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Saturday, June 11, 2022

UNE MISE AU POINT SUR CATHERINE FLON ET LES VÉRITÉS HISTORIQUES

Après l’erreur sur la personne qui a fait passer en 1924 un signataire de l’Acte de l’Indépendance, l’officier Malet, pour un colon français de race blanche, voici que se produit une erreur du même genre au sujet de Catherine Flon. La lumière a été faite sur la véritable identité de Malet dans un article que l’historien et généalogiste Peter Frisch a publié en cette année 2022 dans la Revue de la société haïtienne d’histoire, de géographie et de géologie (pages 112 à 123 d’une livraison spéciale contenant les numéros 275 à 282).

De mon côté, j’étais parvenu aux mêmes conclusions que Frisch dans mon plus récent livre Haïti : Extermination des Pères fondateurs et Pratiques d’exclusion, rédigé à peu près en même temps que l’article  en question. C’est finalement par la généalogie qu’on a pu corriger cette erreur sur la personne de Malet. Le vrai signataire de l’Acte n’était pas le colon français Nicolas Mallet, surnommé Malèt Bon Blan, mais l’officier de couleur Jean-Louis Malet.

Dans un souci sans doute louable de faire la lumière sur le cheminement de Catherine Flon, certains chercheurs, trop pressés à mon goût, ont rédigé ces derniers temps diverses notes dans lesquelles ils précisent les dates de naissance et de décès de cette obscure couturière de l’Arcahaie). Jusqu’au début de l’actuelle décennie, personne ne s’était aventuré à se prononcer même timidement sur ces deux points. L’hypothèse la plus plausible retenue par la tradition orale au sujet de son décès est qu’elle aurait péri en mer en retournant à Léogâne le soir du Congrès du 18 mai. Soudainement, deux dates sont apparues : le 2 décembre 1772 pour la naissance à Léogâne et le 27 août 1831 pour le décès. Et il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que cette information soit présentée pour vraie et diffusée officiellement.

Les divers visages attribués à André Rigaud

Dans le même ordre d’idées, il y lieu de signaler une erreur très grave relative aux portraits trouvés pour le général André Rigaud qui a combattu inlassablement les Anglais dans le Sud de Saint-Domingue, perdu la Guerre du Sud contre Toussaint et tenté sans succès une scission de ce département pendant la présidence de son ami et allié Pétion. Une simple interrogation à partir de Google révèle l’existence des trois images ci-dessus du personnage : la première qui semble authentique, avec un nez assez court; une variante de celle-ci dont le nez visiblement allongé donne un air de Pinocchio; la troisième qui n’a aucune ressemblance avec les deux premières. En retraçant l’origine de la dernière photo avec la fonction Reverse Image Search (Recherche-image inversée) de Google, on arrive au général français  Jean- Charles  Pichegru (1761-1804) qui n’a aucun lien avec André Rigaud : https://www.juramusees.fr/decouverte/jean-charles-pichegru/

Considéré comme un des généraux les plus populaires de la Révolution française,  Pichegru est mort en 1804 dans la Prison du Temple, à Paris,  où il était incarcéré sous l’accusation d’avoir comploté contre la France à l’époque où il était général en chef de l’Armée du Rhin. Il était accusé également d’avoir comploté avec les royalistes pour tuer Napoléon et ramener les Bourbons sur le trône de France en 1803. Une  rumeur très vraisemblable veut qu’il ait été assassiné sur ordre de Napoléon. Toutefois, l’enquête officielle indique qu’il s’est plutôt suicidé pour éviter l’opprobre d’une exécution publique. Curieusement, les recherches menées directement sur Google ou à l’aide de la fonction Reverse Image Search sur la photo controversée de Rigaud conduisent au site ci-après de l’auteur bien connu Claude Ribbe et à deux de ses livres, Le général Alexandre Dumas et Une autre histoire : http://une-autre-histoire.org/andre-rigaud-biographie/

La consigne est donc à la prudence !

Quant à la photo correctement identifiée du général Pichegru, elle figure dans une bonne cinquantaine de publications françaises. Notamment au frontispice de la quatrième édition du dixième tome de l'Histoire de la Révolution Française publié en 1834 par Adolphe Thiers et accessible à l’adresse: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1415594r/f37.item.r=Pichegru%20Thiers

Ces mises au point n’auraient pas été possibles sans la vigilance ni le concours initial du chercheur et généalogiste Jean-Édouard Stam, de Montréal. Elles ont seulement pour but d’aider les auteurs et les chercheurs à corriger certaines erreurs historiques très graves et à les encourager à aborder avec circonspection les informations douteuses qui leur parviennent trop souvent. Je souhaite sincèrement que nos démarches ne froissent la susceptibilité de personne et, surtout, qu’elles ne déclenchent aucune polémique inutile.

Eddy Cavé, auteur





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