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Sunday, August 11, 2019

Le Patrick Martineau du Zenglen sort de l’ombre (Deuxième partie)


Par Eddy Cavé  eddycave@hotmail.com
 


Dans la première partie  de cet article, l’auteur retraçait, dans le sillage de Patrick Martineau, le fondateur du premier groupe musical Zenglen,  la courte histoire de cette formation,  qui va de 1987 à 1992. Cette deuxième partie traite de  l’originalité et du succès du groupe, ainsi que de quelques questions connexes.

L’originalité de Zenglen
Le segment de l’entrevue où Patrick raconte la création du style particulier de Zenglen est sans doute le plus instructif du point de vue de l’information sur la musique de danse haïtienne. Il explique qu’après mure réflexion, il avait conclu à la nécessité de modifier la manière de «  marcher la basse ». Il aimait les mini-jazz, tout comme il aimait Kassav et le konpa, mais il ne voulait pas faire comme eux.

                  Patrick au micro d'Evens Jean
De plus, il trouvait la formule des deux accords  communément appelée « Un, Deux » terriblement monotone à la longue et il en discuta avec un bassiste que Gary lui avait recommandé. C’était Jean Hénock Dugué, plus connu sous les sobriquets de Fanfan et Ti-Fanfan. Patrick voulait modifier radicalement la section rythmique du groupe en éliminant  le gong  et en ajoutant un kata aux percussions. Il voulait aussi emprunter à la musique rasin le tambour du rythme petro,  le shaker, qui imite le bruit des pieds des bandes de rara. Du zouk, il voulait avoir le tambour à timbre communément appelé snare drum.

Devant les résistances de Fanfan, Patrick lui conseille d’écouter attentivement divers CD de reggae et de revenir le voir. Son objectif est de montrer au jeune bassiste qu’il est possible de faire de la bonne musique de danse en dehors du traditionnel  « Un-Deux ». Durant les prochains essais, ils  mettent au point une variante du konpa comportant des éléments de zouk et de musique rasin  et jouée avec un minimum de quatre accords de base. Combinée à la nouvelle section rythmique, cette nouveauté allait devenir la marque distinctive du Zenglen et, en partie, l’ingrédient principal de son succès.

Le coup de pouce de Félix Lamy
Félix Lamy, brillant animateur,  a été
enlevé dans sa station de radio le 10
décembre 1991 par un commando.   
Le succès  du premier Zenglen n’aurait pas été si grand ni si rapide sans  le soutien actif du fin connaisseur qu’a été l’animateur Félix Lamy, de la Radio Nationale. La première fois que Lamy a entendu l’orchestre, qui interprétait la chanson Fidel, il était au voIant de  son auto, en route pour le travail. Il trouva le produit d’une telle originalité  qu’il pensa qu’il ne pouvait s’agir d’un orchestre haïtien. Après une entrevue avec Patrick, il prit sur lui de lancer la chanson et, par voie de conséquence, le groupe. C’est ainsi que, durant la Coupe du monde de football de 1990, la Radio Nationale joua Fidel durant toutes les retransmissions des matches et les interruptions du jeu. Ce sera l’apothéose. Paix à son âme!

L’importance du leadership
 Patrick Martineau , un peintre
 qui excelle dans la peinture.   
En passant du coq à l’âne, l’invité a été emmené à parler des récentes difficultés du groupe Disip qui déçoit beaucoup en mode Live, tandis qu’il excelle en studio. J’ai particulièrement aimé la remarque de Patrick  qui a abordé  à cet égard le sujet de l’autorité du maestro. Si les défilés d’artistes et les festivals haïtiens ne se déroulent jamais comme prévu, c’est parce que nous n’avons pas au le podium un régisseur investi de l’autorité nécessaire pour assurer que le programme se déroule comme il a été annoncé.

En guise de conclusion 
Le public ne s’étant pas prévalu de la possibilité qu’il avait d’intervenir en direct pour contredire Patrick ou rectifier le tir chaque fois qu’il se trompait, je conclus  qu’il disait vrai. En fait, la seule question venue de l’auditoire portait sur la rémunération des musiciens, et la réponse n’a pas été contestée.

D’aucuns trouveront sans doute à redire de son style flamboyant, de ses tenues parfois extravagantes et du ton sentencieux de certaines de ses remarques. D’autres se demanderont pourquoi et il a tant tardé à faire cette apparition publique. C’est que l’homme est profondément artiste et qu’il est passé à autre chose. Il  s’est  assez vite recyclé dans un autre domaine pour exploiter sa grande capacité de création. J’en veux pour seule preuve la riche collection de photographies et de peintures qui orne sa page Facebook et qu’il alimente à un rythme impressionnant : Bravo l’artiste, continue sur ta lancée!

Ottawa, le 22 juillet 2019

2 comments:

  1. Le bon vieux temps, on se rappelle !!! Merci pour ce rythme particulier Patrick !!!

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  2. l’ombre fidèl du maestro Patrick Martineau hantera pour toujours les plus belles pages d'histoire de notre musique

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