les grandes décisions et actions de la vie nationale ;
a) Inciter les femmes à prendre une part plus active dans la politique. Bien que le mouvement féministe se voudra apolitique, il épaulera toutes les femmes vaillantes et conséquentes qui viseront les postes politiques les plus importantes telles que Maires, députées, sénatrices, magistrate suprême, etc.

b) Mener une campagne sur le plan judiciaire devant accroître la présence de beaucoup plus de femmes dans le système des ordres de la justice et de l'administration.

c) Organiser, partout dans le pays, des brigades de vigilance qui œuvreront aux cotés des autorités, comme des auxiliaires volontaires de la justice, pour faire respecter les droits de la femme et appliquer les lois contre les abus et la violence perpétrés sur elles.

Les femmes haïtiennes doivent comprendre que l'effectif majoritaire des hommes dans les instances de grandes décisions de la nation n'arrangera, au prime abord, que l’intérêt patriarcal. Il s'impose une balance de l’équation pour que la femme haïtienne ait une voix sonore dans les décisions relatives à ses intérêts et son avancement.
D'autres considérations seront faites pour que le mouvement féministe trouve une atmosphère plus agréable aux femmes dans la société haïtienne. La promotion du respect des droits égalitaires du citoyen haïtien en général et leur promotion doivent être la pierre angulaire pour le progrès, la paix, l'harmonie, en Haiti.
Espérons que la femme haïtienne --ou du moins, la plupart-- se libère, avant tout, de cette mentalité rétrograde que son existence, sa survie et son bonheur dépendent, uniquement, d'un homme !

Chicago le dimanche 23 juillet 2017.
     
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Jacques St-Surin

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