GRAHN-Monde manifeste sa solidarité envers le peuple haïtien et exhorte les parties à trouver une issue à la crise par le dialogue et l’esprit de compromis, pour le triomphe de l’intérêt général.
Le
Groupe de réflexion et d’action pour une Haïti nouvelle (GRAHN-Monde) demeure
très préoccupé par la crise politique qui secoue le pays depuis un certain
temps. Aussi partage-t-il l’inquiétude des familles, toutes couches sociales
confondues, qui regardent l’avenir immédiat du pays et de leurs enfants avec
incertitude et pessimisme. Conformément à sa mission d’œuvrer dans la durée et
sur le long terme à l’avènement d’une Haïti nouvelle, moins inégalitaire,
fondée sur le droit, le partage, la solidarité, l’éducation, le respect de
l’environnement et le culte du bien commun, le GRAHN ne saurait rester
indifférent face à cette situation de crise aiguë, même si nous avons toujours
cru, et nous croyons encore, que les problèmes fondamentaux d’Haïti ne peuvent
trouver des solutions durables que dans la longue durée. Encore faut-il qu’il y
ait la volonté politique et la mobilisation sociale nécessaires pour s’y
attaquer résolument.
Il
est très sain dans une société qui se veut démocratique que des personnes
s’organisent pour défendre leurs intérêts de groupe. Dans ce contexte, un État
légitime et bien constitué a pour devoir d’harmoniser et d’agréger ces intérêts
de groupe afin que triomphe l’intérêt général, l’intérêt national, en arbitrant
les inévitables conflits d’intérêts qui peuvent surgir. Or, la conjoncture
actuelle est caractérisée par une fragilisation extrême de la légitimité des
institutions étatiques. Que faire en pareil cas pour recouvrer cette légitimité
dont la remise en question empêche l’État de jouer ce rôle d’arbitre et de
promoteur de l’intérêt général?
GRAHN-Monde
croit que certains principes directeurs peuvent guider la recherche d’une
solution pacifique, pour le bien du pays. Le but de la présente analyse est de
jeter la lumière sur deux principes pouvant alimenter la réflexion des acteurs
engagés sur le terrain dans la recherche de solutions.
Préserver l’intégrité du pays et
l’intérêt général
Le premier principe est que
nous devons tout faire pour préserver l’intégrité du pays et l’intérêt général,
en considérant que nous ne sommes que des gardiens temporels d’un héritage
laissé par nos ancêtres et des artisans d’un patrimoine à enrichir puis à
léguer aux générations futures. L’application de ce principe nous force à admettre
qu’il n’y a pas de solution idéale, optimale, propre, à la crise actuelle. D’où
la nécessité de rechercher un compromis social et historique, dicté par la
sagesse, le dialogue, l’esprit d’abnégation et la recherche du bien commun. On
ne pourra atteindre ce compromis qu’en acceptant, en toute bonne foi, que des
acteurs puissent n’être pas d’accord entre eux et que toutes les revendications
méritent d’être entendues. Une telle ouverture d’esprit devrait aussi amener
toutes les parties prenantes à comprendre que, pour arriver à un consensus dans
le processus de négociation ou de dialogue, il faut que chaque acteur accepte
de mettre en veilleuse certaines de ses revendications, si légitimes
soient-elles. Dès lors, un compromis acceptable peut être trouvé pour rétablir
la paix
sociale et relancer la production nationale, deux impératifs majeurs en ces
temps de misère que vit le peuple haïtien. Celui-ci fait face aujourd’hui à de
telles difficultés quotidiennes qu’il ne peut plus se payer le luxe de faire
les frais de laborieux stratagèmes entre des acteurs qui se disputent le
pouvoir en disant tous le représenter.
Construire sur les acquis pour
préparer un meilleur avenir
Le deuxième principe qui
devrait guider les acteurs dans la recherche d’une solution est qu’il faut
construire sur les acquis pour préparer un meilleur avenir collectif. Ainsi, le
fait que, récemment, des instances étrangères ont dû reconsidérer l’ampleur de
leur intervention dans les affaires électorales du pays représente un acquis
stratégique que le peuple haïtien devrait s’attacher à sauvegarder. Selon ce
deuxième principe, il faudrait que les acteurs politiques du pays restent
cohérents, sincèrement engagés aux côtés du peuple haïtien, et déterminés à
bien gérer le pays, sans intervention aucune de forces externes. En hommes et
femmes d’État responsables, il faut surtout se poser ces
questions fondamentales : que doit-on faire pour prévenir ces
situations récurrentes de crise politique qui surviennent à chaque période
électorale? Est-ce la Constitution de 1987 amendée, avec de coûteuses exigences
d’élections, qui serait en cause? Est-ce la Loi électorale qui, dans sa
formulation, n’a pas su prévenir la multiplication des partis politiques, donc
un nombre si élevé de candidats que la tâche de la machine électorale s’en
trouve compliquée? Est-ce la formation et l’intégrité des membres et du
personnel du Conseil électoral (encore provisoire) qui seraient mises en cause?
Comment faire pour lutter contre la fraude dans le système électoral et, par extension,
dans la société en général? La recherche de réponses appropriées à cet
échantillon de questions doit faire partie du débat et de la réflexion en cours
pour éviter que le
blocage actuel ne se répète à l’avenir.
L’instabilité politique, une
menace à l’intérêt général
Les
acteurs ont beaucoup insisté sur la nécessité de prendre en compte les
revendications légitimes du peuple haïtien. C’est tout à leur honneur. Mais,
par-delà le discours, il faut prendre conscience que la satisfaction de ces
besoins pressants ne s’accommode pas d’une économie qui régresse ou qui stagne
sous l’effet d’une instabilité politique prolongée. La monnaie nationale est en
train de s’effondrer, avec plus de 63 gourdes aujourd’hui pour un dollar
américain. Si l’instabilité politique persiste, la dégringolade de la gourde va
se poursuivre. Dans un pays qui importe plus, et de loin, qu’il ne produit,
cela risque d’aggraver irréversiblement la situation socio-économique des
familles et du peuple haïtien dans son ensemble.
GRAHN-Monde
exhorte donc les élites politiques et économiques du pays à faire preuve de
solidarité réelle envers le peuple d’Haïti en comblant ses attentes et en
réalisant une sortie de crise rapide qui ramènerait la paix sociale et
redonnerait l’espoir de lendemains meilleurs. La nation n’en attend pas moins
de vous! Oui, la nation haïtienne pourra sortir grandie de cette crise si vous
êtes capables de faire preuve de sens de responsabilité, de civisme et de
grandeur d’âme.
GRAHN-Monde,
Montréal, le 9 février 2016
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