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Thursday, February 15, 2024

Y a-t-il une épée de Damoclès suspendue sur la tête de Guy Philippe?

L'épée retenue par deux crins de cheval selon la mythologie grecque

Par Max Dorismond 

Ce n’est même pas une question à se poser. Quand la classe des oligarques est sur le point de perdre ses privilèges illicites, si elle ne se démène pas en faisant flèche de tout bois pour sa sauvegarde, elle est condamnée à disparaître. C’est dans la nature des choses. Jovenel n’avait pas compris cette dynamique! 

Revoyons la situation. Dans le coulage de Wikileaks, avec les courriels de Hilary Clinton, nous nous sommes fait une idée du choix de Martelly à titre de président. Cependant, l’inquiétude d’une responsable, Laura Graham, alors chef des opérations à la Fondation Clinton, y était résumée succinctement en guise d’avertissement : «Ils l’ont élu, écrit-elle, et ils doivent [sic] faire pression sur lui. Il doit rester sous contrôle». Graham faisait référence au comportement on ne peut plus fantasque, et potentiellement dangereux, de Michel Martelly. 

En effet, depuis lors, le merdier n’avait plus de limites et l’île était méconnaissable. Certaines interrogations étaient venues chambouler mon esprit. Toutefois, Miki a livré la marchandise et les Clinton étaient heureux. On comprend mieux après coup le code «rester sous contrôle». 

Dans le secret des dieux, Mme Graham savait de quoi elle parlait. Si Martelly, le clown chantant, avait inquiété, que dire du trublion et imprévisible Guy Philippe, le petit César qui fut stoppé à la porte du palais, en 2004. Vexé d’avoir été dupé comme une mule, n’ayant pas assouvi son désir souverain, le chevalier promet de tout révéler dans un hypothétique livre à venir. Prédiction que le système ne portera jamais en bandoulière! 

Or, les Américains ont encore, en mémoire, l’histoire du fougueux premier ministre du Congo nouvellement indépendant, Patrice Lumumba, en 1960. Face à sa volonté d’aller trop vite en affaires, en faisant des menaces à peine voilées de s’aligner sur la Russie en pleine guerre froide, le président Eisenhower, le 18 août 1960, lanca au directeur de la CIA, Allen Dulles, «Get rid of him» (débarrassez-moi de lui). Dulles interprète la phrase comme une autorisation de tuer 1. Nous connaissons la suite, l’idole de Guy Philippe, le dirigeant de la République du Congo, fut hachée en mille petits steaks sanguinolents à être liquéfiés dans de l’acide, le soir du 17 janvier 1961. 

Tout en faisant une halte critique sur ce que nous lisons et entendons, ce simple détour a été effectué pour attirer les regards sur la bataille qui se déroule présentement entre un Haïtien conscient de la dérive de son pays et les intérêts primaires de l’international, qui ne jure que par vider la place pour s’accaparer gratuitement de ses richesses minières : son cobalt, son iridium etc…, très utiles pour la nouvelle économie verte. Notre Guy est-il leur fils de pute? Sans ambages, je peux pencher vers le négatif! 

Des évènements sournois qui avaient eu lieu, de 2004 à nos jours, nous laissent perplexes, et nous sidèrent. Le système s’était servi du poulain et lui cherchait noise, après coup, pour des vétilles, pour lesquelles, d’habitude, il fermait les yeux pour plusieurs de ses excellents (sic) valets. 

À son arrestation en 2017, on s’attendait à une bataille rangée. Mais le tacticien, devinant le piège qui se dessinait autour de lui, se révéla plus intelligent, en réclamant à ses gardes du corps de mettre bas les armes, car toute riposte serait un prétexte pour l’éliminer sur place. Il a capitulé et il fut transféré aux USA où il ne risqua aucun accident. Le système préfère le faire assassiner en Haïti. Ce serait mieux à l’ère des fenêtres ouvertes des réseaux sociaux. 

En prison, là-bas, on lui procurait toutes sortes d’avantages et de confort. De retour en Haïti, après 6 années de taule, l’acclamation du peuple laisse pantois ses contradicteurs. À quel jeu joue le jeune? Le système s’énerve devant la détermination du combattant qui s’insurge contre lui, contre son dessein, contre ses projets. Guy Philippe n’est pas contrôlable. 

La nation doit être déstabilisée pour la vider de ses membres les plus susceptibles de placer des bâtons dans ses rouages, les professionnels, les intellectuels, les universitaires, etc. Le «Programme Biden» est en marche et remporte un succès phénoménal. Le réservoir de main-d’œuvre servile pour les boulots dégueulasses est à sa porte. 

Pour intimer l’ordre à l’ancien sénateur de mettre un peu d’eau dans son vin, le délégué de Jérémie et ses assistants, qui lui étaient favorables, furent révoqués manu militari et remplacés par des fiers-à-bras du gouvernement qui ont pour mission de calmer les ardeurs du trublion. Dans la semaine de leur installation, cinq des bruyants manifestants ont été envoyés ad patres. Notre homme a bien compris le message et n’a fait aucune déclaration.  

Le 7 février, il devait être à Port-au-Prince. Se sachant épié et attendu, il a joué de finesse et est rentré, sur un frêle esquif, incognito à la capitale, deux jours avant, à leur barbe et sans coup férir. 

Son téléphone est sur écoute et est aussi géolocalisé. Il est suivi, pas à pas, par des sbires sous contrat, au point de cribler de balles une VUS de ses partisans, où cinq de ses gardes du corps ont été éliminés. En comptant les décédés, les assassins ont été surpris une nouvelle fois. Le sénateur s’est volatilisé. Jouant de finesse, il avait simplement confié son cellulaire aux occupants de la voiture de tête. Il était à cinq minutes d’eux en arrière et assistait en spectateur au film de sa propre mort ratée et à l’acharnement des assaillants sur ses pauvres éclaireurs. 

Ce jeu du chat et de la souris ne présage rien de bon. Selon n’importe quel quidam, l’épée de Damoclès est suspendue dans l’air. Elle peut tomber à n’importe quel moment, car c’est écrit, le commandant, cet empêcheur de danser en rond, devrait être éliminé par ses semblables pour que le système triomphe dans son fantasme de déstabiliser totalement Haïti et la vider de sa population pour mieux exploiter les richesses de son sous-sol. 

Toutefois, le petit peuple, dans son for intérieur, rêve de voir l’épée chuter dans la gueule des vendeurs de nations, qui font la courbette, à longueur de journée, devant les magouilleurs patentés du Core Group, confirmant ainsi leur aliénation sans réserve. 

Max Dorismond





 

-NOTE -

 1 – Src : «Il y a 60 ans, l’assassinat de Patrice Lumumba, un crime politique avec des responsabilités belges». Par François Ryckmans - 15 janvier 2021 – Monde Afrique

4 comments:

  1. Il est 1h37 du matin. N'arrivant pas à m'endormir à force de penser à Haïti, j'ai ouvert mon ordi et j'ai lu ton dernier article.
    J'avoue que je m'y perds. Il faudrait vraiment que tu m'expliques qui est cet ex-sénateur.
    Évidemment je n'entends rien de bon à son sujet, mais étant de nature méfiante j'essaie toujours d'y voir plus clair. Je compte bien sur toi pour éclairer ma lanterne.
    J'ai parcouru en même temps quelques autres articles.
    Décidément les choses ne semblent pas vouloir changer ni chez nous ni ailleurs. À qui devrions-nous donner la palme ? à la Russie contre l'Ukraine ou à Israël génocidant la Palestine ? Peut-être que notre petit pays remporterait largement la médaille d'or ou d'argent.
    Écoute Max il faut faire quelque chose. Je refuse de mourir avec le titre d'immigrante. Je vais avoir 95 ans en mai prochain, j'aimerais revoir mon pays avant de quitter ce monde merdique qui pense que la solution au problème de la planète se trouve dans l'occupation de la Lune ou du Soleil, ou mieux dans l'intelligence artificielle.
    En effet, si je continue ainsi à hurler comme l'un de tes commentateur :Ô rage ! Ô désespoir ! je risque de me faire menotter par la GRC pour T.
    Sur ce, je me sauve et vais essayer de me faire bercer par Morphée.
    À la prochaine ! Kembe pas lague !
    Amitiés,
    Janine

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  2. Quoi ajouter cher Max, sinon te dire merci pour l'analyse si juste et tellement logique. Tu as tout à fait raison, mon ami, cette épée est bien visible pour celles et ceux qui ont des yeux pour voir.
    Toutefois, tout en reconnaissant la puissance de l'adversaire, souhaitons qu'en fin renard, notre Robin des bois réussisse à passer tout droit à chaque fois que l'ennemi l'attend au tournant. Ou vice versa. "Tout bèt jennen mode" (tout animal coincé réagit), alors au train ou vont les choses, attendons-nous à l'éclosion de multiples combattants pour la libération de notre pays. Prions pour que ce soit plus tôt que trop tard, alors qu'on aura déjà tout volé. _Rod

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  3. Bien cher Max,
    Là tu parles ! Très bien sourcé et rédigé. Je te donne 10/10. Du fond du cœur : Merci.
    Crions à tue-tête pour que la vérité chasse les ruses et mensonges qui nous ont enveloppés depuis la nuit des temps. Car, c'est la vérité qui nous rendra libre ! Seulement la vérité nous affranchira !
    On ne lâche rien.
    Gabrielle

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  4. Si Ariel Henri avait lui-même aussi une épée de Damoclès sur la tête ? Menaces implicites de poursuite dans le dossier de Moïse et ou pensées personnelles qu’une fois hors du pouvoir de premier ministre haïtien , il fait l’objet de poursuite devant des tribunaux américains. Cette menace est sérieuse pur le maintenir au pouvoir avec ou contre son gré. Bref il n’est pas pure imagination de croire que les leaders haïtiens ont chacun isolément une épée de Damoclès sur la tête pour des motifs différents venant de ceux qui decident pour Haïti .Dialogue entre ces leaders haïtiens sera le début de solution pour Haïti .,

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