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Tuesday, February 7, 2023

Les Haïtiens dans l’enrichissement de leur pays d’adoption

Lancement de l'ouvrage du Dr. Samuel Pierre:
« Ces Québécois venus d'Haïti »

Max Dorismond 

Demandez à un psychologue pourquoi les Haïtiens en exil contribuent tant à meubler, à développer leur pays d’accueil, tandis que, chez eux, on dénote, depuis des lustres, le chaos perpétuel, la culture de l’indigence, l’irresponsabilité débridée, et la dégénérescence collective? 

Sans ambages, il vous répondra que c’est le propre de l’homme de se prouver, de se dépasser, d’enrichir son milieu pour le bien-être commun, etc… S’il ne le réalise pas, à plusieurs degrés, c’est qu’un sentiment de révolte aurait plombé ses motivations pour l’entraîner dans le sens opposé de l’idéal existentiel. 

Cette interrogation m’a effleuré l’esprit, en lisant dans un quotidien de Montréal, un article 1 qui explore l’apport des Québécois d’origine haïtienne, dans le cadre du «Mois de l’Histoire des Noirs2»; en particulier, leur contribution au développement du Québec pendant la «Révolution Tranquille3». 

En fait, c’est une réalité indéniable. Cette assertion n’est pas seulement l’apanage de nos congénères au Canada. C’est partout! Un mois ne s’égrène dans l’année sans qu’une nomination extraordinaire de fils ou de filles d’Haïti, ne vienne réchauffer le cœur de la communauté, tant leur collaboration, leur intelligence, leurs capacités les prédestinent à briser les barrières pour conforter leur enracinement. 

Simplement, en ce mois de février 2023, notre compatriote Wiener Kernisan, président de la filiale américaine d’Arianespace, depuis 2016, a reçu l’illustre Ordre National du Mérite français des mains de l’Ambassadeur Philippe Étienne, pour ses grandes réalisations pour la France et l’industrie spatiale française. Notre amie, Madeleine Féquière, a été nommée consul du Canada à Chicago. Et on continue! Nous venons d’apprendre la désignation de l’un des nôtres par Ottawa au titre de juge à la Cour supérieur du Québec, le professeur de droit de 35 ans de l’université Mc-Gill, Alexandre Bien-Aimé Bastien. « Il est le premier homme noir à siéger à cette cour.  Plusieurs acteurs du monde juridique ont salué la nomination d’un juriste souvent cité comme l’un des meilleurs de sa génération ». À la fin de l’année 2022, Claudine Guay a été choisie pour gérer la prestigieuse Harvard University aux États-Unis, l’une des meilleures universités au monde, après 400000 consultations des anciens harvardiens. Qui dit mieux! 

Pour le Québec, je vous invite à lire le magistral ouvrage d’une autre sommité, le Dr Samuel Pierre, «Ces Québécois venus d'Haïti (mai 2007) », pour saisir l’ampleur et la magnanimité de ces architectes colorés, qui ont richement contribué à la naissance du Québec moderne, et ce, dans tous les domaines. 

Suite à cette édifiante lecture, qui apporte un zeste de confiance à notre collectivité grâce à ses compétences, on pourrait se demander, si nous ne sommes pas tout bonnement condamnés à la performance pour masquer le drame, le déchirement, et l’échec qui habillent notre terre de naissance? 

Pressentant déjà, au prime abord, l’hésitation des employeurs, bien au fait de notre faillite collective, à nous confier la clé de leurs actifs, de leurs investissements, on se défonce pour conjurer la noire prémonition et faire triompher la logique de l’utile et de l’agréable, au point de crever tous les plafonds de verre, sans distinction. Et ceci, point n’est besoin d’un psychologue pour nous l’expliquer! L’orgueil en rivalité a chapeauté le rêve pour dessiner un tableau différent de la perception de l’autre. Ce qui a fini par être très payant à long terme. 

Pour revenir à notre chez-soi, nous avions, sans distinction aucune, condamné nos dirigeants, souligné leur incompétence crasse, décrié leur amour pour les rapines, dénoncé leur filouterie inconsciente, dessiné à l’encre rouge leur médiocrité sans bornes, etc… Mais, nous détenons la preuve qu’à l’extérieur, hors du cadre national, nos compatriotes brillent de tous leurs feux, étouffant le concert éreintant des éternelles critiques. 

Ne désespérons point! Haïti, un jour, doit renaître de ses cendres. L’espoir sommeille dans sa diaspora, qui ne rêve que de ressusciter le moribond, d’occulter toutes les perceptions négatives à l’endroit de cette île autrefois magique. Souhaitons simplement qu’elle y retourne en une masse critique pour pouvoir changer l’ordre des choses. 


Max Dorismond


– NOTE –

 1 — L’article en question : https://journalmetro.com/actualites/montreal/2616009/ces-haitiens-qui-ont-bati-le-quebec-pendant-la-revolution-tranquille/ 

2 — Mois de l’histoire de Noirs : Le mois de l’histoire des Noirs est une commémoration annuelle de l’histoire de la diaspora africaine. Lancée pour la première fois aux États-Unis en 1976 par le président américain Gérald Ford, la commémoration se tient chaque année au mois de février. (Wikipédia)

3 — Révolution Tranquille : L’expression Révolution tranquille désigne une période de réformes importantes et de modernisation de l’État québécois dans les années 1960. Cette période de l’histoire du Québec est communément assimilée au gouvernement Jean Lesage, élu en juin 1960 et défait en juin 1966. (Wikipédia).

8 comments:

  1. Des cancres dans un pays reproduisent des cancres.
    Disons tout simplement que “Le milieu peut avoir un impact significatif sur l'être humain. Les facteurs environnementaux peuvent influencer le comportement, les attitudes et les croyances des individus. Les environnements sociaux, culturels et physiques peuvent tous avoir un impact sur la façon dont les gens pensent et agissent. Les environnements sociaux peuvent influencer les relations entre les individus et leurs comportements. Les environnements culturels peuvent influencer les croyances et les valeurs des individus. Les environnements physiques peuvent influencer la santé et le bien-être des individus.”

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  2. La diaspora haïtienne aux États-Unis doit cesser d’être individuelle et commencer à se mobiliser pour procéder collectivement si elle veut influencer les relations internationales entre Haïti et le gouvernement américain.
    Nous sommes des Haïtiens avant tout; nous ne sommes ni démocrates ni républicains ni indépendants. Une fois que nous aurions convenu que nous avons un trop grand héritage générationnel pour être une main-d'œuvre peu qualifiée, nous saurions que nous sommes dans une position stratégique pour travailler collectivement pour stabiliser notre pays au lieu de permettre aux gouvernements étrangers d'adopter des politiques pour notre pays sans notre contribution.
    Les dirigeants haïtiens-américains ne se mobilisent pas efficacement pour faire des demandes de politique publique d'immigration, la diaspora n’a accumulé qu’une histoire de politiques d'immigration disparates telles que le statut de protection temporaire. L'administration Biden vient d'ajouter la libération conditionnelle humanitaire à leur combat pour les tenir focus sur des victoires miniatures. Ils demanderont la prolongation ou le renouvellement du programme dans 24 mois ou lors des élections générales de 2024. C'est difficile à admettre, mais sans les problèmes d'immigration auxquels sont confrontés les Haïtiens sans papiers ou sans la crise frontalière, le leadership haïtien n'aurait pas existé.
    Les différentes organisations dirigées par des Haïtiens se battent pour être dans les bonnes grâces de Washington. Leurs réunions ou sommets virtuels sont des occasions parfaites pour eux de montrer leur lien avec la diplomatie américaine et les législateurs américains de haut niveau. Cependant, ils ne tirent pas parti de leurs relations pour exiger leur mot à dire dans la politique étrangère ou pour réorienter les relations entre Haïti et les États-Unis.
    La diaspora haïtienne peut être une valeur politique puissante et attrayante, et elle peut l'être davantage dans le cycle électoral actuel si elle agit en tant que collectif, s'organise pour effet et se mobilise dans l'unité pour construire le pouvoir. Un tel pouvoir réside non seulement dans leur capacité à diffuser la taille croissante de leur électorat mais aussi à récolter des fonds pour aider à élire ou élire des candidats qui vont défendre les intérêts d’Haïti.
    Pour collecter des fonds, ni en tant que démocrates ni en tant que républicains, ni en tant qu’indépendants, mais en tant qu'Haïtiens se ralliant autour d'une cause commune pour être les freins et contrepoids et le pont reliant la diaspora à la diplomatie publique. Cela garantira que les États-Unis et leurs alliés travaillent objectivement pour faire respecter l'État de droit en Haïti par l'application de la constitution d'une Haïti indépendante, démocratique et souveraine et la cessation du commerce illégal des armes alors que la communauté internationale reste silencieuse.
    Les dirigeants haïtiens doivent se rendre compte que l'immigration basée sur la libération conditionnelle humanitaire, qu'il s'agisse du TPS ou du nouveau programme Biden, est une stratégie pour drainer le cerveau du pays alors que les étudiants et les diplômés universitaires quittent le pays pour accepter des emplois qu'ils n'auraient pas acceptés dans leur pays d'origine.
    Une diaspora forte élaborerait un plan de développement économique pour créer des opportunités pour les Haïtiens en Haïti et pour Haïti afin d'attirer des investisseurs internationaux pour financer la construction d'infrastructures et le démantèlement des gangs. Les États-Unis permettront à cette diaspora de reconstruire la fierté de leur nation lorsque les Haïtiens-Américains cesseront d'agir en tant qu'individus mais en tant que collectif monolithique avec le pouvoir de voter et de collecter des fonds ensemble.
    Dr. Bobb Rousseau

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    1. Mon frere, vous etes plus que correct mon frere.
      Francisque Jean-Charles

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  3. Bonjour Max
    Belle réflexion. Merci! Même à l'étranger, nous brillons et prospérons individuellement, mais, non collectivement, lorsque nous nous comparons aux autres immigrants.
    H.Francklin

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  4. Mon cher grand frère,
    Je te dédie cette phrase qui n'est pas de moi, à savoir : "Que l'esprit cultivé aime ne pas vivre au lieu de renoncer aux joies de l'intelligence". Le tout est en lien avec cet article. A+
    P. Antoine

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    1. Toute psychologie mise de cote, deux facteurs influent et aliennent le progres en Haiti: la culture et l'absence de structures. Dans la Diaspora, les haitiens brillent parce qu'ils evoluent dans des structures favorables. C'est la structure qui determine les hommes.

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  5. Je crois que l'Haïtien est foncièrement individualiste. Dès que ces problèmes personnels sont résolus, il s'en fout du reste. Jetons un coup d'oeil sur les différentes diasporas à travers le monde: israélienne, cubaine...etc, elles sont liées politiquement, économiquement à leur mère patrie. Nous autres, nous nous contentons d'organiser des marches qui n'ont aucun effet sur ce qui se passe en Haïti. Essayons de changer les choses, en étant actif sur la scène politique de chez nous.
    E.J.E.

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  6. Merci Max pour ce beau document Sur l’apport des haïtiens sur le développement et l’enrichissement de leur pays d’adoption. Je suis entièrement d’accord avec le commentaire du Dr Bobb Rousseau.Pour sortir le pays de ce gouffre, il faudrait vraiment que les haïtiens apprennent à s’unir, à vivre ensemble pour le bien collectif. Ma sœur Madeleine avait préparé un plan fiscal pour sortir le pays de son marasme économique. J’avais lu ce plan et c’était tellement bien structuré que je me suis mise à rêver d’une Haïti nouvelle comme celle envisagée par Samuel Pierre qui prépare la révolution éducative et Madeleine: la révolution économique. Cependant après lui avoir proposé de se rendre en Haïti pour soumettre ce plan au gouvernement et de rester sur place pour les aider à le mettre en application, elle a refusé en me disant que le gouvernement ferait tout pour l’assassiner car il ne pense pas au bien du peuple, mais plutôt à s’enrichir en vendant la richesse du pays à la communauté internationale. Cette même communauté internationale a tout compris et fait tout pour laisser le pays croupir dans la misère et forcer le départ des jeunes cerveaux pour leurs propres intérêts. Cependant je pense qu’il y a une lueur d’espoir car beaucoup de jeunes dans la diaspora commencent à prendre conscience de la richesse de notre culture, de notre pays et via les médias sociaux communiquent avec ceux d’Haïti pour procéder à un changement radical de cette mentalité individuelle pour parvenir à une réussite collective. Je crois toujours en l’UNION FAIT LA FORCE. Je frémissais tous les matins en chantant à l’école la Dessalinienne pendant qu’un étudiant s’apprêtait à déployer le drapeau. Je vous aime mes frères haïtiens.
    Venise Comeau

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