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Tuesday, August 17, 2021

Saut-Mathurine, une catastrophe écologique - Jérémie, une ville à reconstruire

Saut Mathurine après le tremblement de terre du 14 août

Par Eddy Cavé,

En faisant par la route le trajet Jérémie-Port-au-Prince en 1984, j’avais fait un petit détour à l’approche de Camp-Perrin pour aller visiter la centrale hydro-électrique de Saut-Mathurine. J’avais été émerveillé par la simplicité des installations et le fonctionnement des machines, mais aussi par la majesté des lieux. 

Le don de l’Allemagne fédérale allait en peu de temps perdre son importance, le déboisement des montagnes environnantes ayant provoqué en moins de dix ans une réduction considérable du débit d’eau. En même temps, les alluvions endommageaient les turbines et réduisaient de jour en jour la capacité de production de la centrale. Comme à Péligre d’ailleurs! 

La rencontre des deux mornes en amont du Saut-Mathurine



Il y a deux ans, ma fille Johanne faisait une excursion dans les Platons et m’envoyait des photos des ruines des anciennes forteresses de la région, de la tombe de Goman et de Saut Mathurine. Le site de la centrale lui paraissait familier, mais elle avait oublié qu’elle s’y était arrêtée une fois durant son enfance et qu’elle en avait même des photos. J’ai alors sorti les miennes (ci-dessous) et elles lui ont carrément coupé le souffle… 

Une question se pose alors d’elle-même : Comment un désastre écologique de cette envergure peut-il se produire en moins de trois décennies sans que l’État, par le biais des autorités locales et du pouvoir central, ne fasse rien pour y remédier ? 

De même que les soins médicaux se sont détériorés sous la présidence du médecin François Duvalier, que l’État de droit a reculé  entre les mains des avocats Sténio Vincent et Élie Lescot, l’agriculture et l’environnement ont été particulièrement mal servis sous les règnes de deux prétendus agronomes : René Préval et Jovenel Moïse. 

En revanche, l’artiste Sweet Micky devenu président sous le nom de Michel Martelly a organisé de main de maître les divers carnavals de son régime. Il a  décentralisé l’activité, l’a portée en province et a  prolongé les festivités jusqu’au mercredi des cendres. Il a en outre fait participer tout le Cabinet  au Boule Mask du mercredi matin à l’heure d’ouverture des bureaux.  Une bonne leçon pour les éducateurs, les économistes et autres spécialistes qui aspirent à la présidence… Ils ne pourront pas dire  qu’ils ne savaient ni quoi ni comment faire les choses dans leurs domaines respectifs. 

L'effondrement du symbole de la ville de Jérémie
Le seul problème, c’est qu’un gouvernement n’est pas un orchestre de quartier et un pays n'est pas un théâtre en plein air. Si l’on parle encore de ses carnavals, on ne peut oublier que  la gourde a chuté sous son règne, que l’insécurité s’est généralisée et que l’environnement s’est dégradé pour atteindre un point de non-retour. 

Entre la période où une masse compacte d’eau alimentait la centrale hydroélectrique de Saut-Mathurine et celle où le débit a été réduit à deux filets d’eau, il y a eu l’étape intermédiaire au cours de laquelle une intervention énergique de l’État aurait été possible. Mais rien n’a été fait en ce sens et on ne peut aujourd’hui que déplorer cette incurie.

Les effondrements de terrains et  les éboulements qui ont causé des centaines de morts et paralysé les communications dans le grand Sud sont des pertes qui se comparent à bien des égards à celles de janvier 2010. De son côté, Jérémie est à reconstruire également, car ce n’est pas seulement la cathédrale qui est détruite, mais tout le quartier commercial et des centaines de résidences. Tout s’est effondré comme un château de cartes et personne ne sait maintenant à quel saint se vouer… 

Explication de Claude Preptit sur les failles tectoniques d'Haïti

Une courtoisie de Ayibo Post


La réponse à la dernière question est apparemment simple : Tout de suite, mais les partenaires traditionnels sont impuissants ou discrédités, les sinistrés aux abois, les infrastructures démolies.  QUE FAIRE?

Les anciens du collectif SOS Grand’Anse mis en place pour voler au secours de l’Hôpital Saint-Antoine en 2013, puis en 2016, après le passage de l’ouragan Matthew, sont déjà en pourparlers avec les supporters habituels pour réactiver l’organisation. Mais il faut maintenant trouver de nouveaux partenaires sur le terrain, de nouveaux bénévoles dans la diaspora et mettre au point de nouveaux modes de fonctionnement. 

À bientôt donc !

Eddy Cavé, un Jérémien impuissant et désemparé

Ottawa, le 16 août 2021 

2 comments:

  1. La résilience n'est pas la solution finale.
    C’est dans l’horreur qu’on peut mieux voir notre nudité, résultant du pillage, de la concussion et de la malhonnêteté de nos gouvernants. Face à la criante réalité, on pleure, on s’énerve et puis on se résigne. Mais, à un certain moment, il faut dire qu’on en a marre et trouver une solution finale pour en finir avec la précarité. Sinon, ce sera la fin des Mohicans.
    Max Dorismond

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  2. L'eau est revenue au saut mathurine

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