Le Révérend père Joseph SIMOLY, lâchement assassiné à Port-au-Prince le 21 décembre 2017 à l'àge de 54 ans. |
Par Me Maurice
CELESTIN
MON DERNIER ENTRETIEN
AVEC L'HOMME
J'ai eu la chance et le grand honneur de me retrouver en plusieurs
occasions en compagnie de cet illustre travailleur intellectuel, de cet
orateur, disons de l'un de nos meilleurs tribuns contemporains, qu'a été le
Révérend père Joseph SIMOLY de regrettée mémoire.
Feu père SIMOLY jouait
toujours le rôle de prêtre accompagnateur aux différentes croisières organisées
par la très affligée Romie LOUIS. En deux fois, durant des voyages en
méditerranée et dans les Caraïbes, le dévoué, sympathique et très ouvert prélat
était avec nous. Ses prêches étaient très écoutées tant par les haïtiens que
par les fidèles étrangers qui prenaient grand plaisir à écouter cette voix
puissante, éloquente et convaincante.
En dehors de nos
rencontres au cours des croisières, je savais aller écouter les sermonts
électrisants de l'orateur considéré par ses auditeurs comme la voix de Dieu,
durant ses passages à Miami. Dans mon texte ci-dessous, je lui trouve des
talents d'acteur tellement il se révèle un excellent animateur.
Le défunt prêtre lâchement
assassiné est connu pour sa dévotion à la vierge Marie qu'il appelle
respectueusement “MANMAN MARIE”. Pour le taquiner, la dernière fois que je l'ai
croisé après une messe, je lui ai dit : mon père " ton attachante dévotion
à Marie t'empêchera certainement de penser à Jésus" il s'était sagement
contenté de me dire "Maurice, plus tu aimes ma mère, plus je
t'aimerai". Puis il est parti.
C'était pour la
dernière fois que j'allais rencontrer ce grand et talentueux travailleur
intellectuel qui force l'admiration par sa haute culture et sa simplicité.
Mon père que ta nouvelle vie aux côtés de maman Marie soit rose.
Bien â toi
Maurice
Maurice
LE
SOCIO-RELIGIEUX HAITIEN À MIAMI
LE CONSTAT 4 ANS
APRÈS
Quatre ans après, disons le mercredi 13 janvier 2016 dernier, je
suis retourné à l'église Holy Family de Miami Fla à l'effet d'observer
l'ambiance qui y règne à l'occasion de la clôture de la neuvième édition
de la CARAVANE CÉLESTE DE LA DELIVRANCE.
Comme d'habitude, l'église était bondée de fidèles, de femmes
surtout. Par manque de place plusieurs personnes ont dû assister debout à la
cérémonie. Sur ce point, rien de nouveau puisque, d'ailleurs, il n'y a pas de
possibilité d'ajouter d'autres bancs. Donc, à ce niveau, pas d'innovation
sensible apportée. Le cérémonial également semble rester inchangé. Le
symbolisme de même. Peut être que certains chants sont ajoutés au répertoire.
Je ne suis pas en mesure de l'affirmer. Toutefois, d'après ce que j'ai pu
constater, les cantiques exercent les mêmes effets sur la foule
électrisée comme par le passė. Les mélodies gardent toujours leur magie
d'atteindre vieux comme jeunes, je dirais, jusqu'à la transe. Les paroles
exaltantes d'une profondeur inouïe véhiculées par des chansons accompagnées de
commentaires appropriés des animateurs zélés ont été de nature à porter
l'assistance à un état d'euphorie indescriptible. Puis-je parler d'hystérie
collective? Je ne sais pas franchement. Ce que je puis avancer c'est que les
attitudes et les comportements sont pareils en comparaison avec ce qu'ils ont
été il y'a de cela quatre ans. Des gens au coeur endolori
qui, à l'écoute de ces cantiques aux paroles allant, en alternance,
du triste au consolateur ne pouvaient pas contenir leurs larmes qui
coulaient à flot. Des larmes qui soulagent. Pourquoi avoir peur
d'utiliser ce néologisme: une "larmo-thérapie"qui décongestionne, ne
serait-ce que momentanément, des cœurs trop chargés de peines, de tristesses et
de remords. J'ai vu des grand-mères au regard qui parle. Qui ont envie de
revoir des petits enfants en prison trop longtemps. J'ai vu aussi, comme il y'a
de cela quatre ans, des photos d'enfants, de mari, de sœur, d'ami dont la
guérison ne veut pas venir. Des jeunes filles qui attendent noce, mais le
commerce de la drogue en déconfiture ne permet pas à beaucoup de jeunes
hommes de créer famille. Ce n'est plus comme autrefois. Ces jours-ci les jeunes
sans métier sont devenus pauvres. J'ai entendu les même soupirs qui charrient
les douleurs d'une femme désolée brandissant encore l'acte de divorce d'avec un
mari qui refuse de revenir sous le toit conjugal. Enfin les même visages, les
mêmes requêtes ne pouvant rencontrer jusqu' à date l'agrément du Père céleste.
Mais la chanson intitulée" BON DIEU KAPAB" est entonnée pour rappeler
que le Maître fait comme bon lui plait, comme bon lui semble. A lui de décider.
A lui de savoir s'il guérit ou ne guérit pas, s'il résout ou ne résout pas.
Tout se passe selon sa sainte volonté. Il y a aussi la chanson "ROULÉ
ROCHE". Quant à elle ... Euphorie, folie, démesure, surchauffe, sont les
termes à utiliser pour expliquer son action sur les désolés, sur les
désespérés.
Un point à signaler:
ce n'était pas, cette année, le père CAMPION mais le Rév. Père SIMOLY.
Père SIMOLY, une vraie vedette. Un grand chanteur, un rare orateur, je dirais
mieux un excellent acteur. Très habile en français comme en créole, il a su
trouver des mots appropriés pour porter les découragés au 7ème ciel. Après un
terrible malaise cardiaque, le prélat a retrouvé ses forces pour pouvoir
prêcher avec la même éloquence qu'on lui connaît et faire le parcours de la
procession avec exposition du saint sacrément. Autre fait à mentionner:
le maire de North Miami, fils de Saint Louis du Nord, Dr Smith
JOSEPH, était présent, accompagné de sa femme. Il a même porté la parole en la
circonstance.
Quoi d'autres? Rien,
sinon qu'à faire remarquer que selon ce qui se dit, le nombre d'adolescents
haïtiens en prison et en centres de réinsertion sociale a grossi
considérablement. Ce qui semble expliquer que dans l'espace de 4 ans, il y a eu
beaucoup plus de fidèles à assister debout à la cérémonie.
Me Maurice CELESTIN-LECHAPEAUTEUR
mauriceuo@yahoo.ca
A suivre ...