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Thursday, October 18, 2018

Pour une fois Jovenel Moïse vient de comprendre

Large mobilisation citoyenne contre la corruption et le pouvoir en place.


Par Max Dorismond

Max Dorismond
À fréquenter les arrogants, les voyous, les voleurs, les « aganman », Jovenel avait changé de couleur. Il s’était métamorphosé en vigie fidèle et obéissante, oubliant son origine pour ne pas détecter la pelure de banane qu’on avait glissée sous ses pieds. Fragile, il l’était, fragile, il a vécu en équilibre sur le fil d’un pouvoir « tout neuf » qui l’a ensorcelé et l’a empêché de voir le désespoir et la tourmente d’une nation aux abois derrière les arbres cachés par la forêt. Souffrant  du « syndrome du cerveau-lent » pour emprunter l’expression d’un compatriote, il n’a pas su saisir au bond, le beau conseil que je lui avais donné dans un article, titré : « De zéro à Héros - le dilemme d'un Président ».

Sous la pression énorme d’une masse humaine debout comme un seul homme, il vient de se découvrir pour la première fois à l’envers du miroir. Il est descendu de son piédestal pour comprendre enfin les désidératas de ce peuple bafoué, pour enfin déclarer qu’il va plonger dans la mare aux crabes pour mettre « sous corde » tous ceux qui ont trempé leurs doigts croches dans le sirop de Petro Caribe.

Des milliers de manifestants ont répondu à l'appel de la
marche contre la corruption ce 17 octobre.                     
Ouf! Il était temps. Haïti l’a échappé belle. Devant cette masse déferlante qui coule dans toutes les rues, de partout, comme un fleuve multicolore, rugissant par vagues successives, Jovenel s’est enfin décidé. Il ne viendra plus nous bercer de ses stupides poèmes sur la corruption, sur les chèques zombis, sur des contrats en double…etc, à endormir les bébés. Il n’ira plus à New-York, Miami, expliquer en pleurnichant à la diaspora compatissante, que le pays croûle sous cinq maux : corruption, 5 fois corruption! Et voir cette pauvre diaspora crédule pleurer dans son mouchoir. Oh! Quelle tristesse!

Président Jovenel Moïse lors de  son adresse à la nation
le 17 octobre 2018 à Marchand Dessalines.                     
Jovenel vient justement de saisir le mandat qu’il a reçu de ses électeurs : soit de nettoyer les écuries d’Augias. Les citoyens en avaient marre de ses litanies. Finies les promesses : « eau-terre-ciel et bras ». Ils veulent de l’action : « Corde-Remboursement-Jugement-Prison ». Et, c’est leur unique refrain. Il n’y en aura pas deux.

Face à la déferlante, une fois réveillé, Jovenel a fulminé : « Tout moun ki itilize kòb Petro Karibe ya, dwe ran Kont ». « Moun ki pran lajan Petro Karibe yo, dwe remèt li avan yal nan prizon »

Comme une symphonie, douce à nos oreilles, cette gamme musicale vient adoucir notre journée et notre appréhension s’est convertie en une valse à quatre temps. Dansons mes amis, mais pas trop-trop. Les « Bandits légaux »  sont tous de fieffés menteurs. Sous la pression, pour « échapper leur poule », ils peuvent nous endormir une nouvelle fois avec des sornettes et faire durer la cadence jusqu’en l’an 3000.
Le peuple demande des explications sur l'utilisation des fonds
de PetroCaribe durant les manifestations du 17 octobre 2018. 
Non! La pression doit continuer et doit être de tous les instants. Allez! Faîtes rouler les tambours! Nous n’allons pas reculer d’une virgule. Dans les jours à venir, regardons quels seront les premiers gestes de Jovenel à propos de  sa promesse « TOUTE NEUVE ». Les Petro-tentes sont toujours au Champs-de-Mars. Ne les enlevez pas tant que les trompettes de la satisfaction ne retentissent sous les murs de Jéricho. Nous sommes présentement à l’orée du bois. Nous avons entendu des mots. Nous attendons les actes. Par conséquent, nous n’avons rien à fêter pour l’instant.
Le seul petit problème des revendicateurs, ils ne savent à qui faire confiance pour contrôler les gestes de Jovenel à propos de son auto-mandat. Qui va l’entourer? Ils sont tous en majorité des Petro-voleurs, prêts à couler une nouvelle fois le navire pour qu’il n’arrive pas à bon port.

L’environnement de Jovenel est malsain. Ces prédateurs, ces malandrins ne reculeront devant rien pour saboter la barque. Même la vie de ce dernier est hypothéquée.

Toutefois, ils trouveront à qui parler: un peuple déterminé, décidé,  rêvant  d’un leader fort et sans tâche capable de ranimer ce pays en lambeaux sur toute la ligne; une nation qui ne supporte plus de voir ses enfants humiliés dans tous les ports du monde; une île dont le nom est synonyme de misérabilisme, de mendicité, qu’un certain président, pour ne pas le nommer, avait traité de nation de merde.

Oui! Le temps  de l’action a sonné!

Max Dorismond 


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