Pages

Pages

Wednesday, February 27, 2019

Michael Cohen, l'ex-avocat de Trump, dit sa "vérité" au Congrès

 Michael Cohen,  après son témoignage à  huis clos
  devant le Sénat américain le 26 février 2019.          
L'ex-avocat de Donald Trump, Michael Cohen, a assuré mardi avoir dit "la vérité" lors de son audition devant une commission du Sénat, première étape d'un marathon au Congrès où il doit être interrogé sur les liens du président américain avec la Russie et la gestion de son empire immobilier.

"J'ai vraiment apprécié cette occasion de remettre les pendules à l'heure et de dire la vérité", a-t-il déclaré après avoir été entendu pendant huit heures, à huis clos, par la puissante commission sénatoriale du Renseignement.

M. Cohen s'est longuement expliqué sur sa précédente audition devant cette commission en 2017, selon CNN. Car il avait admis avoir menti aux sénateurs, notamment sur ses contacts avec des responsables russes au sujet d'un projet immobilier de M. Trump à Moscou en 2016.

L'ancien gardien des secrets de la famille Trump n'a apparemment rien à perdre. Il a été condamné en décembre à trois ans de prison pour fraude fiscale, parjure et infraction au code électoral. Il sera incarcéré le 6 mai.

L'avocat de 52 ans, qui proclamait il y a encore deux ans être prêt à "prendre une balle" pour son patron, est devenu un témoin à charge contre le président après avoir accepté de coopérer avec la justice.

Son conseil, Lanny Davis, avait indiqué la semaine dernière sur ABC qu'il allait détailler "ses expériences personnelles et de première main" concernant Donald Trump, dont certaines "font froid dans le dos".

Ses déclarations pourraient perturber le sommet entre M. Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, prévu mercredi et jeudi au Vietnam, sur la dénucléarisation de la Corée du Nord.

La porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, a par avance jeté le discrédit sur Michael Cohen, le qualifiant de "criminel qui s'est déshonoré".

"Il est risible de penser qu'on puisse croire un menteur condamné comme M. Cohen, et c'est pathétique de lui donner une nouvelle occasion de répandre ses mensonges", a-t-elle dit mardi depuis Hanoï.
- "Raconter ma version" -

Le deuxième acte, mercredi, est encore plus attendu. L'audition devant la commission de Contrôle de la Chambre des représentants, récemment repassée sous contrôle démocrate, sera publique et retransmise à la télévision.

Ce témoignage sera l'occasion "de raconter ma version aux Américains et je les laisserai décider qui dit la vérité", a dit Michael Cohen mardi soir.

Les élues de l'aile gauche du parti démocrate, comme Alexandria Ocasio-Cortez ou Rashida Tlaib, devraient poser les questions qui dérangent sur les finances de la Trump Organization, pour laquelle il a travaillé pendant dix ans, les déclarations d'impôts de Donald Trump, les comptes douteux de sa fondation ou un projet moscovite en pleine campagne présidentielle.

Sans oublier les 280.000 dollars qu'il a versés à deux femmes, Stormy Daniels et Karen McDougal, pour acheter leur silence sur leurs liaisons supposées avec le milliardaire.

Signe de la nervosité chez les partisans du président, le parlementaire républicain de Floride Matt Gaetz a adressé à Cohen un étrange message sur Twitter.

"Votre femme et votre beau-père sont-ils au courant pour vos maîtresses? Ce soir serait peut-être le bon moment pour cette conversation", a-t-il écrit, avant de se défendre de vouloir intimider le témoin.

Michael Cohen doit aussi témoigner jeudi devant la commission du Renseignement de la Chambre, de nouveau à huis clos, pour parler du sujet le plus sensible: les contacts entre l'équipe Trump et des Russes durant la campagne de 2016, et une éventuelle collusion pour battre Hillary Clinton que le président républicain et Moscou démentent fermement.

Il ne devrait en revanche pas s'exprimer sur l'enquête du procureur spécial Robert Mueller à laquelle il a collaboré, qui porte sur ces soupçons de collusion et d'entrave à la justice du président américain, et semble toucher à sa fin.

Ces auditions avaient été reportées plusieurs fois, Michael Cohen ayant affirmé avoir reçu des "menaces" contre sa famille après avoir regretté publiquement d'avoir couvert les "sales coups" et les "crimes" de son ex-patron.

Il a ainsi affirmé avoir payé les deux maîtresses présumées "à la demande" du président américain.

Il a aussi admis en janvier avoir payé pour truquer des sondages en ligne à l'avantage du milliardaire au début de la campagne présidentielle.


Source : afp


Saturday, February 23, 2019

Et si Haïti avait inspiré pitié aux mercenaires!


Par Max Dorismond

Ces visages que cache la crise en Haïti...
Photo (Radio Canada)
 Ce n’est pas la première fois, que, ce peuple damné de la terre, ces Nègres d’Haïti, trouvent dans le cœur de certains hommes qui ont une âme, une sorte d’empathie pour s’associer à eux et partager leur cause, en faisant fi du contrat signé avec le prédateur. Souvenons-nous des Polonais et de quelques Italiens ou Allemands, débarqués avec Bonaparte pour mater la révolte des plus mal pris qu’eux.
           
L’histoire est remplie de ces exemples où le bourreau retrouve soudainement son humanité face à la pauvre et innocente victime, condamnée pour avoir osé dire: «Basta».
           
Ces gens vivent déjà en enfer, pourquoi les tuer 2
fois ?                                                                                     
Dans la conjoncture présente, on spécule, on gargarise sur le cas de ces bizarres de mercenaires, ces extraterrestres tombés du ciel. Même les contractants soutiennent que c’était eux la cible. On se perd en conjectures. Des insignifiants qui sont plus à blâmer qu’à féliciter n’hésitent pas à ajouter leurs noms dans la liste des gens à abattre. Tous essaient de se donner de l’importance, afin de se positionner sur l’échiquier, en cas de vacances présidentielles. Leur cible, n’est pas nécessairement le pouvoir, ni le bien-être de leurs frères, mais précisément la caisse mirobolante avec ses espèces sonnantes et trébuchantes.
           
Dans ma réflexion, je me mets dans la peau des mercenaires. Ils arrivent dans le pays et leurs premiers regards croisent les yeux d’éléments faméliques, prêts à vendre leur corps et ce pour quelques piécettes. Décharnés, désossés, la bouche muette, de jeunes enfants, des fillettes qui tendent la main, espérant obtenir de l’étranger nouvellement débarqué, une menue monnaie. Après quelques pas, autour d’eux, l’amoncellement de détritus dégageant une odeur pestilentielle et la cohorte de mouches, viennent troubler la vue et la respiration de ces visiteurs impromptus. Les  maisonnettes bancales, les tentes en toile qui protègent des familles contre le soleil et non la pluie, les enfants décharnés au ventre enflé et les cheveux roux dénotent une carence de vitamine. Une cargaison de porcs se délecte dans cette masse putride de déchets à la recherche de quelques malpropretés pour assouvir une intenable faim. C’est une vision de l’enfer sur terre.
           
Les clients font la queue devant un magasin de propane à
la faveur d'une accalmie.                                                           
À chaque pas dans la ville, la conscience des étrangers rentre en conflit avec leurs propres valeurs. Même si ce  sont des machines dressées pour tuer, même s’ils en ont l’habitude, ils viennent de découvrir, pour une fois, qu’ils sont aussi des êtres humains. Les slogans des jeunes manifestants, la plupart encore adolescents, qui crient leur famine, leur exploitation sans nom, la violence sauvage des prédateurs, le vol sans équivalence dans le monde de l’argent de Petro Caribe, ne font pas d’eux, des révolutionnaires, des socialistes, comme certains prétendent.
           
À la rencontre de ce peuple bon enfant qui manifeste en chantant leur cause, sans assassiner les riches exploiteurs qui les ont réduits à l’état de mendiants, de sous-hommes, de moins que rien, les mercenaires ont préféré jouer la comédie en se présentant à la banque Nationale un dimanche, pour éveiller les soupçons et se faire arrêter comme des bambins. Une façon de réclamer la cagnotte promise sans livrer la marchandise. Yo pa égaré!
           
La police nationale ne possède que des tire-pois. Elle n’a aucune gloriole à tirer de cet évènement.  À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Devant la quantité d’armes remises par ces contractants, les petits poliçons de chez-nous n’étaient pas en mesure d’y faire face. Devant la bande à Arnel, qui baladait avec leurs armes depuis la région de Grand-Ravine (Martissant), son fief,  jusqu’à Pétion-Ville, ces gendarmes n’avaient joué que le rôle de figurants, se cachant derrière les maisonnettes pour se soustraire de la vue du maître du sérail, en promenade. Quelle serait leur attitude devant l’arsenal de ces étrangers qui savaient d’avance qu’ils arrivaient en terrains conquis pour une balade tropicale sous les étoiles?

Heureusement, leur cœur de père a eu le dessus et a tranché à la vue d’une  jeunesse affamée, délaissée, abandonnée, qui manifeste pour réclamer un peu de compassion, parce qu’ils en ont marre de souffrir, de fuir pour se métamorphoser en esclaves au Chili ou aux États.

Donc, comme les Polonais, Ces mercenaires ont préféré déchirer le contrat et ne pas perpétrer ce crime qui les aurait marqués au fer rouge, la vie durant. Ils ont connu l’Irak, l’Afghanistan et autres, face à des combattants décidés qui ne font jamais de cadeau. Demandez aux Français, aux Russes et aux Américains. Ils vous donneront des nouvelles.

La crise politique menace la sécurité alimentaire en Haïti
Mais cette fois, ce sont de pauvres innocents, des enfants exploités qui ne réclament rien, qu’un peu de mieux être. Ils ne méritent pas la mort. Devant cette île surpeuplée avec ces rues toujours congestionnées, si ces jeunes devraient se comporter comme les kamikazes du Moyen-Orient, le carnage serait quotidien. Il n’y aurait pas assez de bras pour ramasser les cadavres.

Non! Ces pauvres ne méritent pas de telle condamnation. Ils ne méritent pas le titre de terroristes aveugles. Ils ne doivent pas mourir avec une balle à la tête. Ils méritent de vivre. On s’est trompé de condamnés.

Or, telle que j’envisage la fin de cette comédie, si les mercenaires étaient accusés aux États-Unis pour cette histoire, je doute qu’ils ne brandissent à titre de défense, cette notion de grandeur d’âme pour avoir trahi par humanité les commanditaires du crime avorté, ils gagneraient le procès haut la main. Et s’ils se mettent à table pour détailler les « causés », le monde entier pourrait entonner en chœur avec Trump, le refrain que nous connaissons tous : « Haïti est vraiment un pays de … »

Max Dorismond

Monday, February 18, 2019

Le mot « Vertières » entre dans le dictionnaire français pour la première fois


L'épée de Dany Laferrière confectionnée
en Haïti par le sculpteur Patrick Vilaire.  
Historique! C’est Dany Laferrière, académicien et brillant écrivain occupant le fauteuil numéro 2 sous la coupole, qui l’a annoncé. « J’ai fait entrer Vertières dans un dictionnaire français pour la première fois ». Vertières, explique-t-il au micro de Pascal Paradou sur Radio France Internationale (RFI) est ce « petit lieu qui a vu la seule et vraie révolution nègre » où l’esclave a réussi à chambarder toutes les valeurs du colonialisme établies pour devenir citoyen.
Vertières, situé au Cap-Haïtien, la deuxième ville haïtienne, occupe une place importante dans l'histoire du pays et dans celle de la lutte contre l'esclavagisme, le colonialisme et le ségrégationnisme. C'est le 18 novembre 1803, que la grande « Bataille de Vertières » eut lieu sur ce petit bout de terrain, entre les troupes françaises commandées par Rochambeau et celles du général Jean-Jacques Dessalines, né esclave.
Ce fut la dernière bataille de l'expédition de Saint-Domingue, suite à laquelle, le 1er janvier 1804, est née la première République noire du monde: Haïti.
Dany Laferrière, auteur du récit « L’énigme du retour » (Prix Médicis 2009), intervenait à l’émission « De vives voix », consacrée à la langue française dans le monde et aux cultures orales. Membre de la Commission du Dictionnaire  de l’Académie Française, Dany Laferrière présentait avec Laurent Catach, la neuvième édition de ce vieux dictionnaire passé au numérique.
Cette version numérisée, ont-ils indiqué, contiendra 25, 000 mots nouveaux et sera consultable dans le monde entier.   « Un scoop », a déclaré Dany
Source : Le Loop


Sunday, February 17, 2019

De Zéro à Héros… Le dilemme d'un Président


Jovenel Moïse
Dans le cadre des troubles intermittents qui secouent la nation, Haïti Connexion Culture vous invite à relire un article prémonitoire présenté par Max Dorismond après la prestation de Jovenel comme Président d’Haïti en février 2017. Cet éditorial avait bien mis en garde notre Jojo national, en l’invitant à faire un choix entre deux scénarios. 

Malheureusement, le pouvoir transmue l’homme, obscurcit ses méninges et l'empêche de discerner le vrai du faux. Aujourd’hui, Jovenel se mord les pouces en découvrant qu’il représente un gros zéro devant la nation pour avoir écouté les renards qui avaient déposé entre ses mains une patate trop chaude. Une relecture de l’article, ci-joint, lui dira simplement qu’il lui reste encore un peu de temps pour  reconnaître la méprise et faire amende honorable face à la nation, en regrettant royalement son erreur et sauver sa peau et celles des siens.
                 
Bonne lecture.
Haïti Connexion Culture


Sunday, February 10, 2019

LE PRÉSIDENT JOJO SOUS LE MICROSCOPE DE LA FONTAINE - (Première partie)

Par Eddy Cavé 





Dans notre beau pays d’Haïti Thomas, où « l’impossible est possible et  le possible, impossible » et où « les gens marchent la tête en bas »,  l’affabulation présente un attrait  presque irrésistible pour quiconque essaie d’en raconter certaines tranches d’histoire.  Ésope et, dans son sillage,  La Fontaine y ont eu recours pour peindre les mœurs de  leur temps, tout en divertissant leurs concitoyens. Un procédé qui permet de raconter en badinant une présidence chaotique et menacée de toutes parts d’effondrement.

Tout portait à penser, dès proclamation des résultats des élections de 2016, que le jeune président  avait  appris les fables de La Fontaine et qu’il allait au moins  en prendre les maximes comme boussole.  Mais encore eût-il fallu les appliquer à la lettre et à  bon escient!

Le lièvre et la tortue                                  
De toute évidence, une de ses  premières déclarations de président nouvellement  élu s’inspirait  de la maxime de la fable du lièvre et de la tortue : « Rien ne sert de courir, il faut partir à temps.»  Ainsi, Jojo n’avait  pas encore prêté serment comme président qu’il effectuait un départ en trombe dans cette course d’obstacles. Pas seulement à temps,  mais avant le temps,  en faisant cette  la déclaration fracassante : « Le carnaval  national  aura lieu aux Cayes. Point barre. » Le président avait parlé. Déclaration claire et simple à mon goût, mais  annonciatrice d’un type de leadership pour le moins inquiétant !

Ainsi, le nouveau maître des lieux s’installait à la fois dans la peau de l’éléphant qui écrase tout sur son passage et du lion qui fait la loi, l’applique à sa manière et règne en maître absolu.

Au grand dam d’une opposition morcelée, épuisée par une campagne électorale de plus d’un an et endormie par le délai de grâce des 100 premiers jours, Jojo se mit à marquer des points : réussite spectaculaire du carnaval national des  Cayes; caravanes de l’espoir dans le Sud, et  l’ Artibonite; révélations tapageuses sur les prix de l’asphalte et ses miracles  de magicien au service de la Patrie commune; promesses inconsidérées faites avec l’assurance d’un chef d’État qui n’a pourtant pas les moyens financiers de ses politiques. On découvrira plus tard que, tout en suivant les préceptes de La Fontaine, Jojo  appliquait  une consigne prêtée à Voltaire par un adversaire peu scrupuleux : « Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose. » Soit dit en passant, Voltaire n’a jamais prêché pareille ineptie.

Dans la foulée des promesses d’argent dans les poches du citoyen, de nourriture dans toutes les assiettes et d’emplois pour tous, Jojo  lancera aussi le slogan Elektrisite nan 24 mwa qui est en train de lui éclater  au visage en ce début de février 2019.

Le corbeau et le renard
Dans l’euphorie du carnaval national des Cayes et du concert de louanges qui accueille le couple Jojo-Titinne au Palais national, le président oublie très vite la leçon de la fable du  corbeau et du renard : « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ». Aussi  distribue-t-il  à tour de bras les largesses du pouvoir aux « hypocrites caressants » qui l’encensent sur tous les tons à longueur de journée. Les grands bénéficiaires sont ceux et celles qui chantent le plus fort et se rasent et se cirent  le crane le plus souvent possible en guise de serment d’allégeance.

Les contrats juteux pleuvent alors sur l’oligarchie qui a financé sa très coûteuse campagne électorale et qui attend à bon droit les retours d’ascenseur. Adulé  par ce beau monde du milieu des affaires,  l’ami Jojo flotte sur un nuage.  Il sillonne le pays à la tête de sa caravane, concentrant entre ses mains les fonctions d’un premier ministre invisible et des ministres introuvables des Travaux publics, de l’Agriculture, etc. La réussite est totale, le bonheur parfait! Mais personne ne voit que les prix montent, que la gourde coule et que le marasme s’installe insidieusement, Un seul refrain :

« Que vous êtes joli! Que vous me semblez beau!» 
Amateur de formules simplistes, Jojo oublie toutefois celle-ci : « Qui trop embrasse mal étreint. »  Il  accumule ainsi  gaffe sur gaffe en un temps record : constructions de mauvaises routes sans études préalables; improvisations dangereuses dans l’agriculture avec la promesse de création de dix zones de production;  nominations partisanes dans tous les secteurs, diplomatie comprise; projet de téléphérique dans le Nord; gestion catastrophique du budget dont le déficit croissant entraîne  la gourde dans un trou sans fond. Jojo se bat sur tous les fronts et adore les bains de foule dont les inaugurations les plus insignifiantes lui donnent l’occasion.

Le loup et l’agneau
Jojo avait appris en mémorisant Le loup et l’agneau  que la raison du plus fort est toujours la meilleure. Comme il n’a jamais oublié cette maxime qui fait le bonheur des puissants de ce monde, il  fonce tête première dans l’exercice solitaire du pouvoir  et dans une prise de décision autocratique et complètement aberrante. La griserie du pouvoir aidant, il oublie très vite qu’il a été propulsé au pouvoir sans  préparation adéquate  et il ne fait aucun effort pour s’initier à la pratique de la délégation. Il sait qu’il est le plus fort et que tout ce qui est bon pour lui est bon pour son entourage et pour le pays.

Chaussé de ses solides, mais peu esthétiques, bottes de construction, il se fait bon papa, stratège, tacticien, gestionnaire, directeur de chantier et occupe à lui seul tout l’espace médiatique. Ce faisant, il s’entoure d’une armée de courtisans qui applaudissent à tout rompre à ses initiatives les plus saugrenues. Une seule promesse mirobolante  manque à son programme de gouvernement : la création de  murs entre les zones de non-droit et les beaux quartiers. Bravo Jojo, diraient-ils! Bali bwa, chofè!


Dans un premier temps, Jojo, le plus fort des forts,  est gratifié de tous les honneurs, mais quand, au bout de quatorze de mauvaise gestion,  les émeutes éclatent, il est contraint de congédier son premier ministre et d’écarter, du moins officiellement, certains proches devenus trop encombrants. En ce début de 2019, les manifestations de rues ont gagné en importance  et inquiètent de plus en plus, et  l’interlocuteur  le plus fort est en train de devenir la rue. Avec les nombreux changements d’allégeance que cela  entraîne.

En hommage à la vérité, il faut toutefois dire qu’en rusé compère, il se voit aussi en renard. Admirateur silencieux de cette engeance sortie des fables de La Fontaine, il a, avec la complicité de Titine, leurré durant toute la campagne électorale les Gwo Soso, Valérie, Christine et autres grandes dames du PHTK. Une fois installé dans ce qui reste du Palais national, le terrible duo les écarte habilement du Palais et fait place nette pour les nouveaux invités au banquet du pouvoir.
Le renard de La Fontaine
Qu’il s’agisse des maîtres chanteurs et «  parle-menteurs » Jacques et Gracia, de l’homme d’affaires Edo, du tout-puissant Shérif  ou de Micky lui-même, on observe maintenant que le vent a tourné. Et, avec lui, les girouettes accrochées au mât du navire. Pas surprenant que les deux anciens présidents du Sénat qui avaient appuyé en 2010 Myrlande Manigat contre Michel Martelly aient  repris leurs  places dans les rangées de l’opposition. « La politique haïtienne est byzantine! », se plaisait à répéter Leslie Manigat. Jojo est en train de l’apprendre à ses dépens.

Le laboureur et ses enfants
Vue partielle de la plantation d'Agitrans en 2016
La publication, fin janvier, du rapport de la Cour supérieure des comptes  sur la dilapidation des fonds de Petro Caribe a remis sur le tapis le scandale d’Agitrans. Autrement dit, de l’abandon des installations de la gigantesque exploitation agricole qui a propulsé Jojo sur la scène nationale en 2015-2016. Après avoir coûté des millions de dollars aux contribuables du pays et servi de rampe de lancement de Jojo au timon des affaires, Agitrans a simplement été fermée et la plantation de bananes, abandonnée à elle-même. La seule opération d’exportation connue est un trompe-l’œil qui finalement n’a trompé personne : l’exportation de quelques caisses de bananes vers l’Allemagne sur un convoyeur pratiquement vide.  Et la vie a repris son cours  dans ce pays où les scandales ont la réputation de durer 17 jours, soit deux semaines et un week-end additionnel.

Si Jojo avait appris la fable du laboureur et de ses enfants et s’en était souvenu, il aurait tout fait pour sauver les bananeraies. Il aurait retenu que, les enfants du fermier n’ayant pas  trouvé le trésor prétendument enfoui dans le terrain légué par leur père et qu’ils passèrent une année complète à labourer, il était très rentable de l’ensemencer et de récolter. Comment comprendre donc que les stratèges qui ont monté et financé Agitrans pour nous donner Jojo comme président n’aient rien fait par la suite pour sauver et rentabiliser l’investissement initial? Qu’ils aient  refusé de remettre en mouvement  cette unité de production qui n’attendait qu’un tour de clé pour alimenter un marché international avide de produits biologiques et un marché national en proie à des pénuries chroniques?

Quoi de plus simple, Eddy, me répondent tous les jours les gens qui  prétendent détenir la clé de l’énigme? « L’objectif du projet n’était pas de faire d’Haïti un grand exportateur de bananes biologiques. C’était de propulser Jojo la banane à la présidence et cet objectif a été atteint. »  En gestion de projet, m’explique-t-on, comme si je venais d’une autre planète, la réalisation d’un projet ne va  au-delà de l’atteinte des objectifs. Point barre!

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE

Ottawa, le dimanche 3 février 2019

Eddy Cavé eddycave@hotmail.com

L’Haitiano-Américain Sony Michel, l’un des joueurs clés de la victoire des New England Patriots au Super Bowl LIII (53)

Sony Michel a réalisé le seul Touchdown au Super Bowl 53.

Ce 3 février, les haïtiens, fans du football américain et du Super Bowl 53, devaient se sentir très fiers quand Sony Michel portant le maillot numéro 26 de l’équipe New England Patriots a marqué le seul historique « touch down » de la soirée, pour donner la victoire à son équipe contre LA Rams (13-3).

Sony Michel, lors de son interview
Ce jeune joueur de football de 23 ans, comme d’autres athlètes Haitiano- Américains  dans des domaines différents du sport aux États-Unis ou ailleurs, a occupé une grande partie de  la toile haïtienne suite à sa prouesse réalisée devant plus de 98.7 millions de téléspectateurs à travers le monde.  Terell Davis a été le premier à réaliser cet exploit, Michel devenant ainsi le deuxième joueur, quand presqu’au milieu de la 4 -ème mi-temps du jeu il s’est précipité au cours d’une poussée (rush) pour faire avancer le score en faveur des Patriots.

Les souliers de Sony Michel fabriqués
aux couleurs du bicolore haïtien.         
Durant une interview après le jeu (voir vidéo), Sony Michel, s’est enveloppé du drapeau haïtien pour faire comprendre à tous qu’il veut que le nom d'Haïti reste au-devant de la scène.

Le « Running Back » américain d’origine haïtienne  est donc ce joueur qui n’oublie pas ses origines. Il a avoué à Mike Reid, un reporter de ESPN , que « quand je suis sur le terrain, au milieu de tout ceci, le nom [sur le maillot] ne représente pas seulement Michel, il est plus grand que moi, c’est aussi toute la famille ». Il est allé plus loin dans ses confidences pour dire que les sacrifices consentis par sa mère ainsi que les vicissitudes auxquelles elle est confrontée chaque jour depuis son périple dangereux en mer et son arrivée aux États-Unis  représentent presque les mêmes pour lui qui pourtant est né en 1995 à Orlando (États-Unis), comme étant le deuxième enfant de la famille.

Sony Michel a même fait comprendre au cours de cette interview avec ESPN que tout ce saga de sa mère et de son époux représente  maintenant en quelque sorte une inspiration dans sa vie de joueur américain de football.


Une inspiration qui lui fait prendre conscience qu’il a des responsabilités  envers eux (sa famille],  envers d’autres, et « non seulement envers moi Sony ».





Par : Haïti Connexion Network