Discours d'Etzer Vilaire à la mémoire des héros de l'Indépendance, de Charlemagne Péralte... 

Wednesday, November 6, 2013

Jocelyne Frédéric-Gauthier – 1ère noire élue à Ville de Laval au Québec


 Une autre étoile au palmarès de la diaspora haïtienne !!!
Par:Max Dorismond mx2005@yahoo,ca




Jocelyne Frédéric-Gauthier
Taciturne, effacée, rien, à première vue,  ne la destinait à la politique. Pourtant, la voilà présentement là où personne ne l’attend, au Conseil Municipal de Laval. Dès la fermeture des bureaux de vote, à 20 heures, commence le décompte des bulletins.  A 21 hr, Jocelyne Frédéric, l’unique femme parmi les huit candidats du district d’Auteuil coiffe déjà ses rivaux, Michel Cantin, Pierre Michel Chéri, André Desbiens, Daniel Doyon, Guy Garand, Rabih Habib, Vincent Viviani. Elle mène le bal. Pour les sept prétendants la tension est palpable, les minutes s’égrènent trop lentement, le mot chance n’a plus de synonyme et le temps s’étire avec un arrière-goût  d’éternité. Minuit, la tendance annoncée s’est maintenue avec un écart de plus de 1500 voix au détriment du plus proche concurrent, en faveur de Mme Frédéric. Les dés sont jetés, toute la salle se précipite pour saluer, embrasser et féliciter la surprenante dame, à titre de la nouvelle Conseillère Municipale de Laval. Son score en dit long, dans les statistiques de son parti, elle est classée troisième parmi la vingtaine d’élus. Pour l’histoire, elle est la première noire à occuper l’un des 21 fauteuils dédiés à ce poste pour gérer la deuxième plus grande ville du Québec après Montréal.
Quid de Jocelyne Frédéric

Mme Frédéric est née à Jérémie, Haïti et mariée à notre camarade Julio Gauthier. Mère de deux garçons, Jean-Marc et Jimmy. Détentrice d’un baccalauréat Es-Art de l’Université du Québec et dotée d’une formation en sciences politiques et en administration publique  de l’ENAP (École Nationale d’Administration Publique), elle a mené une bataille de tous les instants au sein de la formation, le Mouvement Lavallois contre le maire Vaillancourt qui avait pris, selon certains médias, la ville en otage.  Mme Frédéric milite au sein de ce mouvement d’opposition depuis 2008. A la destitution du maire pour corruption, et à la démission de la première dirigeante du Mouvement, Mme Lydia Aboulian, le parti a fait appel à  un ex-candidat du Parti Québécois, M. Marc Demers, pour prendre les rênes  du regroupement.  Le 3 novembre écoulé, suite à  une chaude lutte entre les huit partis concurrents,  le Mouvement Lavallois a coiffé la ville éponyme avec Marc Demers comme maire et une vingtaine de conseillers dont Mme Frédéric. A cette dernière, le nouveau maire avait promis à notre amie Jocelyne, au cours d’un dîner où j’étais présent, un poste officiel en rapport à ses compétences et ses expériences cumulées dans la fonction publique du Québec depuis 1980 jusqu’à nos jours.
Suivre sa passion pour se libérer et se recréer
Deux raisons expliquent mon enthousiasme pour la réussite de notre amie Jocelyne ou tout autre Haïtien qui brille sous d’autres cieux.

D’un naturel optimiste, je cherche toujours le beau côté des choses. Je n’ai jamais cessé de féliciter, d’encourager, d’aider mon vis-à-vis à performer, à suivre sa passion, car, la passion, comme je l’ai déjà écrit, est la musique qui fait danser la vie.

Quand un Haïtien réussit à transcender les frontières du syndrome colonial, j’applaudis des deux mains, car c’est un message d’espoir envoyé à nos progénitures, un geste référencé destiné à annihiler le complexe de petits nègres qui entrave nos actions et nous empêche de foncer vers l’avenir qui se dessine naturellement pour nous au pays d’accueil. Coincé, engoncé ou encrassé quotidiennement dans une sempiternelle lutte de couleur, de classe, de pouvoir qui l’abêtit, l’homme haïtien hérite d’un mal innommable qui l’empêche de s’ouvrir à l’autre, de se récréer. Loin de la terre natale, quand il parvient à transcender cette tare, à découvrir qu’il est avant tout un être incolore, un humain parmi les humains évoluant dans un environnement dénué de toute contrainte et violence physique ou psychologique, il performe et se recrée au-delà de toute espérance. Les preuves sont là.

Or, en terre étrangère, si nous vivons avec ses souvenirs malsains qui nous avaient hantés durant une partie de notre existence sur la terre natale, nous ne serions d’aucune utilité à notre patrie d’adoption qui a réellement besoin de notre personne. Sans hypocrisie, elle mise beaucoup sur notre contribution à son épanouissement.  Ce qui me rappelle le discours qu’avait prononcé en 2007 le premier ministre du Québec, l’Honorable Jean Charest, invité officiel lors d’un dîner de la Jeune Chambre de Commerce Haitienne (JCCH), un organisme qui  souligne presque chaque année, les réalisations exceptionnelles de jeunes professionnels et entrepreneurs québécois d’origine haitienne oeuvrant dans toutes les sphères d’activité de la société québécoise et qui se sont démarqués par leur parcours exceptionnel hors du commun et par leur engagement politique et social.  La phrase motivante du Premier Ministre, devant un parterre à 85% Haitiens, résonne toujours dans ma tête comme une formule magique, un refrain obsédant :  ‘’…Demain vous appartient, le pays vous appartient,  n’hésitez pas un instant à prendre vos places. L’avenir, c’est vous!
En effet, ce ne fut point un vœu pieux ou parole de démagogue. Les milliers de nos progénitures ont brillamment pris leur place. Le rêve s’est concrétisé pour plusieurs aînés aussi. Tel est le cas de Mme Frédéric qui, sans hésitation aucune, a pris sa place pour faire valoir ses idées, ses convictions au profit de sa ville d’adoption  et ses concitoyens qui lui ont fait amplement confiance. Nous lui souhaitons toutes les chances du monde dans sa nouvelle carrière.


Max Dorismond mx20005@yahoo.ca


Laval 5 Nov. 2013



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