Pages

Pages

Sunday, March 5, 2017

René Préval est mort comme il a vécu

L'ancien Président René Préval décédé le 3 Mars 2017
La politique est le moyen pour des hommes sans principes de diriger des hommes sans mémoire. (Francois Marie Arouet dit Voltaire)

Nous avons appris vers midi la nouvelle de la mort de l'ancien président René Préval, survenu a l’Hôpital Dash suite à un accident vasculaire cérébral (AVC). Cette nouvelle nous étonne puisque nous avons vu à la télé l’ancien président qui paraissait bien portant à l’investiture de l’inculpé Jovenel Moïse. Je n’écris pas pour faire ni l’apologie de René Préval ni pour le clouer au pilori, mais j’aimerais tout simplement faire un petit tour sur les circonstances de sa mort, dénoncer les hommes sans principes qui nous dirigent et rappeler aux soit disant riches en Haïti que ce qui est arrivé à René Préval n’est pas un accident, mais le résultat de la gouvernance bancale et de la politicaillerie qui dominent l’espace haitien depuis tantôt 40 ans. Dans un pays sérieux où l’on a accès à des soins de santé, où l’on a des hôpitaux viables ayant une unité de soins intensifs, on ne meurt pas d’AVC. Je ne suis pas médecin, mais j’ai eu la chance de fréquenter le mouvement scout où j’ai acquis mon badge de secouriste et comme éducateur, je suis assez souvent des séminaires sur les premiers soins. “Un accident vasculaire cérébral (ou AVC) est une affection qui survient dans les suites d'un problème au niveau des artères du cerveau.

Deux types d'AVC se distinguent : dans l'AVC ischémique, une artère cérébrale est obstruée à cause de la présence d'un caillot de sang, alors qu'au cours de l'AVC hémorragique, on observe une rupture de l'artère provoquée le plus souvent par une hypertension artérielle.” Le premier geste à effectuer quand les signes externes révèlent qu’on est en présence d’un AVC c’est de scannériser le malade pour déterminer le type d’AVC et puis ensuite le neuro-chirurgien peut se mettre à l’oeuvre pour sauver la vie du malade. “Une consommation élevée et forte d'alcool de 2 à 4 verres au moins par jour, est associée à une augmentation du risque d'AVC, en particulier dans sa forme hémorragique.”
La première question qu’on doit se poser est pourquoi a t-on décidé d’amener le malade René Préval à l’Hôpital DASH. Ensuite, est-ce que cet hôpital est assez équipé pour traiter un cas d’AVC surtout hémorragique? Est-ce que l’ancien president a été ausculté par un neuro-chirurgien? Je connais déjà la réponse à ces questions, mais j’invite tout un chacun à mener leur propre petite enquête. Dans un pays où il y a des hommes compétents, performants et soucieux qui dirigent, un ancien président de la république doit pouvoir avoir accès aux meilleurs spécialists et aux meilleurs soins que le système peut fournir. La photo de René Préval au torse nu allongé sur une sorte de table d’hôpital circule sur le net dès l’annonce de sa mort. On ne traite même pas un chien de cette façon dans un pays viable. René Préval, semble t-il a récolté ce qu’il a semé. Parlons-en! La coopération cubaine en rapport à la santé publique a débuté sous l’administration de René Préval. Il était convenu que Cuba allait former des médecins haïtiens et aider Haïti à mettre en place un système de santé public adéquate pour répondre aux multiples besoins de la population haïtienne. Malheureusement, quand la manne de Petrocaribe est tombée, René Préval et ses acolytes n’ont pas vu l’urgente nécessité de doter le pays d’un ou deux hôpitaux répondant aux normes internationales. Il n’y a même pas une unité de soins intensifs sur tout le territoire de la République. Tout le monde est exposé aux accidents et dangers de toutes sortes. C’est sous l’Administration de René Préval qu’a débuté le gagotage de l’argent du Petrocaribe. Nous n’allons pas faire une critique des deux mandats de René Préval ici. Toutefois, nos lecteurs doivent savoir que si René Préval était un homme de principes, Port-au-Prince la capitale serait dotée d’un grand hôpital universitaire avec des médecins compétents et performants formés à Cuba capables de répondre à des urgences comme le AVC.

Nos soit disant bourgeois et dirigeants ferment leurs yeux sur les problèmes de santé en général puisqu’ils peuvent louer un avion médical privé pour les transporter en Floride en cas de besoin. Ils peuvent voyager à l’étranger pour aller prendre des soins. Le patron de la compagnie Barbancourt n’a pas eu cette chance mercredi dernier, et aujourd’hui René Préval à payer de sa vie cette négligence et cette insouciance. On aura beau parler, on aura beau discuté, mais le problème restera en entier. Durant les trois jours gras, je me suis posé la question à savoir: si Michel Martelly qui monte sur ses grands chevaux pour invectiver Liliane Pierre Paul et Jean Monard Metellus serait frappé d’une embolie pulmonaire comme c’était déjà arrivé, dans quel hôpital allait-on le soigner? René Préval est fameux pour avoir prononcé le slogan “naje pou soti”. Toute sa vie, il a toujours été un homme éffacé, vague “ki pa pran anyen oserye”. Aujourd’hui, il est mort dans un petit centre de santé appelé hôpital dans la capitale haitienne en plus. Je suis sur qu’on va essayer de cacher certains faits pour ne pas soulever les problèmes de santé publique auxquels la population haïtienne fait face; mais nous ne sommes pas dupes. En plein 21è siècle, les Haïtiens n’ont pas un hôpital public sérieux touchant à toutes les spécialités. C’est triste. Où sont passés tous ces jeunes médecins formés à Cuba et en République Dominicaine? Où est passé le fameux Protocole d’Accord signé à la fin des années 90 entre l’Administration Préval et Cuba pour renforcer le système de santé publique en Haïti? Rene Préval a été un homme sans principes qui a dirigé un peuple sans mémoire. Comme son prédecesseur et son successeur, il n’était pas qualifié pour diriger un pays, mais le peuple l’a bien élu Président de la République. 

Un hôpital équipé doit avoir une unité de soins
intensifs et une salle de chirurgie opérationnelle
24/24.                                                               
La mort de René Préval aujourd’hui pour manque de soins dans un hôpital sous-équipé doit interpeller la conscience de nos parlementaires, de Jovenel Moïse, inculpé et président de doublure et nos irascibles politiciens qui croient qu’Haïti est une savane où ne vivent que des animaux. Plus de 300 millions gourdes ont été dépensés pour des festivités carnavalesques dans tout le pays et dans les différents centres hospitaliers publics, les patients couchant à même le sol. Je sais que des inconscients vont me répondre et chercher même à m’attaquer pour mon franc-parler; mais je ne serai pas intimidé. Il faut des hommes et des femmes de caractère dans ce pays capable d’évoquer les problèmes et les défis, et de contribuer au brassage d’idées. 

Vous-mêmes, “gwo chabrak”, si vous avez un grand malaise ce soir, quel centre hospitalier équipe est prêt à vous accueilir? Pensez-y! La Sainte Bible nous exhorte à ne pas nous réjouir de la mort du méchant. Nous disons paix à l’âme du défunt. Avec tout ce qu’il a laissé comme richesses, ces parents et proches seront reconfortés. Le peuple haïtien n’est certainement pas en deuil. Nos actes nous suivent et nous suivront jusqu’à la mort! 

Kerlens Tilus   03/03/2017
Snel76_2000@yahoo.com

Illustrations : HCC


No comments:

Post a Comment