Nancy Pelosi reprend à nouveau le perchoir de Speaker |
Alors qu'il affronte deux dernières années de mandat difficiles
face au nouveau pouvoir des démocrates, le président républicain a rapidement
félicité son opposante en chef.
"J'espère que nous pourrons travailler ensemble",
notamment sur des grands projets d'infrastructures qu'ils "veulent
vraiment", a-t-il déclaré lors d'un point de presse improvisé.
Les ennuis de Trump pourraient réellement commencer ce jeudi 3 janvier... |
Les deux élus auront l'occasion de mettre à l'épreuve de la
réalité ces déclarations dès vendredi, lorsqu'ils devront justement se revoir à
la Maison Blanche pour tenter de trouver une sortie à l'impasse budgétaire qui
paralyse 25% des administrations fédérales depuis bientôt deux semaines.
Depuis jeudi, midi le 116e Congrès américain est officiellement
en session: 435 nouveaux élus à la Chambre des représentants, désormais
contrôlée par les démocrates, et 100 sénateurs au Sénat, qui reste sous
contrôle républicain.
"Nous ne nous faisons pas d'illusions, notre travail ne
sera pas facile", a déclaré Nancy Pelosi après avoir repris le marteau de
"speaker", qu'elle avait déjà tenu entre 2007 et 2011 lorsqu'elle
était devenue la première femme de l'Histoire américaine à accéder à ce poste
crucial.
Les nouveaux membres élus du 116ème Congrès américain posant pour une photo historique sur les perrons du Capitole à Washington, le 14 novembre
2018.
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Mais promettons que lorsque nous ne serons pas d'accord, nous
nous respecterons".
Nancy Pelosi entourée de ses petits enfants |
Après une joyeuse cacophonie rythmée par les pleurs d'un bébé,
entourée de ses petits-enfants et des enfants d'autres élus venus assister à la
cérémonie, Nancy Pelosi, élue à 78 ans par 220 voix, a prêté serment.
Nombre record de femmes et d'élus issus de minorités: devant une
nouvelle Chambre qui multiplie les "premières", elle a salué
l'arrivée de nouveaux membres dont "l'optimisme, Mais promettons que
lorsque nous ne serons pas d'accord, nous nous respecterons".
Dans l'hémicycle, la nouvelle élue progressiste Alexandria
Ocasio-Cortez avait choisi un tailleur pantalon blanc, comme en hommage aux
suffragettes qui se sont battues pour le droit de vote des femmes.
- "Crise climatique" -
Affirmant reprendre ce poste avec "grand espoir et
confiance en l'avenir", Nancy Pelosi a reconnu les "défis" qui
l'attendent.
Elle a dit vouloir protéger la classe moyenne, alors que Donald
Trump avait su, en 2016, séduire certains des déçus du "rêve
américain".
Mais elle a aussi eu un message d'ouverture envers les migrants.
Sur l'environnement, Nancy Pelosi a eu des mots très forts alors
que Donald Trump a retiré les Etats-Unis de l'accord de Paris.
"Nous devons aussi adresser la menace existentielle de
notre époque: la crise climatique", a déclaré la démocrate.
Au Sénat, le vice-président républicain Mike Pence a présidé,
sous les applaudissements, aux prestations de serment.
- 13e jour de "shutdown" -
C'est avec un défi à Donald Trump que Nancy Pelosi reprend le
perchoir.
Elle soumettra à un vote, dès la fin de journée, des mesures
budgétaires temporaires censées mettre fin au "shutdown" des
administrations.
Or Donald Trump n'en veut pas, car elles n'incluent pas cinq
milliards de dollars pour financer le mur qu'il compte construire à la
frontière avec le Mexique, afin de lutter contre l'immigration clandestine.
Il a encore martelé la nécessité de ce mur, ou "barrière,
ou peu importe comment vous voulez" l'appeler, lors de son briefing
surprise jeudi, avant de laisser des responsables de la sécurité aux frontières
défendre le projet.
Au 13e jour du "shutdown", il reste ainsi difficile
d'entrevoir une sortie de crise.
- Enquêtes et déclarations d’impôts -
Ce bras de fer annonce les féroces batailles à venir entre les
démocrates et la Maison Blanche, avec la promesse de multiples enquêtes
parlementaires.
En première ligne: les soupçons de collusion entre Moscou et son
équipe de campagne électorale en 2016, alors que le mandat du républicain est,
pratiquement depuis ses débuts, déjà empoisonné par l'enquête du procureur
spécial Robert Mueller.
Avec leur nouveau contrôle de la Chambre, les démocrates
décrochent en effet la tête de commissions parlementaires dotées de puissants
pouvoirs d'investigation, notamment ceux d'assigner les témoins à comparaître
et d'ordonner la présentation de documents.
Ils ont d'ailleurs promis d'exiger du milliardaire qu'il
présente enfin ses déclarations d'impôts.
Derrière ces turbulences, la perspective d'une procédure de
destitution, ou "impeachment", pourrait se dessiner plus nettement.
Mais Nancy Pelosi a pour l'instant écarté cette idée, affirmant
vouloir d'abord attendre les conclusions des enquêtes.
Célèbre pour son sens tactique, elle devra le mettre à l'épreuve
des tiraillements à ce sujet entre les jeunes pousses fraîchement élues qui se
réclament de la "résistance" contre le président et les élus
démocrates plus modérés qui ont gagné dans des circonscriptions pro-Trump.
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