Sénateur John McCain (1936-2018) |
Il
était soigné depuis juillet 2017 pour un
glioblastome, une forme de cancer très agressive avec un très faible taux de
survie.
Le sénateur de l’Arizona John McCain, pilote blessé et
torturé pendant la guerre du Vietnam où il fut emprisonné pendant plus de cinq
ans; candidat malheureux à la Maison Blanche et figure non-conformiste de la
politique américaine, est mort le samedi 25 août à quelques jours de son 82e anniversaire,
après treize mois de lutte contre un cancer du cerveau. Il avait 7 enfants.
Les réactions ont afflué dans les minutes suivant
l’annonce du décès pour saluer la mémoire de ce monument républicain, qui s’est
fâché avec beaucoup de monde y compris au sein de sa famille politique, mais
dont le dévouement patriotique était reconnu par tous.
"John et moi
venions de générations différentes, avions des origines complètement
différentes, et nous nous sommes affrontés au plus haut niveau de la politique",
a déclaré l’ancien président démocrate Barack Obama, qui l’avait battu à
l’élection présidentielle de 2008.
"Mais nous
partagions, malgré nos différences, une fidélité à quelque chose de plus élevé,
les idéaux pour lesquels des générations entières d’Américains et d’immigrés se
sont battus et se sont sacrifiés".
Le président Donald Trump, qui était en conflit avec le sénateur républicain, a tweeté un court message de condoléances, sans un mot sur la carrière et la vie de l’homme.Our statement on the passing of Senator John McCain: pic.twitter.com/3GBjNYxoj5— Barack Obama (@BarackObama) August 26, 2018
"Mes
condoléances et mon respect le plus sincère pour la famille du sénateur John
McCain. Nos cœurs et nos prières sont avec vous !", a écrit M. Trump.
"Homme de profonde conviction"My deepest sympathies and respect go out to the family of Senator John McCain. Our hearts and prayers are with you!— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 26, 2018
A l’inverse, la plupart des élus et anciens élus
américains ont publié un communiqué dans les minutes suivant l’annonce du
décès, l’ancien président George W. Bush saluant par exemple un "homme de
profonde conviction et un patriote au plus haut degré".
L’ancien président démocrate Bill Clinton a lui aussi
salué la mémoire de John McCain, soulignant qu’"il avait souvent mis de
côté l’appartenance partisane» pour servir la nation.
Et un autre démocrate, Al Gore, vice-président sous Bill
Clinton, est allé dans le même sens.
"J’ai toujours admiré et respecté
John" parce qu’il œuvrait toujours à "trouver un terrain d’entente,
aussi difficile que ce soit", a-t-il dit.
Pour le sénateur républicain Lindsey Graham, «l’Amérique
et la Liberté ont perdu l’un de leurs plus grands champions».
Le héros de la guerre, John MacCain a accompli de grands sacrifices à son pays. |
Après son retour aux États-Unis à la fin de la guerre du
Vietnam, il se fait élire à la Chambre des représentants, puis est élu sénateur
en 1986, un siège qu’il a conservé depuis, sa dernière réélection, en novembre
2016, ayant été la plus difficile, une partie de l’électorat conservateur ne
lui ayant pas pardonné d’avoir critiqué Donald Trump.
Franc
parler
Il a longtemps cultivé l’image d’un républicain
indépendant au franc parler, mais il échoue aux primaires républicaines en 2000
face à George W. Bush. En 2008, il emporte cette fois l’investiture de son
parti, mais perd face à Barack Obama.
Il était ensuite resté au Sénat, sa deuxième maison depuis
plus de trente ans. Il avait été un des partisans les plus farouches de la
guerre d’Irak et continuait à promouvoir un rôle militaire américain fort à
l’étranger, se marginalisant au fil des années dans un parti républicain
désireux de se recentrer sur les priorités domestiques.
Dans les années 2010, il a assisté consterné à l’ascension
de la mouvance du Tea Party au sein de son parti, qu’il n’a pu contenir. Il
défendait inlassablement une hausse du budget militaire, et dirigeait jusqu’à
sa mort la commission des Forces armées du Sénat. D’autres causes ont animé sa carrière, notamment la
réforme du système d’immigration, ou encore celle du financement électoral.
Les anciens présidents Barack Obama et George W. Bush, un
démocrate et un républicain, devraient prononcer des éloges funèbres, à sa
demande, selon le New York Times. Plusieurs médias avaient rapporté il y a
plusieurs mois que le sénateur avait expressément demandé à ce que Donald Trump
ne participe pas.
Dans l'Arizona, son Etat d'adoption, des anonymes ont apporté dimanche des fleurs devant sa permanence parlementaire à Phoenix, ainsi que devant la maison funéraire où sa dépouille repose.
"Nous voulions rendre hommage à un grand patriote américain, un grand héros américain", dit l'un d'eux, Michael Wilson.
"Quelle épopée", avait écrit le sénateur dans des mémoires publiés en mai. "J'ai vécu de grandes passions, vu des merveilles, j'ai fait la guerre et contribué à la paix. Je me suis fait une petite place dans l'histoire de l'Amérique et l'histoire de mon époque", écrivait-il.
"Patriote", "héros",
"combattant", "non conformiste": les hommages rendus par
l'ensemble de la classe politique du pays avaient pour point commun la carrière
de l'homme au service de la nation. John McCain était l'un des rares élus du
Congrès célèbres hors des frontières des Etats-Unis. De l'Europe au Pakistan,
nombre de dirigeants étrangers ont salué sa mémoire.
Depuis l'annonce du décès de John McCain, les internautes
sur les réseaux sociaux partagent en nombre cette séquence d' octobre
2008, quand le sénateur était en campagne contre le futur président des
États-Unis, Barack Obama.
Alors en meeting à Lakeville dans le Minesota, John McCain
s'était livré à une séquence de questions-réponses avec ses soutiens. L'un
d'entre eux, une femme, avait alors pris la parole et avait lancé : "Je ne
peux pas faire confiance à Barack Obama (...) c'est un arabe ".
Undoubtedly one of the most memorable John McCain clips.pic.twitter.com/4JZiZf6pg5— Ricky Davila (@TheRickyDavila) August 24, 2018
L'enterrement, dans l'intimité familiale, aura lieu
dimanche au cimetière de l'Académie navale d'Annapolis, à une heure à l'est de
Washington. C'est là qu'il suivit sa formation de pilote de la marine, et qu'il
rencontra l'ami à côté duquel il sera enterré, l'ancien amiral Chuck Larson.
Sources combinées
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