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Wednesday, January 17, 2018

Résume-moi Haïti en deux mots!

Je dis simplement merci à Me St-Louis. La réalité ou surtout la vérité, c’est comme le soleil. Elle peut parfois blesser l’œil et l’âme, quand elle nous frappe de face. Mais elle vivifie aussi quand on veut vraiment changer les choses. Elle peut parfois nous servir de levier pour repartir à neuf. Voilà!

Par un heureux hasard ce texte s’est retrouvé dans ma Boîte de Réception grâce à l’un de mes amis internautes. Aucun titre ne l’accompagnait. Pour le plaisir des lecteurs, de mon propre chef, j’en ai ajouté un. C’est : « Résume-moi Haïti en deux mots», pas ceux de Trump; tout en pensant faire œuvre utile en trouvant la bonne indication traduisant mes impressions après une rapide lecture.

En effet, selon mes réflexions, l’auteur a résumé en ces quelques lignes les pérégrinations de notre Haïti du siècle naissant.
                    
Bonne lecture  

Max Dorismond
                          
Le texte de Me Sonet Saint Louis
"Daly Valet di kèk bon bagay nan mesaj li a men fòk lita ale plis an pwofondè". 


Me Sonet Saint Louis
Je viens de lire un texte en créole de mon frère Daly Valet dans la foulée des notes de protestation à l'échelle mondiale qui sont unanimes à condammer  les propos de Donald Trump contre le monde noir, notamment Haïti.
  
De toutes les notes recensées d'ici et ailleurs dans le monde, je ne comprends qu'une chose : les haïtiens attendent que le monde  leur envoie un autre pays tout neuf. En plus qu'ils attendent un pays neuf, mais ils attendent de l'argent du monde pour dédouaner ce pays fabriqué pour eux en or. 

Mon frère, cessons d'être naïfs devant la ruse des autres. Nous vivons dans un monde, où les grands ont tendance à multiplier par cent leur grandeur et leur pouvoir de domination, et ils empêchent cruellement et impitoyablement les petits à devenir grands. C'est la logique des relations internationales, hier et aujourd'hui. Nos dirigeants ont montré leur intelligence dans leur capacité de destruction du pays. Ils font tout ce qui est dans leur pouvoir pour  empêcher le beau et le vrai de triompher dans ce pays.
À l'école des cadres, j'ai appris que l'intelligence, c'est la capacité de résoudre les problèmes.

Leslie Manigat
Ex Président d'Haïti
Dites- moi, sincèrement, un problème que nous avons déjà résolu dans ce pays d'Haïti depuis deux siècles d'histoire? Nous complotons contre le beau, le bon, le vrai et la qualité. Leslie Manigat disait dans le documentaire d'Arnold Anthonin que la plus grande force politique en Haïti, c'est la haine. Ce n'est pas la haine contre n'importe quoi, c'est la haine contre le beau, la qualité et l'excellence. 

Daly Valet, dans votre texte en créole,  vous  dénoncez avec raison l'hypocrisie haïtienne, et surtout la complicité  dont fait montre  la presse officielle du pouvoir d'État en Haïti à l'égard de Martelly.Vous ne comprenez pas Daly Valet, la presse haïtienne, les élites haïtiennes, les ambassades des pays occidentaux vous signifient qu'ils vont renouveler l'échec dans la gouvernance parce qu'il n'y a pas d'alternative à la merde et à la bêtise haïtienne. Cet amour des élites haïtiennes pour la crasse et la laideur a été décrit par le poète Léon Lalau en 1902, au début du 20e siècle. 

Regardez ceux qui ont la direction des affaires chez nous. À cause de la division, des conflits et la haine au sein des élites, c'est la médiocrité qui donne le ton à la vérité que le pays cherche depuis son indépendance. 

Daly, on adore les modèles défaitistes. Dans la société haïtienne aujourd'hui, il y a des modèles d'honnêteté et d'excellence, mais nous sommes trop sectaires. 
Mirlande Manigat
Mais à défaut d'être présidents, vous ne croyez pas que l'ingénieur Edgard Leblanc, Mirlande Manigat, Jean Henry Céant, Sauveur Pierre Etienne, André Victor, Maryse Narcisse, ces chefs de parti auraient dû être au sénat de la république. La manière dont on organise la gouvernance de ce pays et conçoit la politique chez nous, ne facilite pas à des personnes ressources de donner leur pleine mesure. Malgré nos écrits et nos critiques, la classe politique haïtienne rongée par la haine des personnes ne changera pas.

Pourquoi, Jovenel Moise dans le cadre de l'institutionnalisation de la vie politique haïtienne ne demande pas aux chefs de parti cités plus haut de se porter candidats aux prochaines élections sénatoriales, dans un souci de rationnaliser l'opposition et institutionnaliser la vie politique haïtienne?

Daly, cette génération de politiciens est trop mesquine. Ces politiciens ne sont pas modernes, on ne peut s'attendre à rien. 

Léon Laleau  avait écrit ceci : « les élites haïtiennes veulent toujours un vil au pouvoir dans le but d'en avoir le contrôle souterrain. Avec les vils à la tête du pays, on pille mieux la république ».  

Pourquoi le Nouvelliste dans son édition d'aujourd'hui écrit que le président des États-Unis est un personnage légendaire et croit tout le contraire dans le cas d'Haïti?

Pourquoi, les journalistes haïtiens croient que les autres méritent le meilleur, et ne dénoncent pas le pire dans lequel nous vivons?
Hubert Deronceray
broyé par le seisme de 2010
Ce n'est pas seulement Donald Trump qui est capable du pire dans le cadre de sa gestion de l'État.  Nous avons fait déjà du pire, nous en avons fait l'expérience. Un pays qui a échoué René Théodore, Gérard Pierre, Charles, Hubert Deronceray.  Antenor Firmin, Rosalvo Bobo  et Leslie Manigat. Regardez l'offre politique que nous avons aujourd'hui.

On avait fait place nette au pouvoir à Marielle pour avoir déchouqué Hubert Deronceray à la faculté des sciences humaines, empêché à René Théodore d'enseigner à la Faculté des sciences, et Leslie Manigat à l'école normale supérieure.
Gérard Pierre Charles:
Parcours d'une vie de lutte
On a pris position pour le pire lorsque René Préval avait refusé le choix de Gérard Pierre Charles à la primature,  sous prétexte qu'il était trop intellectuel, malgré l'existence d'une majorité évidente de l'OPL dans deux branches du Parlement, en violation de la Constitution.  Il nous faut créer cette unité fonctionnelle au niveau des élites pour engager l'avenir d'Haïti. 

On obscurcit toutes nos valeurs sûres pour permettre à la médiocrité de triompher dans ce pays.  Le seul consensus que nous ayons réussi jusqu'à présent, c'est le pacte de silence autour de la médiocrité et la corruption

Les leaders occidentaux, les caraïbéens qui pourchassent les haïtiens dans toutes les directions dans leur pays, les démocrates et républicains qui condamnent les propos de Trump, le font dans le cadre de leur opposition à ce dernier, mais n'en pensent pas moins. Ne soyons pas des pions dans le jeu des autres.  C'est la politique de la ruse qui continue. Utilisons plutôt la ruse de Toussaint Louverture pour les confondre. Les propos de Donald Trump doivent nous contraindre à apprendre à nous rééduquer et à nous gouverner.

Au micro de Valéry Numa, Michel Martelly disait que sa femme Sophia était plus utile à la société haïtienne que Madame Mirlande Manigat. Mais pourtant il n'a pas été repris. A la fin de l'année 2017, à Henfrasa, en face d'un public en liesse, acquis à sa cause, Martelly traitait Madame Manigat et les femmes haïtiennes de tous les maux. « tete madam Manigat long, vye granmoun sa ».
Michel Martelly : une preuve de la déchéance d'Haïti
Depuis son retour d'exil en 1986, ça fait 32 ans depuis que Madame Manigat donne des cours dans nos centres de formation universitaire. Pourtant, la presse et certains citoyens lui reprochent  de n'avoir pas construit la route de Marin qui mène chez elle, à cité Soleil, avec son salaire d'enseignant. 

Après avoir été « bêtisée » en 2011 par les élites haïtiennes, je me demande avec quel courage qu'elle se tient encore à 78 ans devant les jeunes pour enseigner ? Madame Manigat est l'épouse du président Leslie Manigat, une ancienne première dame, une brillante lumière du pays. Pas même une note de protestation des organisations féministes haïtiennes contre les propos de Martelly, ni des associations des enseignants. Le pays oublie que Madame a 78 ans et à son âge avancé, elle se tenait encore debout et enseignait le droit constitutionnel à l'université Quisqueya.

Depuis son retour d'exil en 1986, ca fait 32 ans depuis qu'elle arpentait nos centres de formation universitaire avec un bâton de craie. Pourtant, la presse et certains citoyens lui reprochent de n'avoir pas construit la route de Marin qui mène chez elle, à cité Soleil, avec son salaire d'enseignant.

Daly, je pense qu'il nous  faut vraiment cesser cette hypocrisie.  Nous avons délibérément pris position dans l'histoire de ce pays en faveur de la bêtise et de la merde. Ce qui est encore plus frustrant, ce sont les autres qui s'indignent à notre place et nous montrent  nos laideurs insupportables.

Daly, mon frère vous parlez de la tolérance de la presse haïtienne  envers Michel Martelly, mais vous oubliez qu'Haïti est un pays bourré de préjugés.

En 2011, Martelly, en pleine campagne électorale, avait  dénoncé les diplômes,  mais une fois, devenu président,  convoquait les recteurs des universités chez lui. Martelly n'est pas chrétien, mais un moqueur qui prend siège aux cotés des princes de l'église. Il a été introduit à la sainteté du pape Benoît XVI, sous recommandation de l'église officielle d'Haïti. 'Peyi a gen anpil prejije'. Peyi a drol, li kirye'

Martelly avait bouclé son mandat de 5 ans à la tête de l'État, grâce à l'accompagnement de l'église et des ambassades occidentales en Haïti. Manigat y avait été seulement  pendant 4 mois. Aristide n'avait pas pu boucler ses deux mandats présidentiels, parce qu'il osait dire non à l'occident et exigeait la participation de ceux dont les pères sont d’Afrique dans les affaires économiques du pays. 

En 2011, la classe politique haïtienne et les élites économiques et religieuses s'alliaient religieusement et prenaient publiquement position en faveur de Michel Martelly contre Mirlande Manigat. 

Ces intellectuels et politiciens des classes moyennes dont vous faîtes référence ne regrettent en rien d'avoir été ministres de Michel Martelly. Mais, ils sont aussi fiers d'avoir comploté contre la présidence de  Leslie Manigat. Dans la vie, comme en politique, tout est une question de choix. Il nous faut donc cesser cette politique d'infantilisation consistant à nous innocenter dans tout. L'avenir sera ce que nous voulons qu'il soit, mais à condition que le peuple haïtien décide d'assumer son destin.

Leslie Manigat : retrospective et perspective dans la saisie du point critique d'aujourd'hui

Ce que dit Trump contre Haïti est historiquement ce que nous disent chaque jour les différentes administrations américaines. 

Je refuse d'accepter la merde sincère de Trump, mais en même temps, je refuse aussi dans cette circonstance actuelle, d'associer ma voix  de protestataire, de contestataire légitime et crédible, à celle qui avait la responsabilité de nous fabriquer un pays et une nation.
Dans la conjoncture actuelle, il ne peut pas y avoir de note musclée de la part des autorités haïtiennes contre l'administration américaine, avant de pouvoir  procéder au  grand nettoyage de la république. 

Les intellectuels haïtiens ne réalisent pas que les opposants à Trump sautent sur une occasion pour régler une affaire de politique interne. Pendant huit ( 8) ans de présidence, Barack Obama,  même après,  n'a pas pensé à visiter Haïti.  Nelson Mandela, n'avait pas visité Haïti, le symbole de la résistance nègre. 

Haïti a une mission qui n'est pas celle des autres peuples noirs du monde. Les noirs américains revendiquaient une égalité avec les blancs basés sur les droits. Ils revendiquent le droit de participer comme héritiers, à part entière à la prospérité américaine construite par les blancs et les noirs, une abondance construite ensemble. Au contraire, les leaders noirs aux États-Unis, croient qu'ils sont les représentants des peuples noirs auprès de toutes les administrations américaines. Ils utilisent souvent leur proximité avec l'exécutif pour faire affaire avec les dirigeants des pays noirs. Faute d'une bonne pénétration de la réalité américaine par certains de nos intellectuels, ils ne peuvent discerner le vrai du faux, les réactions sincères et les protestations fallacieuses.

Haïti a une mission dans l'histoire qui avait un caractère émancipatoire. Par cette mission émancipatoire, Haïti doit être sur le terrain de la contestation mondiale, à côté des opprimés, à chaque fois, l'humain est en danger. Ce qui explique que ni Obama, ni Nelson Mandela durant leur présidence n'avaient pas visité Haïti. Leur mission dans l'histoire est différente à celle d'Haïti. L'essence de la révolution haïtienne est humaine et n'admet pas de barrière raciale, ni de différence entre hommes et femmes. La révolution haïtienne impose l'unité du genre humain au nom de l'idéal de la fraternité universelle. 

Voilà, chers citoyens, l'évangile de la révolution haïtienne. Cet évangile doit être répandu et annoncé dans le monde.  C'est à ce moment précis, que nous reprendrons notre rôle de leader. 

Mon frère Daly, le choix de Martelly et celui de Trump est le symptôme des sociétés en détresse et en déclin.  Le déclin est une constante de l'histoire.  Toute puissance nait, grandit et disparait dans l'histoire. 

Martelly n'est pas un problème, encore moins Trump. Ces deux hommes déviants nous révèlent la face cachée de nos deux sociétés. Les hypocrites des deux côtés de la barricade sont toujours simplement surpris. 

Me Sonet Saint Louis av. 



Montréal,15 janvier 2018.


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