Pages

Pages

Sunday, September 17, 2023

Haïti, un État en déliquescence programmée


Par Max Dorismond 

La nation est exténuée et la Dominicanie la nargue. Qui est surpris de ce scénario? Toi, moi, lui? Non! personne! Nul n’est étonné. C’était écrit dans le ciel. Avec ses exigences tonitruantes, avec le bruit des tambours de guerre, le voisin d’à côté veut nous imposer l’arrosage de nos terres avec nos larmes. Dans cette rivière qui demeure une cicatrice mémorielle, un nouveau chapitre s’écrit. 

Hier, jeune et fougueux, le fier écolier, la tête altière, chantait les louanges des pères fondateurs. Il se voyait déjà et était prêt à défier n’importe qui et à offrir sa vie en holocauste pour sa patrie. Mais les années passent et les ardeurs se froissent. La vocation se fait hésitante, le tableau s’étiole, le voile tombe et la déception s’enracine. Sa terre natale est embrayée en marche arrière. 

Rattrapé par l’obsédante réalité, il découvre l’horreur d’un peuple avec des mœurs d’une autre époque, comme au temps des flibustes où les vagabonds européens, des hommes de sac et de corde, sans aucun sens de la mesure, ne faisaient point de cadeau. 

Luis Abinader 

54è  Président de la Dominicanie

Un gouvernement qui vend ses citoyens, ses forces vives, à Cuba, à la Dominicanie, à titre d’esclaves pour les travaux des champs, ne doit s’attendre à aucun respect de ses vis-à-vis, bénéficiaires de cette aubaine. Pour l’amour de l’argent, tu vends tes propres enfants, de quoi tu t’étonnes? Quand le président Abinader déclare : j’exige le retrait immédiat de ce canal hors de la rivière Massacre, c’est un ordre sec d’un maître à un valet. Voilà le résultat de la gabegie, de la corruption, de la concussion et de la couardise. Ils récoltent les conséquences de leurs inconséquences. 

Comme l’a soutenu le journaliste Lemoine Bonneau, un pays qui partage ta frontière devrait être contrôlé au plus haut point. C’est de la géostratégie élémentaire. Haïti se lave les mains, elle ne connaît rien de ce voisin rancunier qui est loin d’oublier le passé. Or, gouverner, c’est prévoir, selon la logique de la littérature politique. Pour nos dirigeants, administrer c’est voler. Point barre! 

C’est là que le bât blesse. Toujours selon Bonneau, le voisin dominicain sait tout d’Haïti, jusqu’à la pointure des chaussures de chaque dirigeant. L’argent dérobé en Haïti passe en transit d’abord chez lui avant de prendre le large. Par conséquent, il peut faire chanter qui il veut en vociférant des ordres sans enfiler de gant blanc. 

Comment se sentent ces Haïtiens qui ont pillé, ruiné Haïti pour investir en République Dominicaine ? Sincèrement, le sentiment de honte ne gêne pas un poil de leur narine. Ils s’y connaissent en humiliations et sont imperméables à la déception. D’ailleurs, devant l’impudence ou l’insolence des arrogants dominicains, ils n’auraient jamais dû se retrouver sur ce territoire où nos compatriotes croupissent dans les « Bateys ». Même quand ils sont riches à millions et habitent des châteaux, les Dominicains les voient déjà dans leur lorgnette et les déshabillent de l’autre côté de la bouche à propos de leur richesse providentielle. 

Tout va de travers chez nous. La démographie galopante résultant de notre misère proverbiale asphyxie ce cher voisin qui ne se gêne nullement pour faire jouer la caméra en vue d’immortaliser notre humiliation en déportant nos frères exilés sans aucune forme de procès. 

Et pourtant, dans un passé pas trop lointain, durant les années 1940 -1950, les statistiques glorifiaient Haïti comme le pays à imiter. Tout cela, est anecdotique. Personnellement, j’aurais honte de brandir ces chiffres qui soulignent simplement, aujourd’hui, notre incompétence crasse pour corroborer notre dégringolade en enfer. Alors que la connaissance évolue, nous vivons avec la douloureuse impression qu’on a fermé toutes les écoles de ce côté de l’île, tant notre cuisant échec défie l’analyse. 

Au rythme où se déroule la ronde de l’humiliation, certains vont jusqu’à prédire une occupation d’Haïti par ce voisin insolent. Là encore, ces stratèges de salon ignorent la géopolitique et se trompent d’histoire. 

Quelle raison, quel intérêt pousseraient Abinader à commettre un tel impair? Un idiot aurait posé ce geste gratuit, je n’en disconviens pas, mais un minimum d’intelligence suffirait pour démontrer à ce dernier qu’il n’a aucun avantage à doubler sa population, même pour un clin d’œil au passé. Ce serait une perte de temps. Le jeu ne vaut pas la chandelle. Mais la carte cachée de ce personnage semble miser sur la faim généralisée qui s’annoncerait pour ce pays dirigé par des gangs. Une fois la nation figée, il viendrait y recruter des esclaves volontaires pour le bonheur de son agriculture, de ses usines, de ses chantiers de construction. Et la boucle serait bouclée. 

Max Dorismond


                                                           



Note 

1 – Bateys : C’est un campement où vivent des coupeurs de canne. On en trouve à Cuba et en République Dominicaine.

4 comments:

  1. Les dominicains ne sont et ne seront jamais les amis des Haitiens. S'ils pouvaient détacher physiquement leur partie orientale de l'île, ils seraient prêts à payer n'importe quel prix. Ils se sentent parfois humiliés d'avoir été occupés par cette petite nation nègre qui n'a rien foutue.
    rjacob

    ReplyDelete
  2. Le Dieu Tout Puissant qui a créé le monde entier est encore sur Son Trône. IL connaît tous nos ennemis. IL sait comment les déraciner, les expulser et les éliminer pour toujours. Haïti ne mourra jamais car Dieu est la.

    ReplyDelete
  3. M. Dorismond, le problème n'est pas seulement la mauvaise gouvernance d'Haïti, si vous voulez l'appeler aussi mauvais leadership. Il y a aussi une longue histoire derrière "l'anti haitianisme" en République dominicaine. Les Haïtiens sont différents de leurs voisins dominicains à plusieurs égards. Tout d'abord, il y a la question de la race, ensuite la langue : la plupart des Dominicains parlent l'espagnol, tandis que la plupart des Haïtiens parlent le créole, basé sur le français.
    Certes, la République dominicaine n'est pas un pays riche, mais elle est bien mieux lotie que notre pauvre, Haïti.En termes de PIB par habitant, elle est environ six fois plus riche. Des milliers d'Haïtiens se rendent donc en République dominicaine pour y trouver du travail. Selon les statistiques, les Haïtiens et leurs descendants représentent jusqu'à un dixième de la population de la République dominicaine. Certains Dominicains sont mécontents de cette situation, car ils considèrent les Haïtiens comme différents, et certains craignent pour l'identité de leur nation qui tend à s'effriter avec la migration massive des Haïtiens. Pour ce qui concerne de la crise de la rivière Massacre. La reprise des travaux sur le canal, occasionne des inquiétudes de certaines organisations de la société civile dominicaine, particulièrement les groupes proches de l’extrême-droite nationaliste anti-haïtienne. Ils soutiennent que l’ouvrage peut provoquer une réduction du débit de la rivière. Ils arguent aussi qu’il peut constituer une menace pour les écosystèmes aquatiques et terrestres situés en aval. Nous terminons en souhaitant que l'on trouve une proposition concrète de résolution pacifique du conflit.

    ReplyDelete
  4. Bonjour Max
    Mon cher, un très bon texte qui requinque. Un texte qui, même dans sa relative concision, a le pouvoir d'aiguillonner notre fibre patriotique dont l'érosion accélérée est rendue (particulièrement pour notre génération et celle de nos devanciers) extrêmement alarmante. Les valeurs qui la sous-tendaient étaient travaillées, il est vrai, par des ''instruments aratoires'' de l'éducation scolaire et familiale d'époque, mais ils étaient neufs, solides, efficaces, inoxydables. Mais l'introduction, la puissance et la promotion de plus en plus conquérantes d'autres valeurs importées avec leur pouvoir hautement corrosif, les ont oxydés jusqu'à l'usure au point de devenir presque dérisoires.
    J'adore cette vérité que tu nous jettes dans cet article dans ce simple passage. :'' Hier, jeune et fougueux, le fier écolier, la tête altière, chantait les louanges des pères fondateurs. il se voyait déjà et était prêt à défier n'importe qui et à offrir sa vie en holocauste pour sa patrie''. Beaucoup de compatriotes, femmes et hommes, s'y retrouveront.
    En effet, les regards se tournent ces dernières semaines vers la frontière haïtiano-dominicaine, et pour cause. Mon cher Max, il est à noter à ce propos que la lecture de ton article a fait surgir dans ma mémoire, d'un lointain passé, un texte majeur de Jean-Jacques Rousseau, texte qui l'a pratiquement mis au monde et a été la base de sa notoriété d'écrivain intemporel, intitulé Prosopopée de Fabricius* Quelques passages adaptés sont en lien avec l'impudente injonction du président Abinader à des Haïtiens de la frontière que tu soulignes par ces mots : J'exige le retrait immédiat de ce canal hors de la rivière Massacre, c'est un ordre sec d'un maître à un valet.

    Rapportons pour le lecteur l’incantation de J-J. Rousseau en remplaçant Fabricius* par Dessalines et France par Haïti.

    Ô Dessalines! qu'eût pensé votre grande âme si, pour votre malheur, rappelé à la vie, vous eussiez vu la face pompeuse de cette Haïti tant de fois sauvée par votre bras, et que votre nom respectable avait plus illustrée que toutes ses conquêtes? Haïtiens! eussiez-vous dit, que sont devenus ces toits de chaume et ces foyers qu'habitaient jadis la modération et la vertu? Quel est ce langage étranger? Quelles sont ces mœurs dépravées? Insensés, qu'avez-vous fait? Vous, forgeurs de nations, vous vous êtes rendus les esclaves des hommes frivoles que vous avez vaincus! Ce sont des rhéteurs qui vous gouvernent! Que d'autres mains s'illustrent par de vrais talents; le seul talent digne d'Haïti est celui de reconquérir sa souveraineté, et d'y faire régner la bonne gouvernance. Que vit donc Dessalines de si majestueux? Il vit un spectacle que ne donneront jamais vos richesses ni tous vos arts, le plus beau spectacle qui ait jamais paru sous le ciel d'Haïti: l'assemblée de deux cents hommes vertueux, dignes de commander à Port-au-Prince et de gouverner Haïti.

    Lemarec Destin
    Notes
    * Prosopopée: figure par laquelle on fait parler et agir une personne que l'on évoque, un absent, un mort... qui porte sur les lèvres le salut de tout un peuple.
    * Fabricius (3e s, av. J.-C.) consul romain, célèbre par sa probité et son désintéressement. Le roi d'Épire Pyrrhus essaya en vain de le corrompre par des présents.

    ReplyDelete