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Le Pape Nicolas V à l'origine de l'esclavage |
Par: Max Dorismond
À la petite école, dans
les cours de catéchisme, on nous apprenait, ou on nous faisait répéter en bons
petits perroquets de toutes les couleurs que « Le pape est infaillible, son
pouvoir lui vient de Dieu. Il ne peut se tromper…la-la-la… ». Il ne
manquait que l’orchestre des anges et les musiciens célestes pour accompagner
l’opéra. Quel salmanazar! C’était le début de notre totale aliénation
spirituelle plombée par le syndrome de la validation blanche qui nous laisse
avec une sensation d’inégalité.
De pareilles sornettes,
tombées dans l’oreille de « petit nègre », en laissent leurs stigmates
pour la vie. On croirait entendre un message divin. Surtout quand on répète que
« l’homme est fait à l’image de Dieu ». Le mal était fait. Ces papes
blancs aux yeux bleus étaient ses fils. Ce qui laisse notre âme d’enfant
orphelin avec un curieux mélange de doute et d’étonnement, sans plus!
Ce n’est que plus tard,
devenu adulte, en écoutant mon père, en lisant Voltaire et d’autres écrivains
non inféodés, que j’ai pu découvrir qu’il y avait toutes sortes de papes : des
assassins, des gredins, des voleurs, des pédés, des pédophiles, des incestueux, au
point de dire en créole : « Yo té pran nou pap-pap1 ».
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La traite négrière |
Avec de tels dogmes
pontificaux, avec ces préceptes pseudo-divins promulgués par ces bandits
empourprés, le monde en devenir était parti du mauvais pied. En cautionnant la
Traite négrière, en assurant la déculpabilisation des esclavagistes, en avalisant
la rémission des pires péchés commis, la néantisation de la race noire était la
finalité d’un complot multiforme.
Et même encore
aujourd’hui, pour les fanatiques religieux, pour les radicaux ou les
intégristes chrétiens, même avec cette tempête de dénonciations, écrites noir
sur blanc, ces « célestes élus » ne peuvent se tromper en tant qu’envoyés de
Dieu. Devant de telles inepties, permettez que j’emprunte un juron québécois à
titre de défoulement, pour murmurer « Tabarnac!2 ».
Le Pape à l’origine du mal incurable qu’est le racisme systémique
En parlant de racisme,
comment expliquer qu’un pape puisse donner une
licence à des pays amis, à l’instar du Portugal, d’envahir un autre, de
s’accaparer de ses habitants et de les mettre en esclavage. Et pourtant il se
dit infaillible!
Non! Vous ne rêvez pas,
c’est la réalité du Pape Nicolas V, un 8 janvier 1454. Il a remis à son ami, le
Roi Alphonse V du Portugal, une bulle papale spéciale et signée : la Romanus
Pontifex, lui octroyant droit de vie et de mort sur les nègres d’Afrique, des
peuplades pacifiques qui ne demandaient qu’à vivre heureux. « Il avait le droit
de conquérir, de vaincre les Sarazins (Africains), les païens…, de réduire
leurs personnes en servitudes perpétuelles3 ». Ce fut un permis délétère qui a
fonctionné comme un broyeur d’humanité dont toute l’Europe avait profité.
Ayant trouvé le bon filon
pour remplir ses caisses, la chrétienté n’en resta pas là. Plus tard, avec les
Borgia, la famille maudite de Rome, le vicaire de Dieu, Alexandre VI, de son
vrai nom, Rodrigo Borgia, a élargi le gâteau avec l’ajout de l’Espagne dans le
partage du Nouveau Monde, en 1494, par le traité de Tordesillas.
En définitive, l’Église
catholique a pianoté sur la trilogie du registre négrier, « en coproduisant une
idéologie de légitimation de la Traite et de l’Esclavage des Africains et de
leurs descendants4 », en amplifiant la symphonie de la Malédiction de Cham, «
tout en s’impliquant directement dans le partage des prédations négrières; en
étant un bénéficiaire économique et confessionnel du commerce de la honte5. » À
ce titre, elle s’activa, en tant que théoricienne et organisatrice du négoce,
en gardant la main haute sur le business pour être un récipiendaire direct et
temporel, ne s’oubliant pas au festin des prédateurs.
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Les prêtres belges sur leur chariot et leurs esclaves au Congo |
L’histoire a rarement
noté cette dernière spécificité, soit le partage des profits résultant de cette
« permission céleste ». Si le Vatican se révèle, de tout temps, l’un des pays
les plus riches au monde, au point de vue d’actifs possédés, vous pouvez
deviner l’origine de cette richesse occulte durant les 5 siècles de
l’ensauvagement chrétien dans la traite négrière qui a eu des conséquences
désastreuses sur la race noire. Et ce, jusqu’à aujourd’hui. La mort de George
Flyod et de nombreux autres en sont encore le corollaire.
Il faut garder à l’esprit
que l’Église, en général, possédait ses propres esclaves. Entre autres, le Pape
Eugène IV, le 207e pape de l’Église catholique, apostolique, romaine, avait
reçu dix spécimens des meilleurs esclaves parmi les premiers captifs attrapés
par une expédition portugaise, menée par Nuno Tristan et Antam Gonsalves.
Enfin, n’oubliez pas de réciter un chapelet pour les esclaves, qui
travaillaient dans les Abbayes, les monastères et autres lieux de résidence des
religieux, et soumis aux pires sévices6.
Devant le tollé soulevé
par ce crime contre l’humanité, dans le monde moderne, l’Église et l’Europe se
sont battues comme des démons déchaînés, pour justifier l’injustifiable et
légitimer l’illégitime. À la Conférence contre le Racisme de Durban en
septembre 2001, en entendant souffler le puissant vent d’exigences de
reconnaissance et de réparation, elles ont soudoyé des prélats africains qui
plaidaient une responsabilité africaine dans la Traite négrière. De l’argent et
des titres pontificaux étaient promis pour faire valser les soutanes de ces
petits négros, en carence de moralité et de personnalité, qui ont joué leur
va-tout pour protéger, malgré vents et marées, une Église dégénérée.
Aujourd’hui, plusieurs
voix s’élèvent pour demander réparations. Lisez ce texte :
Pie XII – le « Pape
d’Hitler » qui en avait marre des Nègres 7
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Pape Pie XII |
Un autre cas de racisme
flagrant, plus près de nous, au XXe siècle, c’est celui du Pape Pie XII,
surnommé le Pape d’Hitler, pendant la 2e Grande Guerre, pour n’avoir pas
protégé les Juifs pendant la Shoa. Italien et germanophile, il était
ambassadeur en Allemagne pendant 12 ans (1917-1929). En 2009, le pape Benoît
XVI avait annoncé au monde l’ouverture des archives de ce pape raciste
(1930-1958), pour étudier son cas et prononcer sa béatification8. Devant le
tollé provoqué, surtout, par certaines organisations juives du monde entier, la
décision a été renvoyée sine die.
Toutefois, ce qui
m’intéresse le plus, c’est son racisme maladif envers les Nègres. Dans leur
livre, « Et si Dieu n’aimait pas les Noirs – Enquête sur le racisme aujourd’hui
au Vatican », les
auteurs Serge Bilé et Ignace Audifac ont mené une enquête exhaustive pour
découvrir la vérité sur Pie XII, qui avait une aversion naturelle envers ces
deux peuples, les Juifs et les Noirs.
Sous son règne, pendant
la 2e Grande Guerre, quand les soldats américains, français et britanniques
montaient à la défense de l’Italie, le bruit courait à Rome que les soldats noirs
étaient des violeurs. Coûte que coûte, le mot d’ordre fut lancé, il fallait
protéger les Italiennes contre ce fléau venu d’ailleurs, se déplaçant toujours
le « sabre au vent », c’est-à-dire toujours en érection.
Et surprise sur prise, au
final, on remarqua que c’était les étalons noirs, surtout les plus foncés, qui
étaient très recherchés, et non le contraire, par toutes les « Saintes Nitouche
» des endroits libérés. Ce fut la même chose qui arriva en Allemagne après la 1ère Grande Guerre (1914-1918). Beaucoup de petits mulâtres allemands ont vu
le jour. Hitler les avait baptisés du nom de « bâtards de la Rhénanie », un
territoire allemand, annexé par La France, où ces familles avaient été
cantonnées. Sur ordre du Führer, au début de la 2e, ces couples hétérogènes et
leurs descendants furent tous stérilisés ou fusillés au cours des premières
victoires de l’Allemagne, après la réannexion sans combat de ce coin de pays.
Voir la vidéo du dernier Noir chez les nazis : un Noir dans les camps nazis
Concernant Pie XII, avant
la victoire des Alliés sur l’Italie et la pendaison de Mussolini, le
commandement des forces étrangères fut estomaqué par l’ingratitude du Vatican . Le représentant de
Saint-Pierre, le 26 janvier 1944, envoya son estafette, le cardinal Luigi
Maglione, avec une note qui se lisait ainsi : « Le pape espère qu’il n’y aura
pas de soldats de couleur au sein des troupes alliées qui seront déployées à
Rome après la libération ».
Surpris et embêté, le
quartier général refusa d’obtempérer à cet impertinent désir teinté d’un
racisme flagrant. Étonné de la réception, Maglione, faisant contre mauvaise
fortune bon cœur, s’est empressé de souligner bêtement que « le Saint-Siège ne
fixe pas de limite dans le degré des couleurs, mais espère que sa demande sera
prise en compte ». Il faut ajouter, de surcroît, que non seulement les soldats
afro-américains et antillais étaient interdits de cité, mais également les
soldats marocains et algériens, c’est-à-dire, une grosse partie des troupes
engagées dans la libération de la Ville Éternelle des mains des nazis.
Ainsi, la béatification
de ce pape raciste est toujours dans l’eau trouble. Pourra-t-il être béatifié
un jour? Nous ne sommes plus au temps des ténèbres, où seuls ces hommes à robes
avaient le monopole de créer, de toutes pièces, uniquement que des « saints
blancs ou caucasiens ». La donne a changé, à un point tel, que ces célèbres
pontifes, qui ont divisé le monde par leurs stratégies grotesques dans le seul
but d’asseoir leur ascendance mesquine pour mieux manipuler les sociétés
humaines, ne méritent point d’avoir leur effigie ou leur statue nulle part,
sous peine d’être déboulonnée, même au Saint-Siège!
NOTE
1
– « Yo té pran nou pap-pap » : expression créole signifiant que
« On nous avait bien eu »
2
- Tabarnac : Quand le Québécois
s’énerve, toute la littérature religieuse passe par sa bouche au début de sa
colère : Tabernacle devient « Tabarnac ». Le Christ devient
« Criss ». L’ostie devient « Stie » etc. C’est la même
chose pour un Haïtien avec le mot Tonnerre qui devient : « Ton-Nè ».
Exemple : Tabarnac, tu m’emmerdes! Stie de crétin… Criss d’imbécile… Ces
expressions grivoises peuvent exprimer aussi une satisfaction. Ex. : Stie
qu’c’est bon! Tabarnac, c’est douce!
3
– Extrait de la lettre ou la Bulle papale de Nicolas V en 1454.
4
et 5 – Sources : AFRIKARA – Akam Akamayong /
6
– Source 2 : « Le péché du pape contre l’Afrique » (éd. Al qalam, Paris, 2002 de Assani
Fassassi de la page 10 à 21).
8
– Béatification : C’est la 2éme étape avant d’être canonisé pour être
sanctifié à la fin. Pie XII a été déclaré Vénérable. Mais son parcours douteux
est parsemé de coquilles. Ce qui explique ce retard dans sa sanctification
depuis son décès en 1958. Les 4 étapes pour être proclamé « Saint »,
c’est : la vénération, la béatification, la canonisation et la
sanctification.
s son parcours douteux est parsemé de coquilles. Ce qui explique
ce retard dans sa sanctification depuis son décès en 1958. Les 4 étapes pour
être proclamé « Saint », c’est : la vénération, la béatification, la
canonisation et la sanctification.