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Friday, November 11, 2016

Quand le GRAHN cultive l’espoir d’une Haïti meilleure


Max Dorismond Mx20005@yahoo.ca

Imagine une Haïti où il fait bon vivre, une Haïti moins inégalitaire, une Haïti fondée sur le droit et le partage, une Haïti érigée sur la solidarité avec pour base l’éducation de ses fils et de ses filles, une Haïti qui respecte l’environnement et pratiquant le culte du bien commun, une Haïti à l’envers de ces images de désolation qui hurlent la misère… Voilà ! Voila la profession de foi qui a guidé les pas de plus de 600 personnes par un frais dimanche d’automne, vers la salle de réception, Le Palace, à Laval, banlieue de Montréal, pour le brunch de GRAHN (Groupe de Réflexion et d’Action pour une Haïti Nouvelle). 

Refaire le chemin à l’envers 
En réalité cette vision ou, de préférence, ce rêve demeure la pierre d’achoppement sur laquelle s’appuie la diaspora haïtienne qui caresse encore l’espoir d’un éventuel retour sur la terre qui l’a vue naître, car le bonheur n’a jamais emprunté les routes indécises de l’exil. Comme dit le poète «  There’s no place like home », « On n’est jamais aussi bien que chez soi ». Justement, faute d’y être, les convives étaient en communion avec les animateurs qui exposaient en long et en large, les objectifs, les récentes réalisations et les premiers résultats enregistrés sur l’île. Conformément à sa prétention d’œuvrer, dans la durée sur le long terme, à l’édification d’une nouvelle Haïti, GRAHN mise aussi sur la bonne foi des acteurs sur le terrain avec l’espoir qu’ils contribuent par une action réfléchie, avisée et concertée à la résolution des problèmes actuels. 

Rêve et réalité 
Vue partielle de l'assistance
(Photo Max Dorismond)
Des diapos et des vidéos ont permis au public de faire le tour du Pôle d’Innovation du Grand Nord (PIGraN) à la Cité du Savoir à Génipailler, section communale de Milot, près du Cap-Haïtien, sur un terrain de 28 hectares fourni par l’État haïtien. Cette cité comprendra quatre secteurs : Université (ISTEAH), Services (résidences pour étudiants, centre de santé, incubateurs d’entreprises, services aux entreprises, etc.) Scolaire (Petite enfance, École fondamentale, École secondaire, École de formation professionnelle et technique), et Agriculture. Une vingtaine d’édifices et d’ouvrages d’art y seront construits sur une période de 10 ans. Le film expose les activités au Centre de la Petite Enfance, déjà construit et baptisé « Paul Gérin-Lajoie » en souvenir d’un homme politique, philanthrope québécois et ami d’Haïti. Il est fonctionnel depuis le 5 octobre 2016, avec ses premiers bénéficiaires, des enfants de 3 et 4 ans, le pivot autour duquel se construira le pays de demain. Ils recevront une éducation intégrale, de l’enfance à l’université, si Dieu leur prête vie et motivation. C’est un projet collectif à long terme conçu pour Haïti, par les haïtiens de l’extérieur et de l’intérieur qui, nous l’espérons, devrait survivre à ses créateurs. Pour ne pas faire des envieux, soulignons que le GRAHN envisage aussi un Pôle d’Innovation du Grand Sud (PIGraS) et un Pôle d’Innovation du Grand Centre (PIGraC). 

Attente et ambitions 
Le Palace à Laval était rempli comme un oeuf où plus de
600 personnes étaient présentes.                                   
A assister à quelques réunions, à lire certains documents relatifs à cet ambitieux projet, nous croyons être bien imbus  du désir réel de ses concepteurs de trouver un certain salut pour cette île face à la gabegie institutionnelle, l’ingouvernabilité persistante, l’instabilité chronique et la misère délirante. En prenant en mains dès le plus jeune âge, l’avenir des enfants de la région, en se basant sur une solide éducation et la formation de professeurs extrêmement qualifiés, le GRAHN vise à l’érection de l’Haïtien Nouveau avec une mentalité différente, une tête bien faite dans toutes les disciplines, surtout scientifiques, etc... Il s’ingénie à encourager des « activités génératrices de revenus par la promotion d’interactions productives et synergiques entre, d’une part, un réseau d’entreprises indépendantes et, de l’autre, des établissements supérieurs et de recherche ». Ce qui devrait fournir dans le futur, 25-30 ans tout au plus, un individu libéré de ses tares, un être avec des conceptions dédiées, en tout premier lieu, au bien-être collectif.  C’est un projet à très long terme que même certains de ses concepteurs risquent de ne pas connaître le dénouement heureux par son côté titanesque. C’est une cible qui mérite vraiment d’être soutenue. Félicitons ces congénères qui refusent de baisser les bras devant l’adversité. Car, pour souligner De Gaulle « Il n’y a qu’une fatalité, celle des peuples qui n’ont plus assez de forces pour se tenir debout et qui se couchent pour mourir. Le destin d’une nation se gagne chaque jour contre les causes internes et externes de destruction. » 

Nostalgie, quand tu nous tiens ! 
A la fin de l’exposition, après le dîner, c’est au tour de notre Marc-Yves Volcy national, de venir réchauffer la salle. De sa voix sirupeuse, il a entraîné l’auditoire en plein dans leurs souvenirs avec l’adaptation française de la chanson « En mi viejo San Juan ». Ce fut sensationnel et bon enfant à écouter l’assistance chanter en chœur avec la vedette de leur jeunesse, les refrains de leur dernier adieux à leur premier amour… leur pays natal : « Nul ne peut ignorer combien cela est dur de vivre loin de son pays/ Loin de ses chers parents au sein d’un monde nouveau… ». Quelques larmes furtives ont laissé leurs empreintes sur des joues. Mais ce fut quand même exaltant pour ce petit moment de répit volé au flanc du temps en repensant à la chaleur de chez-nous. Très bientôt, ce sera la neige, les blancs flocons… Dans trois jours, on annonce un -1 degré Celsius. 

Toutefois, ne perdons pas le fil, parce qu’avec le GRAHN, ce collectif visionnaire, Haïti, ce terreau fertile assoiffé de rédemption, l'Espoir, ce sentiment qui chapeaute un flot d'ambitions, nous avons toutes les raisons du monde de miser sur cette trilogie gagnante pour édifier « yon peyi tou nèf». 

Max Dorismond Mx20005@yahoo.ca


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