La Martinique - Le paradis sur terre que la France ne saurait libérer |
Par
Michel Décoste
En effet, j’ai eu la chance de passer quelques jours dans les Antilles et précisément à la Martinique, territoire d’outre-mer Français. Vu du ciel, avec un panorama tropical, on ne peut s’empêcher de rêver tant le désir d’atterrir nous submerge en vue de découvrir ce paradis de verdure.
Avec les deux pieds sur terre, la présence des gendarmes français dans la rue commence par nous désarçonner et l’euphorie des premiers jours commence par faire place à une brûlante interrogation. Automatiquement, on est rattrapé par la réalité : c’est un territoire français et toutes les institutions de l’île sont tributaires de la Métropole et la présence de l’ancien colon n’est pas à occulter. Il faut s’y faire avec.
Au contact des locaux, désireux d’assouvir notre curiosité, nos questions ne se firent point attendre à propos de l’existence du Martiniquais dans un pays qui lui semble loin de lui appartenir. Les langues qui se délient au fur et à mesure nous introduisent dans le secret des dieux, à savoir que mon interlocuteur ou le natif insulaire n’a pas d’identité propre. Il n’est ni français ni antillais. Il affiche un comportement plutôt ambivalent avec un dialecte qui n’a pas évolué.
Un tas de contraintes administratives ont été implantées pour gérer le quotidien des citoyens au bénéfice de l’Hexagone. Disons, par exemple, que La Martinique n’est pas autorisée à acheter des produits des îles avoisinantes. La Métropole ou mère-patrie impose des droits de douane sur les produits qu’elle importe dans ses DOM-TOM (Territoires d’outre-mer). Il en résulte que les produits français coûtent beaucoup plus cher en Martinique qu’à Paris. Je ne suis nullement surpris de ce résultat. Car, dès que ton maître fut ou est un colon français, ton chien est mort et enterré : tu es condamné à la pauvreté. Voir les 16 pays supposés libres d’Afrique qui étaient d’obédience française. Ils sont les plus pauvres parmi les pauvres de ce continent, hélas!
En voilà d’autres méfaits. La Martinique n’a pas la permission de commander le pétrole du Venezuela. Elle est forcée d’en importer de l’Europe avec pour résultat qu’un enfant de sept ans peut deviner : la gazoline est très, très chère à la Martinique.
Enfin, La France ordonne à l’île de cultiver seulement la banane et la canne à sucre pour la Métropole. Souvenons-nous du scandale de l’empoisonnement au chlordécone, ce pesticide utilisé dans les bananeraies de 1972 à 1993. Après d’âpres combats, le produit fut interdit, mais le mal est incurable. 92% des Guadeloupéens et 95% des Martiniquais en paient encore le prix, et, pour longtemps avec des maladies comme le cancer de la prostate. Conséquemment, la Martinique n’a pas deux choix : elle doit tout importer au prix fort.
Après avoir effectué un tour d’horizon dans mes pensées, je reviens sur mes pas, à savoir que nous avions dès le début échappé à cette mascarade en flanquant à la porte ces fossoyeurs de liberté qui évoluent dans certaines contrées du monde, encore aujourd’hui, comme aux siècles passés. Nos ancêtres nous avaient légué une perle que nous avions sabordée, salopée, pour aller vivre en esclaves chez ceux qu’ils avaient combattus.
Essayez d’aller découvrir ces contrées qui évoluent sous perfusion pour découvrir la secrète pensée de leurs habitants qui nous regardent avec une certaine convoitise; nous qui ne connaissons pas la valeur de l’héritage reçu. Nous comprenons encore une fois, le jeune Othello Bayard, quand il avait composé son poème « Haïti Chérie », en 1920. Comme tout enfant, il fallait aller visiter le voisin pour comprendre que nous avions reçu un diamant en cadeau.
Michel
Décoste.
Ottawa,
février 2025.
-NOTE-
1 - Ce pesticide a vu son exploitation autorisée sur le
territoire français entre 1972 et 1993. Pourtant, son homologation avait déjà
été rejetée dans les années 1960 en raison du danger que le produit
représentait pour les animaux. C’est une substance toxique pour l’homme. Le
produit a été déclaré comme cancérogène par l’Organisation mondiale de la Santé
(OMS) en 1979, mais le gouvernement français n’a pas immédiatement suivi les
recommandations internationales. Même interdit, l’exploitation du pesticide
s’est poursuivie grâce aux différentes dérogations accordées par le ministère
de l’Agriculture. Source : National Géographique. (Chlordécone :
l'empoisonnement des Antilles françaises)
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