Les héros de Vertières |
En ce 18 novembre, jour hautement significatif où la bravoure de nos ancêtres a inscrit une page immortelle dans l’histoire à Vertières, nous honorons avec révérence leur courage et leur sacrifice. Cette date, empreinte de gloire et d’héroïsme, demeure un symbole intemporel d’unité et de résilience, un legs inestimable transmis de génération en génération.
À travers son poème puissant et émouvant, Fernande Gilbert invoque l’esprit indomptable des héros de Vertières. Ces lieux sacrés – la Crête-à-Pierrot, la Butte Charrier, et Vertières elle-même – ne sont pas de simples repères géographiques. Ils sont des témoins historiques, des sanctuaires où le sang des vaillants a scellé la liberté dans les mémoires collectives. Ces terres vibrent encore du souffle de l’union et de l’espoir, des valeurs essentielles pour nous guider aujourd’hui.
Cependant, une question poignante s’impose : où est passé cet esprit d’union? Les héros qui ont transcendé leurs différences pour triompher de l’oppression observeraient-ils avec tristesse les luttes fratricides qui gangrènent leur descendance? À l’heure où le pays se trouve à un carrefour critique, il est impératif que les citoyens et l’élite haïtienne s’éveillent à leurs responsabilités. Les acquis de Vertières, obtenus au prix de sacrifices incommensurables, ne doivent pas s’évanouir dans le tumulte de l’instabilité et de l’insécurité qui minent la nation.
Ce 18 novembre doit résonner comme un appel pressant à tous les fils et filles de Vertières : il est temps de raviver le flambeau de l’amour fraternel, de la solidarité et de la détermination. Chacun doit contribuer à orienter Haïti vers un nouvel horizon de paix et de stabilité.
Puisons dans les leçons de ce passé glorieux la force de bâtir une nation renouvelée, de renaître des cendres de la division et du chaos. Soyons dignes de nos ancêtres, dignes de ce trésor de liberté et de dignité qu’ils nous ont légué. En honorant leur mémoire, engageons-nous à transformer ces idéaux en actions concrètes pour bâtir un avenir meilleur pour Haïti, fidèle à l’esprit immortel de Vertières.
Enfin, lisons Fernande Gilbert Dans son poème vibrant, “Hommage à Vertières”, elle invoque l'esprit indomptable de nos héros et ravive en nous le souvenir de leur grandeur. Chaque mot, empreint de fierté et d'émotion, résonne profondément. Prenons le temps de la lire et de nous laisser émouvoir par sa voix.
Oh Vertières !
Oh ! place exceptionnelle!
Fierté de nos aïeux, nos sentinelles!
Un 18 Novembre! Qui peut l’oublier?
Ce jour historique qui nous a marqués.
Un jour de combat,
Pour nos braves soldats.
Un moment décisif
Pour nos nègres captifs.
Tannés de leur condition d’esclaves,
Anxieux de se libérer de leurs entraves.
L’air du Nord a épousé l’odeur du sang.
Un sang mêlé de noirs et de blancs.
La terre a été piétinée
Par nos grenadiers déterminés.
Oh! Nuage de poussière
Qui a vu mourir nos âmes altières!
Oh! Vertières! Qu’ont-il fait de tes Forts?
Nos mémorables lieux du grand renfort.
Que de chevaux entrainés pour cette expédition!…
Que de chiens dressés pour cette mutilation!...
Ce bataillon de grande foi,
Sous les ordres de Capois,
A fait tonner les canons.
A l’assaut! Répètent-ils à l’unisson
Tant pis pour ceux qui meurent…
Tant pis pour ceux qui pleurent...
Capois a vu tomber son chapeau
Et a fait voler celui de Rochambeau.
Le français lui a rendu hommage,
Accepta sa défaite et salua son courage.
Oh! Crête-à-Pierrot
Où sont tombés nos héros…
Oh! Butte Charrier, crête dominante
Vive La mission triomphante!
Haitiens, mes frères!
Vous! les fils de Vertières!
Qui d’entre vous, reflètent ses vaillants?
Qui héritent encore l’âme de ses brillants?
Aujourd’hui, rendons hommage à nos Forts!
Renaissons de la cendre avec un peu d’effort.
Oh Vertières! où est passé ton esprit d’union
Que nos ancêtres reflétaient avec passion.
Tes enfants s’entredéchirent vivement
Puisqu’ils font la politique autrement
Ils ont perdu le sens de vivre en frères
Ont-ils vraiment saisi le sens de “Vertières”
Vous les jeunes patriotes entêtés
Rallumons le flambeau de nos héros de la liberté
Qui nous ont procuré cette épopée
Poème écrit par Fernande Gilbert
"... Une question poignante s’impose : où est passé cet esprit d’union? Les héros qui ont transcendé leurs différences pour triompher de l’oppression, observeraient-ils avec tristesse les luttes fratricides qui gangrènent leurs descendances ?" La réponse espérée est définitivement perdue dans un vide sidéral sans écho. Le peuple s'adapte à sa détresse, et la vie se déroule en suivant le spectre de la violence ... etc. Comme des automates, la populace fuit ses quartiers le jour, le soir, la nuit, ne sachant à quel saint se vouer, à quelle bouée s'y accrocher. Vertières, pour elle, reste un mot vide de sens. Elle a cessé de rêver. Elle est fatiguée de crier à l'aide. Même le silence est complice. Abandonnée à son sort par tous, la fuite demeure son unique terrain de jeu.
ReplyDeletePauvre Haïti !!!
Pauvre Haïti, en effet, Max. Mais n’est-ce pas précisément dans ces moments de déroute, de silence complice, que l’étincelle du changement doit renaître? L’esprit de Vertières, bien qu’assourdi par les échos du désespoir, comme tu l’as si bien dit, ne peut mourir. Il sommeille peut-être, brisé par les apatrides, enseveli sous les ruines des promesses non tenues et des lendemains incertains, mais il est là, prêt à resurgir lorsque l’unité historique du peuple se fera à nouveau entendre.
DeleteCar, malgré les blessures et les trahisons, il existe encore des cœurs animés par l’espoir, des âmes qui refusent de se résigner. La fuite n’est pas une fatalité, mais le symptôme d’un mal plus profond. C’est à nous de réécrire l’histoire, non pas avec des larmes, mais avec des actes, des solidarités retrouvées et une volonté inébranlable de faire revivre la dignité de cette terre sacrée.
Vertières n’est pas un mot vide. C’est un appel, une mémoire vivante, un héritage que nous avons le devoir de défendre. L’union, aussi utopique qu’elle puisse paraître, n’est pas une chimère; c’est une nécessité. Que les héros d’hier ne soient pas des spectateurs attristés, mais les témoins d’un peuple qui, même déchiré, refuse de s’éteindre.hg