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Tuesday, February 9, 2016


GRAHN-Monde manifeste sa solidarité envers le peuple haïtien et exhorte les parties à trouver une issue à la crise par le dialogue et l’esprit de compromis, pour le triomphe de l’intérêt général. 

Le Groupe de réflexion et d’action pour une Haïti nouvelle (GRAHN-Monde) demeure très préoccupé par la crise politique qui secoue le pays depuis un certain temps. Aussi partage-t-il l’inquiétude des familles, toutes couches sociales confondues, qui regardent l’avenir immédiat du pays et de leurs enfants avec incertitude et pessimisme. Conformément à sa mission d’œuvrer dans la durée et sur le long terme à l’avènement d’une Haïti nouvelle, moins inégalitaire, fondée sur le droit, le partage, la solidarité, l’éducation, le respect de l’environnement et le culte du bien commun, le GRAHN ne saurait rester indifférent face à cette situation de crise aiguë, même si nous avons toujours cru, et nous croyons encore, que les problèmes fondamentaux d’Haïti ne peuvent trouver des solutions durables que dans la longue durée. Encore faut-il qu’il y ait la volonté politique et la mobilisation sociale nécessaires pour s’y attaquer résolument.

Il est très sain dans une société qui se veut démocratique que des personnes s’organisent pour défendre leurs intérêts de groupe. Dans ce contexte, un État légitime et bien constitué a pour devoir d’harmoniser et d’agréger ces intérêts de groupe afin que triomphe l’intérêt général, l’intérêt national, en arbitrant les inévitables conflits d’intérêts qui peuvent surgir. Or, la conjoncture actuelle est caractérisée par une fragilisation extrême de la légitimité des institutions étatiques. Que faire en pareil cas pour recouvrer cette légitimité dont la remise en question empêche l’État de jouer ce rôle d’arbitre et de promoteur de l’intérêt général?
GRAHN-Monde croit que certains principes directeurs peuvent guider la recherche d’une solution pacifique, pour le bien du pays. Le but de la présente analyse est de jeter la lumière sur deux principes pouvant alimenter la réflexion des acteurs engagés sur le terrain dans la recherche de solutions.
Préserver l’intégrité du pays et l’intérêt général
Le premier principe est que nous devons tout faire pour préserver l’intégrité du pays et l’intérêt général, en considérant que nous ne sommes que des gardiens temporels d’un héritage laissé par nos ancêtres et des artisans d’un patrimoine à enrichir puis à léguer aux générations futures. L’application de ce principe nous force à admettre qu’il n’y a pas de solution idéale, optimale, propre, à la crise actuelle. D’où la nécessité de rechercher un compromis social et historique, dicté par la sagesse, le dialogue, l’esprit d’abnégation et la recherche du bien commun. On ne pourra atteindre ce compromis qu’en acceptant, en toute bonne foi, que des acteurs puissent n’être pas d’accord entre eux et que toutes les revendications méritent d’être entendues. Une telle ouverture d’esprit devrait aussi amener toutes les parties prenantes à comprendre que, pour arriver à un consensus dans le processus de négociation ou de dialogue, il faut que chaque acteur accepte de mettre en veilleuse certaines de ses revendications, si légitimes soient-elles. Dès lors, un compromis acceptable peut être trouvé pour rétablir la   paix sociale et relancer la production nationale, deux impératifs majeurs en ces temps de misère que vit le peuple haïtien. Celui-ci fait face aujourd’hui à de telles difficultés quotidiennes qu’il ne peut plus se payer le luxe de faire les frais de laborieux stratagèmes entre des acteurs qui se disputent le pouvoir en disant tous le représenter.

Construire sur les acquis pour préparer un meilleur avenir
Le deuxième principe qui devrait guider les acteurs dans la recherche d’une solution est qu’il faut construire sur les acquis pour préparer un meilleur avenir collectif. Ainsi, le fait que, récemment, des instances étrangères ont dû reconsidérer l’ampleur de leur intervention dans les affaires électorales du pays représente un acquis stratégique que le peuple haïtien devrait s’attacher à sauvegarder. Selon ce deuxième principe, il faudrait que les acteurs politiques du pays restent cohérents, sincèrement engagés aux côtés du peuple haïtien, et déterminés à bien gérer le pays, sans intervention aucune de forces externes. En hommes et femmes d’État responsables, il faut surtout se poser ces questions fondamentales : que doit-on faire pour prévenir ces situations récurrentes de crise politique qui surviennent à chaque période électorale? Est-ce la Constitution de 1987 amendée, avec de coûteuses exigences d’élections, qui serait en cause? Est-ce la Loi électorale qui, dans sa formulation, n’a pas su prévenir la multiplication des partis politiques, donc un nombre si élevé de candidats que la tâche de la machine électorale s’en trouve compliquée? Est-ce la formation et l’intégrité des membres et du personnel du Conseil électoral (encore provisoire) qui seraient mises en cause? Comment faire pour lutter contre la fraude dans le système électoral et, par extension, dans la société en général? La recherche de réponses appropriées à cet échantillon de questions doit faire partie du débat et de la réflexion en cours pour éviter que le blocage actuel ne se répète à l’avenir.

L’instabilité politique, une menace à l’intérêt général
Les acteurs ont beaucoup insisté sur la nécessité de prendre en compte les revendications légitimes du peuple haïtien. C’est tout à leur honneur. Mais, par-delà le discours, il faut prendre conscience que la satisfaction de ces besoins pressants ne s’accommode pas d’une économie qui régresse ou qui stagne sous l’effet d’une instabilité politique prolongée. La monnaie nationale est en train de s’effondrer, avec plus de 63 gourdes aujourd’hui pour un dollar américain. Si l’instabilité politique persiste, la dégringolade de la gourde va se poursuivre. Dans un pays qui importe plus, et de loin, qu’il ne produit, cela risque d’aggraver irréversiblement la situation socio-économique des familles et du peuple haïtien dans son ensemble.

GRAHN-Monde exhorte donc les élites politiques et économiques du pays à faire preuve de solidarité réelle envers le peuple d’Haïti en comblant ses attentes et en réalisant une sortie de crise rapide qui ramènerait la paix sociale et redonnerait l’espoir de lendemains meilleurs. La nation n’en attend pas moins de vous! Oui, la nation haïtienne pourra sortir grandie de cette crise si vous êtes capables de faire preuve de sens de responsabilité, de civisme et de grandeur d’âme.

GRAHN-Monde, Montréal, le 9 février 2016


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