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Monday, February 22, 2016

LES DEUX LÀ, DANS L'AU-DELÀ

Par Mérès Weche
Marie-Alice Bourdeau
En dehors de mon cercle familial restreint, il n'y avait que deux amis à Jérémie à connaître le nom fétiche que m'avait donné, enfant, mon frère ainé de deux ans qui, en balbutiant naïvement mon prénom, m'appelait Miyette au lieu de Mérès.  Marie-Alice Bourdeau, Yaye pour les intimes, ainsi que son jeune frère Jean-Claude Bourdeau le savaient, et c'est ainsi qu'ils m'appelaient dans un profond sentiment d'amitié. Comment ne pas remémorer ces conciliabules entre Ady Gilbert et moi, lui qui jouait souvent au dandy   mort, pour accroître la faiblesse de sa dulcinée, sans jamais avoir pour autant la dent dure.

Ady (Yves-Marie) Gilbert  est parti, il y a longtemps déjà, et Jean-Claude Bourdeau, tout récemment. Aujourd'hui, c'est au tour de Yaye de faire la grande culbute, dans l'éventualité, que sais-je, de les rejoindre dans cet autre monde dont parlent les livres saints.

Marie-Alice fut une Guide toujours prête à faire une Bonne Action (BA). Qui eut dit qu'elle transiterait à l'orée du 22 février, ce jour béni ou naquit le fondateur du scoutisme, Lord Robert Baden Powell. Comme le veut la loi scoute, Yaye, pour les intimes, mettait son honneur à mériter confiance, souriait et chantait dans les difficultés. Elle doit mal se reconnaître dans le sérieux d'un cadavre, pour n'avoir jamais connu la morgue de ces faces sans expression et surtout sans l'ombre d'aucune forme de sincérité. 

Je me rappelle avec émotion d'une matinée de la Saint-Louis des années 2000 où nous nous sommes croisés inopinément devant le presbytère; cela faisait une quarantaine d'années qu'on ne s'était jamais revus.  Fous de joie, nous nous sommes retrouvés subitement sur l'asphalte, propulsés par une accolade trop intense, faite de purs sentiments d'amitié renouvelés. J'étais redevenu le Miyette de ces folles années de rêves en compagnie de Gej, de Gladys et d'Ady, dans une ville qui n'avait rien de vil à nos yeux, car il suffisait de se regarder pour s'aimer.  On s'abreuvait à cœur joie des plus belles chansons de Charles Aznavour dont on se croyait les réelles illustrations; deux à deux, on était ces pigeons qui s'aimaient d'amour tendre, et Bohème, il en était un, cet  Ady, très hardi, qui ne jurait que par Yaye.

Le temps a fait son œuvre de remise en question; on était là pour s'aimer, se quitter et s'en aller un jour. L'exil impie, ayant longtemps fait de nous des morts en congé, nous a appris à vivre intensément chaque minute de notre existence et à nous engager sans regret dans ce voyage sans retour. Pars en paix  Yaye retrouver tant d'êtres chers qui t'ont précédée.

Mérès Weche
Montréal, le 22 févier 2016


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